The Vatican's Enforcer of the Faith (I)

Une critique (datant de 2001, mais totalement actuelle) d'un livre de John Allen (4/5/2008)



Dans ces pages, j'ai souvent traduit, ou essayé de le faire, des articles de John Allen, presque unanimement considéré comme une autorité en ce qui concerne la vie de l'Eglise, et plus spécialement du Vatican.
Il est clairement proche de l'aile libérale du catholicisme, avec des nuances. Il n'a pas vraiment un regard religieux, ce qui limite forcément la portée de ses analyses.
Il paraît très bien informé.

En 2000, il a publié ce qu'il est convenu d'appeler un "pavé", "Joseph Ratzinger, the enforcer of faith". Ce livre n'est malheureusement pas disponible en français.
Un ancien élève du Professeur Ratzinger, Vincent Towney (voir ici: (*) Note sur Vincent Towney ), a lu le livre, et le décortique minutieusement pour nous.

Disons qu'il n'est pas tendre avec John Allen. Il connaît le sujet à fond, et lui n'a évidemment rien à vendre.
Il relève de petites erreurs, bien excusables et guères importantes, mais qui laissent un léger malaise lorsqu'elles servent à étayer des théories pas vraiment sympathiques.
Son étude critique illustre la difficulté pour un journaliste (ni historien, ni théologien, et lui-même très critique par rapport à son sujet) d'écrire un ouvrage vraiment exhaustif sur un tel thème: une telle entreprise trouvera obligatoirement des contradicteurs connaissant bien mieux la question qu'eux.
Le seul problème est que l'ouvrage d'Allen, avec ses erreurs et ses interprétations discutables ou orientées, aura trouvé des dizaines de milliers de lecteurs, et surtout servira de cannevas à tous les articles de journaux et à tous les travaux de recherche ultérieurs sur Benoît XVI. En un mot, il sera de toutes les bibliographies, alors que le travail minutieux de rectification de Vincent Towney restera confidentiel. Et le fait qu'Allen ait peut-être apporté des correctifs ultérieurs ne pourra rien y changer.

N'oublions pas que l'article date de 2001, 4 ans avant l'élection de Benoît XVI à la succession de Saint Pierre.
Il n'en a que plus d'intérêt, et permet d'apprécier à sa juste valeur la loyauté de l'élève, et l'admiration qu'il voue à son professeur.

Même si vous ne lirez probablement jamais le livre, l'article est passionnant, par ce qu'il révèle de la personnalité du Professeur (c'est ainsi qu'il est vu ici) devenu pape.

Article original en anglais transmis par mon amie Sheelagh: http://www.ignatius.com/magazines/hprweb/allen.htm

Comme il est très long, je livre ici seulement la première partie de la traduction.
La suite à venir...
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Addendum

J'avais traduit initialement "enforcer" par "gendarme", tout en sachant que le mot ne convient pas.
Sheelagh, à qui j'ai posé la question, et qui a la chance d'être bilingue, m'explique:

Un "enforcer" est celui qui applique la loi, ou des réglements, etc. En tant que Préfet de CDF, Joseph Ratzinger avait la responsabilité de veiller à ce que l'enseignement de l'Église soit respecté et appliqué. Un "enforcer" a nécessairement le pouvoir d'action. Comme on le sait, ce n'est pas toujours un bon boulot. Il était l'éxécuteur...

Il faudrait donc remplacer partout dans ce texte "gendarme" par "exécuteur".



Une critique du livre de John Allen, "Cardinal Ratzinger: The Vatican's Enforcer of the Faith"
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par Vincent Twomey

Le Cardinal Ratzinger est peut-être la figure la plus controversée dans l'Eglise d'aujourd'hui, c'est un sujet qui attend encore un auteur. Différents articles sur lui sont parus, mais aucun livre, jusqu'à la parution récente de celui de John L. Allen, Jr., correspondant au Vatican pour le National Catholic Reporter.
Est-il juste envers Ratzinger?
En tant qu'ancien élève du Cardinal, je dois admettre avoir de sérieux doutes.

