Baptême

Que veut la « Conférence des Baptisé(e)s de France » ?
L'Eglise en France menacée de schisme et d'hérésie.

Un article très long, mais formidable, envoyé par un lecteur François H.
(lire de lui: Une lettre à Mgr Rouet ), dont je partage le contenu, et que je publie avec plaisir (3/8/2010)
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A propos de l'ancêtre de la CCFB, voir sur ce site:
- Les catho-citoyennes du Comité de la jupe
- Rubrique "Lu ailleurs" , Billets des 9 et 13 octobre, 23 novembre 2009

Et aussi: ici.... lu dans La Vie: La Conférence catholique des Baptisé-e-s de France vient d'adresser au pape Benoît XVI une lettre ouverte pour lui demander de proclamer prochainement une "année des baptisés".

 

On s’en souvient : le 11 octobre 2009 vit se créer à Paris la « Conférence catholique des baptisé(e)s de France » (CCBF), succédant au fameux « Comité de la Jupe », comité de quinze personnes créé en opposition à quelques propos du Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris. L’événement bénéficia d’une certaine couverture médiatique : il fut annoncé, puis commenté par l’hebdomadaire « chrétien d’actualité » La Vie (ex-catholique), signalé dans le quotidien Le Monde, notre soi-disant « journal de référence », qui ne manqua pas de louer une telle initiative.
Le Comité avait déjà pu voir ses thèses diffusées par la plus grande presse catholique. Dès le 2 avril 2009, le quotidien La Croix, principal journal catholique de France, publiait une tribune (http://tinyurl.com/2djghof)de Mme Anne Soupa, présidente du Comité de la Jupe, sous le titre évocateur « Pourquoi je resterai dans l’Eglise ». Mme Soupa est présentée comme « journaliste, théologienne et bibliste ». Son propos est édifiant, et mérite qu’on s’y attarde :

« Devant la vague de tristesse et de déceptions qu'engendre la série noire des faux pas du magistère, la tentation est grande de partir, par lassitude, par écœurement, par refus de cautionner des actes et des positions aussi indéfendables tellement elles sont anti évangéliques. Autour de nous, ces jours-ci, fleurissent, ça et là, des décisions de ce genre, douloureuses, venues des profondeurs de nos consciences : "Le Christ, oui, une Eglise pharisienne, non ! " »

« Mais partir est-il le bon geste à poser? En temps de désolation, disait Ignace de Loyola, surtout ne pas prendre de décision… »

Mme Soupa annonçait donc la couleur : le Magistère est « noir », comme les soutanes, sans doute, des infâmes prêtres intégristes. Ce même Magistère commet des « faux pas », et en série, qui plus est : il cautionne des « actes et des positions » « indéfendables » et « anti évangéliques ». Comme La Croix nous a annoncé que Mme Soupa était théologienne et bibliste, ces mots sont censés être de grande portée. A n’en pas douter, Mme Soupa sait en effet ce qu’est un texte : on notera le style affectif, la métaphore, le rythme ternaire, la ponctuation, l’admirable retardement de la prosopopée des consciences.
On notera aussi qu’on ne voit pas en quoi consiste cette « série noire de faux pas » et en quoi les positions du Magistère sont « anti évangéliques ». Ce doit être une exigence esthétique, une exigence de flou esthétique ; de même que la curieuse métaphore des fleurs pour désigner l’apostasie.
On notera surtout la curieuse récupération de saint Ignace, alors que Mme Soupa donne pour justifiée une conception de la foi en Jésus-Christ sans la sainte Eglise dont on ne voit pas très bien en quoi elle se distingue de celle des protestants.

On imagine l’inquiétude du lecteur : et si Mme Soupa, journaliste, théologienne, bibliste, en venait à quitter l’Eglise ? Qu’on se rassure : Mme Soupa, véritable chrétienne, qui sait mieux que le Magistère ce qui est évangélique et ce qui ne l’est pas, n’abandonnera pas le lecteur désespéré :

« Mais partir est-il le bon geste à poser? En temps de désolation, disait Ignace de Loyola, surtout ne pas prendre de décision… »

Qu’on se rassure, donc : Mme Soupa reste avec nous !

