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L’enseignement de Benoît XVI en Allemagne

Mon ami Yves Daoudal m'autorise aimablement à reproduire les pages qu'il a consacrées à la visite de Benoît XVI en Allemagne dans son bulletin Daoudal Hebdo (n°141) (6/10/2011)

Il s'agit, dit-il, du résultat de sa "réflexion personnelle sur les 16 discours prononcés par Benoît XVI au cours du voyage le plus dense de son Pontificat", qu'il voit comme "autant d’éléments d’un puzzle qui forment un enseignement unique et structuré, étant entendu que « l’image » n’est pas découpée arbitrairement, mais que chaque élément a été conçu dans un but très précis".

Et il prend soin de préciser: "On ne doit voir dans cet article que l’état actuel de ma réflexion personnelle sur ce sujet difficile".

C'est vrai aussi que la richesse des contenus laissait sur le moment à court de mots, et rendait difficile de réagir à chaud, même si beaucoup on tenté l'exercice, (car, comme l'a souligné Massimo Introvigne, beaucoup de discours ne pouvaient se comprendre que dans une perspective plus large, et à la lecture d'autres qui les avaient précédés) sauf à écrire ce qu'on avait envie que le Saint-Père dise, plutôt que ce qu'il avait dit effectivement. On en a eu beaucoup d'exemples, avec entre autre "le pape vert", et "Luther réhabilité" .

La conclusion est le lien avec la prochaine rencontre d'Assise:

"Chez Benoît XVI, il y a une corrélation très forte entre Assise et la liberté religieuse, dans ce sens précis : il faut défendre le fait religieux, quel qu’il soit, face à l’oubli de Dieu qui entraîne le monde à la ruine, et l’Eglise catholique, parce qu’elle est l’Eglise fondée par le Fils de Dieu, et parce qu’elle connaît la prière qui pénètre le cœur de Dieu, a une responsabilité toute particulière. Et c’est pourquoi le pape demande avec tellement de force aux catholiques de retrouver toute la foi catholique : en ce sens, Assise est le contraire du relativisme."

Yves Daoudal s'est donc laissé le temps de la réflexion. Une réflexion qui doit se poursuivre pour nous aussi.
Les passages en gras sont de moi.

Rappelons que tous les discours du Pape sont disponibles en français ici: Site du Vatican.

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L’enseignement de Benoît XVI en Allemagne



Le voyage de Benoît XVI en Allemagne a été le plus dense de son pontificat jusqu’ici : il a prononcé 16 discours, soit 4 par jour en moyenne, sans compter les simples salutations ni l’introduction à l’Angélus. L’ensemble de ces discours pourrait faire l’objet d’une thèse, qui les étudierait comme autant d’éléments d’un puzzle qui forment un enseignement unique et structuré, étant entendu que « l’image » n’est pas découpée arbitrairement, mais que chaque élément a été conçu dans un but très précis.
En réalité il y a même plusieurs niveaux dans ce puzzle, qui forme plusieurs « images ». Le point commun est ecclésiologique. Une ecclésiologie dans la ligne de Vatican II, qui approfondit Vatican II, et qui est l’explication que donne Benoît XVI aux réunions d’Assise. C’est du moins ce que j’y vois : malgré les nombreuses citations du pape et l’apparence démonstrative du propos, on ne doit voir dans cet article que l’état actuel de ma réflexion personnelle sur ce sujet difficile.

Le « respect réciproque »


