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Changement d'époque

Sans commenter directement le résultat des élections locales en Espagne, c'est-à-dire sans triomphalisme, l'archevêque de Cordoue, Mgr Demetrio Fernández, revient à nouveau sur le rôle des chrétiens en politique. Traduction de Carlota (26/5/2011)

La semaine dernière, juste avant les élections locales (municipalités et régions) en Espagne qui ont vu la cuisante défaite de Zapatero, Carlota avait déjà traduit une très belle lettre pastorale de l'évêque de Cordoue, Mgr Demetrio Fernández sur le thème Les chrétiens et le vote.

Cette fois encore, il livre un texte très “fort” qui pourrait s’adresser directement à beaucoup d’entre nous, simples électeurs ou parlementaires et notamment les nôtres qui débattent actuellement des « faux progrès » de propositions en matière bioéthique qui sont vraiment terrifiantes. (Carlota)


Texte ici: http://infocatolica.com/...


Changement d’époque
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L’histoire n’a pas qu’une date pour marquer le changement d’époques. Les mouvements humains sont complexes et ne peuvent se réduire à un seul aspect. Mais il y a des signes palpables de ce que nous sommes en train d’assister à un changement d’époque. Et lors d’un changement d’époque, nous dépendrons beaucoup des bases que nous mettrons à l’heure de construire ce futur meilleur. Les dernières élections du 22 mai sont un signe notable de ce changement d’époque. Non pas seulement parce que les uns ou les autres ont gagné, mais parce que c’est la physionomie politique de l’Espagne qui a changé, surtout dans certains endroits où le changement paraissait impossible.

Un chrétien regarde cette réalité avec une perspective de croyant. La foi ne nous écarte pas de la construction de ce monde, mais bien au contraire nous fait protagoniste de la cité terrestre, où se forge notre destin éternel. Nous reconnaissons l’autonomie des réalités temporelles qui s’érigent sur leurs propres règles, et nous voulons apporter depuis la religion le meilleur de nous-mêmes pour faire de la cité terrestre, une cité plus habitable, plus juste et plus fraternelle.

L’Église catholique a une présence très importante dans la configuration sociopolitique des peuples et de la société actuelle. Je le constate lors des visites pastorales aux différentes paroisses du diocèse. Il n’y a pas de groupe humain plus actif aujourd’hui que celui constitue par les personnes qui gravitent autour de la paroisse: catéchistes, volontaires de « Caritas », et « Manos Unidas » ; missions, soin du culte dans les églises depuis la propreté et la maintenance jusqu’au chœur paroissial pour les célébrations liturgiques, les mouvements de l’apostolat séculier, les confréries (*) avec une participation croissante des jeunes, des camps et des activités de loisir avec les enfants et les adolescents. La foi est vivante dans nos paroisses du diocèse de Cordoue.

Sans compter les familles chrétiennes qui veulent élever leurs enfants avec leurs valeurs de chrétiens. Des professeurs de religion catholique à l’école avec un haut pourcentage d’élèves qui choisissent librement cette matière (ndt matière qui fait encore partie du cursus scolaire mais qui a fait l’objet d’énormes attaques sous les législatures ZP), des écoles catholiques gérés par des institutions religieux qui disposent du plus haute réputation au niveau académique.
L’Église catholique n’est pas une réalité moribonde à qui nous pouvons donner le coup de grâce à tout moment
(**). Non, l’Église catholique constitue le substrat le plus profond et le plus vigoureux de notre société actuelle en nombre, en qualité et en fiabilité.

Si quelque chose nous manque c’est la présence dans la vie publique de chrétiens qui croient et sont convaincus de leur foi. La société peut changer mais il faut que les chrétiens descendent dans l’arène publique et exercent leur influence là où se prennent des décisions sur le vivre de la cité. Il y a un décalage entre les convictions religieuses de ce peuple et son influence dans la construction de la cité terrestre. Le chrétien qui vit de la foi peut et doit influencer beaucoup plus dans la nouvelle époque qui est en gestation.

Parler de Dieu, laissez de l’espace à Dieu, vivre l’Évangile de Jésus-Christ, proposer encore et encore la morale qui jaillit du Ressuscité, laisser et favoriser qu’un peuple vive et exprime ses plus profonds sentiments religieux dans la piété populaire, ne sera pas un obstacle pour le progrès de l’humanité mais le principal moteur d’espérance pour une société qui se trouve à un changement d’époque. Les erreurs des époques antérieures servent pour apprendre à ne pas les répéter à l’avenir. Les chrétiens ont beaucoup à apporter dans ce changement d’époque et pour cela il n’y a pas de meilleure chose que d’être cohérent dans la vie avec la foi que nous professons dans notre cœur. Cela ne vaut rien, d’être croyant dans la vie privée ou de le feindre en public et d’oublier Dieu dans la gestion de la chose publique. Les chrétiens ont beaucoup à apporter et personne mieux qu’eux ne peut offrir des raisons d’espérer dans un changement d’époque qui voit décliner ce qui a été de simples utopies qui ne conduisent pas vers le progrès.

Avec mon affection et ma bénédiction

+ Demetrio Fernández, évêque de Cordoue - Espagne
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NDT

(*)Quasiment disparues aujourd’hui en France, on en trouve néanmoins quelques unes encore par exemple à Nice ou à Perpignan, sans oublier les pugnaces « Charitons » de Thiberville (Normandie) dont certains pensent que leurs jours sont comptés. En Espagne elles font au contraire encore partie du paysage.

(**) Les mots employés en espagnol évoquent bien sûr l'image du taureau dans l'arène que l'homme de piste achève d'un coup de poignard quand déjà à terre, il n'en finit pas de mourir, déjà frappé mortellement par l'épée du torero.

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