« Pour moi, la cause est entendue, je ne partirai pas, mais j'apprendrai à me couler dans ce qui vient d'advenir et me paraît le seul, mais réel, acquis de ces temps de méchante houle : la naissance d'une opinion publique dans l'Eglise. »

La cause est entendue, et ceci, grâce à un « acquis », qui, si l’on y regarde bien, est plutôt une sorte de promesse, de virtualité :

« Ce qui fonderait donc le fait de rester, malgré l’amertume de ces jours, est la conviction que la critique est destinée au relèvement. Soigner un corps malade vaut mieux que l'abandonner. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui, il est vital pour l'Eglise que ceux qui ont manifesté leur désapprobation ne la quittent pas. »

Notez bien : Mme Soupa ne reste pas dans l’Eglise parce qu’elle croit « in unam sanctam catholicam et apostolicam Ecclesiam », parce qu’elle croit que cette Eglise seule à les paroles de la vie éternelle. Non, Mme Soupa est trop évangélique, trop charitable pour cela : ce n’est pas par souci du salut de son âme, ce n’est pas pour la rémission de ses péchés ou pour la Présence de Jésus-Christ dans le Saint Sacrement, c’est pour nous autres, pour nous qui nous laissons guider par cette Eglise pharisienne, qu’elle entend y rester. Pourquoi reste-t-elle dans l’Eglise ? Pour la changer : il s’agit « d'inventer dans la parole échangée l'Eglise de demain ».Comment Mme Soupa construira-t-elle – pardon, inventera-t-elle – l’Eglise de demain ? On peut consulter à ce propos, sur le non moins édifiant site de ladite Conférence des Baptisés, l’allocution de Mme Soupa le 11 octobre 2010 (http://tinyurl.com/288loya ):

« Elle sera à l’image de l’ensemble des catholiques qui veulent une Église vivante.
Le premier chantier que nous ouvrons est celui de la représentativité. Et donc nous lançons un appel à ceux qui le souhaitent pour qu’ils nous rejoignent dans une instance constituante. Pour ce faire nous réunirons dès que possible des États généraux.
La Conférence des Baptisés de France qui naît aujourd’hui a trois fondements:
D’abord un attachement indéfectible à nos sources, la Bible et la grande Tradition catholique.
Ensuite, le respect fidèle de la lettre et de l’esprit de Vatican II – qui s’est ouvert il y a 47 ans jour pour jour.
Enfin, bien évidemment, la stricte parité entre les hommes et les femmes.
»

Il y a beaucoup de choses dans ce petit extrait : la Bible, la Tradition, la représentativité, la parité, Vatican II. Pour Mme Soupa, c’est sous doute une seule et même chose. L’affirmation de loyauté à l’égard de la sainte Eglise se veut claire : Mme Soupa fait allégeance à la Tradition et au dernier concile, dont elle veut respecter la « lettre », ce qui est une intention fort louable. En somme, le discours est modéré, même si les initiatives qui visent à établir cette curieuse démocratie ecclésiastique ne laisseront pas de laisser perplexe, et même si on s’étonnera de voir la Bible et la parité placée sur le même plan, et avec la même évidence. Voilà pour les intentions déclarées.

Notons également que la Conférence revendique des « soutiens significatifs », Mgr Thomas, évêque émérite de Versailles, Mgr Noyer, évêque émérite d’Amiens, et le P. Rigal, « spécialiste d’ecclésiologie » (http://tinyurl.com/3a7j27q ).
Significatifs, en effet. N’a-t-on pas vu Mgr Noyer faire cette surprenante déclaration dans le journal Témoignage chrétien (http://tinyurl.com/3x34dwj ):

