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Scola, le Pape, et la nouvelle évangélisation

José Luis Restàn commente la nommination du Cardinal Scola à Milan. Le Pape recherche en fait de nouveaux pasteurs sans complexe, capables de dialoguer, y compris avec l'islam, et de relever, sans se lamenter, le défi d'un monde déchristianisé. Traduction de Carlota. (7/7/2011).

-> Texte en espagnol: http://www.paginasdigital.es/...
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Milan, et quelque chose de plus
José Luis Restán
05/07/2011
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Le Pape a adressé un signal fort en envoyant à Milan le cardinal Angelo Scola. Et il l’a fait conscient du nuage médiatique que cela devait soulever et des mauvaises humeurs cléricales pas des moins nombreuses. Il l’a fait, c’est vrai aussi, après avoir eu la confirmation que Scola, au-delà des idées reçues idéologiques et des insultes grossières, bénéficie d’un large et solide prestige au sein de l’épiscopat italien et au niveau du Collège des cardinaux.

Bien sûr il existe des clefs strictement milanaises à cette nomination, qui ont à voir avec le désir d’une contribution plus active de ce macro-diocèse, riche en histoire, en charismes et en œuvres sociales, mais bureaucratisé à l’excès et quelque peu dilettante au moment d’assimiler les impulsions des deux derniers pontificats (ndt: Tettamanzi, et Martini!!).
Loin du schématisme grossier dont certains usent ces jours-ci, le fait que Scola se soit forgé à l’école de don Giussani (le fondateur du mouvement « Communion et Libération ») lui permettra de mettre en valeur la richesse multiple du diocèse, sans générer ni stériles oppositions ni factions. Un bon connaisseur de ce monde particulier me disait il y a quelques jours que « Scola est le seul capable de parler avec tous » et de le faire efficacement, c'est-à-dire, en rassemblant dans un projet commun.

Mais j’ai l’impression que le Pape ne pense pas qu’à Milan.
Il est en train de chercher des pasteurs pour conduire la nouvelle évangélisation
(rappelons-nous que la création du nouveau Conseil Pontifical fut une suggestion de Scola lui-même) dans un contexte qui sera de plus en plus difficile dans les prochains lustres, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental. Des évêques qui représentent une nouvelle façon d’être, avec sympathie et sans complexe, au milieu d’une société soumise à une déchristianisation croissante, dans laquelle les prétentions de l’ingénierie sociale de la part de l’État s’étendront, où le fossé entre la culture de masse et la tradition chrétienne se fera encore plus grand, où les remparts de la protection légale et culturelle pour quelques valeurs essentielles vont se fissurer quand ce n’est pas disparaître. Un contexte dans lequel la simple dénonciation des agressions laïcistes ou l’invocation puissante d’une histoire chrétienne pleine de splendeurs ne sert plus. Il faudra un témoignage audacieux des raisons incarnées dans la vie, une construction tenace dans un tissu de présence sociale et une éducation patiente de la communauté chrétienne elle-même.

Je crois que le Pape a pensé au cardinal Scola précisément parce qu’il incarne une forme de réponse à tout cela.
C’est quelque chose qui se dégage, par exemple, de ses réponses lors d’une récente interviewe publiée par la revue Inside the Vatican . (ndlr : il s’agit de l’interviewe qui a été traduite en italien sur le site vatican insider ici)

C’est là que se situe le plus grand risque aujourd’hui : que l’homme se considère uniquement comme une expérience en soi, qu’il se pense lui-même libéré de tout lien. « Cela annule, ajoutait encore le Patriarche de Venise, l’échange intergénérationnel, cela annule l’éducation dans le sens propre du terme, et déchaîne beaucoup de phénomènes que nous voyons dans les transformations anthropologiques et dans les façons de comprendre la sexualité, l’amour, la paternité ou le travail ».

Pour affronter la mission (toujours ancienne et toujours nouvelle) il faut connaître l’homme et le temps dans lequel on vit. Quelque chose qui ne peut être donné pour acquis. Malgré toutes les zones d’ombre, Scola reconnaît dans ce contexte une possibilité très spéciale pour l’annonce chrétienne, étant donné que nous traversons une circonstance où les thèmes de la liberté et du bonheur dominent. Précisément là, l’expérience chrétienne peut montrer toute sa capacité de réponse. Néanmoins le nouvel archevêque de Milan introduit une nuance intéressante : « Quand la proposition chrétienne est libérée (surtout en Europe et dans l’hémisphère nord) de tout ce qui exerce des pressions sur elle… et se met à se proposer de nouveau dans sa jeune simplicité, comme une rencontre avec une humanité rendue complète par le Christ, alors elle se fait plus significative que jamais ».

Á un moment de l’entretien, le cardinal Scola affirme que récupérer le lien entre la foi et la vie, comprendre combien la foi est significative pour la vie (affective, au niveau du travail, de la société…), est un problème essentiel. Pour résoudre ce problème, il avertit : « On a besoin de relations, on ne peut résoudre les choses individuellement, on a besoin d’un communauté vivante de personnes qui peuvent faire connaître leurs expériences ».

Un autre aspect essentiel pour cette nouvelle forme de présence c’est le dialogue avec ceux qui sont différents : « La nécessité du dialogue est intrinsèque à l’expérience chrétienne…un dialogue effectif requiert d’engager ma foi d’une façon dynamique, il implique une identité mais une identité dynamique…et ce nous amène à la question centrale : qu’est-ce que le christianisme ? » (ndt: il faut rappeler que le cardinal Scola est l'initiateur du think tank Oasis, voué en particulier au dialogue avec l'islam, voir entre autre ici: Scola, l'immigration et le style chrétien ).

Scola l’explique avec sa façon originale de communiquer : « c’est l’Évènement du Christ, que se donne comme cadeau à l’humanité pour être Chemin, Vérité et Vie, et pour cela il est entièrement ouvert au dialogue…Le christianisme implique un enseignement et une doctrine morale, mais incarnée dans la vie d’une personne et dans la vie d’une communauté…Par conséquent, si nous pratiquons la vie chrétienne comme ce qu’elle est (la bonne vie que documente et dont rend témoignage l’Évangile) alors nous pouvons aller dialoguer avec tous ».

Pari risqué que celui de Milan, disent certains.
Peut-être qu’est en jeu quelque chose de plus que les questions internes à ce diocèse lombard complexe. Ce qui est en jeu c’est que la nouvelle évangélisation, soit quelque chose de plus qu’un exténuant programme ou un slogan voyant.
Ce sont des figures nécessaires qui s’exposent et montrent le courage, la rationalité et la beauté de la foi dans un vingt-et-unième siècle plein d’inconnus. Et qui le font sans peur et sans mauvaise humeur. Scola peut être l’un de ceux-là, et montrer un chemin.


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