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Une râclée pour Silvio Berlusconi (bis)

Un triple référendum sanctionne durement Il Cavaliere. Est-ce une raison pour écrire n'importe quoi sur le sujet? (14/6/2011)

Les italiens ont été convoqués aux urnes ce week-end pour se prononcer, par voie référendaire, sur trois questions sans aucun rapport entre elles: l'abandon de nucléaire, la privatisation de la distribution de l'eau et la levée de l'immunité parlementaire de Silvio Berlusconi. Tellement compliqué que Vittorio Messori lui-même, dans sa dernière rubrique "A tavola" a dit ne pas savoir grand chose des questions en jeu ... et n'avoir pas l'intention de voter (il est loin d'être un "berlusconien" béat!!)

Rien à voir avec le sujet du site, donc, sinon que j'ai assez souvent évoqué le "Premier" (prononcer Prrémierr) italien dans ces pages , pour la simple raison que j'ai cru discerner une certaine sympathie du Saint-Père (étant entendu que je peux parfaitement me tromper).

La participation au referendum a dépassé le quorum, permettant de valider le résultat, qui semble effectivement un raz-de-maré anti Berlusconi. La catastrophe nucléaire de la centrale de Fukushima a rendu très particulier le contexte de la question relative au nucléaire. Et il est possible que le discours prononcé juste avant par Benoît XVI aux ambassadeurs venus lui apporter leurs lettres de créance, instrumentlisé sans vergogne par la presse de gauche, ait influencé le vote catholique.
Quant au rejet de Berlusconi, il a fait l'objet d'un tel forcing des medias depuis des années (je ne compte plus!) qu'il est compréhensible que les gens aient fini par "rendre les armes". De plus, en Italie, comme nous l'avons déjà dit (et contrairement à la France) l'intervention en Lybie fait débat. Elle peut avoir pesé lourd dans la balance. Il y a aussi l'usure du pouvoir, et la lassitude de Berlusconi lui-même, qui "n"y croit plus". Enfin ce qu'il ne faut pas oublier, en consultant les résultats, c'est que beaucoup de partis (notamment celui de Berlusconi) appelaient à l'abstention: les gens qui se sont déplacés sont ceux qui voulaient dire leur refus du gouvernement actuel. Ils l'ont exprimé massivement, c'est un fait.
Mais la question est: et après?
Car le passage de l'ombre à la lumière, annoncé par certains, je n'y crois pas, on nous a déjà fait le coup...

Ceux que cela intéresse (j'imagine qu'ils sont peu nombreux!) peuvent aller consulter ici les questions (tarabiscotées, comme c'est toujours le cas) et les résultats sur Wikipedia.
Disons donc que sur la question, l'ignorance des français, y compris des journalistes, est abyssale.
Cela n'a pas empêché le choeur pavlovien des habituels brouilleurs médiatiques de répéter comme une incantation: Raclée monumentale pour Berlusconi!

C'est indubitablement vrai, mais cela demanderait quelques nuances, au moins quelques explications (les "raclées" d'Obama sont traitées avec infiniment plus de discrétion, voire d'indulgence), que les faiseurs d'opinion auraient du mal à donner. Et si on demandait aux moutons de panurge ce que Berlusconi leur a fait objectivement, ils seraient bien en peine de répondre. Et pour cause!!
Je ne prétends pas connaître la question à fond (honnêtement, je pourrais, en y passant un peu de temps), car elle m'intéresse modérément..

Mais je me sens "visée" quand je lis sur un "certain" blog catholique:

"(...) force est de constater que les ultimes plantons du berlusconisme ont été depuis six mois, en Italie (ndlr: des précisions! qui sont ces blogs italiens?) et même en France, des blogueurs de droite s'affichant aussi comme les « défenseurs » des « valeurs », au nombre desquelles (bien sûr) « l'héritage catholique ». Ils n'étaient pas dégoûtés, sachant ce qu'est Berlusconi sur le plan des valeurs ; mais des gens capables de nier la réalité du scandale des prêtres pédophiles, étaient tout aussi capables de s'acommoder des relents du bunga-bunga.
Et pourquoi s'en accommodaient-ils ? Parce que Berlusconi était, disaient-ils, « un rempart contre le communisme ».
Oui, vous avez bien lu : le communisme. En 2011.

