Ecologie spirituelle

Il me semble évident qu'en fait c'est l'homme qui menace d'ôter à la nature son souffle de vie. Et que la pollution de l'environnement extérieur, que nous subissons, est le miroir, le trop-plein de la pollution de l'environnement intérieur, à laquelle nous ne prêtons pas assez attention.
Je pense que c'est aussi ce qui manque aux mouvements écologiques. Ils partent en campagne, avec une passion compréhensible et justifiée, contre la pollution de l'environnement, en revanche la pollution spirituelle de l'homme est considérée comme l'un de ses droits à la liberté. Nous voulons écarter la pollution mesurable, mais nous ne prenons pas en considération, afin que l'on puisse humainement respirer, la pollution spirituelle qui est en l'homme, son identité de créature. En revanche, nous défendons, avec une idée totalement fausse de la liberté, les produits de l'arbitraire humain.
Tant que nous garderons cette caricature de liberté, c'est-à-dire la liberté d'une destruction spirituelle intérieure, les effets de celle-ci sur le monde extérieur continueront imperturbablement.
Je crois que nous devons y penser. La nature n'est pas la seule à avoir ses réglementations, ses formes de vie que nous devons respecter si nous voulons vivre d'elle et en elle ; l'homme aussi dans sa vie intérieure est une créature et a été créé selon un certain ordre. Il ne peut pas faire tout ce qu'il veut selon son gré. Pour qu'il puisse vivre de l'intérieur, il doit apprendre à se reconnaître comme créature et se rappeler qu'il doit y avoir en lui aussi la pureté nécessaire à sa condition de créature, l'écologie spirituelle, si l'on veut. Si cet élément fondamental de l'écologie n'est pas compris, tout continuera à tourner au pire.
L'Épître aux Romains, dans son chapitre VIII, dit cela très nettement. Il y est dit qu'Adam, l'homme intérieurement pollué, traite la création comme une esclave, la piétine, que la création gémit sous lui, à cause de lui. Et nous entendons aujourd'hui gémir la création, comme jamais encore on ne l'a entendue gémir. Paul ajoute que la création attend l'arrivée du fils de Dieu et respirera quand arriveront des hommes portant la lumière de Dieu - et alors seulement on pourra de nouveau respirer.

Le sel de la terre, page 223

Réflexions de Benoît
Laïcité