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En quoi croit le Pape?

En l'homme, c'est lui-même qui le dit. Un credo plus proche de l'idéal maçonnique que de la doctrine catholique, qui émerge de plus en plus clairement de l'examen attentif de ses propos et "affine" le portrait d’un Pape qui se confirme en rupture avec l’Eglise de toujours . (25/9/2017)

Un article de Francesco Lamendola, sur le site <Una Vox>.

Oh, oui: c'est un homme habile, dans son genre. Il est surtout beaucoup moins confus qu'il n'y paraît; ce n'est pas du tout un maladroit, bien qu'il soit, sans l'ombre d'un doute, une personne ignorante, présomptueuse et immensément narcissique. Et son habileté consiste en cela: lancer la pierre devant les yeux de tous, puis cacher sa main, avec l'air de dire: «Eh bien, qu'ai-je dit ou fait de si étrange? Ne voyez-vous pas que je ne fais que redécouvrir les trésors cachés de l'Évangile? Ne réalisez-vous pas que je suis en train d'achever un processus de maturation des chrétiens adultes, libérant la foi des incrustations superstitieuses, naïves et mythologiques de nos ancêtres? Je ne fais que mettre à jour la religion chrétienne avec les perspectives et les méthodes de la culture contemporaine. Nous étions restés à la traîne, nous étions en retard (par rapport à qui ou quoi?), mais heureusement je suis arrivé. Alors vous devriez me remercier (applaudissements, s'il vous plaît: et ici la claque bat des mains et crie les hosannahs: après moi, on ne pourra plus jamais revenir en arrière.

En quoi croit le Pape

www.unavox.it
Ma traduction

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En quoi croit un catholique? Si on le questionnait à ce sujet, ou s'il était amené à en parler, un catholique, pensions-nous, devrait répondre: je crois en un seul Dieu, Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes choses visibles et invisibles. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles... Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne la vie, et qui procède du Père et du Fils...
Mais, évidemment, nous étions à la traîne par rapport aux aggiornamenti de l'Église post-conciliaire; aujourd'hui, à ce qu'il semble, le Credo Nicéno-Constantinopolitain est une vielllerie, une chose désuète, que personne dans le clergé progressiste et néo-moderniste ne songerait encore à prendre à la lettre.
Aujourd'hui, grâce aux merveilles du «tournant anthropologique», la théologie ne traite plus de telles antiquités, ne perd plus de temps avec la perspective théocentrique désuète et discréditée, mais place au centre de tout l'homme, glorieusement, fièrement; l'homme avec sa dignité, l'homme avec ses capacités, l'homme qui choisit son destin.
Aujourd'hui, en outre, toujours en remerciant ces courageux théologiens des deux dernières générations qui, enfin, nous ont éclairés sur le sens véritable de la Révélation divine, à laquelle, jusqu'à il y a un demi-siècle nous n'avions rien compris, on peut dire l'essentiel; aujourd'hui, donc, grâce à ces géants de la pensée, face auxquels saint Augustin, saint Jérôme, saint Thomas d'Aquin et sainte Thérèse ne sont que des nains bouffons, aux idées confuses et aux propos incertains et balbutiants, nous savons en quoi le chrétien doit placer son espérance: encore et toujours dans l'homme, dans la dignité de la personne humaine.

Et voilà expliquée la raison pour laquelle le Pape en personne, François, voulant résumer en quelques mots ce en quoi il croit, ne parle ni de Dieu le Père, ni de Jésus-Christ, ni de l'Esprit Saint, des choses juste bonnes pour les femmes d'un certain âge, qui ont grandi parmi les chapelets et d'autres superstitions du même type, mais il affirme, avec beaucoup de franchise et de simplicité: Je crois en l'homme.
Et ce, dès le début de son pontificat, et même avant de l'avoir commencé; donc en assumant cette "foi" comme ligne programmatique maîtresse de son ministère pastoral en tant que chef de l'Église, sur laquelle tout le reste serait fondé.