« Personne n’a cru en la résurrection de Jésus. Celle de Lazare avait eu une autre évidence. On a employé ce mot faute de mieux. Les apôtres après la mort de Jésus ont compris que son entreprise n’était pas achevée, que sa mission continuait, que sa Parole gardait sa puissance, que sa présence avait changé d’évidence. Être croyant ce n’était pas être crédule mais garder la foi en celui qui les avait émus, changés, mobilisés, transformés. Un instant, la croix les avait ébranlés. Ce dimanche matin ils reprenaient confiance. C’était leur foi qui était ressuscitée. Née dans la rencontre de Jésus, leur foi leur faisait dire : il est toujours vivant ! »

Soutien significatif : la Conférence est soutenue par un évêque qui ne croit pas en la Résurrection de Notre-Seigneur (1), sans laquelle saint Paul dit pourtant que notre foi et notre espérance sont vaines (1 Corinthiens 15-14). D’où il suit que la Conférence, si elle est pour l’Evangile et contre l’ « Eglise pharisienne », est pour l’Evangile sans la Résurrection et contre saint Paul, ou du moins estime que la Résurrection du Christ est un point suffisamment secondaire pour que l’on puisse ne pas y croire. Mme Soupa étant bibliste, elle nous dira peut-être que ce sont les dernières avancées de l’exégèse. Pourtant, je ne crois pas que ce soit la « lettre » de Vatican II.
Admettons cependant que la Conférence n’ait pas eu connaissance de cette hérésie caractérisée, ou qu’elle l’ait attribué à quelque imprudence de langage ; et observons plus avant son remarquable site, en commençant par la section « Dans la presse », sélection d’articles ((http://tinyurl.com/2wcpuv6 ).
Ce n’est pas faire des suppositions hasardeuses qu’émettre l’hypothèse qu’il s’agit d’articles dont la CCBF approuve au moins l’une partie du contenu. Que trouve-t-on ?
Pêle-mêle, la « lettre aux évêques du monde entier » de Hans Küng, célèbre « dissident » officiel et théologien attitré du quotidien Le Monde, dont les idées religieuses sont bien connues, l’entretien donné par Mgr Rouet, archevêque « libre » de Poitiers, au même quotidien, et, puisque cette sélection est très mondaine, un appel publié dans le même journal le 10 avril 2010, intitulé « Face aux abus sexuels, la désolation et le pardon du pape ne suffisent pas » (http://tinyurl.com/2b59f4s ) .

Ledit appel a été signé entre autres par les deux « inspiratrices » de notre Conférence, Anne Soupa et Christine Pedotti, mais aussi par l’abbé Gabriel Ringlet, prêtre belge qui a récemment dénoncé la « restauration » que constitue la nomination de Mgr Léonard à Malines-Bruxelles (http://tinyurl.com/34bqg4a ), ou Guy Aurenche, qui se plut à dénoncer une « croisade » lorsque le Vatican désapprouva la décision d’Amnesty International de considérer l’avortement comme un « droit de l’homme ».
Ce texte, où l’on peut donc dire que nos deux inspiratrices s’engagent de tout leur poids, est un clair réquisitoire dressé contre la papauté en général et le Saint-Père Benoît XVI en particulier. Le texte joue tout d’abord sur l’indignation provoquée par les scandales de pédophilie, à propos desquels il semble se rallier à la version du Monde ou du New York Times, grands journaux catholiques, comme chacun sait.

« Il ne suffit pas que Benoît XVI écrive, comme il l’a fait aux évêques d’Irlande, qu’il partage le désarroi et le sentiment de trahison que de tels actes inspirent. Il ne suffit pas qu’il dise qu’il est "vraiment désolé ". »

Mais la clef de l’article n’est pas là : le reproche adressé est plus profond :

« Ce silence n’est pas seulement le fait de l’institution. C’est aussi celui des chrétiens ordinaires, qui n’ont pas toujours tout ignoré de ce qui se passait dans telle ou telle paroisse, dans telle ou telle école, dans tel ou tel mouvement. Certes, ils étaient aussi victimes du statut de « mineur » dans lesquels les a entretenus la société cléricale. »

On comprendra donc que, pour ces bons chrétiens, qui ne veulent pas être des « mineurs », qui ne veulent pas se présenter tels des enfants à l’église, où ils entendent bien jouer leur rôle, il s’agit d’en finir avec certaines « pratiques » de l’Eglise :

