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Le Pape François, construction médiatique? Non!

Autour de 2 articles du blog "Rossa Porpora" (23/4/2014)

     

Les catholiques qu'on m'excusera de qualifier de bien-pensants (du temps de Benoît XVI, l'expression était utilisée pour discréditer ceux qui défendaient le Pape) ne cessent de nous dire que "le" François qui nous est présenté n'est qu'une construction médiatique (encore une fois, les mêmes, jusqu'à il y a deux ans, n'ont jamais été empressés pour dénoncer la "construction médiatique" de Benoît XVI). Ou, si l'on veut: "mais non, le vrai François, ce n'est pas ça du tout, vous allez voir. Entre Benoît et lui, il y a une continuité parfaite (encore que cette ânerie monumentale ait tendance à disparaître). Il est très respectueux de la doctrine, il a juste un style différent".
En réalité, ces bien-pensants sont vaguement anxieux de la persistance de la lune de miel parce que, sans se l'avouer, ils trouvent les applaudissements du monde suspects. Comme moi.

Le portrait de François qui s'esquisse ci-dessous (à travers des témoignages, ou plutôt des évènements "mondains", auxquels la cellule de com' du Vatican n'est sans doute pas étrangère, rapportés par le vaticaniste suisse Giuseppe Rusconi qui tient le remarquable site "Rossa Porpora) n'est pas du tout du fait des médias. Derrière, il y a rien moins qu'un cardinal très en cour, un curial ambitieux et douteux, deux jésuites éminents (l'ex et l'actuel directeur de la Civiltà Cattolica), un "intellectuel" athée issu des rangs de l'extrême-gauche italienne, et la présidente de la Chambre des députés italienne, elle aussi issue de l'extrême-gauche immigrationniste forcenée.
Pas des gens de médias, donc, et a priori, pas des idiots manipulés.

Alors bien sûr, il y a le Pape François des médias, à travers ce site incroyable (http://www.miopapa.it), qui est le support internet de la revue "Il mio Papa". Entendons-nous bien: ce qui est choquant, ce n'est pas qu'il y ait un site consacré au Pape, qui en fasse l'éloge. Après tout, je n'ai rien fait d'autre pendant huit ans avec Benoît XVI (gratuitement, et avec une audience modeste mais CONTRE presque tout le monde). Ce qui est choquant c'est que ce site soit le support d'une entreprise commerciale, dont un journal qui tire à des millions d'exemplaires.

Mais le "vrai" Pape François, ceux qui prétendent nous apprendre à penser, savent-ils qui il est?

     
31 mars 2014
Une rencontre autour de la revue "Limes"

La revue italienne de géopolitique "Limes", dont on peut voir sur son site internet qu'elle est associée au quotidien La Republicca (http://temi.repubblica.it/limes/) vient de sortir un numéro spécial consacré aux «conséquences de François».
A cette occasion, une rencontre a été organisée le 31 mars dernier à Rome, au siège de L'Opera Romana Pellegrinaggi, un organisme dont l'intitulé est transparent, et qui dépend directement du vicariat de Rome, c'est-à-dire du Saint-Siège.
On se souvient que "Limes" avait publié en 2005 un prétendu "journal des votes du Conclave" écrit par un cardinal anonyme, visant à déligitimer le Pape nouvellement élu. (cité par Sandro Magister)

Les intervenants de cet énième "évènement" à la gloire de François étaient le Père Spadaro, désormais célèbre pour son interviewe du Pape dans la revue des jésuites "Civiltà Cattolica", Mgr Paglia, proche de Sant'Egidio, ex-évêque de Terni (diocèse en redressement, pour lequel Benoît XVI avait dû juste avant sa renonciation nommer un administrateur apostolique, cf. vaticaninsider.lastampa.it), et désormais président du Conseil Pontifical pour la Famille, ce qui lui a fourni l'opportunité de déclarations peu orthodoxes (voir par exemple benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/familles-mueller-contre-paglia), et Laura Boldrini, membre du parti «Gauche, écologie et liberté» (Sinistra, ecologia e libertà, SEL) et présidente de la Chambre des députés depuis 2013, déjà croisée dans ces pages (tinyurl.com/k4pdlvg).

