François, Morales et la faucille et le marteau

Le cadeau empoisonné du président bolivien au Pape, vu par Antonio Socci

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vidéo.



Je n’ai rien suivi du voyage du pape en Equateur et en Bolivie, et au Paraguay, et j’avais donc décidé de ne pas en parler.
Mais l’épisode du crucifix scandaleux en forme de faucille et marteau que le président Evo Morales a offert à François a fait le tour du monde; il a suscité un tel scandale dans certains milieux, et il est si emblématique de l’attitude de déni des bergogliens face à des faits objectifs qui crèvent les yeux (au point de trafiquer l’information pour coller à l’image qu’ils se font du Pontificat), qu’il est difficile de faire totalement l’impasse sur la portée de ce cadeau, et surtout sa réception par le pape.
La meilleure synthèse est donnée par le site Rorate Caeli qui publie un bref article illustré par une grande photo du Pape recevant des mains du président bolivien le cadeau empoisonné, avec ce titre qui dit tout: L’IMAGE QUI DEFINIT LE PONTIFICAT..

Rappelons que le 28 octobre 2014, le Pape recevait au Vatican les « mouvements populaires » et qu’il leur adressait un discours qualifié élogieusement par certains de « révolutionnaire » (w2.vatican.va)
Parmi ceux qui avaient écouté le discours du pape, les latino-américains étaient particulièrement nombreux, y compris le président bolivien Evo Morales (ici en qualité de leader «cocalero» càd producteur de coca) qu’il avait reçu à l’issue du discours. On peut donc supposer que les deux hommes se connaissent, et que l’entente entre les deux est bonne, au point de justifier une certaine familiarité, et le fameux cadeau (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/le-pape-activiste-politique).

Anna a traduit l’article d’Antonio Socci, particulièrement remonté. Depuis lors, il a d’ailleurs ajouté plusieurs mises au point sur sa page Facebook, la dernière pour le moment date du 11 juillet, où il rapporte que le pape a ajouté le blasphème au blasphème en allant déposer ce « cadeau », et un autre portant le même symbole, aux pieds de la vierge de Cobacabana, protectrice de la Bolivie.

Sur ce sujet, on lira aussi Yves Daoudal :
¤ yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2015/07/09/le-beau-cadeau
¤ yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2015/07/11/le-pape-et-tout-ca

Coca , «faucille et marteau».
Le voyage de Bergoglio

10 juillet 2015
www.antoniosocci.com
Traduction par Anna

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Plongé dans la Babel carnavalesque des places et des régimes sud-américains, le Pape François semble à l'aise, et son personnage devient mieux déchiffrable dans ce climat.

La grotesque divinisation qui a été faite de lui en Equateur, où des souvenirs étaient vendus, le représentant à la place du Christ (l'adulation et la papolâtrie de nos médias et sacristies ne sont d'ailleurs pas inférieures), a été le cadre de discours qui ressemblaient à des meetings péronistes, avec très peu de surnaturel.
Et puis hier, arrivant en Bolivie, le président socialiste de la Bolivie Evo Morales a accueilli le "frère Pape" lui offrant le symbole de la faucille et du marteau sur lequel était représenté le Christ crucifié. La même image blasphèmatoire apparaissait aussi sur la chaîne qu'il avait mise au cou du pape argentin.

HONTE
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L'épisode est scandaleux parce que c'est justement sous le signe de la "faucille et marteau" et au nom de ce qu'elle représentait, qu’au cour du dernier siècle, a été perpétré le plus grand massacre de chrétiens dans l'histoire de l'Église: les victimes se comptent par ce nombreux millions.
C'est le symbole d'une idéologie anti-chrétienne et même anti-christique qui avait comme objectif explicite l'effacement total de Dieu de la terre. Et qui a bâti un enfer planétaire afin d'y parvenir.
Le fait donc d'offrir au Pape un tel objet, outrageux pour les martyrs chrétiens, et sacrilège en référence à la figure du Christ, est inacceptable.
Il est choquant que le pape ait accepté ce cadeau sans objecter, souriant même avec satisfaction.

