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Imbroglio au Vatican

Antonio Socci, qui n'avait à ce jour jamais émis la moindre critique explicite contre François, réagit à l'interviewe de Scalfari. Dernière nouvelle: l'interviewe n°1 a re-disparu du site du Vatican! (18/7/2014)

     

Dernière nouvelle!!!

Au moment où cet article a été écrit, l'ultime développement n'était pas encore connu.
L'interviewe du 1er octobre, publiée sur le site du Vatican dans la foulée, puis ôtée en novembre, puis remise avant-hier à la rubrique "Discours du pape" (comme en témoigne la capture d'écran qiue je m'étais hâtée de faire: Le retour )... A CE MATIN À NOUVEAU DISPARU !!!
On a suffisamment parlé de dysfonctionnements dans la "communication" de Benoît XVI pour pouvoir affirmer légitimement que cette fois, il y a un très gros problème, complètement inédit. Pas forcément de "communication", d'ailleurs"

Capture d'écran ce matin 8h.
Voici ce que j'obtiens sur mon système en cliquant sur le lien qui hier encore donnait accès à la fameuse interviewe désormais fantôme:
w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/october/documents/papa-francesco_20131002_intervista-scalfari.html

     

QUEL IMBROGLIO! AU VATICAN, COUP BAS DES SUPPORTERS DU «PAPE SCALFARI»
17 juillet 2014
www.antoniosocci.com
Ma traduction
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Mais que se passe-t-il au Vatican? Y aurait-t-il un petit plaisantin qui s'amuse à saboter le pape Bergoglio ou s'agit-il d'une sorte d'auto-sabotage? Ou bien est-ce François qui lance un défi tacite et sans précédent à ses détracteurs?
Le Vatican est à peine sorti - plutôt mal en point - de l'incident de dimanche dernier, autrement dit la deuxième interviewe du pape à Scalfari, que le Père Federico Lombardi a dû démentir sur les points les plus importants, à une vitesse supersonique et à la décharge des cardinaux, ce même dimanche matin, et voilà que s'ouvre à présent une nouvelle affaire encore plus retentissante.
Vous vous souvenez de la première interviewe à Scalfari, celle explosive du 1er Octobre de l'année dernière?
Non seulement elle est reproposée sur le site officiel du Vatican, mais elle l'est même parmi les «discours» officiels du pape, donc promue - si j'ai bien compris - au rang d'acte magistériel. Une chose pour le moins perturbante ...

Rappelons d'abord les faits. Dans cette interviewe, le journaliste attribuait au pape des déclarations si sensationnelles et téméraires que la consternation de beaucoup de catholiques et l'embarras du monde ecclésiastique ont explosé.
Au Vatican, ils ont mis un peu de temps à comprendre ce qu'il fallait faire parce que le lendemain - 2 Octobre - l'interview était même republiée sur l'Osservatore Romano. Il semble que le pape lui-même n'ait pas apprécié cette initiative.
Le Père Lombardi, durant ces jours, a essayé de calmer la confusion générale en disant que le pape n'avait pas personnellement examiné le texte (que cependant Scalfari avait envoyé au Saint-Siège pour vérification).

Le titre ultrabergoglen «Vatican Insider» lui-même a reconnu que «en effet, l'article contenait des expressions difficilement imputables au pape François».
Mais la prise de conscience officielle a tardé plusieurs semaines et a apru très embarrassée. Elle est arrivée le 15 Novembre quand il a été décidé de supprimer le texte sur le site officiel du pape et du Vatican ( www.vatican.va ).

A cette occasion, le père Lombardi s'est raccroché à tout ce qu'il pouvait pour expliquer que «l'entrevue est fiable dans un sens général, mais pas dans les évaluations individuelles: pour cette raison, il a été décidé de ne pas rendre le texte disponible sur le site Internet du Saint-Siège. En substance, en le retirant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une certiaine ambiguïté et un débat sur sa valeur. C'est le Secrétaire d'Etat qui l'a décidé».