Giuseppe Rusconi était présent. Il remarque non sans malice qu'il y avait beaucoup de monde autour du lieu de la rencontre, et aussi beaucoup de policiers, pour assurer la sécurité de Madame Boldroni!!

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"Le Pape François, l'étoile polaire"
Giuseppe Rusconi
www.rossoporpora.org
1er Avril, 2014

Le Père Spadaro: «Le pape a un horizon, pas un point d'arrivée».
Mgr Paglia: «Sur la famille François préfère la "salus animarum" à la "salus idearum"».
Laura Boldrini: Que d'acclamations pour François! Mais comment font pour l'applaudir ceux qui ont développé en Italie une politique migratoire à l'opposé de la sienne?». (le Pape n'a pas à développer de politique, nous ont assez rabaché tous ces nouveaux papistes, autrefois farouches zélateurs de la laïcité la plus intransigeante)

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1. Père Spadaro: «Si on n'a pas la foi, on ne peut pas comprendre François»
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«Les "limes", la frontière, ne se laissent pas domestiquer» - a observé le modérateur, Piero Schiavazzi, donnant la parole au père Antonio Spadaro, auteur de la longue interview programmatique du Pape François parue sur« La Civiltà Cattolica», le 19 Septembre 2013.
Le directeur de la revue jésuite a d'emblée souligné que le pape François «a lancé un processus» dont il est difficile d'évaluer objectivement les conséquences aujourd'hui. En tout cas, le père Spadaro a rappelé que pour le pape, «le jésuite doit être une personne à la pensée incomplète, ouverte, qui pense en regardant constamment l'horizon, gardant le Christ au centre de ses pensées». Il a rappelé que «le pape a un horizon, pas un point d'arrivée. Il a la conception d'une expérience spirituelle vécue qui se traduit en action, pas un projet avec des étapes claires et distinctes. Non pas, donc, une vision a priori , mais un vécu qui se réfère aux temps, lieux et personnes». Cela signifie que François couve en lui-même une vision «radicalement anti-idéologique». C'est une vision qui a deux lieux d'expression privilégiés d'expression: la prière et le dialogue. Mais attention: le dialogue n'est pas sur les idées, mais dans les faits, lorsqu'on travaille ensemble sur un projet commun. Il est évident - a poursuivi le Père Spadaro - que si l'on n'a pas la foi, on ne peut pas comprendre François».

Le Père Spadaro a également insisté sur le refus du pape argentin à la «logique de la peur», selon laquelle de nombreuses décisions sont prises aujourd'hui: «C'est une logique qu'il considère de nécessité et de sécurité, certainement pas fondée sur la liberté que nous donne l'Esprit».

Le Pape François «ouvre des chantiers qu'il ne ferme pas». Certains considérent cela comme le fruit d'une incohérence. Cependant, l'objectif est de bouger les eaux, donnant la possibilité d'un débat, aussi - comme c'est le cas - entre cardinaux rangés sur des côtés opposés. Par exemple, «s'il n'y avait pas eu le pape François - a dit le père Spadaro - il n'aurait pas été facile de baptiser (le 5 Avril, dans la cathédrale de Cordoue, en Argentine) une petite fille née d'un couple de lesbiennes».

Pour le père Spadaro, le pontificat de François peut être caractérisé par trois adjectifs. Le premier: prophétique. Devant lui, François ne voit pas «des problèmes, mais des défis»; il est «attiré par le mouvement, c'est pourquoi, pour lui, le temps pour lui est supérieur à l'espace» (??); il est ancré dans le développement historique du christianisme. Le second: dramatique. Le pontificat de François «n'est pas du tout doux, mais caractérisé par la lutte entre le prince de ce monde et le Seigneur de l'histoire»; et c'est une opposition quotidienne et très dure. Le troisième: polyédrique. Le pape n'aime pas la sphère (où chaque point est équidistant du centre), mais le polyèdre, «qui reflète la confluence de toutes les partialité qui en lui maintiennent leur originalité» et où sont donc protégées les différences, dans une tension vers le bien commun.

