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Les cardinaux de François

Les nominations du consistoire d'aujourd'hui dessinent une Eglise (institution) de demain inédite. Un article de Il Giornale

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Ci-contre: Le Pape et l'un des nouveaux cardinaux, Mgr Menichelli, évêque d'Ancône et ex-secrétaire d'Achille Silvestrini.

Le 4 janvier dernier, à l'issue de la prière d'angélus, François annonçait les noms des 20 cardinaux (dont 15 électeurs) qui seraient créés le 14 février - aujourd'hui.
Voir ici la liste des noms, et quelques commentaires:
¤ Nouveaux cardinaux
¤ Nouveaux cardinaux (2) (Sandro Magister)

En dehors de la perte d'influence de l'Europe et des nominations de prélats inconnus venus eux aussi "du bout du monde", ce qui frappait, c'était surtout les absences (au premier rang, celle de Mgr Léonard)
Dans la liste des électeurs, l'auteur de l'article qui suit, dans Il Giornale d'aujourd'hui, relève (comme l'avait fait Sandro Magister en janvier dernier) le nom de l'italien Edoardo Menichelli, archevêque d'Ancône et surtour ex-secrétaire d'une vieille connaissance, le cardinal Achille Sivestrini, antiratzingérien de fer, en qui l'Abbé Barthe avait cru identifier le fameux "mon cardinal" d'Olivier Legendre (cf. Complot contre Benoît XVI?)

Les «lointains» promus, les curiaux rejetés: c'est comme cela que François choisit ses cardinaux

Les nouveaux cardinaux du Pape François montrent la route d'une Église tournée vers les périphéries existentielles.
En augmentation les orientaux et les latino- américains. Un seul curial parmi les nouveaux cardinaux.
Matteo Carnieletto
www.ilgiornale.it
(ma traduction)
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Un seul homme de la Curie a été choisi par François de devenir cardinal dans ce consistoire. Il s'agit de Dominique Mamberti, nommé le 8 Novembre dernier préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique en remplacement du cardinal Burke, très mal vu par Bergoglio. Un choix pour le moins inhabituel, qui a écarté, par exemple, Jean-Louis Brugues qui, comme bibliothécaire de la Sainte Eglise romaine aurait dû obtenir la barrette de cardinal, et Mgr Moraglia, patriarche de Venise.

Sur les autres cardinaux, tous choisis dans les «périphéries du monde», on sait très peu de chose. Ce qui, dans le langage du gouvernement de François, signifie une seule chose: au commandement, il y a seulement le Pape. Les autres sont les exécutants. A Rome, c'est François qui commande.

Mais si on connaît peu ou rien sur la plupart des futurs cardinaux, il vaut toutefois la peine de dire quelque chose sur l'un des rares italiens choisis par François: Edoardo Menichelli, archevêque d'Ancône-Osimo. Pour comprendre cette personnalité, il faut plonger dans le passé, plus précisément en 1999, quand fut publié un livre qui secoua la Rome chrétienne.

Nous parlons de «Via col vento in Vaticano» (Autant en emporte le Vent au Vatican), un livre qui - comme l'écrit le vaticaniste Sandro Magister - «raconte un grand nombre d'anecdotes sur monsignori et nonces, évêques et cardinaux. Carrières, manœuvres, aventures épicées. Presque toujours en taisant les noms. Sauf pour certains. Qui sont les véritables cibles de cette petite guerre curiale entremêlée avec la grande guerre du conclave qui se rapproche» (cf. chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/7138 )

Parmi ceux-ci, émerge le nom du cardinal Achille Silvestrini, qui en 2005 s'opposa à l'élection de Ratzinger (un cardinal latino-américain parlait ainsi au vaticaniste Nicolas Diat: «Le soir de l'élection, j'ai croisé le cardinal Silvestrini près de Saint-Pierre.. C'était un homme abattu. Il portait en lui une sourde colère. (...) Il pensait que Ratzinger ne serait pas qu'un pape de transition. J'ai compris qu'il n'accepterait jamais cette élection. Pour lui, et pour d'autres prélats, Benoît XVI était la négation de la bataille réformiste, l'antithèse des luttes de leur vie»).

Et qui était le secrétaire de Silvestrini? Edoardo Menichelli, qui avait rencontré le cardinal en 1992 et commença ainsi sa propre ascension au Vatican: en 1994, il fut nommé archevêque métropolitain de Chieti-Vasto, recevant la consécration epicopale d'Achille Silvestrini lui-même. 10 ans plus tard - nous sommes en 2004 - il est nommé Archevêque métropolitain d'Ancône Osimo et aujourd'hui, il est inséré dans la liste des cardinaux de la sainte Église romaine.

Des nominations d'aujourd'hui, nous comprenons combien François veut de plus en plus être un homme seul à la tête de l'Eglise. C'est lui qui va l'entraîner vers les périphéries de l'existence. Avec, au maximum, quelques antiratzingeriens de fer.

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