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La voix du Pape


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Nouvelle évangélisation

Hier soir, Benoît XVI a ouvert à la Basilique saint Jean de Latran le congrès ecclésial marquant la fin de l'année pastorale du diocèse de Rome. Le thème du congrès était: "La joie de transmettre la foi dans l'Eglise de Rome". Ma traduction du discours du Saint-Père - qui s'adressait à nous tous! (15/6/2011)

-> Texte en italien: Vatican
-> Images ci-dessous (et bien d'autres!): Benedetto XVI Forum

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Sans doute en tenant compte des récentes enquêtes sociologiques selon lesquelles, y compris en Italie, le nombre de personnes - surtout des jeunes - qui connaissent les vérités fondamentales de la foi diminue; du large débat en cours, y compris dans l'Eglise sur les nouvelles formes de l'athéisme, qui est l'indifférence à la religion plutôt que sa négation; et des nombreux signes de décadence morale et civile, le Pape a de nouveau proposé la nouvelle évangélisation comme seul remède à la crise. Il n'y a pas de raccourcis: ou bien on recommence à former des chrétiens, à commencer par les enfants et les jeunes, ou bien la crise actuelle ne connaîtra aucune issue.
(Massimo Introvigne )

Discours du Saint-Père

Chers frères et sœurs!

Avec gratitude au Seigneur, nous sommes dans cette basilique de Saint-Jean de Latran pour l'ouverture de la convention annuelle du Congrès diocèsain. Rendons grâce à Dieu qui nous permet ce soir de faire nôtre l'expérience de la première communauté chrétienne, laquelle "n'avait qu'un cœur et qu'une âme" ( Actes 4:32). Je remercie le Cardinal-Vicaire pour les paroles qu'il m'a si courtoisement et cordialement adressées au nom de vous tous, et je vous salue tous cordialement, vous assurant de mes prières pour vous et pour ceux qui ne peuvent pas être ici pour partager cette étape importante de la vie de notre diocèse, en particulier ceux qui vivent des moments de souffrance physique ou spirituelle.

J'ai été heureux d'apprendre qu'en cette année pastorale, vous avez commencé à mettre en œuvre les indications qui ont émergé lors du Congrès de l'année dernière, et j'ai confiance qu'à l'avenir aussi, chaque communauté, en particulier paroissiale poursuivra ses efforts pour soigner toujours mieux, avec l'aide offerte par le diocèse, la célébration eucharistique, en particulier celle du dimanche, préparant de façon adéquate les opérateurs pastoraux, et s'employant afin que le Mystère de l'autel soit de plus en plus vécu comme la source où puiser la force d'un témoignage plus efficace de la charité, qui renouvelle le tissu social de notre ville.

Le thème de cette nouvelle étape de vérification (Ndt: verifica. Comment traduire? confirmation?) pastorale, "La joie de transmettre (d'engendrer à) la foi dans l'Eglise de Rome - L'initiation chrétienne", se relie au chemin déjà parcouru. En effet, depuis de nombreuses années désormais, notre diocèse est engagé dans la réflexion sur la transmission de la foi. Je me souviens que précisément dans cette Basilique, dans un discours au cours du Synode romain, j'ai cité quelques mots que m'avait écrit Hans Urs von Balthasar dans une petite lettre: "La foi ne doit pas être présupposée, mais proposée". Et il en est vraiment ainsi. La foi ne se conserve pas d'elle-même dans le monde, elle ne se transmet automatiquement au cœur de l'homme, mais elle doit être toujours annoncée. Et l'annonce de la foi, à son tour, pour être efficace doit partir d'un cœur qui croit, espère, aime, un cœur qui adore le Christ et croit en la force de l'Esprit Saint! C'est ce qui s'est passé dès le début, comme nous le rappelle l'épisode biblique choisi pour éclairer la vérification pastorale. Il est tiré du chapitre II des Actes des Apôtres, où saint Luc, immédiatement après avoir narré l'événement de la descente de l'Esprit Saint à la Pentecôte, rapporte le premier discours que saint Pierre adressa à tous. La profession de foi placée à la fin du discours - "Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié" ( Actes 2,36) - est la bonne nouvelle que depuis des siècles l'Eglise ne cesse de répéter à chaque homme.

