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Les prophéties de "Non è Francesco" (III)

Suite et fin du chapitre du livre d'Antonio Socci sur les visions d'Anne-Catherine Emmerich

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Tant la vision de Léon XIII, que le Secret de Fatima et les visions de la Emmerich ont en leur centre la Papauté. Le drame de la Papauté. Et ils établissent qu'au sommet du déchaînement de Satan, celle-ci sera l'objectif suprême des forces de l'enfer. Ce n'est pas par hasard qu'à Fatima et à Medjugorje, la Sainte Vierge insiste pour demander de prier pour le Pape.

Fatima e dintorni

"Non è Francesco"
Antonio Socci,
éd. Mondadori, septembre 2014 pour la version originale (Ma traduction)
Pages 227 et suivantes

La vision de Léon XIII (cf la vision de Léon XIII)
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Le Père Livio Fanzaga (ndt: entre autre, directeur de Radio Maria) a noté que la béatification de la Emmerich en 2004 «a la saveur d'une intervention providentielle, comme si le ciel voulait attirer l'attention sur ses visions prophétiques durant cette phase de l'histoire du salut où elles se réalisent».

Il y a ensuite un «détail» important. La même référence à Satan libéré de ses chaînes avant 2000 se trouve également dans la claire et dramatique vision prophétique qu'eut le Pape Léon XIII, le grand Pape de Rerum Novarum qui - entre le XIXe et le XXe siècles - conçut la doctrine sociale de l'Eglise et ouvrit tout grand aux catholiques le vaste champ de l'engagement social et politique.
Léon XIII, qui fut pape de 1878 à 1903, soit immédiatement après la traumatique conquête piémontaise de Rome (advenue sous Pie IX) et la fin du «pouvoir temporel», exprima dans ses nombreuses encycliques le jugement sévère de l'Eglise sur le socialisme, le libéralisme, le capitalisme, la franc-maçonnerie et le protestantisme.
Tandis qu'avec Aeterni Patris (1879) il indiqua aux catholiques l'œuvre de saint Thomas d'Aquin comme guide pour la réflexion philosophique et théologique. Un de ses nombreux et décisifs actes de gouvernement.
Je précise tout cela pour qu'il soit clair que nous parlons d'un grand Pape, qui fut un excellent Pontife, doté de sagesse, de sens de la réalité, de conscience du moment historique, de prudence et de courage.

Eh bien, le fait mystérieux dont nous parlons advint le 13 Octobre 1884. Ce jour-là, assistant à une seconde Messe d'action de grâce «tout d'un coup on le vit redresser énergiquement la tête, puis fixer quelque chose au-dessus de la tête du célébrant. Il regardait fixement, sans sourciller, mais avec un sentiment de terreur et de surprise, changeant de couleur et d'expression»
Les témoins disent que «finalement, étant revenu à lui-même, donnant un coup léger mais énergique avec la main, il se lève. On le voit se diriger vers son bureau privé. Son entourage le suit avec empressement et anxiété. Ils lui disent doucement: «Saint-Père, vous ne vous sentez pas bien, vous avez besoin de quelque chose». Lui répond: «Rien, rien». Au bout d'une demi-heure il fait appeler le secrétaire de la Congrégation des Rites et, lui tendant une feuille, il lui ordonne de la faire imprimer et de l'envoyer aux Ordinaires (évêques des diocèses) du monde entier».
C'était la fameuse prière à Saint Michel Archange, protecteur de l'Eglise qui, depuis lors, a été donnée à réciter à la fin de la Sainte Messe dans toutes les églises du monde: c'était une longue invocation au chef de l'armée céleste pour qu'il enchaîne Satan à l'enfer, l'empêchant de se répandre dans le monde contre l'Eglise et les âmes (cette prière fut inopinément annulée après le Concile).