Le communisme et ses idées, en 2011, ce n'est pas si invraisemblable, me dit Carlota, dans un pays comme la France qui veut vous faire croire dans les manuels scolaires de Première à la théorie du gender et qui enlève dans le programme d'histoire les références à Louis XIV.

Je doute que d'autres blogs français défendant les "valeurs catholiques" que le mien se soient penchés aussi attentivement sur le cas Berlusconi. Il est de fait que j'ai traduit des articles du Père Scalese, et surtout de Massimo Introvigne, et il me vient le soupçon que c'est à lui que "le blogueur" a pensé, me qualifiant indirectement de "planton" (!!) du berlusconisme. Mais que ce soit adressé à moi ou à d'autres, c'est gratuitement insultant (personnellement, je n'ai jamais cherché à me poser en porte-parole du Catholicisme, ni prétendu que les catholiques se devaient de "témoigner", même si c'est vrai, car je pense n'y avoir aucun titre).
"Le blogueur" règle plus ses comptes avec ce qu'il croit être une certaine droite, qu'avec Silvio Berlusconi. Il ne connaît à l'évidence rien à la situation italienne, il ne lit sans doute pas l'italien, et puise son information dans le Monde et Libération, fidèles clones de la Repubblica, dont le groupe est à l'origine de la campagne anti-Berlusconi.
"Le blogueur" a lu l'article d'Introvigne en diagonale, n'y a rien compris (car Massimo Introvigne n'a nullement cherché à défendre Silvio Berlusconi, mais à comprendre les motivations de ceux qui s'étaient alliés à lui, ou qui votaient pour lui), et l'a résumé de façon caricaturale.

Je reproduis le passage de l'article de Massimo Introvigne relatif au "communisme". On verra que c'est infiniment plus subtil que ce que prétend "Le blogueur"... et surtout très pertinent:

Dire que l'Union soviétique n'existe signifie répéter un lieu commun, même si ce n'est pas un réconfort total pour un pauvre qui vit en Corée du Nord, où bien sûr il y a encore le communisme.

Mais surtout, le communisme italien après la Seconde Guerre mondiale n'était pas le communisme soviétique des chars. La théorie de l'hégémonie d'Antonio Gramsci (1891-1937) - que le PCI avait adoptée un peu par conviction et un peu par contraintes internationales - remplaça la prise directe du pouvoir par le coup d'État, et, plus précisément, les chars armés par la lente infiltration dans les ganglions du pouvoir réel: école, culture, universités, journaux, judiciaire. Le vieux PCI n'était pas au gouvernement. Mais dans les universités, les rédactions des journaux, les tribunaux, il était amplement au pouvoir. C'était ce pouvoir qui gênait beaucoup d'Italiens, et qui est toujours là. Lorsque Berlusconi affirme que de nombreuses rédactions de journaux et de tribunaux de la République sont "communistes", il utilise peut-être un langage simpliste, mais il dit aussi une vérité que les Italiens expérimentent sur leur peau.

L'appareil hégémonique de la gauche dans la culture, l'éducation, la magistrature, n'a pas été démantelé. En particulier, les centristes - qui sur ce point jouent leur existence - peuvent bien insister que les «communistes» ne sont plus là. On peut ergoter sur la signification changeante du terme "communiste" - en intégrant des thèses radicales sur la vie et la famille, les «communistes» d'aujourd'hui, devenus parti radical de masse sont peut-être pires que ceux d'hier -, mais les Italiens qui votent pour Berlusconi sont convaincus que c'est lui qui a raison, et que les intellectuels et les centristes ont tort: le système de pouvoir communiste continue à fonctionner, avec ou sans le Mur de Berlin. Et quant aux tribunaux, les magistrats ne sont sans doute pas tous des communistes, mais parfois les Italiens ont l'impression - certainement exagéré mais compréhensible - que tous les juges sont des communistes.

C'est quand même autre chose que les simplifications de notre "blogueur" français.
J'invite donc mes lecteurs à lire l'article "incriminé" en entier (Enquête sur le "berlusconisme").
Personne ne les oblige à être d'accord.
Mais au moins, ils sauront que l'opinion exprimée est respectable. Et que Massimo Introvigne, lui, parle de ce qu'il connaît.

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