Un autre mai 68

Ma "revue de presse"... (10/5/2008)



"Mon" mai 68
Mai 68, on ne s'en remet toujours pas - L'analyse de Pierre-Charles Aubry Saint Pol sur le site ESM: 1. Pierre Charles Aubrit Saint Pol
Mai 68 et la crise de l'Eglise: 2. Proliturgia
Mai 68 et la révolution sexuelle: 3. Liberté politique
68 vécu par Joseph Ratzinger: 4. Le professeur Ratzinger


Le mois de mai est un mois de commémoration. Cela n'a échappé à personne qui aurait l'idée de lire ces lignes.
Je ne vais donc pas m'offrir le ridicule d'épiloguer après tant d'autres sur le fait que la France a sombré dans une manie commémorative (ce qui est vrai), prétendant qu'en se tournant vers le passé (sur lequel elle jette un regard déformé et sélectif), elle croit échapper à l'angoisse de l'avenir..

Car la vision de l'histoire qu'on assène ces jours-ci quotidiennement aux jeunes générations a tout du révisionnisme.
A ce niveau, ce n'est d'ailleurs plus de l'histoire, mais de la propagande,
et c'est insupportable.
Quiconque n'a pas vécu cette période pourrait croire aujourd'hui que la France entière était sur les barricades et vivait une période exaltante d'excitation et de ferveur, en attendant, dans un élan d'idéalisme généreux, l'avènement d'une société d'amour et de fraternité. Rien n'est plus faux, évidemment , et la dure réalité des faits - les limites de la nature humaine, simplement - devrait contraindre de porter un regard plus équilibré sur les évènements. D'autant plus qu'on oublie un peu vite que l'explosion fut mondiale.

Ce que l'on est obligés de constater, c'est que 40 ans après les faits, leurs acteurs-vedettes ne sont pas devenus simplement les bourgeois en costume trois pièces que beaucoup prédisaient à l'époque - je m'en souviens très bien. Ils en ont peut-être le compte en banque, mais pas le plumage, (d'ailleurs, malins, leurs émules ont été jusqu'à bouleverser les codes vestimentaires, il suffit de regarder les images de la haute-couture et du prêt-à-porter) et ils ont conservé toutes leurs idées les plus néfastes, en les mettant en pratique - car eux sont souvent aux postes de commande, ce qui confère à leur attitude un relent de "colonialisme" social: en ce sens, leur pouvoir de nuisance est donc demeuré intact. Et surtout, eux et leurs descendants tiennent en coupe réglée l'ensemble des médias - presse, audiovisuel, édition, "art". Eux seuls peuvent s'exprimer, inventant au besoin (j'ai entendu à la radio un acteur et un écrivain raconter "leur" mai 68, ils avaient 10 ans à l'époque!!!). On peut dire que, provisoirement, au moins, leurs idées ont gagné, tout en évoluant dans un sens encore pire, sous la pression du mondialisme et du libéralisme économique. Le fameux slogan "il est interdit d'interdire" vire sournoisement vers le totalitarisme, mou, mais efficcace car il s'opère avec la complicité de ceux qui en sont victimes.

Ce sont ces idées que Benoît XVI combat, c'est pourquoi il est détesté par le monde des médias, et c'est en ce sens que beaucoup de gens (dont je fais partie) attendent de lui d'être le Pape de la Reconquête.



"Mon" mai 68

J'avais 17 ans en 1968, j'étais en Terminale dans un lycée parisien, élève studieuse qui préparait son baccalauréat, et si j'ai quelques souvenirs, je ne me reconnais dans pratiquement aucun des portraits et récits que j'ai entendus et lus un peu partout ces jours-ci.
5 ans plus tard, je travaillais d'arrache-pied pour préparer l'agrégation de Mathématiques à la fac de Jussieu, tandis que les ex-lanceurs de pavé continuaient de brasser du vent à Nanterre et à Censier. Il semble que cela n'ait pas nui à leur carrière...
Et l'impression qu'ils pouvaient donner, alors (ceci est un témoignage vécu), est celle de gens qui avaient tout reçu, et faisaient leur possible - en empêchant le déroulement des examens et en réclamant à cor et à cri la suppression de la "sélection" - pour bloquer l'ascenseur social dont on nous rebbat pourtant les oreilles encore aujourd'hui.
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Voici donc ma "revue de presse" personnelle.
Elle est réduite, mais de grand intérêt, je trouve.



1. Pierre Charles Aubrit Saint Pol

- Pierre Charles Aubrit Saint Pol, livre sa réflexion très originale, reproduite sur le site ESM, sous le titre "Mai 68: on ne s'en remet toujours pas".
Même si je ne partage pas tout, je suis impressionnée par sa profondeur.
A lire en entier ici: eucharistiemisericor.free.fr/
Il voit dans ces évènements une des suites de la seconde guerre mondiale, ce qu'il décrit au début est un peu ce que je crois avoir vécu:



Les générations qui furent majoritairement actrices de ces événements furent conçues entre 39 et 50. Générations qui auront été bercées par les récits de la Seconde Guerre mondiale et de la Première.
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Ces générations nées entre 1939 et 1950 sont éduquées dans une logique de survie ; moi-même, je fus contraint de faire des choses répugnantes pour moi parce qu'il fallait devenir un homme : je dus manger de tout ! On m'obligea à manger le gras des viandes et surtout le gras de porc issu des soupes au lard, ce qui était atroce. Cela peut aujourd'hui sembler dérisoire, je fus pourtant élevé dans une logique de survie en prévention d'une guerre qui semblait toujours imminente. L'enfant de ma génération se préparait à faire face à tout...
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On a beaucoup écrit sur l'exaltation de la Résistance, sur le contexte historique, sur les faits de courage militaire ou civil. Mais personne, non personne des élites n'aura posé les questions sur les conséquences morales et diverses de ce conflit, pas plus qu'on s'est demandé quelles furent les causes autres que politiques qui avaient amené une seconde guerre mondiale. On a laissé notre génération s'en débrouiller...