2. Mgr Paglia: Un lien extraordinaire entre Saint-François et le Pape François
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«François a peu voyagé jusqu'ici, mais à coup sûr, il est le pape qui rencontre le plus» car «tous viennent à Rome»: c'est l'observation initiale de l'archevêque Vincenzo Paglia, président du Conseil Pontifical pour la Famille. Pourquoi tant de gens ont-ils envie de rencontrer le pape François? Ici Mgr Paglia a évoqué un parallèle entre Saint-François et Bergoglio. Tout le monde voulait voir le saint d'Assise, tout le monde vient à Rome pour le pape argentin: «Je n'ai jamais vu se produire - a souligné le membre historique de la Communauté de Sant'Egidio - ce qui se passe sur la Place Saint-Pierre, tous les mercredis et tous les dimanches». Il existe donc un «lien extraordinaire entre François et Saint-François, également éclairé par son action géopolitique»: du reste l'élection de Jorge Mario Bergoglio était écrit dans une géopolitique déclenchée par un processus commencé en 1978 avec le choix d'un pape non italien: «Le pape François n'est pas un champignon qui pousse à l'improviste».

Avec l'élection de François «Rome a changé, elle n'a plus l'obsession de la sécularisation». C'est un peu «étrange» que «la première grande décision» du nouveau Pape soit tombé sur le thème de la famille. Evidemment, «cela ne l'intéresse pas de réécrire le traité de la famille» parce que «sa passion, c'est la "salus animarum" plutôt que la "salus idearum"». Mgr Paglia a ensuite critiqué la culture contemporaine, qui «ne permet pas qu'un jeune ait le désir du 'pour toujours'. Pour le football, on peut dire «Rome pour toujours», mais il n'est pas facile de dire dans la vie quotidienne «ma femme pour toujours», parce que dans notre société, «chaque lien est trop lourd».
Il y a beaucoup de familles «blessées». Nous ne pouvons pas nous confronter à eux «avec des idées abstraites». Il faut «être proche d'eux, les accompagner»; par exemple, la communion pour les divorcés remariés ne peut leur être donnée comme s'il s'agissait d'une «magie», mais comme «un acte qui engage la responsabilité de l'ensemble de la communauté».

3. Laura Boldrini: la Révolution du premier voyage à Lampedusa
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Après que le modérateur Piero Schiavazzi ait noté combien, avec le pape Francis, les périphéries italiennes (Lampedusa, Cassano all'Jonio) ont été élues comme «symboles universels» de son enseignement, la présidente de la Chambre Laura Boldrini a mis en évidence le thème des limes, de la frontière indissoluble du réfugié qui la traverse. Avec le premier voyage à Lampedusa, le nouveau pape a fait un choix «révolutionnaire», un choix «géopolitique par lequel il a décidé de remettre au centre de l'attention de la planète certains sujets spécifiques».
Voulant signaler par «une opération extraordinaire», que c'est à partir de là, de Lampedusa, du Centre Astalli que l'on recommence, de cette humanité». Il est clair que pourle pape François, les priorités ont changé. Beaucoup l'applaudissent. Mais, s'est demandée Laura Boldrini, tous ceux qui l'applaudissent ont-ils bien compris son message? Parce que son message est aussi «en totale contradiction avec les politiques d'immigration développés jusqu'ici en Italie». De quels applaudissement s'agit-il, alors? Des pharisiens? «Jusqu'à quel point ceux qui sont coresponsables du système actuel de la politique d'immigration peuvent-ils applaudir le pape François?»

Se référant ensuite aux forts reproches de François dans la récente homélie de la messe pour les politiciens à Saint-Pierre, la présidente de la Chambre a noté qu'ils devraient être considérés comme un encouragement fort «de ne pas perdre la grande route du bien commun». Dans tous les cas, «grâce à François, même la classe politique commence à être consciente de ce que «le Pape est devenu une étoile polaire pour ceux qui veulent poursuivre le bien commun, une figure de valeur extraordinaire venue au bon moment».
Le Directeur de Limes, Lucio Caracciolo, a conclu la rencontre, en disant que le Pape François avait «porté la théologie des périphéries au Vatican» et tend à gouverner l'Eglise “etsi Curia non daretur”» (comme si la Curie n'existait pas).