On ne peut pas dire qu'il n'a pas parlé clairement: c'est plutôt nous qui avons été durs d'oreille, qui n'avons pas voulu entendre, qui n'avons pas voulu comprendre; qui avons tout fait pour interpréter d'une autre manière ses paroles, qui du reste n'ont pas été prononcées une seule fois, mais souvent, aussi bien lors d'entretiens avec la presse que dans des discours publics et même lors d'homélies durant la Messe. Parce que c'est précisément de cela qu'il s'agit. Si l'on suppose - comme nous-mêmes avons essayé de le faire, en escaladant les miroirs, pendant les trois premières années de son pontificat - que François part d'une perspective catholique, et que ses intentions sont donc les intentions "normales" d'un pape catholique, c'est-à-dire de garder et de transmettre intacte la foi des pères, il faut constamment, pratiquement tous les jours, s'en prendre aux médias qui ont déformé ses paroles, ou bien à sa connaissance imprécise de l'italien qui a faussé sa pensée, ou invoquer Dieu sait quelles autres circontances improbables, ce qui revient à expliquer ce qui n'est pas explicable, à justifier ce qui n'est pas justifiable: toute une série d'affirmations non catholiques, inouïes, scandaleuses, lesquelles provoquent un très grand malaise et une souffrance aigüe chez des millions de fidèles catholiques, et répandent l'égarement, la confusion et d'authentiques crises de conscience chez de milliers de prêtres et de religieux.
Chez les évêques et les cardinaux, un peu moins: il semblerait qu'ils soient trop occupés à s'assurer les fauteuils qu'ils occupent, et les comodités qui en découlent, pour consacrer une pensée à des vétilles comme la liturgie, la pastorale, la théologie et la saine et vraie doctrine catholique; a fortiori, les intellectuels laïcs qui militent infatigablement parmi les partisans du pape, comme l'historien Alberto Melloni, célébrateur de l'Eglise des pauvres, dont la fondation est actuellement bénéficiaire d'un financement public d'un million et demi d'euros.

Doutes, perplexité et crise de conscience qui ne dérangent nullement le sommeil du pontife; au contraire, délibérément, il s'en désintéresse puisque depuis une dizaine de mois il a reçu la demande officielle de clarification de points controversés d'Amoris laetitia, non pas de quatre miséreux, mais de quatre cardinaux éminents de son Église, et il n'a jamais daigné leur donner un semblant de réponse; et même, il ne leur a jamais accordé l'audience qu'ils lui demandaient. Malgré le fait qu'il avait lui-même annoncé son pontificat avec le slogan, suggestif et vraiment franciscain, qui en fait a été choisi comme titre d'un livre-entretien avec le jésuite Antonio Spadaro, La mia porta è sempre aperta - "Ma porte est toujours ouverte" -, publié en 2013, alors que le monde savait peu ou rien de lui; et malgré le fait que, dans une interview rapportée par le Bulletin mensuel salésien, il ait déclaré «Il est bon d'être critiqué, j'aime cela, toujours. La vie est aussi faite de malentendus et de tensions. Et quand ce sont des critiques qui font grandir, je les accepte, je réponds».

Mais les choses changent si nous renonçons - avec douleur, avec tristesse - à l'hypothèse qu'il pense, parle et agit comme un catholique, qu'il s'exprime encore moins comme un pape; si nous assumons l'hypothèse que sa perspective n'est pas catholique, et que ses intentions ne sont pas celles d'un chef "normal" de l'Église; bref, si nous admettons qu'il a été choisi et élu par un groupe de cardinaux maçons, ladite "mafia de Saint-Gall" (comme la définit en riant le cardinal Danneels, l'un de ses soutiens de pointe) pour faire exactement ce qu'il fait: pour démolir systématiquement, méthodiquement, un morceau après l'autre, l'Eglise catholique, et pour jeter sciemment, délibérément, dans le trouble et dans la confusion des millions de croyants, jusqu'à bouleverser complètement la doctrine et retourner la signification de la Révélation divine, dans le sens désiré par le groupe dont il fait partie.

Alors, et seulement alors, tout deviendra clair: ses discours seront logiques, ses déclarations, ses gestes (y compris ses gestes manquants: comme le fait de ne jamais s'agenouiller devant le Saint Sacrement, mais de s'agenouiller volontairement devant les "pauvres", de préférence musulmans, y compris les femmes, pour leur laver les pieds) acquerront un sens qui est tout sauf ambigu, confus, ou susceptible d'interprétaions différentes et opposées. Alors, et seulement alors nous verrons qu'il y a une parfaite conséquentialité, une stratégie précise, un chemin absolument clair et cohérent dans tout ce qu'il dit et fait, et aussi dans ce qu'il ne dit pas et ne fait pas: par exemple, ne pas dire un mot de soutien aux mouvements pour la vie et la famille, dans leur difficile lutte contre la propagation de l'idéologie du genre et les pratiques d'avortement dans la société et à l'école.