Comme le Concile, le pape s’adresse aux adeptes des religions non chrétiennes. En l’occurrence, aux musulmans. Et que leur dit-il ? Il leur rappelle que « l’Eglise catholique s’engage fermement pour que soit donnée la juste reconnaissance à la dimension publique de l’appartenance religieuse ». Mais il ajoute immédiatement la nécessité du « respect envers l’autre », un respect réciproque qui « grandit seulement sur la base de l’entente sur quelques valeurs inaliénables, propres à la nature humaine, surtout l’inviolable dignité de toute personne en tant que créature de Dieu ». Cela implique d’avoir une définition de la personne qui corresponde à la définition chrétienne qui est devenue la définition occidentale. Or il n’y a rien de tel en islam, au point que les chrétiens arabophones ont dû emprunter un mot araméen pour désigner le concept de personne. Les musulmans doivent donc se poser la question de la personne pour qu’il y ait respect réciproque. Lequel respect s’exerce dans un « cadre de référence commun », qui est représenté, poursuit le pape, par la Constitution. Les musulmans qui vivent en Allemagne doivent eux aussi respecter la Constitution allemande. Elle a certes été rédigée par des chrétiens, mais les valeurs sur lesquelles elle se fonde sont des valeurs universelles. Et le pape « pense » que « sur cette base une collaboration féconde est possible ». Non pas sur le plan religieux, assurément, mais dans « de nombreux secteurs cruciaux de la vie sociale, comme « la sauvegarde de la famille fondée sur le mariage, le respect de la vie dans toutes les phases de son évolution naturelle ou la promotion d’une plus grande justice sociale ». Les points sur lesquels il y a souvent une alliance entre le Saint Siège, les rares pays encore catholiques dans leurs gouvernements, et les pays musulmans, dans les instances internationales. (1)

Assise


Et c’est alors que Benoît XVI évoque la « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » qu’il organise à Assise le 27 octobre, pour les 25 ans de la première réunion de ce type : « Par ce rassemblement nous voulons montrer, avec simplicité, que, en hommes religieux, nous offrons notre contribution particulière pour la construction d’un monde meilleur, reconnaissant en même temps la nécessité, pour l’efficacité de notre action, de progresser dans le dialogue et dans l’estime réciproque. »
Il est notable que ce discours aux musulmans est le seul où Benoît XVI évoque explicitement Assise. C’est que c’est son seul discours à des représentants de religions non chrétiennes (hors judaïsme, qui est un cas particulier). Assise est un événement ad extra. Ce n’est pas un événement interne à l’Eglise catholique, c’est une manifestation de l’Eglise catholique vers le monde, avec la collaboration de représentants d’autres courants religieux.
Il n’empêche que tous ses autres discours sont orientés par ce thème. Au fur et à mesure qu’on se rapprochera de l’Eglise catholique, le discours sera plus précis, dans toute la mesure où des connexions peuvent être mises en évidence.

« Non, le mal n’est pas une bagatelle »


Aux juifs, Benoît XVI parle du « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », qui est aussi le « Dieu de Jésus-Christ et des personnes croyant en lui » (2). Or, « avec le refus du respect pour ce Dieu unique se perd toujours aussi le respect pour la dignité de l’homme », comme on l’a vu avec le nazisme. Sous-entendu : comme on le voit aussi aujourd’hui sous d’autres formes, car si Hitler était une « idole païenne » il y en a bien d’autres aujourd’hui, et tous ceux qui croient au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob doivent se rapprocher dans le dialogue : « Dans une société toujours plus sécularisée, ce dialogue doit renforcer la commune espérance en Dieu. Sans cette espérance la société perd son humanité. » Et ceci est un leitmotiv de ses discours en Allemagne (et pas seulement en Allemagne).

Le discours de Benoît XVI aux protestants a doublement surpris. Il a surpris les journalistes qui attendaient une « ouverture » œcuménique du pape, or il a été muet sur ce point, ce qu’ils considèrent comme une mauvaise manière… Comme si le pape pouvait effacer les énormes désaccords doctrinaux qui empêchent toute intercommunion… Et il a surpris tout le monde en faisant… un éloge de Luther. De Luther qui « se mit en marche vers le sacerdoce dans l’Ordre de saint Augustin », avec cette question : « Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? »
Or, constate le pape, plus personne ne se préoccupe de la question de Dieu, même parmi les chrétiens. Pour la plupart des gens, Dieu ne s’occupe plus de nos péchés, il est généreux, et à la fin il ignorera nos petites fautes. Or le monde aujourd’hui est dévasté par divers fléaux, par nos péchés qui ne sont donc pas si petits. « Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie. » Ainsi la « question brûlante » de Luther doit-elle devenir notre question, de façon réelle.


