Peter Seewald: une première année fantastique


Dans cet article du 17 avril 2006, le site allemand kath.net (http://www.kath.net/) reproduit une interview de Peter Seewald, qui fait à sa manière le bilan d'une année de pontificat.
L'article n'est donc pas récent, mais contrairement à beaucoup d'analyses "contre" qui sont très souvent démenties par les faits (elles devraient au moins contraindre leurs auteurs à manger leur chapeau, mais ils préfèrent feindre d'avoir la mémoire courte...) et donc rapidement obsolètes, celle-là reste complètement d'actualité.

J'aime bien l'idée très fine - et très à contre-courant de ceux qui n'ont de cesse de parler de rupture, ou d'opposer Benoît XVI et Jean-Paul II- du pontificat double. C'est certainement ce que le Saint-Père souhaite.
Un seul mot qualifie le sentiment du journaliste bavarois, qui s'exprime ici à la fois comme catholique et comme allemand: la fierté. Cette 'superbia germanica' dont le Pape s'était amusé, en répondant avec humour en juillet 2006 à une question des journalistes à propos de la coupe du monde de football....

Voir aussi sur ce sujet: l'ambassadeur spécial de Jésus.

Traduction VB

Je trouve que le Pape allemand remplit sa fonction de manière fantastique

Les effets du changements, entre le successeur de Pierre et le peuple (allemand) dont il est issu sont de plus en plus passionnants.
Peter Seewald donne son sentiment sur la première année de pontificat de Benoît XVI
dans une interview accordée au journal "Passauer Neuen Presse".

Passau, Kath.net

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Même les attentes les plus optimistes ont été dépassées.
Je crois que très peu de Papes se sont trouvés sous le signe d'une telle lumière au début de leur pontificat, poursuit-il, faisant le bilan de la première année de pontificat.

Benoît XVI a réussi à fusionner sans "raccords" deux pontificats, en un historique "pontificat double", grâce auquel l'Eglise est entrée dans une période nouvelle de foi.
Un Pape n'est pas un politique, rappelle Seewald. Il n'est pas dans l'attente du prochain combat électoral, mais du jugement dernier.
Benoît XVI ne veut absolument pas abandonner le riche héritage que lui a laissé son prédécesseur.
Il veut au contraire le faire fructifier. Et cela sera suffisant.

- Comment Seewald voit-il le style du nouveau Pape?
- Ratzinger s'est découvert un style tout à fait personnel.
Retenu, calme, presque timide, et cependant, il va d'un pas décidé dans la bonne direction. Il est l'image de la douceur, comme celle qu'on rencontre dans l'Evangile. Le nouveau Pape se fait tout petit, et c'est ainsi qu'il remplit sa fonction avec le plus de grandeur, de façon tangible.
D'une certaine façon, Benoît XVI est un professeur-né, et c'est peut-être cela qui engendre cette nouvelle école de la foi, qui est la plus grande catéchèse depuis le temps des apôtres.

Depuis son élection comme Pape, l'image de Ratzinger a radicalement changé. Il est devenu l'allemand le plus puissant de tous les temps. Mais il ne s'agit pas d'une puissance "impérialiste", ni de celle d'une idéologie contraire au peuple, car son contenu est exclusivement positif: l'amour, la paix, la solidarité.

- Quelle influence le Pape allemand a-t'il sur sa patrie?
- Ratzinger restera sûrement une pierre angulaire, quelqu'un qui provoque, assure Seewald.
A présent que le regard qu'on peut poser sur lui est devenu plus libre, il y aura de plus en plus de gens, venus d'horizons variés, qui vont s'intéresser à ce que cet homme a à nous transmettre.
On pourrait presque dire que l'Allemagne étudie le Pape. La souffrance et la mort de son prédécesseur ont, du jour au lendemain, enfanté une nouvelle génération de jeunes croyants.
Benoît XVI a d'une certaine façon profité de cette prise de conscience.
Simultanément, on constate en Allemagne, non seulement un renforcement de l'intérêt pour la religion, mais encore l'apparition de nouveautés, comme la dissolution du vieux réflexe anti-romain, le recul des abandons de l'Eglise, une augmentation des nouvelles adhésions.
Tout cela n'est pas un retournement de masse. Un tel retournement n'est pas à attendre. Mais on assiste à une modification du climat général.

Il y a aussi beaucoup de protestants qui apprécient le Pape, notamment pour sa clarté. Je crois que les effets des changements, entre le successeur de Pierre et le peuple (allemand) dont il est issu seront de plus en plus passionnants (à observer). Les polonais en ont fait l'expérience avant nous.

Décrivant une autre caractéristique de Benoît XVI, Peter Seewald poursuit: il ne s'attarde jamais sur des discussions stériles, ou des problèmes qui ont été résolus de longue date. Des thèmes qui sont ressassés par certains, il veut les refouler à leur juste place, et remettre à nouveau en valeur les éléments essentiels de la foi. On a pu le constater clairement au cours des JMJ de Cologne.
Un million de jeunes, et pas un mot sur la pillule, pas un mot sur les relations sexuelles avant ou en dehors du mariage.
Si l'on prend sa première encyclique "Deus Caritas est", le Pape n'a pas craint de parler de l'amour charnel.
Là encore, pas de sermon moralisateur, mais au contraire, un texte presque tendre sur Eros et Agape.
Cette fin poétique convient bien à Pâques (ndt: moment où a été réalisée l'interview), l'amour est possible, et nous pouvons y parvenir, car nous avons été créés à l'image de Dieu.


La mia giornata con papa Benedetto
Dossier "Le charisme de Benoît XVI"