« On aurait tort d’isoler les actes pédophiles de toute une série de comportements qui ont profondément blessé nombre de personnes, notamment des pratiques intrusives sinon inquisitoriales, et culpabilisantes dans l’exercice du sacrement de pénitence. »

On notera de nouveau le flou artistique : « toute une série de comportements » - lesquels, mesdames et messieurs les purs, les vrais chrétiens adultes et conscients ? Y aurait-il encore d’infâmes prêtres rigoristes – jansénistes, dirait Mgr Rouet, qui est pour l’ouverture, mais garde la condamnation facile – qui considèrent comme péchés les relations sexuelles en dehors du mariage ou la contraception ? Qu’ils sont vilains !
Pour nos bons chrétiens engagés, pour nos justiciers autoproclamés, qui savent mieux que tout le monde ce qu’il aurait fallu faire et ce qu’il faut faire, ce qu’il faut, c’est sans doute bénir toutes sortes de comportements sexuels déviants : puisqu’on vous dit que la pédophilie, c’est la faute d’Humanae vitae, et que le célibat sacerdotal est la source de tous les maux !Ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Car la Conférence, animée par une bibliste et théologienne, nous propose des lectures. Et pas n’importe lesquelles : des lectures de fond – de quoi s’agit-il ? De Dieu – il est vrai qu’on commençait à se demander si la Conférence s’en préoccupait un tant soit peu. Anne Soupa nous recommande ainsi la lecture d’un récent ouvrage de Claude Plettner, Contre le Dieu des évidences ( Bayard, 126 pages, janvier 2010). L’auteur ferait « tout simplement » son « boulot de baptisée » (http://tinyurl.com/32o6zz3 ) (où l’on apprend que le baptême est un « boulot », ce qui est assez curieux). J’avoue n’avoir pas lu ce livre, mais la simple description de ce « boulot » suffit à m’en dissuader :

« Contre le Dieu des évidences, annonce-t-elle en titre. Car si Dieu ne va pas de soi, les évidences sur lui vont cependant bon train, et même parfois à un train d’enfer. Et n’est-ce pas injuste, finalement, que le Dieu des chrétiens paie aujourd’hui pour l’usure d’un Dieu qui n’a rien à voir avec le sien?
Ces évidences, ces véritables « leurres » de Dieu, l’auteur les déconstruit une à une : le « Dieu horloger », le « Dieu qui est au ciel », le Dieu « qui crée l’univers », le Dieu « qui laisse le mal »… Mais rassurez-vous, on est ici bien loin du dogme pesant ou de la rengaine catéchétique!
Dans ces pages, c’est l’expérience qui parle, la vie qui gagne, la légèreté, la littérature et la poésie qui arriment le texte au monde d’aujourd’hui. Et bien sûr, on y écrit à Bible ouverte, il n’y a pas plus grande école de vie.
»

Outre qu’il est déjà étrange de noter que, pour faire son « boulot de baptisé », il faut écrire et « déconstruire », ce qui témoigne d’un singulier mépris pour bien des saints de l’Eglise, le mépris de l’éminente bibliste qui jugera bien sévèrement de ces incultes obscurantistes et naïfs que furent le saint curé d’Ars ou sainte Bernadette, Mme Soupa professe une foi qui ne paraît pas très catholique. Il faut « déconstruire » l’évidence du Dieu créateur, de Dieu qui est au ciel. Ah, bon. Nous croyions qu’au commencement Dieu avait créé le ciel et la terre. Nous croyions qu’il était notre Père, qui est aux Cieux. Mais Mme Soupa, qui regarde peut-être Derrida comme le cinquième évangéliste, car elle aime tellement l’Evangile, qu’elle veut le déconstruire, et montrer que tout de même, ce que croient les pauvres gens n’est qu’un ramassis d’illusions, nous dira peut-être, que ces expressions, lues exégétiquement, bibliquement, ce ne sont que des façons de parler. La Bible du bibliste distingué n’est pas celle du misérable catholique de base, pas plus qu’elle n’est celle des Papes et des Conciles. Et surtout, Mme Soupa déteste par-dessus tout les « rengaines catéchétiques », expressions de la foi de ce misérable catholique de base, et le « dogme pesant ». Comme elle l’a dit, « c’est l’expérience qui parle ».