Ce que nous avons en commun


Certes, c’était une façon de dire aux protestants : vous avez oublié ce qui était important chez Luther.
Mais le pape vise aussi les catholiques (Luther était catholique, « vers le sacerdoce », quand il a commencé à se poser cette question). Les uns et les autres se sont mis à oublier l’essentiel. Benoît XVI sait bien qu’avec un tel discours il ne répond pas à l’attente. Et il le dit : « Qu’a à voir tout cela avec notre situation œcuménique ? Tout cela n’est peut-être seulement qu’une tentative d’éluder, avec tant de paroles, les problèmes urgents dans lesquels nous attendons des progrès pratiques, des résultats concrets ? » Et il répond : « La chose la plus nécessaire pour l’œcuménisme est par-dessus tout que, sous la pression de la sécularisation, nous ne perdions pas presque par inadvertance les grandes choses que nous avons en commun, qui en elles-mêmes nous rendent chrétiens et qui sont restées comme don et devoir. »
Ce que nous avons encore en commun permet un « engagement commun pour l’ethos chrétien face au monde, dans le témoignage commun du Dieu de Jésus-Christ en ce monde » qui ne croit plus en rien. Car « l’absence de Dieu dans notre société se fait plus pesante, l’histoire de sa Révélation, dont nous parle l’Écriture, semble reléguée dans un passé qui s’éloigne toujours davantage ».
Il faut donc en quelque sorte se serrer les coudes entre chrétiens, en rappelant ce que nous avons en commun, dans un œcuménisme concret, le véritable œcuménisme concret, qui n’est précisément pas celui des idéologues passant par profits et pertes le dogme intangible, et Benoît XVI revient sur la période nazie : « Comme les martyrs de l’époque nazie nous ont conduits les uns vers les autres, et ont suscité la première grande ouverture œcuménique, ainsi aujourd’hui encore, la foi, vécue à partir du plus profond de nous-mêmes, dans un monde sécularisé, est la force œcuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l’unité dans l’unique Seigneur. Et nous le prions afin que nous puissions apprendre à vivre la foi à neuf, et afin qu’ainsi nous puissions devenir un. »

Dans son discours lors de la célébration œcuménique, Benoît XVI insistera encore sur ce point : l’œcuménisme ne consiste pas à édulcorer la foi, mais à vivre la foi que nous avons en commun face au monde. Et il précise : « L’unité fondamentale consiste dans le fait que nous croyons en Dieu, le Père tout-puissant, le Créateur du ciel et de la terre. Que nous le professons comme le Trine – le Père, le Fils et le Saint-Esprit. L’unité suprême n’est pas solitude d’une monade mais unité par l’amour. Nous croyons en Dieu – dans le Dieu concret. Nous croyons dans le fait que Dieu nous a parlé et s’est fait l’un de nous. Témoigner de ce Dieu vivant est notre tâche commune à l’époque actuelle. (…) Naturellement, de ce témoignage fondamental rendu à Dieu, fait ensuite partie, de façon absolument centrale, le témoignage rendu à Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, qui a vécu avec nous, a souffert pour nous, est mort pour nous et, dans sa résurrection, a ouvert tout grand la porte de la mort. Chers amis, fortifions-nous dans cette foi ! Aidons-nous mutuellement à la vivre ! Ceci est une grande tâche œcuménique qui nous introduit au cœur de la prière de Jésus. »

Le dialogue œcuménique : avec les orthodoxes


Dans cette foi commune, les plus proches des catholiques sont les orthodoxes.
Benoît XVI ne s’est pas privé pas de le souligner, ce qui n’a pas été bien perçu dans un pays où il y a à peu près autant de protestants que de catholiques, mais c’est la vérité. Les journalistes ont dit que le pape avait eu envers les orthodoxes des accents de sympathie qu’il n’avait pas eu avec les protestants. Mais il ne s’agit pas de sympathie. Il s’agit de faits objectifs : « Parmi les Églises et les communautés chrétiennes, l’Orthodoxie est, sans doute, théologiquement la plus proche de nous ; catholiques et orthodoxes ont conservé la même structure de l’Église des origines ; en ce sens, nous sommes toutes “Église des origines” qui, toutefois, est toujours présente et nouvelle. Et ainsi nous osons espérer, même si humainement nous rencontrons sans cesse des difficultés, que ne soit pas pourtant si loin le jour où nous pourrons de nouveau célébrer l’Eucharistie ensemble. » Alors que les protestants qui ont gardé un semblant de structure ecclésiale, comme les luthériens, en sont à nommer des évêques femmes et homosexuelles.
C’est seulement dans son discours aux orthodoxes que le pape parle, et assez longuement, de dialogue œcuménique au niveau théologique.
Et il termine par le même appel : « Dans la tendance actuelle de notre temps, où un nombre non négligeable de personnes veulent, pour ainsi dire, “libérer” la vie publique de Dieu, les Églises chrétiennes en Allemagne - parmi lesquelles également les chrétiens orthodoxes et orthodoxes orientaux -, sur la base de la foi dans l’unique Dieu et Père de tous les hommes, marchent ensemble sur le chemin d’un témoignage pacifique pour la compréhension et la communion entre les peuples. En faisant cela, elles n’omettent pas de mettre le miracle de l’incarnation de Dieu au centre de l’annonce », ce qui implique de protéger la vie humaine et le mariage authentique.