Il convient de noter le fait que Benoît XVI a voulu faire une statue en l'honneur de l'Archange Saint Michel à placer dans les jardins du Vatican, pour protéger la petite cité du Pape, et que - ayant été achevée sous François - les deux papes ensemble, apposant leurs deux armoiries et leurs deux noms en-dessous de l'image, ont voulu la bénir et l'inaugurer solennellement ensemble.

Mais pour quel motif Léon XIII at-il écrit la prière? Et que lui était-il arrivé pendant la messe? Qu'avait-il vu et entendu?
Le Pape dit qu'il s'agissait de l'avenir de l'Eglise. En effet Léon XIII eut la vision des démons qui s'amoncelaient sur le Vatican et sur la basilique Saint-Pierre qui - assaillie par les forces de l'enfer - tremblait terriblement.
Le Pape entendit un dialogue mystérieux et effrayant dans lequel Satan défiait le Seigneur, affirmant que s'il avait eu les mains libres, il aurait détruit son église en cent ans.
On peut percevoir dans ce «défi» apocalyptique le mépris de toujours que Lucifer a envers les hommes, qu'il accuse devant le Créateur de le servir, lui Satan, et non pas d'être des enfants de Dieu.
Tandis qu'en permettant ce défi, il y a de la part du Seigneur son amour passionné et éternel qui veut que ses créatures soient librement en mesure - avec sa grâce - de s'opposer au Malin, de le vaincre, et d'obtenir ainsi l'immense don du salut et de la divinisation.
Et c'est pourquoi - comme l'a dit le Cardinal Ivan Dias à Lourdes en 2008 - au siècle dernier, Dieu a envoyé la Vierge sur terre avec des apparitions tellement extraordinaires et prophétiques, pour avertir, soutenir et réconforter ses enfants immergés dans la grande bataille.
Ainsi, non seulement Léon XIII a écrit cette prière à Saint Michel Archange, la faisant réciter, à partir de ce moment, à la fin de la messe dans toutes les églises, mais - comme l'a souligné le cardinal Nasalli Rocca - «le pape écrivit de sa propre main un exorcisme spécial contenu dans le rituel romain. Ces exorcismes qu'il recommandait aux évêques et aux prêtres de réciter souvent dans leurs diocèses et leurs paroisses, il les récitait très souvent au long de la journée».

Donc, dans la rédaction originale de ce mystérieux exorcisme «In satanam et angelos apostaticos» (contre Satan et les anges apostats), écrit par Léon XIII et inséré obligatoirement dans le rituel romanum, on peut lire cette formule énigmatique:

«Voici l'Eglise, l'Epouse de l'Agneau immaculé, saturée d'amertume et abreuvée du venin d'ennemis très rusés; ils ont posé leurs mains impies sur tout ce qui est le plus sacré. Là où fut institué le Siège du bienheureux Pierre et la Chaire de la Vérité, là ils ont placé le trône de leur abomination dans l'impiété; de manière qu'ayant frappé le pasteur, le troupeau puisse être dispersé».

C'est une formule qui déconcerte et c'est pourquoi, quelques décennies plus tard, sous le pontificat de Pie XI, cet exorcisme fut raccourci et cette phrase fut l'une de celles supprimées. Par prudence.
Parce qu'elle pouvait être «mal interprétée», comme on le dit aussi de cette partie du secret de Fatima qui n'a jamais été révélée.