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7 avril 2014
Une rencontre autour d'un nouveau livre sur le Pape. Kasper, le retour.

L'Italie n'a pas échappé au tsunami éditorial (qui a submergé aussi la France!) entourant le premier anniversaire de l'élection de François.
Cette fois, c'est la présentation d'un ouvrage “Con le periferie nel cuore” (Avec les périphéries au coeur) de Raffaele Luise qui a donné lieu à un "évènement" dont l'une des vedettes est une fois de plus le très agité octogénaire Kasper.
L'auteur du livre a dans le passé collaboré à la Repubblica - tout un programme - , il est désormais le doyen des vaticanistes de la Rai.

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KASPER: UNE ÉGLISE TROP BOURGEOISE
Giuseppe Rusconi
www.rossoporpora.org
7 Avril 2014

Présentation animée à Rome de “Con le periferie nel cuore”. de Raffaele Luise.
Pour le modérateur, le père jésuite Giampaolo Salvini, «Bergoglio est extrêmement populaire, même dans les milieus traditionnellement anti-pape»


Grande affluence à cette librairie de Borgo Pio pour la présentation lundi après-midi 7 Avril du livre “Con le periferie nel cuore” par Raffaele Luise. A la table des orateurs, trois émérites illustres: le modérateur jésuite Giampaolo Salvini (ancien rédacteur en chef de «La Civiltà cattolica»), le cardinal Walter Kasper (ancien président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens), le constitutionnaliste Stefano Rodotà (émérite de toute une série d'organismes) [né en 1933,]. En d'autres termes: un religieux de grande culture, de la même «paroisse» que le pape; un cardinal allemand apprécié par le même pape; un représentant bien connu de la «société civile» non catholique, enthousiasmé par les nouvelles possibilités de dialogue offertes toujours par le pape François.
Il en est sortie une rencontre peu pluraliste dans le contenu mais toutefois non dépourvue de plusieurs points intéressants de réflexion.

Dans l'introduction, le père Salvini a mis en évidence d'une part «le style imprévisible de François, qui offre un abondant matériel» au monde des médias de masse; de l'autre, «son extrême popularité, au moins dans cette première année, même dans les milieux traditionnellement anti-pape». Un phénomène émerge: «Il semble qu'aujourd'hui, pour les médias dans l'Eglise il n'y a pas d'autres personnages dignes d'intérêt», à quelques exceptions près. Que l'on enregistre lorsque l'on interviewe quelque cardinal pour l'opposer au pape ou, à l'inverse, pour en rehausser les vertus, ou encore pour l'opposer à un autre cardinal.

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1. Le cardinal Kasper: L'Eglise qui n'est plus retranchée dans des chateaux (souvent de cartes)
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Le cardinal allemand de quatre-vingt ans a immédiatement souligné le titre du livre, «très proche de ce que veut et vit le Pape François: “Con le periferie nel cuore”. En effet, Jorge Mario Bergoglio vient de l'hémisphère sud de la planète, où vivent plus des deux tiers des catholiques «qui ont des problèmes très différents des nôtres». Et qui «voient la modernité comme une menace» à cause de la pauvreté actuelle et généralisée. «C'est le premier pape, François - dit le théologien allemand - qui place au centre le problème existentiel de l'hémisphère sud» et qui réaffirme sans cesse la nécessité d'une «Eglise pauvre pour les pauvres». On en avait déjà parlé à Vatican II (Lumen Gentium, chapitre huit), mais dans les années suivantes, cette dimension avait été un peu «oubliée». Pourtant, les Evangiles parlaient des pauvres avec clarté dans et du reste «l'Église primitive était plus dédiée aux pauvres».

Les périphéries du pape Argentin ne sont pas seulement matérielles, mais aussi «de l'existence humaine». Elles touchent tout le monde, et François le sait, ayant vécu connu à Buenos Aires «les problèmes et les tragédies des gens ordinaires». Pour Walter Kasper, le nouveau pape a encouragé la «libération d'une Eglise devenue trop bourgeoise, une Eglise sinon des riches, du moins des gens aisés».

