Articles La voix du Pape Livres, DVD Sites reliés Recherche Saint-Siège
Page d'accueil Articles

Articles


Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

Trop de pasteurs fuient à l'arrivée du loup

Un titre terriblement d'actualité! Sur Settimo Cielo (encore!) un théologien dominicain, Giovanni Cavalcoli, répond au cardinal Cottier selon qui, aujourd'hui, l'Église doit «renoncer à tout moyen de coercition» (30/10/2011)

Sandro Magister a entamé sur son site, que l'on pourrait qualifier en ce sens de think tank, ou, pour parler français, de chaudron intellectuel, un débat sur Vatican II, dont on célébrera en 2012 le cinquantenaire de l'ouverture.

Il ouvre donc ses colonnes, sur www. chiesa, depuis plusieurs mois, à des théologiens et des intellectuels.

Le dernier article sur ce sujet commence ainsi:

Concile, le chantier est ouvert. Mais certains se croisent les bras
La controverse relative à l'interprétation du concile Vatican II et aux changements dans le magistère de l’Église a connu de nouveaux développements ces dernières semaines, y compris à haut niveau.

* * *

Parmi ces développements figure un texte du cardinal Georges Cottier (89 ans, Suisse, appartenant à l'ordre des dominicains, et théologien émérite de la maison pontificale) publié dans le dernier numéro de la revue internationale "30 Jours".

Pour résumer, et pour autant que j'ai compris son propos, le cardinal Cottier considère que les discussions sur l'herméneutique du Concile (un mot savant dont le Saint-Père nous a permis de découvrir le sens lors de son fameux discours à la Curie de décembre 2005) risquent de passer pour des querelles d'initiés. Par contre, il est important pour tout le monde "de redécouvrir la source de l’inspiration qui a animé le Concile Vatican II".
Et cette inspiration, dit-il, se trouve résumée dans le titre et les premières lignes de la constitution dogmatique conciliaire "Lumen gentium": Le Christ est la lumière des peuples"...
Mais il poursuit: "Dans notre plus récente actualité ecclésiale, cette perception de ce qui constitue la source de l’Église semble parfois s’obscurcir pour beaucoup de chrétiens et une sorte de renversement paraît se produire: de reflet de la présence du Christ... on passe à une perception de l’Église comme une réalité qui s’emploie matériellement et idéalement à attester et réaliser par elle-même sa présence dans l’histoire. De ce second modèle de perception de la nature de l’Église, qui n’est pas conforme à la foi, découlent des conséquences concrètes.
Si, comme il le faut, l’Église se perçoit dans le monde comme reflet de la présence du Christ, l’annonce de l’Évangile ne peut s’effectuer que dans le dialogue et dans la liberté et doit renoncer à tout moyen de coercition aussi bien matériel que spirituel. C’est la voie indiquée par Paul VI dans sa première encyclique "Ecclesiam suam"¸ publiée en 1964, qui exprime parfaitement le regard que le Concile porte sur l’Église."

...

L'article trouve un prolongement dans le blog personnel de Magister.

«Trop de pasteurs fuient à l'arrivée du loup»
Cavalcoli réplique à Cottier
magister.blogautore.espresso.repubblica.it/
------------------
L'intervention du cardinal Georges Cottier, théologien émérite de la Maison pontificale, n'a pas échappé à l'oeil attentif du Père Giovanni Cavalcoli, dominicain, professeur de théologie à Bologne.

* * *

(...)
Avec tout le respect dû à un cardinal aussi illustre, théologien émérite de la Maison pontificale, en outre mon frère dans l'ordre Dominicain - je ne partage pas la conviction du cardinal Cottier qu'aujourd'hui l'Église doit «renoncer à tout moyen de coercition»
S'il en était ainsi, elle manquerait à l'une de ses tâches essentielles, même si elle est en deça du devoir de clémence, de miséricorde et de dialogue.

L'encyclique «Ecclesiam suam» de Paul VI, citée par le cardinal, est explicitement dédiée au dialogue et ne reflète pas toute la doctrine de Paul VI et de l'Eglise elle-même. Le même Pape, à une autre occasion, a dans un discours explicitement rappelé que l'Eglise conserve toujours son pouvoir de coercition, bien sûr dans le cadre du droit canonique.

Le même droit canonique, à propos du pouvoir coercitif de l'Église parle de «ius (droit) nativum». Sinon, que viendraient faire les tribunaux ecclésiastiques et le droit pénal de l'Eglise?

La conviction d'une certaine tendance post-conciliaire selon laquelle aujourd'hui, l'Église ne doit plus imposer de punition est erronée et est faussement attribuée au Concile du Vatican II et au pape Jean XXIII, lequel a dit au contraire, pour être exact, qu'aujourd'hui l'Eglise préfère la miséricorde à la sévérité et non pas - comme le voudraient les "buonistes" - qu'elle n'use que la miséricorde et jamais la sévérité. Une miséricorde sans justice devient complicité avec le crime et les criminels, laissant les blessés sans compensation et les crimes sans réparation.

Une des justes plaintes qui depuis cinquante ans émergent de nombreuses franges du monde catholique est la dénonciation d'une indulgence excessive, pour ne pas dire faiblesse, chez de nombreux pasteurs, à la limite de la connivence ou de la complicité envers des coutumes ou des doctrines largement diffuses qui ne sont pas conformes à la vraie foi, et dégradent le niveau moral des fidèles et de la société en général.

Il y a trop de pasteurs aujourd'hui qui fuient à l'arrivée du loup ou ne le remarquent même pas. Un peu d'énergie et le courage, en payant de sa personne, ne ferait pas de mal, et serait même une excellente attitude, comme en témoignent tous les grands et saints pasteur de l'histoire de l'Église.

L'étrange et bruyante polémique contre le professeur Roberto de Mattei au sujet de la punition divine montre qu'une grande partie du monde catholique a perdu la notion de justice divine, considérant Dieu comme un "bonnasse" qui laisse tout passer et garde non seulement un œil fermé, mais les deux (1).

Il est évident que certaines mesures de jutice d'autrefois sont maintenant absolument impensables et même nous font horreur, parce que - il a fallu des siècles, mais telle est l'histoire - nous avons réalisé (mieux vaut tard que jamais) qu'elles étaient inhumaines et contredisaient l'Evangile.

Mais les refuser et penser résoudre les problèmes doctrinaux et moraux uniquement avec la gentillesse et les bonnes paroles est une illusion dangereuse, une terrible ingénuité, et une utopie néfaste, pour ne pas dire une hypocrisie, qui dénotent l'oubli des conséquences du péché originel et finissent par donner le champ libre aux fourbes et aux tyrans, et à laisser sans défense les honnêtes, victimes des mensonges et des abus de pouvoir, avec de graves dommages pour la destinée éternelle de tous.

Bologne, 24 Octobre 2011

Note de traduction
-------------------
(1) Le 23 septembre, rencontrant les représentants du Conseil de l'Église Évangélique en Allemagne (ici), le Saint-Père disait:

La plus grande partie des gens, même des chrétiens, tient aujourd’hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s’occupe plus de nos péchés et de nos vertus. Il sait, en effet, que nous sommes tous que chair. Et si on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous nous présupposons en pratique que Dieu doit être généreux, et, qu’à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos petites fautes. La question ne nous préoccupe plus. Mais nos fautes sont-elles vraiment si petites ? Le monde n’est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts ?

Quand le Pape chante l'hymne bavarois Sur le concept de visage du Christ