Vincent: Quel silence de l'Eglise!

Du Pape aux évêques de France, plus un mot, plus une voix qui essaie de se faire entendre pour inverser son destin. Sauf celle du cardinal Burke. Article de Luisella Scrosati (8/7/2019)

>>> Vincent: une voix française venue d'Italie

Vincent agonise dans le silence du monde (et de l'Église)


Luisella Scrosati
www.lanuovabq.it
8 juillet 2019
Ma traduction

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Depuis une semaine, le Français handicapé de 42 ans est privé d'eau et de nourriture. Les médias sont maintenant presque muets, attendant que Vincent meure de faim et de soif pour répéter les mêmes mensonges pro-euthanasie. Aujourd'hui, les avocats des deux parents prendront la parole à Paris pour crier la vérité au monde entier. Les évêques français sont silencieux, et même le Pape François n'a pas voulu lancer un appel pour Lambert, tout comme Mgr Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie. Pourtant, l'Église devrait crier aux quatre vents qu'une injustice est commise contre la vie d'une personne sans défense, comme l'a rappelé le cardinal Burke dans une interview. Aussi parce que le salut des âmes est en danger.


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Nous en sommes au septième jour de barbarie autorisée contre Vincent Lambert et le récit médiatique est désormais presque muet sur le sujet. Quand Vincent - à Dieu ne plaise - mourra, ils parleront, ou plutôt vocaliseront à nouveau les choses habituelles jusqu'à plus soif, pour s'assurer que l'hébétude de l'opinion publique a atteint une bonne marge de sécurité.

Cet après-midi, entre 16 heures et 19 heures, les deux avocats des parents prendront la parole lors d'un rassemblement organisé à Paris, pour tenter de crier au monde, une fois de plus, la vérité sur la situation éthique, juridique et médicale de Vincent Lambert.

Les évêques français sont désormais silencieux. Il est vrai qu'à l'occasion de la tentative d'euthanasie de Vincent, arrêtée par la Cour d'appel de Paris le 20 mai dernier, ils se sont fait entendre: d'abord les plus directement concernés, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque de Reims, et son auxiliaire, Mgr Bruno Feillet; et puis aussi l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, et d'autres évêques. Mais il est vrai aussi que la condamnation a été répétée et que Vincent agonise depuis une semaine; il faudrait donc que l'épiscopat français compact dénonce à nouveau et avec plus de force qu'il s'agit d'un meurtre, dont les auteurs sont des hommes politiques, des médecins et des membres de famille qui ont des noms et prénoms bien précis; que c'est une volonté précise de faire entrer l'euthanasie par la fenêtre, puisque par la porte, c'est encore trop tôt (jusque quand?).

Il faut aussi mobiliser les catholiques et toutes les personnes de bonne volonté pour résister, prier, et dénoncer la désinformation continue et martelante des médias. C'est le moins que l'on puisse et que l'on doive faire, pour soutenir le cri continu de la maman, Viviane et du papa, Pierre, cet homme de quatre-vingt-dix ans qui souffre de pathologie cardiaque, qui voit un fils handicapé tué, et qui, hier après-midi encore, en allant à l'hôpital de Reims pour rendre visite à son fils, disait au monde la vérité: «C'est un meurtre maquillé, une euthanasie».

Malheureusement, rien n'est venu non plus du Saint-Père, qui a eu à sa disposition l'audience générale de mercredi dernier et l'Angélus d'hier pour lancer un appel qui tente d'arrêter la main du bourreau, ou du moins qui mette devant les yeux du monde le fait qu'en France, un homme est sur le point d'être tué, uniquement parce qu'il est handicapé, et que les normes élémentaires des droits humains sont violées, reconnues en paroles et ignorées dans les faits.

La terrible vérité, que l'on tait, c'est qu'on est sur le point d'exécuter une condamnation qui aura un effet domino mortel sur des milliers d'autres personnes dans des situations similaires et qui jettera les bases de n'importe quelle violation des droits humains. Ce n'est pas un désir de polémique: c'est simplement le constat douloureux que le Pape a décidé d'abandonner Vincent à son sort et d'accepter, sans sourciller, la sentence inique qui est prête à faire un massacre des handicapés.

Le président de l'Académie pontificale pour la vie, Vincenzo Paglia, n'a pas lui non plus trouvé le temps d'intervenir: il a peut-être déjà écrit un message de condoléances à la famille et n'attend que le jour fatal. Et dire que sa Communauté de Sant'Egidio, toujours prête à montrer aux yeux de tous sa proximité aux ultimes, est bien présente en France, du moins si l'on se réfère à ce que le site officiel rapporte avec un hashtag: <le #santegidio summer c'est parti!>


Oyez, oyez: barbecue organisé en plein cœur de Paris, et ensuite, coming soon, autre barbecue pour les sans-abri à Lyon et ailleurs avec repas, festivités, excursions, et ainsi de suite. Face à la mort de Vincent de faim et de soif: pour lui, pas un mot. Peut-être parce qu'il n'est pas sans-abri, qu'il n'est pas clandestin, qu'il n'est pas LGBTQI ...?

