Chrétiens en politique
L'engagement des chrétiens en politique. Construire une "vie bonne" pour le bien commun. C'est le souhait du Saint-Père, exprimé à Aquilée, lors de sa visite pastorale dans le Nord Est. Réflexion d'Andrea Tornielli: Il n'y a pas que les principes non négociables. Rappel de la "note Raztinger" de 2002. (10/5/2011)
Il faut susciter "une nouvelle génération d'hommes et de femmes capables d'assumer des responsabilités directes dans les différents milieux sociaux et, en particulier, dans le domaine politique qui a plus que jamais besoin de voir des personnes, et surtout des jeunes, capables de construire une vie bonne en faveur et au service de tous".
-----------------
Samedi (7 mai), avant de se rendre à Venise, le Pape faisant étape à Aquilée, s'est adressé aux habitants, rendant hommage "à cette terre bénie baignée du sang et du sacrifice de nombreux témoins", et priant "les saint martyrs d'Aquilée d'appeler, aujourd'hui encore dans l'Eglise, des disciples du Christ courageux et fidèles, se donnant à lui seul et donc convaincus et convaincants...".
Dans la basilique d'Aquilée, il a répété son encouragement en faveur de "l'engagement pour susciter une nouvelle génération d'hommes et de femmes capables d'assumer des responsabilités directes dans les différents milieux sociaux et, en particulier, dans le domaine politique qui a plus que jamais besoin de voir des personnes, et surtout des jeunes, capables de construire une vie bonne en faveur et au service de tous".
(d'après VIS)
Andrea Tornielli retient cette phrase.
Evidemment, il parle de l'Italie. Ses propos sont transposables chez nous, et avec encore plus de force, dans un pays bien plus laïcisé, comme l'est la France. Mais sur quels critères fonder ses préférences politiques, lorsque TOUS les partis s'opposent aux fameux principes non négociables?
Catholiques dans la vie politique
Il n'y a pas que les principes non négociables
http://www.labussolaquotidiana.it/
Andrea Tornielli
10-05-2011
-----------------
Samedi dernier, à Aquilée, berceau de l'évangélisation du Nord-Est, Benoît XVI a de nouveau répété son appel à l'engagement des chrétiens en politique.
Voici ses paroles : «Comme le démontre la longue tradition du catholicisme dans ces régions, continuez énergiquement à témoigner l'amour de Dieu, y compris dans la promotion du "bien commun" »: le bien de tous et de chacun. Vos communautés ecclésiales ont généralement une relation positive avec la société civile et les différentes institutions. Continuez à offrir votre contribution pour humaniser des espaces de la cohabitation civile. Enfin, je vous recommande, comme aux autres Eglises en Italie, l'engagement à susciter une nouvelle génération d'hommes et de femmes capables d'assumer des responsabilités dans des domaines divers de la société, particulièrement dans le domaine politique. Ce dernier a plus que jamais besoin de voir des gens, surtout les jeunes, capables de construire une "vie bonne" en faveur et au service de tous. En effet, les chrétiens, qui sont pèlerins vers le ciel, mais qui vivent déjà ici une anticipation de l'éternité, ne peuvent se soustraire à cet engagement".
Cela vaut la peine de s'arrêter sur cette invitation. Et de se demander, d'abord, pourquoi le successeur de Pierre continue d'adresser cette invitation pressante aux catholiques de notre pays. L'invitation à s'engager dans le social, mais aussi «de façon particulière» dans la politique. Cette politique que le Serviteur de Dieu Paul VI a appelée "la plus haute forme de la charité". Si un Pape théologien, et non italien, comme Ratzinger insiste en appelant les chrétiens, les jeunes en particulier, afin qu'ils choisissent de s'engager en politique, cela signifie que l'Eglise considère que la présence des catholiques dans ce domaine est insuffisante.
Après la fin de la démocratie-chrétienne, que les évêques ont cherché à maintenir en vie jusqu'à la fin, les catholiques se sont divisés, et sont désormais présents dans la plupart des partis politiques dans les deux camps.
Neuf ans ont passé depuis la publication de la "Note doctrinale sur certaines questions sur la participation des catholiques dans la vie politique" (1) , approuvé par Jean-Paul II et signée par le Cardinal Joseph Ratzinger , un document où il est affirmé: «Si le chrétien est tenu "d'admettre la multiplicité et la diversité des options temporelles", il est aussi appelé à se défier d'une conception du pluralisme en terme de relativisme moral, nuisible à la vie démocratique elle-même, qui a besoin de fondements solides et réels, autrement dit de principes éthiques qui, par leur nature et leur rôle en tant que fondement de la vie sociale ne sont pas 'négociables'".
Le thème des principes "non négociables" a été repris à plusieurs reprises par le pape et les évêques italiens. Et il est devenu, souvent, champ de bataille politique et dans certains cas, de débats houleux, même parmi les catholiques.
L'invitation pressante de Benoît XVI à l'engagement politique, cependant, semble aller plus loin. Le Pape, en effet invite les jeunes à construire "une 'vie bonne' pour le bien de tous". Si les principes non négociables sont le point de départ, il serait de courte vue de réduire l'engagement des catholiques exclusivement à la défense et la promotion de ces principes. Les catholiques sont en effet porteurs d'une culture, d'une vision de l'homme et des relations sociales, qui ne peut facilement être réduite ou aplatie à certains modèles aujourd'hui à la mode dans certains groupes politiques.
Il faut redécouvrir, en somme, la politique comme service du bien commun: les urgences éthiques - comme l'enseigne Benoît XVI dans Caritas in Veritate - sont également des situations d'urgence sociale, mais l'engagement des chrétiens doit redevenir à 360 degrés, et retrouver cette inspiration qui a fait des catholiques les protagonistes de nombreuses phases cruciales de la vie de notre pays.
Note (1)
http://www.vatican.va/roman_curia/...politica_fr.html
A relire absolument.
