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L'interview du pape émérite au FAZ (II)

Seconde et dernière partie - grâce au travail de Teresa (9/12/2014, mise à jour ultérieure)

>>> L'interview du pape émérite au FAZ (I)
>>> Une interview du Pape émérite

C'est un très beau récit... même si l'impression de malaise subsiste: pourquoi cette interview, MAINTENANT, alors que circulent des bruits (sans doute non justifiés, mais si en 2005, ils avaient concerné Benoît XVI, ils auraient fait les gros titres de tous les journaux) sur la validité de l'élection du Pape, et que ce dernier a lui-même donné le coup d'envoi des grandes manoeuvres en vue du Synode ordinaire de 2015, avec son interview à La Nacion (L'interview de François à la Nacion) ?
Pourquoi l'article ne se présente-t-il pas comme une succession de questions et réponses, et que l'on ne sait donc pas bien ce qu'a dit Benoît XVI, et quelles questions lui ont été posées - serait-ce que Scalfari a fait école de l'autre côté du Rhin?
Pourquoi le journaliste prétend-il que le pape émérite voulait se faire appeler "Vater Benedikt", alors qu'en allemand, il semble que l'expression appropriée pour un religieux soit "Pater" (et non "Vater"), comme le fait remarquer un blog italien?
Et quel dommage qu'il n'y ait aucune photo....

Il se peut évidemment que tout cela ait une explication toute simple, le souci de Benoît XVI de ne pas interférer dans le gouvernement de l'Eglise, et surtout d'éviter tout ce qui pourrait évoquer une fracture - pour ne pas employer de mot plus fort. Mais cela s'ajoute à d'autres faits, et j'avoue que je suis perplexe.

Ci-dessous: illustration sur Il Sismografo, pour un article de Gian Guido Vecchi, sur Il Corriere della Sera (Les deux papes: ne pas exclure les divorcés).

     

(...)
Traduction en anglais de Teresa, article original ici.
Ma traduction en français
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Ces couples devraient même pouvoir se joindre à des comités d'église et être parrain/marraine de baptême, écrit le Père Benoît dans sa nouvelle conclusion à la fin de l'article de 1972, tel qu'il apparaît maintenant dans le quatrième volume des Œuvres complètes; un livre épais de 700 pages, et Benoît ironise disant que "personne n'aurait cherché justement ces phrases-là, sinon des gens qui cherchaient quelque chose de particulier dans ces 700 pages" [Teresa a oublié de traduire ce passage].

* * *
Le soleil d'hiver brille doucement à travers la fenêtre et les rideaux sur les cheveux blancs de Benoît et le canapé blanc à côté d'un guéridon. Sur la longueur d'un des murs, une partie de sa bibliothèque. Il y a un grand écran de télévision, Benoît aimant à regarder les informations italiennes du soir, et un film de temps en temps. Des peintures avec des sujets sacrés décorent les murs blancs. Un crucifix est suspendu à un mur. Il dit qu'il doit être «très reconnaissant au bon Dieu de se porter encore si bien». Il prie et lit, réfléchit, et prépare une petite homélie pour chaque dimanche [note de Teresa: pensez qu'il prend la peine de préparer son homélie du dimanche même si son assistance se compose uniquement de don Georg et des Memores! Je ne pense pas qu'il l'écrive réellement, mais il doit y penseerau cours de la semaine, comme il a toujours conseillé aux prêtres de le faire quand il s'adressait à eux], mais il dit qu'il n'écrira plus rien - et il regarde ses mains.
A l'annulaire droit il porte un anneau d'évêque en or qui lui avait été donné par le pape Paul VI [Teresa: serait-ce l'anneau que le Pape donne à chaque cardinal quand il le fait cardinal?]. Autour de son cou, il porte une croix pectorale en or et argent comme celles qu'il a donnée à de nombreux évêques, quand il était pape.
Il parle à des amis et continue de cultiver des amitiés. Il semble être tellement soulagé de n'avoir plus à porter le fardeau de ce qui était autrefois son ministère. Il n'y a plus de discours à prononcer, plus de déplacement. Il n'aurait jamais réussi à continuer à faire tout le travail nécessaire, remarque-t-il. Et donc, «rester en charge n'aurait vraiment pas été correct».
Une couronne de l'Avent est posée sur la table à thé. Une bougie est allumée, annonçant Noël. Cette fête, qui pour Benoît depuis qu'il était un enfant à Marktl, en Haute-Bavière, a toujours été la plus belle de toutes les fêtes de l'Église, même si Pâques est théologiquement plus importante.
Il se souvient de la luge sur la neige et la glace; des chansons et de la musique orchestrale; de la liturgie spéciale pour la messe de Noël.
Alors que l'Église d'Occident célèbre l'Incarnation de Dieu à Noël, les Eglises orientales sont plus axées sur la commémoration de l'Epiphanie - qui est la manifestation publique de Jésus avec son baptême dans le Jourdain; c'est le même mystère, dit-il, mais abordé sous des angles différents.
Les souvenirs de Benoît XVI s'attardent sur la Terre Sainte où Jésus a vécu et où «ses empreintes affirment le mystère de l'incarnation de Dieu». Bien sûr, dit-il, «on n'a pas besoin d'aller en Terre Sainte pour faire l'expérience de l'Esprit Saint. Mais Jésus lui-même n'était pas un esprit - il peut être datée à un moment historique précis », et cette dimension terrestre est encore utile pour la foi des gens».

La demi-heure convenue pour l'entrevue est presque terminée. Mais Benoît n'a pas hâte de dire adieu, même quand il semble qu'on entende des sons indiquant qu'on prépare le repas. Pour le visiteur, il y a une petite boîte-cadeau sur un plateau d'argent. Elle contient un médaillon de bronze posé sur du satin rouge. Le médaillon montre Benoît avec la coupole de Saint-Pierre derrière lui. Il y a aussi deux photos-souvenirs. Tout cela faisant partie de ce qui avait été préparé pour sa visite au Mexique et à Cuba, début 2012. Il dit: «Vous pouvez les prendre si vous le souhaitez» avec un sourire espiègle, «même si on ne doit certainement pas encourager un culte de la personnalité», tandis qu'il se lève avec un peu de difficulté et tend la main.
Il reste derrière, le temps que le visiteur prenne l'ascenseur vers le rez de chaussée, où en effet, la cuisine a été préparée, et la table de la salle à manger dressée pour le «père de famille» et sa petite communauté.
Dans le vestiaire de la petite entrée, il y a la veste matelassée blanche de Benoît. Après le déjeuner, il aime sortir pour nourrir les chats [Teresa: pas les chats de la maison, mais ceux qui vivent dans les jardins du Vatican et ont appris à venir à Mater Ecclesiae]. Plus tard, vers 16 heures, il fait une petite promenade dans les jardins. Près de la porte, il y a un banc de bois d'Etzelsbach in Eichsfeld, le sanctuaire marial d'Allemagne de l'Est où Benoît, lors de sa dernière visite apostolique dans son pays natal, avait célébré les vêpres en l'honneur de la Sainte Vierge. Le banc porte gravée la devise de ce voyage de 2011, «Là où Dieu est, là est le futur».