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La question des questions

José Luis Restàn commente le discours du Saint-Père aux Fidèles Laïcs, lors de leur assemblée plénière, la semaine dernière. Traduction de Carlota (2/12/2012)

-> Je l'avais traduit ici: La question de Dieu: la "question des questions"

Voilà le dernier Restán, comme toujours remarquable de logique et de simplicité. Il élève toujours le débat et il est toujours en phase avec le Saint Père.

Oui, comme dit Restán en parlant de Benoît XVI, un homme surprenant. Ou plutôt un homme qui est le modèle de ce que notre civilisation européenne chrétienne peut donner de meilleur pour le monde et au monde. Quel dommage de trop de gens ne veuillent pas essayer de le comprendre (ndlr: ou de subvertir son message, ou encore n'y aient même pas accès, malgré l'époque hyper-informée et hyper-madiatique qui est la nôtre!)

Carlota

* * *

Texte original en espagnol: Paginas Digital.

La question des questions

José Luis Restán
01/12/2011

L’homme qui vit immergé dans la mentalité positiviste est comme s’il vivait dans un édifice de béton, sans fenêtres ouvertes qui lui permettent de voir l’immensité du monde. Cette image puissante gravée par Benoît XVI pour son discours devant le Bundestag, réapparaît dans le discours que le Pape a adressé au Conseil Pontifical pour les Laïcs. « L’homme qui essaie d’exister dans les paramètres de ce qui est calculable et mensurable, finit en définitive par se voir asphyxié ».

Rien des termes « pastoralement corrects », rien des vieux dilemmes de pouvoir qui stérilisent tant de fois le laïcat le plus engagé. Le Pape ne se lasse pas, et demande que nous ne nous lassions pas de «recommencer depuis Dieu ». Notons la substance. D’abord, être disposés à « recommencer » autrement dit réexaminer ce que nous avions déjà établi comme sûr et définitif dans le champ de l’évangélisation et du dialogue avec le monde. Ensuite, ce nouveau départ doit démarrer toujours de Dieu, la Raison créatrice qui s’est manifestée au monde à travers l’amour de Jésus, le Verbe fait chair.

Il n’y a que Dieu qui sauve l’homme, insiste-t-il contre vent et marée. Seulement si l’homme connaît et aime Celui qui est son origine et son destin, il pourra avoir l’expérience de la totalité de ses dimensions (raison, affection, liberté), il pourra être conscient de sa pleine dignité. C’est pour cela que, selon le Pape Ratzinger, la question de Dieu est « la question des questions », parce ce qu’elle est celle qui nous conduit aux questions essentielles du cœur de l’homme, à son désir inépuisable de vérité, de bonheur et de liberté. En écoutant tout cela, l’on pense comment avons-nous pu perdre parfois tant de temps en questions secondaires, en abstractions qui apparemment touchaient terre quand en réalité elles tournaient le dos au véritable drame de l’homme.

Maintenant que la crise ne disparaît pas de nos préoccupations quotidiennes et même de notre imagination nocturne, le Pape montre qu’avant d’être une crise économique et sociale, c’est une crise du sens. Attention: une crise du sens, plus profonde et radicale qu’une crise morale. Parce que la morale naît de notre position face à la réalité, et il n’est guère utile de faire appel à la régénération morale si l’homme ne sait pas qui il est, pour quoi il vit, pour quoi il a le sens du sacrifice et du construire. Peut-être qu’est en train de se refermer le cycle qui a commencé avec la dérive anti-chrétienne d’une théorie des Lumières qui a pu être de forme différente (*). Il se ferme, peut-être, et providentiellement la main qui tient le timon de la barque de Pierre, est celle de cet homme surprenant.

Comment réveiller chez les hommes et les femmes d’aujourd’hui la question et le désir de Dieu ? Ce ne sera pas au moyen de cours et de séminaires mais à travers la rencontre avec ceux qui ont déjà le don de la foi, avec ceux dont la vie a changé par la relation avec Jésus Christ vécue dans l’Église. Grave risque que celui couru par ce Dieu (Dieu véritablement « étrange » pour les peuples qui entouraient Israël), qui a choisi la voie la plus coûteuse, la voie de l’Incarnation. « Le chemin vers Lui passe, d’une façon concrète, par ceux qu’ils l’ont rencontré ». Et il n’y a pas de raccourcis ni de messages édulcorés qui valent. Il n’y a que la chair pauvre et vulnérable de ceux qui l’ont déjà connu. C’est le mystère de l’Église qui continue aujourd’hui à scandaliser (Ne nous scandalise-t-il pas aussi, nous, catholiques ?) comme il a scandalisé durant toute l’histoire.

Et Benoît XVI termine son discours avec un avertissement vers ceux, si nombreux, qui se pensent des « catholiques adultes », étiquette qui devient insupportable par moment. Il en résulte que le problème n’est pas celui « des autres », de ceux qui sont de l’autre côté de la rive. Le problème est celui de tous, le nôtre aussi à nous catholiques, qui donnons la foi comme présupposée, « comme si c’était un fait acquis une fois pour toutes ». Mais comme le signale le Pape avec une fine ironie, « nous ne vivons pas sur une planète étrangère, ni ne sommes immunisés contre les maladies du monde, mais nous en partageons les troubles, la désorientation et les difficultés de ce temps ». Encore heureux, parce que de cette façon l’aventure de la rencontre et de la découverte quotidienne du Dieu de Jésus Christ est d’abord pour nous qui, par faveur, l’avons déjà rencontré. « Nous qui l’avons rencontré, nous continuons aussi à le chercher » (**) a dit une fois le Pape. Et si nous ne parlons pas de cela, tout est verbiage inutile.

Notes de Carlota


(*) Jean de Viguerie qui vient de faire paraître un remarquable livre sur la faillite de l’école, «Les Pédagogues, essai historique sur l'utopie pédagogique », montre aussi que ce n’est pas tant l’école que la philosophie à qu’il il faut redonner sa liberté !
Et j’ajouterai que ce n’est pas par hasard si cet esprit philosophique « éclairé » est né d’un opposition à « l’obscurantisme » qui ne pouvait être que catholique et romain, et que les « philosophes » français n’ont été que la caisse de résonance, certes bien construite et particulièrement efficace, des courants nés dans les pays majoritairement gagnés à la Réforme. Des philosophes qui ne croyaient plus à la liberté de Dieu infiniment bon et parfait mais à « leur » liberté à imposer aux hommes qui n’avaient pas le même « éclairage ». Leur hostilité, dans l’affaire, à cet « obscurantisme » et au successeur de Pierre, n’était que l’alibi à leur orgueil bien humain. Leur vérité devait prendre la place de la Vérité.

(**) Mais peut-être que si nous L’avions pour toujours acquis, c’est que nous refuserions notre imperfection humaine et donc que nous ne pourrions plus progresser vers Lui, ce qui serait en fait une négation de qu’Il est et de ce que nous sommes durant notre passage terrestre. Certes notre existence humaine reste encore difficile mais elle devient aussi tellement logique une fois que nous avons admis qu’Il est et donc que nous sommes. Et le cogito ergo sum n’en apparaît que plus lumineux !

L'arbre de Gubbio Ave Maria piena di grazia...