Cet ouvrage, "Cardinal Ratzinger: The Vatican's Enforcer of the Faith" (Continuum, 2000), est un mélange bizare, une partie biographique, le début (ch. 1-3), une partie chronique de certaines grandes controverses (4-6), une partie jugement sur Joseph Ratzinger comme "enforcer" (gendarme?) de la foi et ses chances de devenir le futur pape (7-8). Vers la fin du livre, Allen décrit le Cardinal comme étant "sous de nombreux aspects, le meilleur et le plus brillant de ce que l'église catholique de sa génération a à offrir, un musicien, un homme de culture, un intellectuel raffiné et polyglotte, un vrai et profond croyant" (p . 313).
Pourtant, ajoute Allen, il a laissé dans son sillage une Eglise fracturée. Le "pourtant" (ou son équivalent) est bien caractéristique du compte-rendu qu'Allen propose des positions de Ratzinger sur différents sujets théologiques et ecclésiastiques: souvent concis, bien que dépourvu de toute profondeur ou d'une quelconque grande idée, et en dernière analyse, nié par ce qui apparaît comme des «fautes». Dans son chapitre de conclusion, il offre également à ses lecteurs un résumé succinct des principaux points de ce qu'il considère comme étant les éléments marquants qui s'étaient imposés à lui après un an de lecture de Ratzinger(pp. 303-6). Quiconque serait sceptique envers Allen devrait d'abord lire ces textes, afin d'avoir l'assurance de sa bonne foi. Ainsi, les compte-rendu que fait Allen des diverses controverses majeures, en particulier le chapitre sur la théologie de la libération, sont toujours intéressants. Jusqu'à quel point sont-ils exacts, c'est une autre question, mais en général, l'auteur essaie d'être juste et équilibré. La question cruciale est la suivante: dans quelle mesure y réussit-il?

Car Ratzinger, en dernière analyse, reste pour Allen le croque-mitaine qui effraie la plupart des libéraux, la principale source de division et de démoralisation dans l'Eglise contemporaine. Il est l'homme d'Eglise en charge de pouvoir dont le point de vue théologique ultime, contrairement à sa précédente position "libérale", a eu pour effet, entre autres, de "légitimer la concentration du pouvoir dans les mains du pape et de ses conseillers de la curie romaine »(p. 309). En d'autres termes, malgré tous ses efforts pour être juste, et Allen fait des efforts considérables dans cette direction, le Cardinal reste l'ogre.

Prenons, par exemple, le compte-rendu qu'Allen propose de la saga de la théologie de la libération, dont le point culminant est sa défaite effective, consécutive dans une large mesure à l'analyse théologique de Ratzinger et, plus important encore, (c'est ce qui est affirmé), à ses machinations politiques et ecclésiastiques. Ce compte-rendu n'est pas sans mérites, mais notre confiance dans le jugement historique d'Allen est mise à rude épreuve, quand il accuse le cardinal de l'échec du catholicisme latino-américain à créer un ordre social qui reflète mieux les valeurs évangéliques, à savoir moins d'inégalité entre les riches et les pauvres (cf. p. 173). On peut raisonnablement soutenir qu'on aurait pu accomplir davantage de choses au niveau politique en Amérique latine, si les théologiens de la libération n'avaient pas été initialement aussi sceptiques tant envers la doctrine sociale catholique qu'envers le potentiel politique des traditions culturelles autochtones de piété qu'ils ont redécouvertes plus tard, mais ceci est une autre question.

Allen affirme que l'attitude de Ratzinger envers d'autres religions est négative, mais il oublie, par exemple, que le Patriarche de Constantinople a attribué au professeur Ratzinger la Golden Cross du Mont Athos pour sa contribution à une meilleure compréhension entre le catholicisme et l'orthodoxie. Plus tard, comme Cardinal, il a réuni ses anciens élèves au centre orthodoxe près de Genève pour une discussion plus amicale et fructueuse avec des représentants de l'Eglise orthodoxe grecque, dont il cite fréquemment la tradition. Allen semble ne rien connaître du rôle du Cardinal pour aider à établir des relations diplomatiques entre le Vatican et Israël. Et pas un mot sur sa défense de l'islam contre l'accusation de fondamentalisme (cf. Un tournant décisif pour l'Europe?, P.165-70) ou son appréciation de l'importance primordiale des rituels religieux et des mythes, telle qu'on la trouve, par exemple dans la tradition hindoue (cf. QIT 65 / 2, 2000, 257).

