Benoit-et-moi 2017
Vous êtes ici: Page d'accueil » Actualité

La visite à Milan du Pape François

Eglise pauvre, ou pauvre Eglise? se demandait Antonio Socci, commentant un article de Giuseppe Rusconi sur les coûts de la visite papale de Dimanche dernier (30/3/2017)

Je me souviens qu'à chacun des déplacements de Benoît XVI ("vacances" - pourtant très modestes -, visites pastorales , voyages apostoliques à l'étranger), les pourfendeurs de la papauté reconvertis depuis 4 ans en papistes zélés sortaient régulièrement leur calculette et se répandaient par voie de presse en invectives furieuses contre le saint-Père et son train de vie "fastueux": notant mesquinement la moindre des dépenses occasionnées par le déplacement, on lui "facturait" même les HS effectuées par les forces de police mobilisées - comme en témoigne cet article que j'avais écrit sous le coup de l'exaspération après avoir lu les réactions caricaturales à ses deux maigres semaines de vacances à Lorenzo di Cadore en juillet 2007 (benoit-et-moi.fr/2007).
Rien de tel, évidemment, avec François, le Pape du peuple qui se déplace en Fiat 500, achète lui-même ses chaussures et ses lunettes, ne prend pas de vacances et vit dans un petit deux pièces à la maison Sainte Marthe (!!!).
Et pourtant, Giuseppe Rusconi relève la contradiction (*) entre la prétention à la sobriété et à "l'essentialité" - revendiquées par le Pape lui-même - et les coûts somptuaires engendrés par la visite à Milan. Sans parler des banques qui ont sponsorisé l'évènement alors que François parle de l'argent comme du "fumier du diable".
Bien sûr, plutôt que de s'intéresser à de telles "futilités", mieux vaudrait se concentrer sur l'essentiel, qui est le message du pape. Mais justement, le message de ce Pape, bien plus que les discours, ce sont les gestes, il le sait, il s'en sert, il en a même fait la base de sa "communication". Et les gestes, malheureusement, ont un prix en espèces, qui contredit les belles paroles.

(*) Cela n'est pas sans rapport, dans la série "les contradictions de François", une nouvelle d'aujourd'hui interpelle.
Marie Christine me signale un article paru sur "Le Quotidien" du Luxembourg, qui nous apprend que le gouvernement portugais a annoncé ce jeudi le rétablissement temporaire «des contrôles aux frontières pendant la visite du pape François au sanctuaire de Fatima les 12 et 13 mai à l’occasion des commémorations du centenaire des apparitions de la Vierge Marie».
Comme le remarque mon amie «Cette nouvelle fait bien sourire. Moi qui croyais que le Pontife n'aimait pas les murs!!!!!»

La visite à Milan du Pape François

www.rossoporpora.org
Giuseppe Rusconi
Ma traduction

* * *

La visite du pape [à Milan] a été sans aucun doute un succès populaire (bien que nous ne soyons pas tellement sûrs des chiffres et des «records» brandis par les thuriféraires en délire). Le pape François est certes considéré comme «l'un d' entre nous» (au bar, lundi, nous avons entendu une paire de clients mettre en avant avec enthousiasme le fait qu'il ait choisi des WC chimiques pour ses besoins) et ce qu'il dit est compréhensible par tous: «Il a beaucoup de paroles de bon sens, il parle au cœur comme un vrai grand-père», entend-on. Ce sont des catholiques pratiquants qui disent cela, mais aussi beaucoup de catholiques tièdes et plus encore, indifférents ou agnostiques («Enfin, il y a un pape qui veut se réconcilier avec le monde»). Une belle fraternité universelle, sauf qu'on voit croître le nombre de ceux qui, par exemple, ne connaîtront jamais leur grand-père à cause du bouleversement anthropologique qui nous est imposé de le lobby bien connu avec la complicité des médias, des politiciens, des magistrats et même des soi-disant catholiques parmi lesquels beaucoup d'hommes d'Eglise naïfs, ignorants ou de mauvaise foi, prêts à toutes les bassesses pour des raisons très terre-à-terre.
(...)
Il y a un autre aspect de la visite qui a soulevé des interrogations: elle concerne les coûts que naturellement elle a eus. Lorsque nous lisons que - comme l'a dit dans une conférence de presse, le 27 Février 2017, Mgr Bruno Marinoni (Moderator curiae) - ces coûts ont été estimés au total à 3.235.000 euros, dont 1,3 million sont couverts par les sponsors et le reste payé par l'archidiocèse de Milan (peut-être des fonds financés par le 8 pour mille?), nous ne pouvons pas ne pas nous poser de questions, d'autant plus que le Moderator, dans une autre conférence de presse, le 17 Novembre 2016, a mis en évidence le «style particulièrement sobre dans les caractéristiques et les coûts» de la visite, «compte tenu également de la situation économique et en phase avec le message insistant du Pape sur l'essentialité». Saintes paroles, mais ... le podium de Monza a coûté 1,3 million d'euros (presque le double de celui mis en place pour le chanteur Ligabue pour deux soirées), long de 80 mètres avec deux tours. Nous notons que les installations audio ont coûté 275 000 euros, les écrans géants, 310 000 la communication en général 130 000, les barrières 240 000, les WC portatifs 235 000. Cela nous semble des chiffres, qui, qu'on le veuille ou non, laissent un doute sur le fait qu'ils correspondent à la «simplicité» et à l'«essentialité» tant vantée.

En outre, si nous regardons les sponsors, qui - comme nous l'avons mentionné - ont contribué pour 1,3 millions d'euros, ils comprennent (comme on peut le lire sur <www.chiesadimilano.it> dans l'article sur la conférence de presse du 27 Février 2017 de Mgr Marinoni) également plusieurs banques, symbole de ce pouvoir capitaliste combattu dans de nombreux endroits par papa Bergoglio. Ici aussi, il vient spontanément quelque pensée...