Certainsi affirment que Morales a été inopportun et a mis le pape en difficulté, mais il ne semble pas que les choses se sont passées ainsi. Il me paraît tout d'abord naturel de supposer qu'il y a eu un accord préalable entre les responsables du protocole; je doute que ce "cadeau" ait surpris le Vatican (s'il n'y avait pas d'accord préalable, il faudrait d'autant plus s'inquiéter car cela signifierait que le pape est exposé à l'affront de n'importe quel démagogue).
Il est ensuite significatif qu'un chef d'État - même d'un socialisme surréaliste, comme Morales - estime pouvoir donner une horreur pareille au pape Bergoglio, et que personne n’ait pensé à le donner à Jean-Paul II ou à Benoît XVI (lors des voyages à Cuba, par exemple).
Il est évident qu'on a considéré que cet objet - qui pourrait en soi très bien symboliser la théologie de la libération et le "cathocommunisme" de toutes les latitudes (avec le Christ crucifié comme métaphore des pauvres) - serait agréé et apprécié par le pape argentin.
Morales, en effet, n'avait pas l'attitude du "provocateur", mais bien de l'admirateurr de Bergoglio, qu'il n'a cessé de louer comme "pape des pauvres".
Et finalement, comme je l'ai dit, Bergoglio a souri satisfait de l'explication des symboles et a mis au cou l'obscène représentation.
Aurait-il fait de même si une répugnante croix gammée avec dessus représenté un "Christ aryen" lui avait été offert? Je crois (et j'espère) que non. Pourquoi alors oui à la faucille et au marteau?
À ceux qui voulaient sottement répondre que le communiste est désormais une chose du passé, il faut dire que la croix gammée aussi est une chose du passé, mais que personne ne voudrait la porter au cou.
Les crimes du communisme et du nazisme ne peuvent pas être oubliés. Mais il faut surtout rappeler que sous les régimes de la faucille et du marteau, encore aujourd'hui, les chrétiens sont persécutés et massacrés et que ce ne sont pas des cas négligeables puisque la Chine compte à elle seule un milliard et 300 millions d'habitants. Tandis que la Corée du Nord est, par férocité, au niveau du Cambodge de Pol Pot.

UNE PAPAUTÉ STUPÉFIANTE
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Par ailleurs, parmi les cadeaux du socialiste surréaliste Morales au pape il y en a encore un autre, également embarrassant. Lorsque Bergoglio est descendu de l'avion, Morales lui a mis au cou la traditionnelle "Chuspa", le conteneur de feuilles de coca utilisé dans les pays andins.
Le site Dagospia, spécialisé en informations trash, a remarqué à juste titre: "Il ne manquait que le t-shirt de Che Guevara et un 'gong' de Bob Marley".
C'est un cas tragicomique. Les pays andins, Pérou, Bolivie et Colombie, sont en effet les plus grands producteurs de coca du monde. Et Morales, qui est toujours le chef d'un syndicat de cultivateurs de coca, a fait de la légalisation de la coca sa principale bataille politique internationale.
"Limes" (revue géopolitique italienne) commençait ainsi un article qui lui était dédié: "Vive la coca, mort aux yankees!, a crié Evo Morales lundi 14 janvier 92013), fêtant sa victoire à l'ONU, dans sa bataille pour la légalisation de la coca".
Était-il donc vraiment nécessaire que le pape portât avec désinvolture autour du cou ce conteneur emblématique? N'a-t-il pas pensé que son image était instrumentalisée par Morales en vue d'une bataille tout à fait discutable, même exécrable? N'est-il pas désastreux de dégrader l'image du pape à ce point?