A cette annonce - lisons-nous dans les Actes des Apôtres - tous "sentirent leur coeur transpercé" (2:37). Cette réaction fut certainement générée par la grâce de Dieu: tous comprirent que cette proclamation réalisait les promesses et faisait désirer à chacun la conversion et le pardon de ses propres péchés. Les paroles de Pierre ne se limitaient pas à une simple annonce des faits, elles en montraient le sens, reliant l'histoire de Jésus aux promesses de Dieu, aux attentes d'Israël et, par conséquent, à celles de chaque homme. Les habitants de Jérusalem, comprirent que la résurrection de Jésus a pu et peut éclairer l'existence humaine. Et en effet, de cet événement est née une nouvelle compréhension de la dignité de l'homme et de son destin éternel, de la relation entre homme et femme, du sens ultime de la douleur, de l'engagement dans la construction de la société. La réponse de la foi commence quand l'homme découvre, par la grâce de Dieu, que croire signifie trouver la vraie vie, la "vie pleine". L'un des grands Pères de l'Église, saint Hilaire de Poitiers, a écrit qu'il était devenu croyant au moment où il a compris, en écoutant l'Évangile, que, pour une vie vraiment heureuse, ni la possession, ni la jouissance paisible des choses n'étaient suffisantes, et qu'il y avait quelque chose de plus important et de plus précieux : la connaissance de la vérité et la plénitude de l'amour donné par le Christ (cf. De Trinitate 1,2).

Chers amis, l'Église, chacun de nous, doit apporter au monde cette Bonne Nouvelle que Jésus est le Seigneur, Celui en qui la proximité et l'amour de Dieu pour chaque homme et femme individuel, et pour l'humanité toute entière, se sont faits chair . Cette annonce doit résonner à nouveau dans les régions d'ancienne tradition chrétienne. Le Bienheureux Jean-Paul II a parlé de la nécessité d'une nouvelle évangélisation adressée à ceux qui, bien qu'ayant déjà entendu parler de la foi, n'apprécient plus, ne connaissent plus la beauté du christianisme, et même, parfois, le considérent comme un obstacle pour atteindre la félicité. C'est pourquoi, aujourd'hui, je tiens à répéter ce que j'ai dit aux jeunes lors de Journée mondiale de la jeunesse de Cologne : "Le bonheur que vous cherchez, le bonheur que vous avez le droit de goûter a un nom et un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l'Eucharistie !"

Si les gens oublient Dieu, c'est aussi souvent parce qu'on réduit la personne de Jésus à un homme sage, et la divinité s'en trouve affaiblie, sinon niée. Cette façon de penser empêche de saisir la nouveauté radicale du christianisme, parce que si Jésus n'est pas le Fils unique du Père, alors Dieu n'est pas non plus venu visiter l'histoire de l'homme, nous n'avons que des idées humaines de Dieu.
L'incarnation, au contraire, appartient au cœur de l'Evangile! Par conséquent, l'engagement croît d'une saison renouvelée d'évangélisation, qui est la tâche non seulement de quelques-uns, mais de tous les membres de l'Eglise. L'évangélisation nous dait savoir que Dieu est proche: Dieu nous est montré. En cette heure de l'histoire, n'est-ce pas la mission que le Seigneur nous confie: annoncer la nouveauté permanente de l'Évangile, comme Pierre et Paul quand ils sont venus dans notre ville? Ne devons-nous pas nous aussi montrer la beauté et le caractère raisonnable de la foi, porter la lumière de Dieu à l'homme de notre temps, avec courage, avec conviction, avec joie?
Nombreuses sont les personnes qui n'ont pas encore rencontré le Seigneur: à eux doit être réservé un soin pastoral particulier. En plus des enfants et des jeunes de familles chrétiennes qui demandent à parcourir les itinéraires de l'initiation chrétienne, il y a des adultes qui n'ont pas reçu le baptême, ou qui se sont éloignés de la foi et de l'Eglise. Il s'agit d'une attention pastorale aujourd'hui plus urgente que jamais, qui demande de nous engager avec confiance, soutenus par la certitude que c'est la grâce de Dieu qui opère toujours, aujourd'hui encore, dans le cœur de l'homme. J'ai moi-même la joie de baptiser chaque année au cours de la Veillée pascale, des jeunes et des adultes, et de les incorporer dans le Corps du Christ, en communion avec le Seigneur, et donc en communion avec l'amour de Dieu

Mais qui est le messager de cette bonne nouvelle? C'est assurément chaque baptisé. Par-dessus tout ce sont les parents, à qui incombe la tâche de demander le baptême pour leurs enfants. Combien est grand ce don que la liturgie appelle "porte de notre salut, début de la vie dans le Christ, source de l'humanité nouvelle" ( Préface du baptême )! Tous les papas et les mamans sont appelées à coopérer avec Dieu pour transmettre le don inestimable de la vie, mais aussi pour faire connaître Celui qui est la Vie, et la vie n'est pas réellement transmise, si on ne connaît pas le fondement et la source même de la vie . Chers parents, l'Eglise, comme une mère attentionnée, vous soutient dans cette tâche importante. Dès leur jeune âge, les enfants ont besoin de Dieu, parce que l'homme a besoin de Dieu, dès le début, et ils ont la capacité de percevoir sa grandeur; ils savent apprécier la valeur de la prière - du parler avec Dieu - et les rites, de même que percevoir la différence entre le bien et le mal. Sachez donc les accompagner dans la foi, dans cette connaissance de Dieu, dans cette amitié avec Dieu, cette connaissance de la différence entre le bien et le mal. Accompagnez-les dans la foi dès l'âge le plus tendre.

