Les fruits d'un Pontificat
Une interview-hommage à Benoît XVI du cardinal Ouellet sur Radio Vatican. Transcription de l'audio
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Marie-Christine a eu la gentillesse de transcrire cet entretien, dont on peut trouver la version audio en français ici: media02.radiovaticana.va/audio/audio2/mp3/00473891.mp3 .
Je pense que les lecteurs étrangers apprécieront de disposer du texte...
Le cardinal Ouellet dit des choses très belles (par contre, on peut "zapper" l'introduction!).
Monique T. commente:
On peut tout approuver sauf l'affirmation de la "continuité" et l'idée qu'un docteur ne pourrait pas aussi être un pasteur. Pour moi personnellement et pour beaucoup d'autres, Benoît XVI a été un pasteur lumineux ayant changé ma vie.
On notera par ailleurs que le Cardinal Ouellet ne s'exprime plus exactement comme en 2013, époque à laquelle il présentait l'élection de François comme un passage de l'obscurité à la lumière ("un grand tournant"), ce qui était très désobligeant pour Benoît XVI! (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/le-grand-tournant) (*)
Entretien d'Olivier Bonnel avec son Eminence le Cardinal Ouellet, à l'occasion du 10e anniversaire de l'élection de Joseph Ratzinger au trône de Pierre
Radio Vatican, le 18 avril 2015.
Transcription par Marie-Christine
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Le 19 avril 2005, Joseph Ratzinger était élu Pape sous le nom de Benoit XVI devenant ainsi le 265e pontife de l’histoire.
Dix ans plus tard, le Pape allemand laisse un héritage important à l’Eglise malgré son effacement au profit de son successeur François.
Olivier Bonnel a demandé au cardinal Marc Ouellet, préfet de la congrégation pour les évêques, de revenir sur l'héritage de ce pontificat dont l'Église bénéficie aujourd'hui. Il met en valeur la continuité doctrinale et «la continuité du Saint-Esprit», malgré les changements de style, entre les pontificats de Benoît XVI et du Pape François.
R. Je vois surtout des fruits à long terme. Tout d'abord, le pontificat de Benoît XVI a été une chance pour l'Europe, une chance de retrouver ses racines chrétiennes et l'estime de son héritage spirituel et culturel. Les voyages apostoliques en Europe et les grands discours à Paris, à Londres et à Berlin resteront selon moi des points de repère pour l'avenir de l'Europe.
Deuxièmement, un autre fruit, me semble la contribution intellectuelle de Joseph Ratzinger et Benoît XVI pour les rapports entre la foi et la raison dans ses principales encycliques de même que le rapprochement entre l'exégèse et la théologie. Ce rapprochement, il l'a précisé dans l'exhortation apostolique Verbum Domini après le synode de 2008 (note de Marie-Christine: en fait 2010) sur la Parole de Dieu et aussi, il l'a montré en pratique dans son livre sur Jésus de Nazareth qui est un modèle d'exégèse théologique.
Et, en troisième lieu, entre beaucoup d'autres choses qu'on pourrait dire, je crois qu'un troisième fruit pour les pasteurs, encore à long terme, est la qualité extraordinaire de ses homélies, des homélies mystagogiques vraiment fondées sur la liturgie, sur la Parole de Dieu et bien enracinées dans une compréhension profonde de la liturgie. Alors, beaucoup, selon moi, sont des pièces d'anthologie qui seront lues dans les siècles.
O.Bonnel: Nombreux sont ceux qui, parfois, ont voulu opposer Benoît et François mais pourtant il y a beaucoup plus de continuité qu'on imagine. Quelles sont-elles, selon vous ?
R: La plus belle continuité, entre les deux Papes, est la différence de style, c'est à dire un pasteur après un docteur, et puis... un pasteur qui communique autrement, au fond, le même message, le même mystère, la même évangélisation et qui rejoint une audience plus large d'une façon plus populaire. Alors, pour moi, il y a une continuité du Saint-Esprit extraordinaire dans ce changement de style et une continuité aussi doctrinale. De plus, les deux pontifes se suivent et se complètent dans la réforme de l’Eglise qui a été un thème aussi de Benoît XVI, la lutte contre la pédophilie évidemment, la transparence financière, la nouvelle évangélisation, les questions de la famille... il y a une continuité dans ces domaines.
O.Bonnel: Le Pape émérite, on le sait, s'est effacé au profit de son successeur, le Pape François. En quoi sa présence aujourd'hui discrète est-elle toujours réelle et effective pour l’Eglise d'aujourd'hui ?
R: BXVI s'est effacé dans un grand geste d'humilité et de courage qui a ouvert la voie pour, je dirais aussi, une transformation du rôle de Pierre. Alors, c'était un grand geste révolutionnaire pour l'époque et dans l'histoire et qui nous a préparés à la nouveauté de François. Je crois que son autorité morale en ressort grandie et puis, sa prière est certainement un appui puissant pour le ministère de son successeur.
O.Bonnel: Vous-même, Eminence, vous avez été l'un des principaux collaborateurs de Joseph Ratzinger. De manière plus personnelle, est-ce que vous avez un souvenir qui vous a marqué de ce pontificat et de la personne de Benoît XVI ?
R: J'ai beaucoup de souvenirs, évidemment, des sessions hebdomadaires de travail, avec lui, pour les nominations des évêques. J'ai beaucoup admiré sa prudence et sa sagesse mais ce qui m'a peut-être le plus édifié, c'est son humilité et, je dirais, sa patience dans l'adversité face aux trahisons, à l'ingratitude, aux critiques qu'il a pu recevoir. J'ai admiré vraiment sa qualité d'homme spirituel capable de suivre le Seigneur, de prendre sa croix.
Il reste, pour moi, un maître de vie et un docteur de l’Eglise comme je l'ai dit tout à l'heure, auquel beaucoup de fidèles sont demeurés attachés profondément et de façon durable.
Note (mise à jour)
(*) Le lien vers l'article cité par moi à l'époque est malheureusement "mort", mais Marie Christine me signale qu'il s'agit de l'interview du cardinal Ouellet le 18 décembre 2013 par radio Vatican, encore accessible sur le site du Saint-Siège: www.news.va/fr/news/entretien-exclusif-le-cardinal-marc-ouellet-sur-la.