Il semble que Bergoglio n'aime vraiment pas exercer la vertu de prudence. Les derniers jours, la nouvelle, donnée par le gouvernement bolivien lui-même, avait fait grand bruit: le pape entendait mâcher des feuilles de coca à l'arrivée en en Bolivie. On ne sait pas s'il l'a fait, en tout cas l'"évêque de Rome" ne s'est pas senti gêné de porter la "chuspa" que Morales lui a mise autour du cou. Jusqu'au moment où l'écris, il ne semble pas que le pape ait tonné contre le système économique de ces pays qui font de la culture du coca une des principales sources de revenu.
Nous verrons, mais il y a de quoi en douter, car à ce jour, il n'a fait que des discours d'appréciation du régime bolivien de Morales, déclarant que la Bolivie est sur la bonne route.
On lit sur La Repubblica, je cite: "Fort soutien du pape, dès son arrivée à La Paz, au chemin d'inclusion sociale de la Bolivie…Forte syntonie et chaleur avec le président Evo Morales".
En revanche, Bergoglio a tonné contre ceux qui construisent des murs ("Il faut construire des ponts plutôt qu'édifier des murs"). De l'avis de quelques observateurs il faisait référence à Israël et à la Hongrie, à cause des barrières par lesquelles ils protègent leurs propres frontières (ndr: on peut surtout penser aux murs virtuels que l’Europe dresserait prétendument pour empêcher les réfugiés en provenance d’Afrique d’affluer sur son sol, entre autres via Lampedusa).
N'aurait-il pas mieux fait, en cet endroit, de tonner contre ceux qui cultivent et écoulent le coca?

Avec Bergoglio, il n'y a pas de trace de la saine prudence ecclésiale, ni d'ardeur pour les vérités qui gênent. Si une blague m'est autorisée, c'est la foi catholique elle-même qui part en "fumée".

DÉSASTRE
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Le voyage de Bergoglio en Amérique du Sud fait comprendre pourquoi, dans ce continent auparavant très catholique, l'Église est en chute libre, avec un effondrement des chiffres d'appartenance qui n'a pas d'égal dans le monde.
Là où les prêtres et les évêques font les syndicalistes et les démagogues, les gens n'éprouvent plus aucune attraction pour la foi. Si les discours des ecclésiastiques ressemblent à ceux d'Evo Morales, à quoi bon aller encore à l'église?
C'est pourquoi, chez les peuples de ce continent, la demande religieuse et l'attraction du surnaturel sont reportés sur d'autres formes de religiosité et de très nombreux abandonnent l'Église catholique.
Bergoglio applique à présent cette ruineuse recette, déjà testée dans l'Amérique Latine, aussi à l'Église universelle, de façon à provoquer les mêmes désastres.
Il laissera ainsi un paysage de ruines, avec toutefois les applaudissements des ennemis de toujours de l'Église, des différents Morales et des cultivateurs du coca.

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Post scriptum - Certains "pompiers" cléricaux, face à l'embarras provoqué par Bergoglio, ont fait courir la rumeur que devant la faucille et marteau avec le Christ crucifié il ait répondu objectant "No està bien eso", ceci n'est pas bien.
Plût à Dieu qu'il ait prononcé ces mots et l'ait refusé…
Cette version est toutefois démentie par la vidéo où l'on voit Bergoglio accepter le don, souriant, sans le refuser (cette même image blasphème est d'ailleurs dans le médaillon qu'il porte au cou).
En réalité, on entend clairement dans la vidéo que Bergoglio n'a pas dit "No està bien eso", mais "no lo savìa eso", je ne savais pas (1).

À quoi se référaient ces mots? Qu'est-ce qu'il ne savait pas?
Ce que Morales lui expliquait, c’est que ce crucifix avec faucille et marteau avait été dessiné par le jésuite Luis Espinal, tué en 1980 par des milices et sur le tombeau duquel, à La Paz, Bergoglio venait juste de se rendre, pour lui rendre hommage comme on fait sur la tombe d'un martyr.
Le père Lombardi lui-même, avec une certaine réticence, a confirmé: "Moi non plus je ne le savais pas". Ce sont les jésuites boliviens qui lui ont expliqué que le dessin est dû au père Espinal.
Aucun refus donc de la part de Bergoglio. Connaître la paternité de ce symbole est un flash qui fait comprendre beaucoup de choses de l'Église sud-américaine… Il fait comprendre les rapports et l'influence du monde marxiste sur cette Église là…C'est embarrassant!

Note (et vidéo)

(1) Voici la vidéo de Rome Reports en langue espagnole, assez convaincante, et sous-titrée en espagnol :