Silence aussi de l'ONU, qui démontre que les conventions, les protocoles et tous les documents produits ces dernières années sont incapables de protéger la vie d'un innocent, qui n'est pas entre les mains de terroristes prêts à se faire exploser avec les otages, mais dans un lit d'hôpital de la France civilisée. Le Comité des droits des personnes handicapées a tenté de rappeler à Macron ses engagements, mais face à un «qu'est-ce qu'on en a à faire?» à peine caché, il s'est retiré en bon ordre. Règle numéro un pour défendre les droits de l'homme, dans un monde où dominent l'arrogance, la prévarication et le mensonge: l'usage de la force. Sinon, dans certains cas, les mots sont inutiles.

Seule consolation dans cette situation, chantant une fois de plus un solo, dans une belle interviewe à L'Occidentale, le cardinal Raymond Burke, tellement accusé d'être un dogmatique rigide «dentelles et fanfreluches», loin des problèmes réels du peuple, et qui est au contraire l'un des rares à s'exposer: «Nous, catholiques, et toute personne de bonne volonté, avons l'obligation précise de défendre, la plus haute dignité de la vie humaine, à chaque stade. En ce moment de grande confusion, il est d'ailleurs nécessaire que l'Église fasse front ensemble pour lancer le message clair de son enseignement».

Et il poursuit: «Je voudrais donc réitérer avec fermeté (...) que la vie humaine et sa dignité ne varient pas en fonction des circonstances physiques ou mentales: l'homme ne cesse pas d'être tel et mérite donc le plein respect dans tous les cas. On affirme souvent qu'il est humiliant pour ceux qui se trouvent dans ces conditions graves de continuer à prolonger ces souffrances et une vie "indigne d'être appelée ainsi". Au contraire, je considère comme uniquement et intrinsèquement humiliant de comparer la vie humaine à celle d'un légume, d'amener ces gens, déjà très éprouvés par leur condition, à percevoir que l'opinion publique majoritaire, ou pire encore l'Etat, croient que leur vie n'est plus digne d'être vécue. Encore une fois, en tant que pasteur, je voudrais leur envoyer la voix du Christ et de son Église, qui a toujours annoncé que la vie de l'homme est toujours précieuse à ses yeux, à n'importe quel stade et quel que soit son état».

Et en particulier, sur la situation de Vincent Lambert, le Cardinal Burke montre qu'il comprend l'enjeu: «Peut-on interrompre la vie d'une personne parce qu'elle est handicapée, parce qu'elle est confiée aux autres? L'État peut-il donner la mort aux innocents et aux sans défense? Je rappelle qu'il y a quelques années, en Italie, il y a eu un cas similaire, celui d'Eluana Englaro, qui impliquait à juste titre tout le pays, y compris les plus hautes autorités de l'État et le Parlement. Il y a eu une réaction similaire en Amérique dans le cas de Terri Schiavo. Le Magistère de l'Église a toujours été clair sur la défense de la vie, en particulier des plus fragiles, des plus exposés. Un politicien catholique doit et ne peut rien faire d'autre que se référer à la loi naturelle, telle qu'exprimée dans l'enseignement de l'Église, et agir avec énergie et cohérence. L'Eglise n'a pas besoin d'élaborer de nouvelles réponses, mais elle ne peut rester silencieuse face à la violence contre ceux qui ne peuvent se défendre, contre ceux qui sont fragiles et sans défense; je pense qu'elle doit prêter sa voix à ceux qui n'ont pas de voix».

Certains pourront objecter que l'Église n'a aucune possibilité de coercition. C'est vrai: personne ne prétend que le pape François envoie les gardes suisses monter la garde devant la chambre de Vincent, ni que le célèbre «cardinal électricien» [ndt: Konrad Krajewski, l'aumonier du Pape, qui en mai dernier a rétabli illégalement l'électricité dans un squat] lui rétablisse la nourriture et l'hydratation. Mais elle doit élever la voix, crier aux quatre vents ce qui se passe en France, menacer de rappeler son Nonce, et aussi placer l'euthanasie, surtout celle commise contre les personnes handicapées ou sans défense, avec l'avortement, parmi les fautes passibles d'excommunication latae sententiae. Il est fondamental de réveiller le monde face à un tel crime, qui donne le coup d'envoi au massacre.

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