Les structures contre la foi


Son discours le plus « dur », le pape le réservait aux catholiques allemands. Plus précisément au « Comité central des Catholiques allemands », la grosse organisation de laïcs. Il fait part d’un paradoxe : « Beaucoup de personnes manquent de l’expérience de la bonté de Dieu. Elles ne trouvent aucun point de contact avec les Églises institutionnelles et leurs structures traditionnelles. » Comment cela se fait-il ? Il répond : « En Allemagne, l’Église est organisée de manière excellente. Mais, derrière les structures, se trouve-t-il aussi la force spirituelle qui leur est relative, la force de la foi au Dieu vivant ? Sincèrement nous devons cependant dire qu’il y a excédent de structures par rapport à l’Esprit. J’ajoute : la vraie crise de l’Église dans le monde occidental est une crise de la foi. Si nous n’arrivons pas à un véritable renouvellement de la foi, toute la réforme structurelle demeurera inefficace. »
Le contact ne se fait pas par une structure, mais par la foi. Or il y a une crise de la foi… Au moment où il est urgent de vivre la foi, de témoigner la foi, dans un monde où un « relativisme subliminal pénètre tous les domaines de la vie », devient agressif envers ceux « qui disent savoir où se trouve la vérité ou le sens de la vie », et qui détruit la société en nourrissant l’individualisme.
Ainsi, la solution n’est pas dans les méga-structures impotentes, mais dans « les petites communautés, où se vivent les amitiés, qui sont approfondies dans la fréquente adoration communautaire de Dieu », où des personnes racontent leurs petites expériences de foi sur leur lieu de travail et dans le milieu de la famille ou des connaissances, témoignant, de cette façon, une nouvelle proximité de l’Église avec la société ». On reconnaît ici un thème récurrent de Benoît XVI, qu’il reprendra tout à fait à la fin de son séjour, en prenant congé : « Il y aura de petites communautés de croyants – et elles existent déjà - qui, avec leur propre enthousiasme répandront des rayons de lumière dans la société pluraliste, rendant d’autres curieux de chercher la lumière qui donne la vie en abondance. »

L’urgence


Le discours de Benoît XVI devant le Bundestag ressemble à un cours de philosophie, et c’est un cri d’alerte, une sorte de dernier avertissement :
« Là où la domination exclusive de la raison positiviste est en vigueur – et cela est en grande partie le cas dans notre conscience publique – les sources classiques de connaissance de l’ethos et du droit sont mises hors jeu. C’est une situation dramatique qui nous intéresse tous et sur laquelle une discussion publique est nécessaire; une intention essentielle de ce discours est d’y inviter d’urgence. »
Car « là ou la raison positiviste s’estime comme la seule culture suffisante, reléguant toutes les autres réalités culturelles à l’état de sous-culture, elle réduit l’homme, ou même, menace son humanité ».
Il est urgent de retrouver le « patrimoine culturel de l’Europe » : « Sur la base de la conviction de l’existence d’un Dieu créateur se sont développées l’idée des droits de l’homme, l’idée d’égalité de tous les hommes devant la loi, la connaissance de l’inviolabilité de la dignité humaine en chaque personne et la conscience de la responsabilité des hommes pour leur agir. Ces connaissances de la raison constituent notre mémoire culturelle. L’ignorer ou la considérer comme simple passé serait une amputation de notre culture dans son ensemble et la priverait de son intégralité. La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome – de la rencontre entre la foi au Dieu d’Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre forme l’identité profonde de l’Europe. Dans la conscience de la responsabilité de l’homme devant Dieu et dans la reconnaissance de la dignité inviolable de l’homme, de tout homme, cette rencontre a fixé des critères du droit, et les défendre est notre tâche en ce moment historique. »