Les périphéries sont aussi celles du monde des non-croyants. Le cardinal remarque: «Bien que n'étant pas un universitaire (une petite pique en passant, tiens!), le pape François a rencontré beaucoup d'intérêt parmi les non-croyants». En postulant la nécessité d'un dialogue avec eux, non plus de la part d'une Église « retranchée à l'intérieur d'un château, souvent un château de cartes«, mais d'une Eglise «ouverte», sans ces «frontières inutiles» qui ont caractérisé les dernières décennies (Kasper se venge mesquinementde son ex-collègue devenu Pape). Le pape «est enraciné dans l'Evangile» (et Benoît XVI non, sans doute), et sait que «la doctrine est déjà contenue dans l'Evangile» plutôt que dans un «château». Et les seules «valeurs incontournables» sont celles de l'Evangile «où l'on ne fait pas abstraction de la réalité de la personne, en appliquant des vérités abstraites».

Pour le cardinal, le livre de Luise trouvera certainement des «lecteurs-fans» (fans de qui? du Pape?), engagés à aider ce pape qui n'est plus un prince de la Renaissance, ni un dictateur, mais qui a besoin de soutien». Pour que l'Église soit «synodale, non plus eurocentrique, non plus fermée sur elle-même».


2. Stefano Rodotà: Non seulement discontinuité, mais changement réel de paradigme
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Le professeur Rodotà lui aussi, intellectuel non-croyant bien connu, a été très frappé par le titre du livre, qui va dans le sens opposé à ce qui a été vécu «au cours des dernières années, accompagnées d'une difficulté croissante de reconnaissance réciproque». Nous sommes désormais «sortis d'une Eglise auto-centrique, nous nous trouvons en face d'un fait de portée imprévisible, avec un avenir pas encore écrit».
Rodotà se sentait «très périphérie»; il constate l'impossibilité de se confronter avec une «Eglise oligarchique», qui du reste «a été le point de référence des oligarchies politiques italiennes». Des rapports entre oligarchies qui «tenaient à l'écart la réalité vivante d'un catholicisme très motivé».
Désormais, la musique a changé: «Ce pape est contre les oligarchies». Par conséquent, «la discussion s'est rouverte» sur les grands thèmes existentiels, pour lesquels «on ne peut pas ignorer la réalité de l'Eglise catholique». En somme, ce qui se réalise avec le nouveau pape «n'est pas une discontinuité, mais un véritable changement de paradigme». Pour François, il est clair que «la personne n'est pas une abstraction idéologique à laquelle appliquer certaines valeurs non-négociables», comme on l'a fait jusqu'à récemment. C'est précisément pour cette raison - autre grand nouveauté - qu'est revenu comme sujet de discussion majeur la pauvreté», qui maintenant nous touche aussi (on s'interroge sur ce "nous"!!), avec nos près de 14 millions de personnes qui vivent au moins dans une «pauvreté relative».

Avec le Pape François, on sort du conflit entre intransigeances opposées: «Le cléricalisme a également provoqué l'émergence de réactions aigres». Mais maintenant, avec Jorge Mario Bergoglio, les barrières sont dépassées: «Il appelle à la lutte contre la corruption et à la nécessité de reconstruire une nouvelle éthique civile, qui ne soit pas l'expression d'une appartenance religieuse». Ainsi pour les appels contre l'utilisation abusive de l'argent, contre la «financiarisation» du monde, contre «le marché de l'armement»: il faut reconsidérer la personne dans sa vraie valeur. Par conséquent, contrairement à ce qu'a écrit un intellectuel catholique bien connu,«Que Bergoglio ne s'arrête pas!».

Aujourd'hui, nous avons «une opportunité unique» de relancer un dialogue sur les grands thèmes, y compris celui de la politique «considérée comme simple exécutrice des besoins imposés par le marché» ou sur celui de l'avancement de la technologie, qui pose des «questions gigantesques» (Ce Rodotà est décidément frappé d'amnésie, ou, à 81 ans, atteint de sénilité: qu'a fait d'autre Benoît XVI pendant 8 ans?). On peut le faire, parce que «le pape François a une énorme capacité d'élargir les horizons» même en tenant compte de ses nombreux adversaires pour des motifs économiques, politiques, identitaires.

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(Je n'ai pu m'empêcher de rajouter quelques commentaires en italique)