Une seconde partie étudie les manipulations politiques et idéologiques qui ont transformé ce mouvement de fond en explosion révolutionnaire:



Le tournant révolutionnaire fut activé dans les violences de Nanterre et de la Sorbonne, on peut parler d'agitateurs révolutionnaires venant des courants trotskistes et des internationales des jeunesses communistes. Il faut ajouter les agents du bloc communiste d'URSS ; il faut aussi rappeler les contre-révolutionnaires de tous les extrêmes de la droite et les agents libéraux financés par les États Unis.

La révolte fut d'abord estudiantine...
[..] après quelques hésitations, tous les renforts idéologiques revinrent à la surface et les syndicats entrèrent dans la danse comme des prédateurs ténébreux.
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Dans la minorité des agitateurs... les tenants d'un humanisme sans Dieu se tenaient aux aguets de toutes les opportunités à seule fin de faire reculer la culture chrétienne et d'exalter la personne dans tout ce qu'elle a d'égoïste.
Le pouvoir culturel se trouva renforcé dans les mains de toutes les gauches et dans les courants coercitifs des libéralismes religieux si impérieux dans l'Église de France.
Faute d'avoir voulu répondre aux interrogations angoissantes de notre génération, on appâta par la libération sexuelle, la libération de toutes les jouissances et se creusa la fausse à purin qui, depuis, ne cesse d'infester la société dans ce qu'elle a de plus sacrée : l'intelligence de la vie et son respect ; l'accueil de l'enfant, de l'innocence.
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Et enfin, ce terrible constat de vide. Autant qu'un fruit pourri, Mai 68 fut (au moins culturellement) un fruit sec:



Le vide intellectuel de cette agitation fut terrible, il n'y eut aucun manifeste, le seul document qui sortit fut les reproductions des graffitis orduriers dégradant les murs de la Sorbonne.



L'article se termine sur un discours prononcé à la chambre par Georges Pompidou, durant les évènements.
Georges Pompidou fut sans doute par beaucoup de côtés (à part son goût discutable pour l'art contemporain) un grand président: authentique homme de culture, lauréat du concours général, major à Ulm, auteur d'une anthologie de la poésie française qui comptait parmi nos manuels de littérature au lycée, que j'ai conservée et dans laquelle il m'arrive de me plonger avec délices.
Dans le paysage politique d'aujourd'hui, au moins en France, on ne trouve rien de comparable.
Actuellement, il n'est ni politiquement ni médiatiquement correct, et lorsqu'il arrive qau'un sondage questionne "des" français sur les meilleurs présidents de la 5ème république (il n'y en a eu que 6!!), il n'est jamais cité . Le conformisme médiocre aime rarement les esprits supérieurs.
Son discours est prophétique, et en le lisant, on ne peut s'empêcher de se dire qu'il devait écraser son auditoire, ce jour-là. Lui avait compris "Mai 68".
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>> Le discours de Pompidou



2. Proliturgia

MAI 68 ET SES CONSEQUENCES DANS L'EGLISE
http://pagesperso-orange.fr/proliturgia/Informations.htm

L'Eglise catholique a été l'une des institutions les plus déstabilisées par la crise de mai 68.
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La suite ici: Mai 68 et la crise de l'Eglise



3. Liberté politique

Mai 68 : l’état de la France après quarante ans de révolution sexuelle
Jean-Régis Fropo

Jusqu’en 1960 a prévalu en France une certaine compréhension des rapports de l’homme et de la femme fondée sur la parole de la Bible : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu, il le créa, homme et femme, il les créa » (Genèse 1, 27) ; « Soyez féconds, multipliez-vous » (1, 28).
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La suite ici: Mai 68 et la révolution sexuelle



4. Le professeur Ratzinger

Cette revue ne serait pour moi pas complète, si elle ne comptait ce paragraphe issu du livre de souvenirs de Joseph Ratzinger ("Ma vie", ed Fayard, page 121-122).
N'oublions que "68" fut un évènement planétaire. Le témoignage du professeur de théologie qui enseignait alors à la prestigieuse université de Tubingen, est celui d'un acteur direct, et son regard sans complaisance élargit la crise de la théologie et de l'Eglise à celle de l'université, puis de la société tout entière.
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J'ai vu se dévoiler le hideux visage de cette ferveur athée, la terreur psychologique, l'absence de tout complexe avec laquelle on sacrifiait toute réflexion morale comme un relent bourgeois, alors qu'il s'agissait d'objectif idéologique.

>>
Le "68" de J. Ratzinger



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