Le pape, ici, s’adresse aux députés allemands. Mais il est clair qu’il s’adresse aussi à lui-même. Et à l’Eglise. Et l’on retrouve ici la raison d’être, selon Benoît XVI et Jean-Paul II avant lui, des réunions d’Assise pour la paix. Il y a un droit naturel, une loi naturelle, qui ne dépend pas de l’homme, et que l’homme doit respecter, sous peine de blesser voire de détruire l’humanité. L’Eglise qui a porté la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome a une responsabilité particulière, et d’abord parce qu’elle est l’Eglise du Christ. Mais les religions de Jérusalem, d’Athènes et de Rome et, au-delà, toutes les religions du monde savent que l’homme doit se soumettre à des lois qui le dépassent s’il veut survivre, et vivre heureux.
Chez Benoît XVI, il y a une corrélation très forte entre Assise et la liberté religieuse, dans ce sens précis : il faut défendre le fait religieux, quel qu’il soit, face à l’oubli de Dieu qui entraîne le monde à la ruine, et l’Eglise catholique, parce qu’elle est l’Eglise fondée par le Fils de Dieu, et parce qu’elle connaît la prière qui pénètre le cœur de Dieu, a une responsabilité toute particulière. Et c’est pourquoi le pape demande avec tellement de force aux catholiques de retrouver toute la foi catholique : en ce sens, Assise est le contraire du relativisme.


Déjà Pie XI


Déjà, en 1932, dans son encyclique Cantate Christi, Pie XI s’était adressé aux évêques et aux fidèles du monde entier « pour exhorter les hommes à s’unir et à s’opposer de toutes leurs forces aux maux qui accablent toute l’humanité et à ceux pires encore qui nous menacent ». Il ajoutait : « C’est précisément la prière qui, suivant l’Apôtre, doit apporter le don de la paix; la prière qui s’adresse au Père céleste qui est le Père de tous les hommes; la prière qui est l’expression commune des sentiments de famille, de cette grande famille qui s’étend au-delà des frontières de tous les pays, de tous les continents. »
Cinq ans plus tard, dans son encyclique Divini Redemptoris, Pie XI était encore plus explicite dans l’appel lancé à tous les hommes, quelle que soit leur religion : « Contre le violent effort de la puissance des ténèbres pour arracher des cœurs des hommes l’idée même de Dieu, Nous espérons beaucoup qu’aux chrétiens viendront se joindre tous ceux – et ils forment la plus grande partie de l’humanité – qui croient que Dieu existe et qui l’adorent. »
La différence entre Pie XI et Jean-Paul II est que celui-ci a rendu visible ce dont parlait le premier. Avec tous les risques que cela comporte. Le fait est que les journalistes ont présenté Assise comme un événement relativiste : toutes les religions se retrouvent à Assise, donc toutes les religions se valent. Et la force des images abondait en ce sens. La question de l’opportunité d’Assise reste donc posée. Voyons ce que va en faire le pape de la guerre contre le relativisme…

* * *

(1) A ces considérations il convient d’ajouter cette phrase prononcée devant les députés : « Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé, ni un règlement juridique découlant d’une révélation. » Le pape visait évidemment la charia, mais comme il n’a pas prononcé le mot, ni celui d’islam, les journalistes n’y ont vu que du feu. Du même coup, ils n’ont pas vu que, sous cet aspect, le discours du Reichstag était la suite de celui de Ratisbonne…

(2) Le pape explique aussi aux juifs : « Le discours sur la Montagne n’abolit pas la Loi mosaïque, mais il révèle ses possibilités cachées et fait émerger de nouvelles exigences. Il nous renvoie au fondement le plus profond de l’agir humain, au cœur, où l’homme choisit entre le pur et l’impur, où se développent la foi, l’espérance et l’amour. »

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