Mais c'est surtout dans la tentative d'Allen d'écrire une vie du Cardinal Ratzinger (ch. 1-3), qu'on perçoit l'effet de distorsion dans ce qui semble être la peur libérale sous-jacente du croque-mitaine. Il semble que la principale tendance de ces premiers chapitres est de trouver une explication à la transformation en "enforcer de la foi" du "libéral" Ratzinger, le jeune et prometteur théologien, qui comme peritus (expert) du cardinal Frings, a joué un rôle si important au Concile Vatican II.

Joseph Ratzinger a grandi dans l'ombre de l'Allemagne nazie au sein d'une famille qui a été résolument anti-nazie et d'une Eglise qui est hostile à Hitler - mais peut-être pas aussi publiquement intraitable que la génération d'après, qui n'a pas vécu ces circonstances, pourrait prétendre qu'il aurait dû l'être. Cette expérience a sans aucun doute une influence sur Ratzinger, comme il le dit lui-même expressément. Mais l'affirmation selon laquelle "Ratzinger estime aujourd'hui que le meilleur antidote au totalitarisme politique est le totalitarisme ecclésial» (p. 3), aussi sympathique qu'elle apparaisse comme "petite phrase" , ne résiste pas à un examen détaillé. C'est pourtant le leitmotiv de l'ensemble du livre. Selon le Cardinal Ratzinger lui-même, au contraire, le meilleur antidote au totalitarisme est une conscience droite généralement associées avec les pauvres et les faibles (cf. L'Eglise, l'œcuménisme et politique, p. 165-80). Et le rôle de l'Eglise, a-t-il affirmé, est avant tout éducatif - entendu dans l'esprit des philosophes grecs qui cherchaient... à ouvrir la prison du positivisme et à sensibiliser l'homme à la vérité, à Dieu, et donc au pouvoir de la conscience... "(Un tournant décisif pour l'Europe?, p. 55). Bien que d'une importance capitale pour le Cardinal Ratzinger, à la fois comme homme et comme théologien, la primauté de la conscience n'est même pas mentionnée par Allen.

Plus graves sont des insinuations sur la prétendue incapacité de la propre famille de Ratzinger à témoigner plus ouvertement l'opposition à la terreur nazie. Ce jugement montre peu de compréhension de ce que lae fait de vivre dans un régime de terreur implique, en particulier pour un policier et sa jeune famille (ce qui est rappelé dans le film La vie est belle). A défaut de constater l'éphémère et la nature fragmentaire de tels souvenirs, et ignorant d'autres références autobiographiques de ce moment-là (cf., par exemple, Dolentium hominum, no. 34,1997, p. 17), Allen affirme que Ratzinger a tendance à être sélectif dans sa propre mémoire de cette époque. Pour prouver que l'évaluation positive que fait Ratzinger du rôle de l'Eglise catholique à l'époque était "partiale et déformée, mettant l'accent sur le courage moral de l'église, au détriment d'une évaluation honnête de ses défaillances» (p. 30 ), Allen affirme qu' "Hitler est arrivé au pouvoir avec le soutien implicite des catholique» (p. 27). C'est une grave erreur d'interprétation des événements. Allen ne donne aucune source pour cela, comme pour d'autres interprétations douteuses des événements. (En fait, son incapacité à donner ses sources est une des grandes faiblesses du livre.) Il semblerait qu'Allen fasse ici une certaine lecture très partiale des événements historiques. Mais le lecteur est laissé avec la vague impression d'ensemble que le Cardinal Ratzinger doit cacher quelque chose, ou au moins le réprimer momentanément. Et ainsi, une ombre est jeté sur sa jeunesse en vue de l'émergence ultérieure d'un véritable ogre.

