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La voix du Pape


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Messages de Croatie

... à l'Europe, aux familles, aux jeunes, au clergé. Les temps forts (6/5/2011)

L’Europe, la société sécularisée, la famille (menacée), la jeunesse, l'éducation, la "liberté de conscience", et l’exemple encore actuel du Bienheureux Alojzije Stepinac (le Saint-Père n'a pas craint de s'attirer les foudres de la censure médiatique, pour confirmer son hommage à cette figure "contestée!).
Tout ce qui avait été prévu, en somme, mais exprimé de façon toujours nouvelle, avec des moments fulgurants, comme la réflexion sur la Conscience, justement, devant la société civile, au Théâtre de Zagreb. Et des moments plus intimes, et très émouvants, où le pasteur laisse parler son cœur ("Chers jeunes croates, je vous embrasse tous comme des fils et des filles ! Je vous porte dans mon cœur et je vous donne ma Bénédiction") .

J'ai essayé de faire une synthèse thématique, mais je n'y suis pas parvenue de façon satisfaisante: les différents thèmes se recoupent, de sorte que pour tenir compte de leur étroite imbrication, il faudrait au moins un tableau à double entrée!
Je m'en tiens donc à la chronologie.

Le mieux évidemment, c'est de lire les discours dans leur intégralité, ici: www.vatican.va/...croazia_fr.htm
Les réponses du Saint-Père aux trois questions qui lui ont été posées dans l'avion (Propos dans l'avion vers Zagreb) sont une introduction idéale:


Je crois que la majorité des Croates pense essentiellement avec une grande joie à ce moment où elle rejoint l'Union européenne, parce que c'est un peuple profondément européen... c'est un peuple qui est déjà au centre de l'Europe par son histoire, sa culture, dans ce sens, je pense qu'il est logique, juste et nécessaire qu'il entre, et je pense que le sentiment dominant est celui de la joie, de vouloir être là où La Croatie est historiquement et culturellement depuis toujours. Bien sûr, on peut également comprendre un certain scepticisme si un peuple numériquement réduit entre dans cette Europe, déjà faite, déjà construite, et on peut comprendre que peut-être il y a la peur d'une bureaucratie centralisée trop forte, d'une culture nationaliste qui ne tient pas suffisamment compte de l'histoire, et de la richesse de l'histoire et aussi de la richesse de la diversité historique.
Il me semble justement que cela pourrait aussi être une mission de ces peuples qui entrent maintenant, celle de relever la diversité dans l'unité, l'identité européenne est précisément une identité dans la richesse des différentes cultures qui convergent dans la foi chrétienne, dans les grandes valeurs chrétiennes afin que cela soit à nouveau visible et efficace.

I. Aéroport international de Zagreb :

La Croatie est européenne et chrétienne. A ce double titre, intégrant l'UE, elle peut contribuer à ce que cette dernière "valorise pleinement la richesse spirituelle et culturelle" de ses racines chrétiennes
(Texte
ici)

Depuis ses origines, votre nation appartient à l’Europe et lui offre, de façon particulière, sa contribution de valeurs spirituelles et morales qui ont modelé durant des siècles la vie quotidienne et l’identité personnelle et nationale de ses fils. Les défis qui émanent de la culture contemporaine, caractérisée par la différence sociale, par le peu de stabilité, et marquée par un individualisme favorisant une vision de la vie sans obligations et la recherche continue d’«espaces privés», ces défis exigent un témoignage convaincu et un dynamisme entreprenant pour la promotion des valeurs morales fondamentales qui sont à la racine de la vie sociale et de l’identité du vieux Continent. À vingt ans de la proclamation de l’indépendance et à la veille de la pleine intégration de la Croatie dans l’Union Européenne, l’histoire passée et récente de votre pays peut offrir un motif de réflexion à tous les autres peuples du continent, en aidant chacun d’eux et tout son ensemble, à conserver et à revivifier l’inestimable patrimoine commun des valeurs humaines et chrétiennes. Puisse alors cette chère nation, forte de sa riche tradition, contribuer à ce que l’Union Européenne valorise pleinement cette richesse spirituelle et culturelle!

Face aux défis qui interpellent aujourd’hui l’Église et la société civile, j’invoque sur cette terre et sur tous ceux qui l’habitent l’intercession et l’aide du Bienheureux Alojzije Stepinac, Pasteur aimé et vénéré par votre peuple. Puisse-t-il accompagner les jeunes générations à vivre dans cet amour qui a conduit le Seigneur Jésus Christ à donner sa vie pour tous les hommes.