Rappelons les déclarations les plus perturbantes contenues dans l'interview.
Scalfari attribuait au pape cette déclaration incroyable. A la question s'il existe un bien objectif et qui l'établit, le Pape a répondu: «Chacun de nous a sa vision du Bien et aussi du Mal. Nous devons l'inciter à poursuivre vers ce qu'il pense être le bien ... Chacun a sa propre idée du bien et du mal et doit choisir de suivre le Bien et de combattre le Mal comme il les conçoit».

Ces mots, qui contredisent deux mille ans de Magistère de l'Église, et la Sainte Écriture (il suffit de penser au Décalogue donné par Dieu à Moïse), en eux-mêmes pourraient être utilisées arbitrairement par quiconque pour justifier ses actes, même par Staline ou Hitler. Eux aussi - avec leurs crimes - ont poursuivi leur (perverse) idée du Bien et du Mal.
Il y avait ensuite d'autres déclarations inquiétantes attribués au pape: le prosélytisme comme «non-sens solennel», la réponse évasive sur la condamnation de la théologie de la libération faite par le Pape Jean-Paul II, la phrase: «Je crois en Dieu, pas en un Dieu catholique, il n'y a pas un Dieu catholique, il y a Dieu».
Ou encore le jugement très lourd sur ses prédécesseurs («les chefs de l'Église sont souvent narcissiques, flattés par leurs courtisans. La Cour est la lèpre de la papauté») , qui ressemble à un but contre son camp parce que s'il y a un pape flatté parmi tous, c'est bien Bergoglio (et tout le monde a ses courtisans).

Aujourd'hui, toute cette interviewe, dont le Vatican lui-même avait pris ses distances, est relancée sur le site même du Vatican qui l'avait effacé.
Par la volonté de qui, dès lors que le retrait avait été décidé par la Secrétairerie d'État? Au-dessus de la Secrétairerie d'Etat, il y a seulement le Pape Est-ce lui qui a voulu la relancer ? Et pourquoi ce changement d'avis? Qui défie-t-il? Les cardinaux? Et pourquoi?

Enfin, la question la plus brûlante. L'interviewe n'a pas été reprise - comme on pourrait le penser - dans une sorte de revue de presse. Mais dans la partie du magistère pontifical, parmi les discours.
Tout cela aggrave énormément la chose. En effet, le père Lombardi, quand il a motivé la suppression de l'interview sur le site du Vatican, a dit clairement qu'on ne voulait pas créer de malentendus car dans ce cas, il ne s'agissait pas du magistère papal: «En substance, en la supprimant, on a fait une mise au point sur la nature de ce texte. Il y avait une certaine ambiguïté et un débat sur sa valeur».

Cette intervention ne peut donc pas être qualifiée de magistère 'stricto sensu'. Et maintenant? Tout est de nouveau changé?

Et ces déclarations «aventureuses» attribuées au pape, par exemple, la notion de bien et de mal, doivent-elles être suivies comme magistère alors qu'elles sont en contradiction flagrante avec le Magistère de toujours de l'Eglise et la Sainte Écriture?
Nous savons que les papes ne sont pas des monarques absolus. Comment l'enseigne dogmatiquement le Concile Vatican I, ils doivent agir dans une limite bien définie: ils sont appelés à garder le depositum fidei et à le remettre intact à leurs successeurs. Ils ne peuvent pas l'inventer ou le le renier (même en partie) ou le dénaturer.

Comme l'a toujours répété Benoît XVI - l'Église appartient au Christ, pas aux papes. Justement parce que le devoir de chaque pape est de garder le "depositum fidei”, comme il lui a été remis, la tradition dans l'Eglise est contraignante. Le magistère de chaque pape doit s'insérerer dans l'ensemble du Magistère de toujours de l'Église.

C'est le problème auquel le pape Bergoglio doit donner une réponse.

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