C'est un cliché dans les milieux théologique populaires de faire la distinction entre le Ratzinger du début et celui des derniers temps. Lui-même soutient qu'il y a une continuité de base dans sa théologie, une continuité qui n'est pas incompatible avec d'importants changements de perspective, parfois même en contradiction avec des questions isolées qu'il s'est posées dans sa jeunesse théologique. Il a reconnu, par exemple, un développement important dans son eschatologie. Après tout, "vivre c'est changer..." Est-ce trop de suggérer que les changements dans sa réflexion pourraient mieux être interprétés comme des signes de maturité, d'une réflexion plus approfondie en raison de l'évolution de la situation et d'une plus grande expérience, en particulier comme Préfet de la Congrégation? Son enthousiasme juvénile pour la collégialité, par exemple, a conduit à une réévaluation de l'institution des Conférences épiscopales nationales à la lumière de son expérience personnelle dans ces conférences et à la suite de sa nouvelle réflexion théologique. Il a également noté l'échec des évêques allemands au cours de la période nazie à agir plus résolument et efficacement en raison de la responsabilité collective.
Au lieu de cela, Allen attribue le changement radical depuis «le libéral initial» jusqu'au conservateur "enforcer de la foi" à quatre causes: les troubles étudiants de 1968, la perception de la baisse de fréquentation à l'église et des vocations, une trop grande exposition à la foi catholique la plus faussée, et, enfin, le pouvoir.
Les troubles étudiants à la fin des années 60 ont eu un effet profond sur toute personne qui a vécu cette période de turbulences, et lui-même a parfois évoqué cela, bien qu'il me semble que ses réflexions sur cette période utilisent des idées qu'il avait déjà formulées dans ses précédents écrits.
Il est douteux que la baisse de la fréquentation des églises aurait pu avoir un effet radical sur lui. Lors d'une discussion sur cette question précisément au cours d'une réunion de ses anciens élèves, il a fait observer que le péché dont David a été le plus sévèrement puni par le Seigneur n'avait pas été l'adultère ou le meurtre du mari de Bethsabée, mais le recensement, la tentative du roi de compter le peuple de Dieu. Troisièmement, son exposition comme Préfet à la «pathologie de la foi», comme l'appelle Allen, est plus que compensée par sa propre lecture des Pères, de la théologie contemporaine, et de la philosophie, sans oublier la littérature. Sa disposition érudite à la lecture et à la recherche trouve son expression dans différentes publications universitaires et générales, dont la plus récente est "l'Esprit de la liturgie", sorti l'année dernière (également non mentionnés par Allen).
Et on en arrive à la dernière "cause": le pouvoir. Suggérer que la soif du pouvoir a joué un rôle central dans un quelconque prétendu "changement de cœur», que le professeur Ratzinger a révisé sa théologie pour faire avancer sa carrière, est (c'est un euphémisme) erroné, puisque son changement théologique était manifeste bien avant qu'il ne se rende à Rome.

Il convient de mentionner que Ratzinger n'a jamais été un élève de Rahner, comme Allen, citant Wiltgen, l'affirme. Pas plus que son déménagement à Ratisbonne n'a eu pour cause de se séparer "intellectuellement de collègues jusque là proches, comme Hans Kung, ou de son vieil allié, Rahner" comme Adrian Hastings l'affirme dans une critique du livre. Rahner était à l'époque à Münster, pas à Tübingen. La principale raison à la décision de Ratzinger de quitter une université prestigieuse était d'échapper à l'agitation parmi les étudiants et dans la faculté de Tübingen, et ainsi d'être en mesure de se consacrer entièrement aux travaux d'études dans sa Bavière natale. Cela m'a été dit par le professeur Kevin McNamara, Maynooth, en 1970 -informations qui m'ont conduit à poursuivre mes études de troisième cycle à Ratisbonne au lieu de Tübingen. Plus tard, plusieurs doctorants et assistants de Ratzinger à Tübingen me l'ont confirmé.(Il avait également des raisons personnelles, plus des raisons familiales.) Soit dit en passant, Rahner fut invité par Ratzinger à donner une conférence lors des colloques de fin de semestre à Ratisbonne. A ma connaissance, leurs différends théologiques (qui étaient profonds) étaient antérieurs à la nomination de Joseph Ratzinger à Tübingen. Ces différends n'ont pas émoussé son respect pour Rahner.

