Bon anniversaire à la Boussole
La Bussola Quotidiana, celle qui, selon le "logo" qu'elle a choisi, nous indique l'étoile de Béthléem: cela fait juste un an qu'elle aide ses lecteurs à se frayer un chemin dans la jungle d'Internet, elle souffle sa première bougie, ayant vu le jour le 8 décembre 2010, en la fête de l'Immaculée Conception (10/12/2011).
A l'opposé de sites d'inspiration catholique souvent agressifs, ou bien partisans, et qui ne réussissent (à défaut de le chercher...) qu'à diviser, cette "boussole" nous offre le meilleur d'Internet, sans repli sur elle-même, balayant un large spectre de sujets d'actualité, allant de la géopolitique (Riccardo Cascioli, Robi Ronza) à l'exégèse minutieuse du magistère de Benoît XVI (Massimo Introvigne, également auteur d'articles de fond sur des thèmes culturels et de société, toujours de haute tenue, et presque toujours passionnants), en passant par ce qui constitue la pierre d'angle de sa présence sur le Réseau: la défense de la vie.
Oui, vraiment, une Boussole pour temps de crise et de doute, à laquelle je suis redevable de nombreux emprunts, et que je remercie donc de tout coeur (tout au plus puis-je regretter la "disparition" de Vittorio Messori...), en lui souhaitant, selon la formule consacrée: "Longue vie".
Et pour marquer l'anniversaire, j'ai traduit ce très bel éditorial signé Don Angelo Busetto, curé à Chioggia, en Vénétie, professeur de théologie dogmatique à Padoue, et auteur de livres - non traduits en français: I giorni del prete (1995); Tracce di teologia (2003); Vita da prete (2005).
L'Inconnu
Don Angelo Busetto
10/12/2011
(www.labussolaquotidiana.it/)
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Vint un homme envoyé par Dieu
dont le nom était Jean.
Il est venu comme témoin
pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par lui.
Il n'était pas la lumière,
mais il avait à rendre témoignage de la lumière.
(Jn 1, 6 - 8)
«Parmi vous se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas», explique Jean-Baptiste. Nous aspirons à le connaître par un besoin du cœur, qui en indique l'absence. Nous vivons une attente, nous conservons une question et un désir qui se tendent vers l'avant sans trouver satisfaction. Son absence nous attire et nous hante.
Le poète et romancier suédois Pär Lagerkvist (1891-1974, prix Nobel de littérature en 1951) écrit:
Un inconnu est mon ami,
Quelqu'un que je ne connais pas.
Un inconnu loin, très loin.
Pour lui, mon cœur est plein de nostalgie.
Parce qu'il n'est pas près de moi.
Se peut-il qu'il n'existe pas?
Qui es-tu, toi qui remplis mon cœur de ton absence?
Qui remplis la terre de ton absence?
Jean-Baptiste, homme envoyé par Dieu, nous signale que l'inconnu est déjà présent parmi nous. Où le chercher? Où le trouver enfin? Nous sommes pris dans le drame de ce temps de crise, nous ne nous sentons plus protégés par l'économie ou la politique, la science ou la médecine, la psychologie, ou toutes les stratégies humaines. Nous faisons l'expérience qu'il nous faut bien plus.
Il nous faut un Autre. Nous avons le pressentiment que la réponse à nos besoins ne peut venir que de l'Inconnu qui nous a été promis. Nous pouvons le chercher et le trouver dans le corps et dans le cœur de l'Eglise, nous le découvrons dans un geste de charité et d'hospitalité, nous le reconnaissons à travers une humble volonté qui s'abandonne enfin: agenouillés en prière, confessant nos péchés, célébrant son mystère dans l'assemblée de nos frères.
«N'entend-tu pas ses pas qui s'approchent?». Ainsi s'interrogeait au début du siècle dernier, une célèbre "Vie de Jésus". Il vient à notre rencontre et se manifeste aujourd'hui. Nous ne sommes même pas dignes de nous baisser pour dénouer la courroie de ses sandales, mais nous devons le faire, parce que seuls ceux qui cèdent à sa présence mystérieuse sont sauvés de l'abîme de la solitude et du vide du néant. Et l'Inconnu nous devient tout à coup un ami.
Illustration:
Le Baptême du Christ de Piero della Francesca (entre 1448 et 1450), panneau d'un triptyque, conservé à la National Gallery de Londres.
