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Soudan: capitale Madrid

A propos du printemps madrilène. Avertissement aux habituels "idiots utiles": gare à la récupération! Un article décapant d'un blog espagnol, traduit par Carlota (24/5/2011)

-> Voir aussi:
La révolution des poulets sans tête.
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Le printemps madrilène, faisant suite au printemps arabe (qui semble s'être desséché sans avoir donné de fruits, pour l'instant) nous intrigue beaucoup, et intrigue sans doute les medias, comme en témoigne la "une" de Libé d'aujourd'hui. (quoiqu'il m'étonnerait beaucoup que le journal de la gauche branchée réponde vraiment aux aspirations exprimées par les jeunes espagnols ! il est au contraire la meilleure illustration de l'article espagnol qui suit). On y lit, en pages intérieures:
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[Le mouvement] a une dimension très spontanée, par exemple dans le choix de son nom, référence directe au livre de Stéphane Hessel qui en Espagne aussi a eu un immense succès (!!!). Le mouvement s’étend également parce que le gouvernement socialiste a, en raison même de la crise, tourné le dos à la plupart de ses engagements électoraux, entraînant un immense désarroi des progressistes espagnols qui aujourd’hui se sentent politiquement orphelins. Je reste en revanche sceptique sur le parallèle avec les révolutions du printemps arabe. L’Espagne est une démocratie et les réseaux sociaux du Web ont joué dans la mobilisation un rôle secondaire par rapport à des groupes militants comme «Jeunes sans futur» ou «Démocratie réelle maintenant» qui regroupe quelque deux cents associations de la mouvance altermondialiste. Les revendications mise en avant, dont la taxe Tobin en économie ou la réquisition des logements vacants - un à deux millions au moins aux mains des banques -, sont très significatives de cet engagement mais en même temps chacun peut les faire siennes dans un pays profondément marqué par la crise.
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Carlota a déjà traduit un article éloquemment intitulé "la révolution des poulets sans tête", qui semblait indiquer que le mouvement n'avait pas de logique précise, mais pouvait inquièter les gouvernements dits "démocratiques " qui ne représentent plus les gens.

Le site Polémia publie une analyse qui va dans le même sens, d'un essayiste espagnol, Javier Ruiz Portella ("La Spanish Revolution").
Celui-ci voit, derrière les revendications "alimentaires" d'une jeunesse réduite aux petits boulots et aux salaires minables de 1000 euros par mois (mais comment ceux qui nous gouvernent ne comprennent-ils pas que cela ne pourra pas durer sine die ?), la contestation du système:
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Ce qui est bien immédiat c’est qu’en dessous de ce qui pousse les manifestants, en dessous de ce malaise axé sur les questions de la bouffe et du travail – des questions, d’ailleurs, nullement dédaignables –, se trouve quelque chose qui n’y avait jamais été : la contestation de notre système politique. La conviction ou du moins l’intuition de l’immense tromperie, de la grande farce : le sentiment que ce qui se déploie sous le nom de « démocratie » – ce nom vide et compassé que nos politiciens répètent jusqu’à la nausée – n’a rien à voir avec celle-ci.
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Alors: mouvement spontané, ou dirigé, ou tentative de récupération?

Voici un autre article espagnol déniché et traduit par Carlota. "Soudan: capitale Madrid".
Elle m'écrit: "Un article qui déménage, je ne vous dis pas qui l'a écrit, vous verrez à la fin".
Je vais donc respecter le suspense imposée par mon amie...
Mais l'auteur met en garde les habituels "idiots utiles" contre le risque d'être récupérés par la gauche la plus sectaire.

Soudan: capitale Madrid
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Cela ne me plait pas du tout, ce qui est en train de se passer sur la place madrilène de la « Puerta del Sol ». Je ne suis pas non plus d’accord avec ceux qui affirment qu le lieu a été choisi pour nuire à Esperanza Aguirre (Ndt Présidente de la communauté de Madrid depuis 2003 - Parti Populaire. Les élections de dimanche dernier lui confirment une nouvelle majorité confortable). Je crois plutôt que si cette mobilisation avait été menée à bien en face du Palais de la Moncloa (Ndt résidence du chef du gouvernement, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero), le prétendu « apolitisme » de la manif aurait volé en éclat.
Pourtant, la « Puerta del Sol » est le lieu idéal pour attirer l’attention, parce qu’il s’agit du centre même de la capitale de l’Espagne. Oui, je crois à une émulation des protestations au Soudan ou en Égypte, toutes réalisées sur des places centrales. Et je crois aussi que l’estime pour l’Espagne de ceux qui ont assuré la convocation est tellement débordante qu’ils n’ont pas hésité à nous comparer à l’Égypte ou à nous « soudaniser ». C’est ainsi qu’ils nous voient, ou nous dirions mieux, c’est ainsi qu’ils sont, tout comme ceux qui les encouragent.