En fait, lors d'un entretien avec les journalistes Ernesto Rubin et Francesca Ambrogetti, dont a été très vite tiré un livre "Jorge Bergoglio, Papa Francesco" - sous-titre "Le nouveau pape se raconte", - à une question, le pontife nouvellement élu répondait:

Pour moi, l'espérance réside dans la personne humaine, dans ce qu'elle a dans son cœur. Je crois en l'homme. Je ne dis pas qu'il est bon ou mauvais, je dis que je crois en lui, en la dignité et la grandeur de la personne. La vie nous pose continuellement des questions morales, et nous mettons nos principes en pratique ou non, parce que parfois nous nous laissons submerger par les circonstances et succombons à nos faiblesses. Au XXe siècle, il y avait beaucoup de choses fantastiques et d'autres choses effrayantes. Maintenant, ça va mieux ou pire? Si vous observez l'histoire, vous pouvez voir qu'il y a toujours eu des hauts et des bas. On dit, par exemple, que les Chinois sont comme un bouchon de liège: ils coulent dans certaines circonstances, mais reviennent ensuite à la surface. Ils émergent toujours. Je crois que c'est généralement valable pour la nature humaine, pour tous les êtres humains et toutes les sociétés [...]

En fait, l'histoire nous apparaît comme un désastre, un désastre moral, un chaos. Quand on pense à des empires érigés au prix du sang de tant de gens, de peuples entiers, soumis à la sujétion; quand on pense à des génocides comme l'arménien, l'Ukrainien, ou celui du peuple juif, que vous mentionnez... Si on regarde l'histoire récente et même un peu moins récente, on a envie de s'arracher les cheveux. Aujourd'hui, à la messe, nous avons lu ce passage de la Genèse dans lequel il est rappelé que Dieu s'est repenti d'avoir créé l'homme pour tout le mal qu'il avait fait (Gn 6,5-7). C'est la clé de l'interprétation de l'histoire. Bien sûr, l'auteur de cela ne racontait pas un fait historique, mais il exposait une interprétation théologique du mal humain. Que nous dit alors la Parole de Dieu? Qu'il y a des moments de l'histoire où la dignité humaine est piétinée. Mais ensuite elle réapparaît [...].
On ne doit pas avoir peur des calamités. Je me souviens du personnage comique de Catita joué par Nini Marshall. Quelqu'un lui racontait un malheur, et elle répondait immanquablement: «Ne m'en parlez pas, madame». On peut toujours dire: «Ne m'en parlez pas, madame». Il y a toujours une expérience pire. Quelle est la différence entre les cas actuels d'enfants enlevés et tués pour des trafic d'organes, et les sacrifices d'enfants qui étaient autrefois pratiqués par d'autres cultures? La veine du mal a toujours été là, la possibilité pour l'homme de se transformer en monstre. Bien sûr, ce que nous vivons aujourd'hui nous fait plus mal. Malgré tout, l'histoire continue, elle avance. L'homme continue à avoir des comportements altruistes, à écrire des choses très belles, à faire de la poésie, à peindre, à inventer de nouvelles techniques et à faire avancer la science. Et puisque je crois en l'avenir d'un point de vue humain, j'y crois encore plus du point de vue chrétien, à commencer par la présence du Christ parmi nous.