II. Aux représentants de la Société Civile

La conscience, condition de la démocratie et du vivre ensemble, et la famille, lieu de formation de la conscience
(Texte
ici)

(..)
[Le thème de] la conscience est transversal par rapport aux différents domaines qui y sont engagés et il est fondamental pour une société libre et juste, aussi bien au niveau national que supranational.
Je pense naturellement à l’Europe, dont la Croatie fait partie depuis toujours au point de vue historique et culturel, tandis qu’elle est sur le point d’y entrer au plan politique et institutionnel.
Eh bien, les grandes conquêtes de l’époque moderne, c’est-à-dire la reconnaissance et la garantie de la liberté de conscience, des droits humains, de la liberté de la science et donc d’une société libre, sont à confirmer et à développer en maintenant cependant la rationalité et la liberté ouvertes à leur fondement transcendant, pour éviter que ces conquêtes s’auto-annulent, comme nous devons malheureusement le constater en de nombreux cas.
La qualité de la vie sociale et civile, la qualité de la démocratie dépendent en bonne partie de ce point «critique» qu’est la conscience, de la façon dont on l’entend et de tout ce qui est investi pour sa formation.
Si la conscience, selon la pensée moderne prédominante, est réduite au domaine du subjectif, où sont reléguées la religion et la morale, la crise de l’Occident n’a pas de remède et l’Europe est destinée à la régression. Si au contraire la conscience est redécouverte comme lieu de l’écoute de la vérité et du bien, lieu de la responsabilité devant Dieu et devant les frères en humanité – qui est la force contre toute dictature – alors il y a de l’espérance pour l’avenir.

Revenons donc à la conscience comme clé de voute pour l’élaboration culturelle et pour la construction du bien commun.
C’est dans la formation des consciences que l’Église offre à la société sa contribution la plus personnelle et la plus précieuse. Une contribution qui commence dans la famille et qui trouve un important renforcement dans la paroisse, où les enfants et les adolescents, et ensuite les jeunes apprennent à approfondir les Saintes Écritures, qui sont le «grand code» de la culture européenne; et en même temps ils apprennent le sens de la communauté fondée sur le don, non sur l’intérêt économique ou sur l’idéologie, mais sur l’amour, qui est «la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière» (Caritas in veritate, n. 1).
Cette logique de la gratuité, apprise dans l’enfance et dans l’adolescence, se vit ensuite dans tous les domaines, dans le jeu et dans le sport, dans les relations interpersonnelles, dans l’art, dans le service volontaire des pauvres et de ceux qui souffrent. Une fois assimilée, elle peut se décliner dans les domaines plus complexes de la politique et de l’économie, participant à la construction d’une cité (polis) qui soit accueillante et hospitalière, et en même temps qui ne soit pas vide, ni faussement neutre, mais riche de contenus humains, à la forte consistance éthique. C’est ici que les fidèles laïcs (christifideles laici) sont appelés à user généreusement de leur formation, guidés par les principes de la Doctrine sociale de l’Église, pour une authentique laïcité, pour la justice sociale, pour la défense de la vie et de la famille, pour la liberté religieuse et la liberté d’éducation..

III. Veillée de prière avec les jeunes.

"Ne vous laissez pas séduire par les tentations faciles. Jésus est la vraie réponse à votre recherche".
(Texte
ici)

Je suis particulièrement heureux d’être avec vous sur cette place historique qui est le cœur de la ville de Zagreb. C’est un lieu de rencontres et d’échanges, où prévalent souvent les bruits et les mouvements de la vie quotidienne. Maintenant, votre présence la transforme presqu’en un « temple », dont la voûte est le ciel lui-même qui, ce soir, semble se pencher sur nous. Dans le silence, nous voulons accueillir la Parole de Dieu qui a été proclamée afin qu’elle illumine nos esprits et réchauffe nos cœurs.

Nous savons tous que dans le cœur de tout homme demeure un fort désir de bonheur. Toute action, tout choix, toute intention renferme en soi cette exigence intime et naturelle. Toutefois, très souvent, nous nous rendons compte que nous avons mis notre confiance en des réalités qui ne satisfont pas ce désir, bien plus, qui montrent toute leur précarité. Et c’est en ces moments que nous expérimentons le besoin de quelque chose qui va « au-delà », qui donne un sens à notre vie quotidienne.
Chers amis, votre jeunesse est un temps que le Seigneur vous donne pour découvrir le sens de l’existence ! C’est le temps des grands horizons, des sentiments vécus avec intensité, mais aussi des peurs pour les choix qui engagent et qui sont durables, des difficultés dans les études et dans le travail, des interrogations sur le mystère de la douleur et de la souffrance.
Plus encore, ce temps merveilleux de votre vie porte en lui une aspiration profonde, qui n’annule pas tout le reste mais l’élève pour lui donner sa plénitude. Dans l’Évangile de Jean, Jésus dit en s’adressant à ses premiers disciples : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38).
Chers jeunes, cette parole, cette question franchit le temps et l’espace, elle interpelle tout homme et toute femme qui s’ouvre à la vie et cherche la juste route… Et voici ce qui est surprenant : la voix du Christ vous répète à vous aussi : « Que cherchez-vous ? ». Jésus vous parle aujourd’hui à travers l’Évangile et l’Esprit Saint, il est votre contemporain. C’est lui qui vous cherche, encore avant que vous ne le cherchiez ! Respectant pleinement votre liberté, il s’approche de chacun de vous et il se propose comme la réponse authentique et décisive à cette aspiration qui vous habite, au désir d’une vie qui vaille la peine d’être vécue. Laissez-le vous prendre par la main ! Laissez-le s’introduire toujours plus comme un ami et un compagnon de route ! Faites-lui confiance, il ne vous décevra jamais !
...
Chers jeunes amis, ne vous laissez pas désorienter par des promesses alléchantes de succès faciles, de styles de vie qui privilégient le paraître au détriment de l’intériorité. Ne cédez pas à la tentation de mettre votre confiance entière dans l’avoir, dans les choses matérielles, en renonçant à découvrir la vérité qui va au-delà, comme une étoile haut dans le ciel, là où le Christ veut vous conduire. Laissez-vous conduire vers les hauteurs de Dieu !

