Contre l'Eglise, la stratégie du "goutte à goutte"

Une interviewe de Michel De Jaeghere, datant de 2010, démonte le mécanisme des attaques contre l'Eglise, dont la série "Ainsi soient-ils" n'est que le dernier épisode. Mais il semble que depuis lors, on soit passé du "goutte-à goutte" à la louche! (28/10/2012)

Ci-contre: Ite missa est , un génial petit livre de Michel de Jaeghere (cf. benoit-et-moi.fr/2008)

Plusieurs articles (http://tinyurl.com/8kgoede ) ont été consacrés par mon site à Michel de Jaeghere, entre autre directeur des "Hors Série" du Figaro qu'il a créés en 2001. Il dirige aussi les Universités d’été de Rennaissance catholique et la publication de leurs Actes.

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Cela fait maintenant plus de deux semaines que le Saint-Père a ouvert l'année de la foi, et le Synode sur la nouvelle évangélisation, commencé presque en même temps, arrive à sa conclusion. L'objectif annoncé est celui de raviver l'étincelle de la foi chrétienne dans les "pays d'ancienne évangélisation" qui ont désormais cédé aux sirènes du sécularisme, en leur faisant (re)découvrir l'Evangile.
Oui, mais par quel "canal" cette initiative va-t-elle passer, puisque les pires ennemis de l'Eglise se sont appropriés tous les moyens de communication ayant la moindre chance d'atteindre le public visé? Ne nous leurrons pas sur la nouvelle donne créée par Internet, les sites catholiques fonctionnent essentiellement en circuit fermé, et tout au plus s'opposent entre eux. Quant aux réseaux sociaux, la question reste ouverte, mais pour le moment, ils sont massivement (et pour cause) acquis à l'idéologie hédoniste et consumériste - une tendance qui s'auto-reproduit, et qui paraît donc difficile à inverser.

Ce n'est pas une coïncidence fortuite si cela fait également deux semaines que la télévision française instille au télespectateur distrait, sournoisement, sous couvert de divertissemement, à une heure de grande écoute (et surtout, relayée par la presse, y compris "catholique"), un véritable catalogue de toutes les turpitudes cléricales (cf. Une série polémique sur Arte). Drogue, alcoolisme, coucheries, homosexualité, malversations financières, intrigues de toutes sortes, rien n'est épargné au million (et plus!) de téléspectateurs qui regardent chaque semaine ce concentré de cathophobie militante, dont beaucoup le font sans méfiance.
Sans surprise, le péché de la chair, sous toutes ses formes, est largement absous par ce clergé de substitution (je parle des hommes de télévision), opposant ainsi une "Eglise d'en bas", bien vivante, et généreuse (elle porte assistance aux sans-papiers!!), et ses membres "humains, trop humains", à une "Eglise d'en haut", une hiérarchie-dinosaure enfermée dans sa tour d'ivoire, ignorante du monde et pétrifiée dans ses certitudes d'un autre âge. Et, au dessus d'elle, un Pape-ectoplasme, revêtu d'une soutane en flanelle blanche qui semble tout droit sortie d'un magasin de farces et attrapes.

Il y a donc une véritable guerre entre l'Eglise et les medias - qui prétendent représenter le "monde". Le nier relève de l'angélisme, ou de l'aveuglement. En être conscient, c'est déjà une première étape vers la "résistance" (sans que ce terme revête forcément une nuance d'agressivité) . Sous quelle forme, je n'en ai pas la moindre idée. Dans le grand chantier de la Nouvelle évangélisation, il reviendra à nos pasteurs de trouver des modalités concrètes.

Au hasard d'une recherche sur internet, je suis tombée (via le FC) sur une interviewe de Michel de Jaeghere par le site Eschaton, datant de 2010.
Il démonte magistralement la stratégie des ennemis de l'Eglise.

     

Deux extraits significatifs

Q: Vous dénoncez dans vos livres le dénigrement systématique dont est victime l’Eglise. Comment expliquer l’apathie du catholique de base à l’égard de cette volonté persistante de destruction ?

R: Elle s’explique d’abord par le fait que ce dénigrement procède par un système du « goutte à goutte ».
L’Eglise est périodiquement mise en cause par des campagnes de grande ampleur, comme celle que nous avons connue au début de l’année 2009 à l’occasion de la levée de l’excommunication des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X, mais celles-ci sont préparées par des attaques plus chafouines, où le catholicisme est discrédité de façon latérale, sur certains détails, certains aspects. On habitue, petit à petit, l’opinion à ce que la foi catholique soit considérée comme une opinion marginale, décalée, un peu ridicule, parfois dangereuse si elle est prise au pied de la lettre (ndlr: cela renvoie à l'article traduit par Carlota, Si je voulais en finir avec l'Eglise...) .
On conduit les braves gens par une progression subtile de provocations, une accumulation d’images, de lois, d’informations à ne plus ressentir comme choquantes des situations qui le sont objectivement. Les catholiques en finissent, par là, par perdre conscience de ce qui se passe , à considérer comme normales des choses qui auraient horrifié leurs parents, qui les auraient eux-mêmes horrifiés il y a dix ou vingt ans : propos scabreux tenus à la télévision, expositions blasphématoires, caricatures de ce qu’ils sont dans les films, les romans, les séries de télévision, éloge sans retenue de toutes les déviances, quand ce ne sont pas les perversions. Quand surviennent les grandes campagnes contre l’Eglise, la violence de l’attaque, les amalgames diabolisants, les plongent dans la stupeur. Ils ne réagissaient pas jusqu’alors parce qu’ils n’avaient pas le sentiment d’être attaqués dans leur foi. Dorénavant, ils s’en abstiennent parce qu’ils sont terrorisés par la brutalité de l’adversaire.
D’autres fois, on tente d’associer les catholiques eux-mêmes aux attaques dont l’Eglise fait l’objet, en créant une dialectique entre la hiérarchie et la « base ». Exploitant des situations marginales, on donne ainsi la publicité que l’on sait aux affaires de pédophilie qui impliquent un prêtre, en insinuant que c’est son célibat qui l’a poussé au crime, que le vrai responsable est l’institution, considérée comme criminogène, quand nul n’aurait idée d’incriminer l’Education nationale lorsqu’un instituteur est mis en cause dans une affaire de même nature.
On met de même en accusation l’enseignement moral de l’Eglise – sur la contraception, l’avortement, l’euthanasie - en affectant de croire qu’il est celui des vieux célibataires coupés des réalités de la vie qui forment la hiérarchie, et en invitant les catholiques de base à s’en désolidariser.
Après avoir insulté leur foi, on met ainsi à l’épreuve leur fidélité en misant sur leur lâcheté.

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(..) il y a des minorité agissantes.
Mettre en cause « les journalistes » serait trop général. Une petite poignée d’entre eux servent de leaders d’opinion. Ce que dit le chroniqueur du « Monde » va être répété par les radios, les chaînes de télévision, la presse locale. Il suffit parfois de quelques journalistes bien formés pour lancer des slogans qui vont ensuite faire boule de neige et être diffusés partout par des idiots utiles, des gens qui ne font que répéter sans les comprendre quelques formules toutes faites.