Comment n’être pas frappé par la coïncidence très exacte de ces lignes avec ce que le R.P. Garrigou-Lagrange, dominicain, consulteur au Saint-Office à l’époque de Pie XII, auteur lui aussi d’un traité d’apologétique sur Dieu, condamnait comme moderniste (http://tinyurl.com/3x8mn2g )? Dieu n’est plus créateur ; Dieu se fait. La vérité n’est plus l’adéquation de la chose et de l’intellect, mais l’adéquation de l’esprit et de la vie. Il ne s’agit plus de chercher une vérité éternelle. Tout n’est plus qu’affaire d’expérience, d’une expérience subjective sur laquelle on règle sa foi personnelle et portative : c’est très précisément, dans le domaine théologique, la dictature du relativisme que dénonçait le Saint-Père dès 2005.

Le programme que se proposait Mme Soupa en octobre 2009 et donc largement dépassé. Il n’est pas utile de faire la liste exhaustive de tous les ouvrages encensés par la Conférence, où l’on trouve, au milieu d’ouvrages beaucoup plus modérés, voire tout à fait orthodoxes, tous les noms habituels de l’antipapisme larvé et de la « théologie d’en bas » post-rahnérienne, de Mgr Daneels, archevêque de Malines-Bruxelles qui donna l’imprimatur à de scandaleux catéchismes pornographiques, à Mgr Rouet, archevêque de Poitiers, qui croit nous intéresser en nous parlant de la « construction gratuite d’un demain qui nous échappe » et a une conception pour le moins singulière du sacerdoce, en passant par un ennemi du sacré, l’abbé Bezançon (qui est aussi un ennemi du latin : on croyait pourtant la Conférence attachée à la « lettre » du Concile), ou par un héritier notoire de Rahner, le Cardinal Martini.

Il est en effet beaucoup plus intéressant de se pencher sur l’espace « commentaires » qui suit chaque article de ce site.
Qu’on ne se fasse pas d’illusions : tout le monde est d’accord en tout, à quelques différences superficielles près ; si vous émettez quelque opinion trop papiste ou trop traditionnelle, on ne manquera pas de vous censurer en vous signifiant par un courriel que vous êtes « non-constructif » et « inutilement polémique ». Mais ce qu’il y a de plus extraordinaire, ce sont peut-être les commentaires de commentaires faits par les « modératrices » du site.
Voici ce que l’on peut trouver sur une page dudit site (http://tinyurl.com/3xe722e ), à propos du Pape et de son encyclique Caritas in veritate :

« De la modératrice.
Sans doute peut-on écrire de très belles pages, très savantes, commentées par de non moins savants spécialistes. Paroles, paroles… Comme disait l’apôtre Jacques: "Tu prétends avoir la foi, moi je la mets en pratique. Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi ".
»

On pourra dire que ce commentaire a été écrit à la va-vite, qu’il ne représente pas la position de la Conférence, et tout ce que l’on voudra : il est extrêmement significatif, extrêmement révélateur de ce qu’est la CCBF : un groupe de donneurs de leçons, qui distribue bons et mauvais points avec une surprenante désinvolture. La modératrice, qui agit, on le voit, peut dire que le Saint-Père n’agit pas. La modératrice, qui sait tout, sait que le Saint-Père ne fait rien, elle sait, comme Mme Soupa, que l’Eglise est « pharisienne », donc que le Pape adore Dieu des lèvres, mais que son cœur est loin de Lui. En somme, la modératrice connaît les cœurs.