Chers jeunes croates, je vous embrasse tous comme des fils et des filles ! Je vous porte dans mon cœur et je vous donne ma Bénédiction. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur » ! Que sa joie, la joie du véritable amour, soit votre force. Amen. Que Jésus et Marie soient loués !

IV. Messe pour les familles

La mission confiée aux familles catholiques. La "feuille de route" exigeante que leur confie le Saint-Père.
(Texte
ici)

Il est bien connu de tous que la famille chrétienne est un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation….La famille chrétienne a toujours été la première voie de transmission de la foi et elle conserve aujourd’hui de grandes possibilités pour l‘évangélisation dans de multiples domaines.
(..)
Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente.
Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie.
Nous sommes appelés à contester une telle mentalité !

Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants.
Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, 'petites Églises domestiques' »

V. Vêpres avec les religieux

.. et prière sur la tombe de Alojzije Stepinac.
Hommage appuyé au Bienheureux. Les deux totalitarismes athées sont renvoyés dos à dos:
(Texte
ici)

Ce soir, nous voulons faire mémoire avec dévotion et dans la prière du Bienheureux Alojzije Stepinac, pasteur intrépide, exemple de zèle apostolique et de fermeté chrétienne, dont l’existence héroïque illumine encore aujourd’hui les fidèles des Diocèses croates, soutenant la foi et la vie ecclésiale. Les mérites de cet inoubliable Évêque dérivent essentiellement de sa foi: dans sa vie, il a toujours tenu son regard fixé sur Jésus, se conformant toujours à Lui, au point de devenir une image vivante du Christ, dans sa souffrance aussi. C’est justement à cause de sa solide conscience chrétienne qu’il a su résister à tout totalitarisme, devenant au temps de la dictature nazie et fasciste le défenseur des juifs, des orthodoxes et de tous les persécutés, et puis, dans la période du communisme, «avocat» de ses fidèles, spécialement de tant de prêtres persécutés et tués. …

Le Bienheureux Alojzije Stepinac a répondu par son sacerdoce, par son épiscopat, par le sacrifice de sa vie: un unique «oui» uni à celui du Christ. Son martyre marque le sommet des violences perpétrées contre l’Église durant la terrible période de la persécution communiste. Les catholiques croates, en particulier le clergé, ont été l’objet de vexations et de brimades systématiques, qui visaient à détruire l’Église catholique, à partir de sa plus haute Autorité locale. Ce temps particulièrement dur a été caractérisé par une génération d’Évêques, de prêtres et de religieux prêts à mourir pour ne pas trahir le Christ, l’Église et le Pape. La population a vu que ces prêtres n’ont jamais perdu la foi, l’espérance, la charité, et sont aussi restés toujours unis. Cette unité explique ce qui est humainement inexplicable: qu’un régime aussi dur n’ait pu soumettre l’Église.
(…)
Chers Frères, adhérer au Christ signifie «rester fidèle à sa parole» en toute circonstance. A ce propos, le Bienheureux Cardinal Stepinac s’exprimait ainsi: «Un des plus grand maux de notre temps est la médiocrité dans les questions de la foi. Ne nous faisons pas d’illusions… Ou nous sommes catholiques ou nous ne le sommes pas. Si nous le sommes, il faut que cela se manifeste dans tous les domaines de notre vie» (Homélie pour la Solennité des SS. Pierre et Paul, 29 juin 1943).
L’enseignement moral de l’Église, aujourd’hui souvent non compris, ne peut être séparé de l’Évangile. Il incombe vraiment aux Pasteurs de le proposer avec autorité aux fidèles, pour les aider à évaluer leurs responsabilités personnelles, l’harmonie entre leurs décisions et les exigences de la foi. De cette façon, on progressera dans le «tournant culturel» nécessaire pour promouvoir une culture de la vie et une société à la mesure de l’homme.

Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ! Le Saint-Père résume son voyage en Croatie