Son soi-disant «changement de cœur» en théologie, ainsi qu'il est affirmé, est reflété dans les deux Schulerkreise (pas Studentenkreise, le terme qu'Allen utilise), qu'il est censé avoir mis en place: celui de ses années à Bonn, Münster, Tübingen et celui de ses années à Ratisbonne, "ce dernier groupe théologique en désaccord avec l'ancien» (p. 104). Cette division "souligne l'écart entre le Ratzinger avant et après le Concile."
Je suis cité comme un exemple de ce dernier groupe. Allen semble avoir mené d'assez longues interviewes avec deux étudiants du Ratzinger de la première époque, mais n'évoque que brièvement le coup de fil à l'un de ceux de la seconde époque, le jésuite Joseph Fessio.
Considérant le nombre de doctorants qui ont étudié avec Ratzinger (entre 40 et 50) c'est une preuve ténue sur laquelle baser une telle thèse. Il est dommage que l'auteur n'ait pas consulté le rapport complet sur le colloque de doctorat (cf. Alla scuola della Verita, Milan, 1997, pp. 9-26 ). Allen se trompe sur plusieurs détails, comme lorsqu'il me décrit comme porte-parole de l'Archevêque de Dublin (faux) ou cite des extraits de mes écrits, en particulier celle de ma thèse, sans aucun égard pour le contexte. Et il a fait à tort du Cardinal Schonborn un élève de Ratzinger, consacrant plusieurs pages à l'actuel Archevêque de Vienne pour illustrer le «Ratzinger tardif" (comme chercheur invité à Ratisbonne, Schonborn rejoignit notre colloque pendant deux semestres, de même que d'autres visiteurs. Ce n'est qu'après l'élévation de Ratzinger comme archevêque de Munich, que le professeur Schonborn est devenu l'un des nombreux invités réguliers aux réunions annuelles du Schulerkreis.

Il est, en outre, faux de dire que Ratzinger "construisit" deux cercles d'étudiants. Il n'y en a jamais eu plus d'un, même si sa composition évidemment changeait avec ses membres. En fait, certains de ses élèves de sa période à Bonn, Münster, Tübingen pourraient bien compter parmi les plus "conservateurs" de ses étudiants, tandis que d'autres qui ont commencé leurs études alors qu'il était à Ratisbonne sont tenus pour être parmi les plus "libéraux".
Toutefois, il est exact que son point de vue critique sur l'évolution post-conciliaire eurent pour effet d'attirer des étudiants plus sensibles à ces vues. Plus significatif est le fait que tous les élèves, indépendamment de leur position de base, se sentaient comme à la maison, au colloque. La raison en est le respect évident de Ratzinger pour chaque membre, sa capacité tout à fait remarquable à promouvoir le dialogue et la discussion, et sa tolérance à l'égard des divers points de vue. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui pouvait engendrer un débat aussi libre et franc que le professeur Ratzinger. Et il laissait à ses étudiants une totale liberté académique dans le choix et le traitement de leur sujet.

Il est donc tout simplement faux de prétendre que c'est à Ratisbonne "que Ratzinger a commencé à éduquer une génération d'étudiants qui iraient jouer un rôle leader dans la restauration de leurs propres églises nationales» (p. 92). Il n'a jamais tenté d'endoctriner un groupe d'étudiants, comme cela semble être implicite ici. Les séminaires et colloques à Ratisbonne étaient des endroits de débat intense et de désaccord - et, il convient d'ajouter, d'esprit et d'humour. C'était également un moment d'intenses activités œcuméniques pour Ratzinger, y compris sa conférence d'avant-garde sur l'avenir de l'œcuménisme à l'Université de Graz en 1976, son soutien pour les divers colloques œcuméniques de Ratisbonne, et à la fin de l'année de doctorat le colloque avec les théologiens luthériens Joest Pannenberg, qui ne sont pas mentionnés par Allen. Ce que le professeur Ratzinger nous a enseigné à Regensburg, principalement par son exemple, était de rechercher la vérité avec savante rigueur, objectivité et respect dans le débat, au risque de l'impopularité, et de motiver ses convictions. J'ai même entendu le reproche qu'il n'a pas réussi à former sa propre «école», si divers étaient ses élèves si ouverte l'atmosphère qui'il cultivait. À cet égard, il n'a pas changé avec les années, comme en témoigne la réunion annuelle avec ses anciens élèves.
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(*) Note sur Vincent Towney

Il a déjà été question de lui dans ces pages...

Marianne m'avait traduit un article intitulé Le génie théologique de Ratzinger (issu lui aussi du site igniatius.com).
Et j'avais également traduit un autre article du même site: Le courage d'être imparfait.



The Vatican's Enforcer of the Faith (II)
Après le Pape, les livres

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