La perplexité que suscite la phrase coupée de l'exorcisme est semblable à la terreur qui s'était emparée de Sœur Lucie quand elle ne parvenait pas à écrire ce texte. Y avait-il quelque chose de terrible en commun?
Il faut dire aussi que la terrible vision de Léon XIII semble avoir eu lieu le 13 Octobre 1884 et que cette date aussi est significative: parce que 13 Octobre 1917 exactement 33 années plus tard, sera le jour de la dernière apparition de Fatima.
Celle dans laquelle la Vierge - relevant le défi des journaux laïcs portugais et des ennemis des trois petits bergers - donna un signe, comme annoncé le 13 Juillet de l'année précédente. Le signe fut le plus extraordinaire de l'histoire de l'Eglise, car 70 000 personnes y assistèrent, y compris les non-croyants et les journalistes réunis à la Cova da Iria, juste pour voir s'il allait se passer quelque chose d'extraordinaire.
Tous restèrent terrifiés en voyant le soleil qui tournait et semblait se précipiter sur la terre, un signe qui est une référence claire à l'Apocalypse et à la Femme qui vainc le dragon. La foule qui était là a vu ce signe qui le lendemain, fut décrit dans les journaux portugais. Même ceux laïcs.

Tant la vision de Léon XIII, que le Secret de Fatima et les visions de la Emmerich ont en leur centre la Papauté. Le drame de la Papauté. Et ils établissent qu'au sommet du déchaînement de Satan, celle-ci sera l'objectif suprême des forces de l'enfer. Ce n'est pas par hasard qu'à Fatima et à Medjugorje, la Sainte Vierge insiste pour demander de prier pour le Pape.

Mais comment calcule-t-on les «cent ans» de ce déchaînement de Satan que Léon XIII a rapporté? A partir de quelle date?
L'historiographie laïque a identifié ledit «siècle court», qui est le siècle de la libération des démons, le siècle du totalitarisme, des génocides, des idéologies du nihilisme. Et on le fait commencer à partir de la Grande Guerre de 14 -18, celle qui ouvrit la boîte de Pandore, faisant tout exploser.
Au cœur de ce «massacre inutile», comme l'appela le Pape Benoît XV, en 1917, nous avons l'apparition de Fatima qui fut la prophétie du siècle satanique qui commençait avec la guerre et - tout de suite après - l'irruption de la «révolution d'octobre» (toujours en 1917) qui marque le début des horreurs.
Cela signifierait qu'aujourd'hui (pour le centenaire de la Grande Guerre) nous serions à l'expiration des cent ans et nous sommes en train de vivre l'offensive finale et totale, celle dans laquelle l'Ennemi de Dieu tente le tout pour le tout, l'assaut final.
Mais est-il censé de prendre à la lettre les «cent ans» et de les faire partir - comme l'ont fait certains, se basant sur l'historiographie laïque - de la Grande Guerre? N'y a-t-il pas le risque des millénarismes et des mythologies apocalyptiques insensées?

Je crois que nous devons le garder par rapport à tout cela un minimum de distance critique, en nous rappelant aussi l'avertissement biblique: «Mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voies» (Is 55,8).
Personnellement, je considère que les visions de la Emmerich sur les «deux papes» sont trop fragmentaires et génériques pour être projetées sur le présent avec une certitude absolue. Surtout, elles ont de nombreuses références au passé, il est donc légitime d'avoir des doutes. Mais par-dessus tout, ces prophéties sont toutes conditionnées, comme la prophétie biblique sur Ninive, de sorte que leur pleine réalisation n'est pas escomptée.

Ceci vaut également pour la vision prophétique de Léon XIII, dont je pense qu'elle s'est réalisée parce que l'attaque sur l'Église et la papauté a depuis été une constante dramatique et continue encore, dans les formes les plus diverses.
Comme d'ailleurs le prophétisa la Vierge à Fatima disant que le Saint-Père devra beaucoup souffrir.

Finalement, ces paroles énigmatiques prononcées par Benoît XVI le 13 mai 2010 lors de son pèlerinage à Fatima (*) font beaucoup penser:

«Puissent ces sept années qui nous séparent du centenaire des Apparitions (2017) hâter le triomphe annoncé du Cœur Immaculé de Marie, à la gloire de la Très Sainte Trinité»
(w2.vatican.va)

Note

(*) Pages spéciales sur le pélerinage de Benoît XVI à Fatima (11-14 mai 2010), et sur les apparitions ici: benoit-et-moi.fr/2010-II

FIN

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