Et comment cultiver ensuite le germe de la vie éternelle au fur et à mesure que l'enfant grandit? Saint Cyprien nous rappelle: "Nul ne peut avoir Dieu pour Père s'il n'a pas l'Eglise comme mère". Et c'est pourquoi nous ne disons pas mon Père, mais notre Père, parce que seulement dans le «nous» de l'Église, des frères et des sœurs, nous sommes des enfants. Depuis toujours, la communauté chrétienne a accompagné la formation des enfants et des jeunes, en les aidant non seulement à comprendre avec l'intelligence les vérités de la foi mais aussi à vivre des expériences de prière, de charité et de fraternité. La parole de la foi risque de rester muette, si elle ne trouve pas une communauté qui la met en pratique, la rendant vivante et attractive, comme expérience de la vie réelle. Aujourd'hui aussi, les conférenciers, les camps d'été, les petites et grandes expériences de service, sont une aide précieuse pour les adolescents qui accomplissent le chemin de l'initiation chrétienne, à mûrir un engagement de vie cohérent. J'encourage donc, à parcourir cette route qui fait découvrir l'Évangile non pas comme une utopie, mais comme la forme pleine et réelle de l'existence. Tout cela doit être proposé en particulier à ceux qui se préparent à recevoir le sacrement de confirmation, afin que le don de l'Esprit Sain confirme la joie d'avoir été engendré fils de Dieu. Je vous invite donc à vous consacrer avec passion à la redécouverte du sacrement, afin que ceux qui sont déjà baptisés puissent recevoir en don de Dieu, le sceau de la foi et deviennent pleinement témoins du Christ.

Pour que tout cela soit efficace et porte ses fruits, il est nécessaire que la connaissance de Jésus croisse et se prolonge au-delà de la célébration des sacrements. Telle est la tâche de la catéchèse
, comme l'a rappelé le Bienheureux Paul II John , qui écrivit: "Le caractère spécifique de la catéchèse, à la différence de la première annonce de l'Evangile, qui a donné lieu à la conversion, a le double objectif de faire mûrir la foi initiale et d'éduquer le vrai disciple du Christ à travers une meilleure compréhension et une utilisation plus systématique de la personne et du message de notre Seigneur Jésus Christ".
La catéchèse est une action ecclésiale et il est donc nécessaire que les catéchistes enseignent et témoignent la foi de l'Eglise et non une interprétation personnelle. C'est précisément pour cela qu'a été réalisé le Catéchisme de l'Église catholique, qu'idéalement, ce soir, je remets à chacun de vous, afin que l'Eglise de Rome puisse s'engager avec une joie renouvelée dans l'éducation à la foi. La structure du Catéchisme découle de l'expérience de catéchuménat de l'Eglise des premiers siècles et reprend les éléments fondamentaux qui font d'une personne un chrétien: la foi, les sacrements, les commandements, le Notre Père.

Pour tout cela, il est nécessaire aussi d'éduquer au silence et à l'intériorité. J'ai confiance que dans les paroisses de Rome, les itinéraires d'initiation chrétienne éduquent à la prière, afin qu'elle imprègne la vie et aide à trouver la vérité qui habite nos cœurs. Et nous la trouvons réellement dans le dialogue personnel avec Dieu. La fidélité à la foi de l'Église, ensuite, doit être combinée avec une "créativité catéchétique" qui prenne en compte le contexte, la culture et l'âge des destinataires. Le patrimoine d'histoire et d'art que possède Rome est une autre façon d'amener les gens à la foi: beaucoup nous parle de la réalité de la foi ici, à Rome. Je vous invite tous à tirer profit dans la catéchèse de ce "chemin de la beauté" qui mène à Celui qui est, selon Saint Augustin, Beauté très ancienne et toujours nouvelle.

Chers frères et sœurs, je vous remercie pour votre service précieux et généreux dans cette oeuvre fascinante de l'évangélisation et de la catéchèse. N'ayez pas peur de pous engager pour l'Evangile! Malgré les difficultés rencontrées pour concilier les exigences de la famille et du travail avec les communautés dans lesquelles vous accomplissez votre mission, confiez-vous toujours en la Vierge Marie, Etoile de l'Evangélisation. Que le Bienheureux Jean-Paul II , qui, jusqu'à la fin se prodiga pour annoncer l'Évangile dans notre ville et aima les jeunes d'une affection particulière, intercède pour nous auprès du Père.
En vous assurant de ma prière constante, je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique à tous. Je vous remercie de votre attention.

Benoît XVI aux tsiganes: le discours d'un Père Saint-Marin (III): les homélies du matin