Bravo pour la sincérité, donc! le pape dit: «Pour moi, l'espérance réside dans la personne humaine, dans ce qu'elle a dans son cœur. Je crois en l'homme».
Deux phrases, deux blasphèmes. Pas seulement deux déclarations imprudentes, imprécises, dicutables; deux blasphémes.
Un pape ne peut pas dire qu'il place toute son espérance dans la personne humaine: c'est de l'immanentisme, du naturalisme, du matérialisme. Ici, il n' y a pas le Dieu transcendant, encore moins le Dieu Créateur; et il n' y a pas le Dieu qui s'incarne par amour pour l'humanité. Il y a tout au plus quelque chose de semblable au Grand Architecte de l'univers, et il y a la personne humaine, le culte de l'homme. Un culte maçonnique, une approche maçonnique.
Et notons que Bergoglio ne dit pas: «pour moi l'espérance est dans ce qu'il y dans l'âme humaine», mais «dans ce que la personne humaine a dans le cœur».
Le cœur et l'âme sont deux concepts très différents. Le premier est un concept humain, terrestre; le second est un concept théologique et religieux. Le pape ne parle pas de l'âme, il ne mentionne pas l'âme immortelle, ni même le destin éternel de l'homme après la mort physique. La vie semble être là toute entière: dans ce qui se voit, dans ce corps destiné à se dissoudre, dans ces quelques années destinées à s'envoler comme le vent.
Un catholique, un prêtre, un pape, ne peut pas passer l'âme sous silence quand on lui demande raison de son espérance; l'Espérance (en majuscules) n'est pas un simple sentiment humain, mais l'une des trois vertus théologales, avec la foi et la charité, et elle est un don de Dieu, pas quelque chose que l'homme peut se donner lui-même.
Le langage de Bergoglio n'est pas celui d'un pape, mais même pas celui d'un catholique. Un catholique sait que l'essence de la personne est spirituelle, incorruptible, et que parler de la personne équivaut à parler de l'âme et de son destin d'éternité. De plus, pour dissiper tout malentendu éventuel, Bergoglio répète, avec une dureté de roc: je crois en l'homme. Croire, pour un catholique, est un verbe qu'on adopte uniquement et exclusivement en relation avec Dieu. Le catholique croit en Dieu; tout le reste est basé sur cette croyance essentielle. Et pas en un dieu quelconque, mais dans le Dieu qui a créé le monde par amour et qui, par amour, est devenu homme parmi les hommes, est mort sur la croix et ressuscité le troisième jour, comme il l'avait promis.
Mais il n' y a aucune trace de tout cela, dans les mots de Bergoglio.

Le pape parle ensuite d'histoire humaine. Il en parle en termes purement humains, comme si elle était entièrement et uniquement l'œuvre de l'homme, pour le bien et le mal. Et il en parle avec une grossièreté intellectuelle, avec une pauvreté et une superficialité déconcertante: il dit qu'il y a toujours eu des hauts et des bas; il dit que les hommes sont comme les Chinois, ou plutôt, comme les bouchons, parce qu'ils coulent, mais qu'ils reviennent tout de suite à la surface (entre parenthèses, a-t-il jamais vu un bouchon de liège? il ne coule pas du tout: il flotte, c'est tout). Il cite une actrice argentine inconnue (au reste du monde) et une blague d'avant spectacle: c'est le summum de son raffinement intellectuel.
Nous ne nous attendions pas à ce qu'il cite, en parlant de philosophie de l'histoire, Platon, ou saint Augustin, ou Vico, ou Spengler, ou Toynbee ou au moins Manzoni; mais qu'il cite l'Évangile, ou saint Paul, oui: bref, qu'il cite quelque chose de chrétien, et même - pourquoi pas? - quelque chose de catholique. Quelque chose qui nous permette de penser que l'histoire, pour lui, est l'œuvre de Dieu, au moins un peu. Et au contraire, rien. La Parole de Dieu, dans son discours, ne vient que pour nous rappeler que la dignité de l'homme, aujourd'hui foulée aux pieds, ressuscitera demain: par l'œuvre de l'homme, encore une fois.

Il y a des hommes qui écrivent des poèmes, peignent ou accomplissent des gestes altruistes: cela le remplit d'espérance, et non pas le fait que Dieu veille sur sa création et surtout sur son Église. Au contraire, il ne parle pas du tout de l'Église, ni de la communion des saints. Il semble que si l'homme s'élève à des niveaux spirituels plus élevés, ou s'il devient un monstre, la clé de cette ascension [ou chute] réside dans le secret du cœur humain: non dans la liberté que Dieu a donnée à l'homme.
Sur la Providence, silence total. Quelle Providence? C'est un concept catholique, c'était beau au XIXème siècle, c'était bon pour Manzoni; mais aujourd'hui les catégories intellectuelles et religieuses du successeur de saint Pierre sont tout autres.