La chose ne me plaît pas parce que, à la « Puerta del Sol » n’a pas vraiment jailli une source de liberté. Les eaux qui détrempent le « kilomètre zéro » de notre pays, sont les eaux sales d’un Guadiana qu’on a vu sortir des profondeur de la terre en différentes occasions tout au long de ces dernières années (Ndt le Guadiana est un fleuve espagnol qui a une partie de son cours souterrain, ce qui a rendu pendant très longtemps difficile la localisation de sa source et de son tracé). Je ne sais pas s’il est né à ce moment-là, mais il s’agit du même fleuve qui a inondé la Castellana en 1994 (Ndt «Paseo de la Castellana », un peu nos Champs Élysées) au cri de « zéro sept pour cent maintenant » (Ndt les manifestants demandaient que 0,7 % du PIB espagnol soit versé aux pays du tiers monde. L’évêque auxiliaire de Madrid fut même pris à parti car il avait osé s’interroger sur le bien fondé de ces revendications).
Vous vous en rappelez ? Et durant cette mobilisation, la gauche a montré qu’un slogan « boniste » était capable de rassembler une multitude de personnes au « pelage » très divers et de transformer leur nombre en leur faveur et en réclames infaillibles devant les médias. Sur la Castellana campèrent donc non seulement les amis de Julio Anguita (Ndt homme politique, il fut maire de Cordoue dans l’immédiat après – franquisme, secrétaire du parti communiste espagnol jusqu’à sa disparition en 1998 puis coordonnateur de l’Union de la Gauche), qui n’auraient même pas rempli deux tentes de campagne américaines, mais une multitude d’imprudents plus dotés d’idéalisme que de bon sens. Il y eut là-bas des prêtres et beaucoup de jeunes en provenances des paroisses, enchantés de faire augmenter les statistiques que la gauche la plus sectaire et la plus anticléricale emploierait à son profit.

Presque dix ans plus tard, l’opération allait se répéter lors des fameuses manifestations du « Non à la guerre, les gars ! ». Beaucoup de personnes que je connaissais alors, parmi elles des catholiques avec une participation active dans leurs paroisses et dans les mouvements de l’Eglise, sortirent pour s’unir au mouvement. Quand j’ai essayé de leur expliquer qu’ils étaient en train d’être utilisés pour grossir les chiffres que la gauche lançait comme des pierres contre les vitres de la Moncloa (voir ci-dessus. A l’époque le chef du gouvernement était Jose María Aznar qui avait envoyé des soldats espagnols en Irak) dans une opération d’assaut contre le pouvoir, ils me répondaient à l’unisson : « Comme chrétiens nous ne voulons pas la guerre. Jean-Paul II s’est opposé à la guerre. Par conséquent, Non à la guerre, les gars! », et ils allaient là-bas avec Bardem (Ndt Pilar Bardem, la mère de Javier, actrice elle aussi, et très engagée sous toujours les mêmes bannières comme beaucoup d’artistes mais il n’y a pas qu’en Espagne !) et ZP (Ndt pour Zapatero, bien sûr !), pour brandir les pancartes. Une fois de plus la gauche la plus rance bénéficiait d’un slogan boniste et de citoyens imprudents et facilement manipulables.

Ce Guadiana (le fleuve espagnol cité plus haut), qui a fait d’autres apparitions sur notre sol en plus de celles dont je me souviens, est-ce lui qui resurgit sur la place madrilène de la « Puerta del Sol » ? Et par malheurs, les naïfs continuent à se faire prendre comme des petits poissons à un hameçon plus que mordillé. Parce qu’il faut être naïf pour croire qu’un semblable mouvement n’est pas parfaitement prévu, organisé et orchestré. Est-ce que personne ne s’est rendu compte que toutes les pancartes ont la même typographie ? Qui a acheté les domaines d’internet qui donnent les consignes ? Qui contrôle les assemblées ? Qui dit quelles pancartes l’on peut montrer et quelles sont celles qui ne doivent pas l’être ? Pourquoi portent-elles des slogans comme « moins de crucifix et plus de travail fixe » et ne montrent-elles pas de slogans contre l'avortement ou le terrorisme. ...

Je n’ai pas le moindre doute que là-bas, il y en a de ceux qui prennent d’assaut les chapelles à l’Université (cf notamment les affaires récentes à l’Université de Madrid et de Barcelone, dans l’indifférence sinon le soutien tacite des autorités universitaires), ou participent à la « procession athée » (Ndt finalement interdite pendant la Semaine Sainte, elle a été autorisée le 13 mai, il me semble).
Je n’ai pas le moindre doute que là-bas ... il y a ceux du « Non à la guerre, les gars ! », ainsi que ceux qui restent du « zéro sept pour cent maintenant ».
Je n’ai pas le moindre doute que Zerolo (Ndt un responsable du Parti Socialiste espagnol, très engagé avec les ONG et les associations LGBT), marche camouflé parmi les campeurs avec une fausse barbe rousse.
Je n’ai pas le moindre doute que là-bas se sont donnés rendez-vous des imprudents en provenance des paroisses et animés d’un stupide bonisme, si l’on cherche on en trouvera beaucoup de ceux des alentours de San Carlos Borromeo (Ndt Une paroisse de la communauté madrilène qui était desservie par des « curés rouges » et que le cardinal Rouco, archevêque de Madrid a fait fermer. Des hommes politiques socialistes, fervents défenseurs de nouveaux droits dont l’avortement n’hésitaient pas y aller prier avec ostentation).
Et je n’ai pas le moindre doute qu’il y a beaucoup de sots en Espagne qui regrettent encore mai 68 comme si cela avait été une révolution intellectuelle et non une pagaille de cames et de cuites avec des envies de s’en mettre le maximum Un semblable cocktail c’est ce qui fait peur.

Et moi ce qui m’indigne c’est que les membres des mouvements pro-vie n’ont jamais été capables d’avoir une telle importance au niveau du public, quand il a réuni beaucoup plus de gens que ceux qui ces jours-ci se concentrent à la « Puerta del Sol »…Pourquoi ?

José-Fernando Rey Ballesteros (*)



(*) José Fernando Rey Ballesteros est un prêtre espagnol (Archidiocèse de Madrid). Il a été ordonné en 1995. Il est très présent sur internet et anime notamment une page de « spiritualité digitale ». Ces articles sont accueillis sur le portail infocatolica qui a une diffusion dans l’ensemble du monde hispanophone. Le présent texte fait partie de la page « Opinion » du portail - Original ici: http://infocatolica.com/?t=opinion&cod=9212

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