Elle protestera sans doute. Non, elle ne prétend pas connaître les cœurs, mais elle sait par ses actes que le Pape est pharisien. Par ses actes ? Eh bien, quels sont-ils, les actes de cette modératrice ? Qu’a-t-elle fait, sur le chapitre de l’action, hormis adresser un regard de mépris au Pape qui souffre aujourd’hui pour l’infidélité de l’Eglise du Christ ?
La modératrice sait donc tout, et elle accuse le Saint-Père de n’avoir pas la foi en Jésus-Christ, avec une assurance et une légèreté qui ne laissent pas d’étonner. Notre modératrice ne doute de rien.
La Conférence serait-elle sédévacantiste ? En tout cas, il est évident qu’à ses yeux le Magistère actuel n’oblige pas, non plus que celui des Papes antérieurs (étant entendu qu’ils s’attendent à ce que les « traditionalistes » se plient à l’autorité de l’évêque du lieu lorsque celui-ci est progressiste (http://tinyurl.com/3ahb99f )

Si l’on récapitule, dans le cas de la Conférence des Baptisés, nous avons :
- des intentions proclamées : la lettre et l’esprit de Vatican II, curieusement mis sur le même pied que la parité, ce qui en dit très long sur le sérieux que la CCBF accorde aux documents conciliaires ;
- un mépris ostentatoire pour le Saint-Père et le Magistère de l’Eglise ;
- une doctrine : le Dieu de la CCBF n’est pas le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, mais le Dieu non évident de Claude Plettner et de la « théologie d’en bas » en général.

Mais toute la nature véritable de la Conférence tient dans son nom, celui d’une institution humaine et trop humaine, gallicane, qui réduit le dogme en délibération et le mystère de l’Eglise en discussions. La Conférence n’a pas consulté les chrétiens avant de se donner ce nom. Bien sûr, la Conférence n’a pas consulté Rome.
Que veut la Conférence des Baptisés de France ? Le pouvoir. Du reste, elle l’affirme elle-même clairement, se vantant d’avoir été décrite par l’Express comme un « contre-pouvoir » (http://tinyurl.com/2w678qp ).
Quelle est la logique de la Conférence ? Une logique temporelle. L’Eglise n’est plus l’Eglise du Christ qui a été « dotée par Dieu de la vérité révélée ainsi que de tous les moyens de la grâce » (2), mais le lieu de revendications purement temporelles qu’animeront Mesdames Soupa et Pedotti. Leurs armes sont de très réels anathèmes, lancés contre les catholiques fidèles, l’utilisation de la grande presse mondaine, la récupération idéologique de l’esprit du Concile pour en effacer la lettre.
En somme, qu’est donc la CCBF ? C’est une organisation qui se veut une contre-Eglise, qui propose une contre-doctrine et une contre-morale. L’hérésie, dans le cas de Mgr Noyer, est avérée ; l’appel à la désobéissance et au mépris de la sainte Eglise l’est également.
Qu’est donc, somme toute, la CCBF ? Le résultat d’aspirations néogallicanes qui seraient schismatiques, si elles n’étaient à ce point confinées dans le domaine médiocre des revendications de pouvoir, et qui offrent le meilleur exemple actuel d’un pharisaïsme progressiste, qui connaît les cœurs et ne conçoit de participation des laïcs que dans le cadre de structure de pouvoir.
Car la religion de la CCBF ne vise pas le salut des âmes ou le pardon des péchés ; elle n’attend pas la Résurrection de la chair et la vie du monde à venir. La religion de la CCBF ne connaît de péchés que ceux des autres et n’a donc rien à attendre du Rédempteur – rien, sinon la promotion sociale et médiatique de ses membres.
Jadis, on était chrétien pour sauver son âme ; aujourd’hui, grâce à la CCBF, on l’est pour faire valoir ses droits d’individus adultes dans l’ « institution » que l’on déteste, mais où l’on exige une place.
Ne serait-ce pas parce que nos vaillants « Baptisés de France » autoproclamés seraient restés à leur crise d’adolescence ?

François H., 23 juillet 2010

Notes

(1) Depuis, cet évêque s’est rétracté, ou, plus précisément, a apporté une clarification à cette déclaration. Cela n’enlève rien à ce que ses propos ont de scandaleux pour tout catholique fidèle.

(2) Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio, du second Concile du Vatican