La dernière déclaration est la plus déconcertante de toutes, une déclaration renouvelée de naturalisme et d'immanentisme, suivie d'une formulette catholique collée là avec un crachat, comme on dit [appiccicato al muro con lo sputo - expression du patois toscan: de quelqu'un qui n'est pas vraiment saint, on dit que c'est juste une image pieuse "collée au mur avec un crachat"], juste pour pour donner un prix de consolation à ces raseurs de catholiques traditionnalistes "rigides"; et puisque je crois en l'avenir d'un point de vue humain, j'y crois encore plus du point de vue chrétien, à commencer par la présence du Christ parmi nous.
Le pape ne croit pas au futur de la vie éternelle; il croit au futur d'un point de vue humain. Comme Pannella, Bonino et Scalfari, donc.
Toutefois, il se corrige lui-même in extremis, faisant une dangereuse inversion en "U", il dit qu'il y croit «encore plus» du point de vue chrétien. Étrange cercle vicieux: ce que l'on comprend, dans un tel désordre, c'est que la perspective humaine explique la perspective chrétienne, et non l'inverse. Comme si cela ne suffisait pas, il parle de la présence du Christ parmi nous. Beau, apparemment: enfin un concept catholique. Mais allons-y doucement, avec l'enthousiasme: pour Bergoglio - il l'a dit avec des mots clairs, et avec la plus grande détermination - Dieu n'est pas catholique -, donc il nous faut voir où se cache le piège. Et le piège se cache ici: en ne spécifiant pas en quoi consiste cette présence du Christ parmi nous.
Pour autant que nous le sachions, on peut seulement comprendre cela de deux manières: soit comme la présence historique de Jésus-Christ, qui est né, a vécu, est mort et ressuscité par amour pour nous, en Palestine il y a deux mille ans, puis est retourné au Père, un événement unique dans l'histoire, qui ne se répètera pas sinon à la fin des temps; soit comme la présence quotidienne du Christ dans la Sainte Eucharistie, qui renouvelle chaque fois le miracle de sa Présence Réelle. Il n'y a pas d'autres sens, il n'y a pas d'autres possibilités.
Mais Bergoglio ne précise pas, il laisse tout dans le vague: la présence du Christ parmi nous. Beau, mais générique et trompeur: en somme, à la Renan. Une phrase poétique qui, théologiquement parlant, ne veut rien dire: si on ne la précise pas, elle peut fonctionner comme le classique miroir aux alouettes: attirer les âmes de bonne foi, les tromper et les entraîner avec elles dans l'erreur.

L'erreur est de penser que la présence du Christ parmi nous est quelque chose d'immanent, quelque chose de terrestre, quelque chose qui a plus à voir avec nous qu'avec Lui, plus avec notre volonté qu'avec le don gratuit de Sa Grâce. Sans plus de précision, nous restons dans le doute. Mais c'est plus qu'un doute, à la lumière de toutes les autres ambiguïtés, de tous les autres non-sens et de tous les autres blasphèmes: c'est un soupçon; et même, c'est plus qu'un soupçon: c'est une certitude. Bergoglio a voulu frapper le cercle et le tonneau (dare un colpo al cerchio e uno alla botte): satisfaire les francs-maçons avec l'affaiblissement du concept de la transcendance divine, et tenir à distance ces raseurs de catholiques qui persistent à s'accrocher à la doctrine. Bref, nous laisser dans le doute et l'incertitude jusqu'au prochain épisode de l'interminable telenovela, où chaque jour apporte un nouveau coup de théâtre.

Oh, oui: c'est un homme habile, dans son genre. Il est surtout beaucoup moins confus qu'il n'y paraît; ce n'est pas du tout un maladroit, bien qu'il soit, sans l'ombre d'un doute, une personne ignorante, présomptueuse et immensément narcissique. Et son habileté consiste en cela: lancer la pierre devant les yeux de tous, puis cacher sa main, avec l'air de dire: «Eh bien, qu'ai-je dit ou fait de si étrange? Ne voyez-vous pas que je ne fais que redécouvrir les trésors cachés de l'Évangile? Ne réalisez-vous pas que je suis en train d'achever un processus de maturation des chrétiens adultes, libérant la foi des incrustations superstitieuses, naïves et mythologiques de nos ancêtres? Je ne fais que mettre à jour la religion chrétienne avec les perspectives et les méthodes de la culture contemporaine. Nous étions restés à la traîne, nous étions en retard (par rapport à qui ou quoi?), mais heureusement je suis arrivé. Alors vous devriez me remercier (applaudissements, s'il vous plaît: et ici la claque bat des mains et crie les hosannahs: après moi, on ne pourra plus jamais revenir en arrière.
Ce sont des concepts qu'il a exprimés à maintes reprises, et depuis le début, par exemple, en parlant de la signification du Concile Vatican II pour l'histoire de l'Église.

Mais nous en reparlerons une prochaine fois.