Habemus doctor!

En préambule du Synode consacré à la nouvelle évangélisation, Benoît XVI a proclamé deux docteurs de l'Eglise. Dont Jean d'Avila. Carlota a traduit une lettre de l'évêque de Cordoue, car celui-ci était curé dans son diocèse. (7/10/2012)

>>> A propos d'Hidegarde de Bingen, lire ici: Les doctoresses de l'Eglise (et surtout: http://benoit-et-moi.fr/2012(II) )


Illustration ci-desssous sur le site news.va

Vraiment les choix du Saint Père sont providentiels!
D'abord, Sainte Hildegarde, cette religieuse allemande née à la fin du XIème siècle, savante dans tous les domaines des savoirs de son époque et des siècles passés dont les grands philosophes grecs, et avec des « intuitions » que les Léonard de Vinci et autres chercheurs de ce qui sera pompeusement appelé Renaissance, reprendront, au mieux, trois siècles plus tard, sans oublier ce qu’elle a apporté à la vraie écologie humaine grâce à ses connaissances notamment des plantes médicinales (1).
Et, puis bien sûr Jean d’Avila.
Mais là je laisse la parole à Monseigneur Demetrio Fernández, évêque de Cordoue, pour présenter « sa célébrité locale » (texte original sur le site du diocèse de Cordoue)

Carlota

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Saint Jean d’Avila, un docteur pour la nouvelle évangélisation
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Le 7 octobre 2012 est une date importante pour le diocèse de Cordoue: l’un de ses prêtres, Jean d’Avila, est proclamé Docteur de l’Église Universelle. Si c’était un religieux, sa famille serait heureuse de célébrer cet évènement qui honorerait son Ordre.
Il s’agit d’un prêtre diocésain et il semble qu’il n’y a pas de famille qui l’appuie.
Mais il n’en est pas ainsi. Il a une famille et un qualificatif, c’est celui de prêtre diocésain séculier. Plus encore, en 1946 il a été proclamé patron du clergé séculier espagnol par le Pape Pie XII. Et quand on est prêtre diocésain, l’on a un diocèse, un presbyterium (2) présidé par un évêque, un territoire où l’on exerce son ministère. Ce diocèse, ce presbyterium, ce territoire, c’est Cordoue pour Saint Jean d’Avila.
Clericus cordubensis (curé du diocèse de Cordoue) est son titre, pour un petit bénéfice ecclésiastique à Santaella. Ce n’est pas une appropriation indue, sinon reconnaître où était enraciné ce prêtre diocésain séculier, patron du clergé séculier espagnol. Il a parcouru différents lieux tout autour : Séville, Grenade, Zafra, Baez, etc. Il est connu comme l’apôtre de l’Andalousie. Mais il était incardiné (rattaché) à Cordoue, même s’il a eu d’autres propositions qu’il a déclinées. Il est resté à Cordoue et dans le diocèse de Cordoue il est mort et a été enterré à Montilla où est vénéré son sépulcre comme un trésor, qui maintenant acquiert une valeur spéciale.
Il s’agit d’un évènement désiré depuis des siècles, et dont nous sommes les témoins directs. Nous ont précédés des générations des générations, surtout de prêtres et d’évêques, qui ont demandé et souhaité, et aujourd’hui nous est concédé, à nous, de le vivre en direct. Rendons grâce à Dieu. Les évêques de Cordoue, tout au long des siècles, ont impulsé la cause de multiples manières. Ses compatriotes d’Almodovar del Campo ont contribué notablement à la cause du Saint, à travers les Trinitaires, car Saint Jean d’Avila est le cousin du réformateur de l’ordre des Trinitaires, Saint Jean-Baptiste de la Conception (Almodóvar del Campo 1561 – Cordoue 1613). Les Rois d’Espagne ont suivi de près, surtout Philippe V (3) et Charles IV (4) et ont appuyé ce long processus, par l’intermédiaire des cardinaux-archevêques de Tolède (et aussi primats d’Espagne). Les prêtres séculiers originaires de Madrid ont donné une impulsion définitive à la cause. Et enfin au XXème siècle, la Fraternité des Prêtres diocésains (5), la Conférence des Métropolitains (ancêtre de la Conférence des Evêques) et enfin la Conférence Épiscopale Espagnole, ont constitué autant d’autres échelons de cette chaîne jusqu’à atteindre la canonisation en 1970 et maintenant son "doctorat" en 2012, dont la Conférence Episcopal Espagnole elle-même a été actrice de la cause.
Le Pape Benoît XVI a voulu fixer cette date au début de la XIIIe Assemblée Général du Synode des Évêques dont le thème est « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », comme pour dire à nous, de toute l’Église, qu'en Saint Jean d’Avila, nous avons un modèle d’évangélisateur pour notre temps: un homme de Dieu, bien formé dans les sciences sacrées, détaché des biens et des honneurs de ce monde, connaisseur du cœur humain et de ses inquiétudes, attentif aux besoins matériels et spirituels des hommes de son temps, et spécialement ardent dans la communication de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ. Un saint maître des saints, un promoteur de la grande rénovation de l’Église au XVIème siècle, en ayant l’intuition que cette rénovation vient de la rénovation du clergé. Un nouveau clergé pour la nouvelle évangélisation.
À Montilla nous ouvrirons l’Année Jubilaire le 12 octobre pour faire le pèlerinage à sa sépulture. La Conférence Épiscopale Espagnole au complet fera le pèlerinage le 23 novembre durant l’Assemblée Plénière d’automne. Les paroisses, les groupements, les mouvements, les communautés, les collèges, les prêtres, les consacrés, les fidèles laïcs, tous à Montilla. Les portes de la Basilique Pontificale seront ouvertes pour aller jusqu’à la sépulture, en implorant sa valeureuse intercession. Le diocèse de Cordoue est convoqué dans son ensemble le dimanche 14 octobre dans la Cathédrale avec toutes ses paroisses, ses confréries et fraternités, toutes ses institutions et toutes les personnes pour rendre grâce à Dieu pour ce don immense qui est concédé à l’Église Universelle et en particulier au diocèse de Cordoue.
Que Saint Jean d’Avila nous permette à tous une sainteté de la vie, un élan missionnaire, un désir de donner notre vie pour l’Église. Qu’il nous permette de nombreux et Saints prêtres pour la nouvelle évangélisation.
Recevez mon affection et ma bénédiction

+ Demetrio Fernández, évêque de Cordoue

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(1) un livre à découvrir ici http://www.editions-beatitudes.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=616
(2) Ensemble des prêtres d'un diocèse
(3) 1er des Bourbon d’Espagne et petit-fils de Louis XIV
(4) Petit-fils de Philippe V
(5) « sacerdotes operarios diocesianos » , association de prêtres séculiers qui vivaient en communauté et qui s’occupaient notamment de l’assistance aux malades, fondée en Catalogne à la fin du XIXème siècle et qui est maintenant présente dans de nombreux pays hispanophones et aux Etats-Unis http://www.sacerdotesoperarios.org/

Notes complémentaires de Carlota

1.- Sur le diocèse de Cordoue un titre qui flamboie: « habemus doctor »! http://www.diocesisdecordoba.com/nueva/DIOCESIS%5Canexos%5CcdoDIOCESIS12493.asp?id=12493
2.- Saint Jean d’Avila est l’exact contemporain de Charles Quint auquel il survivra une dizaine d’années. Il décèdera en effet à l’âge de 70 ans en 1569. Son travail de rénovation avec la formation rigoureuse du clergé et l’enseignement d’un catéchisme en conformité n’ont peut-être pas été étrangers à l’absence d’une véritable propagation de la Réforme, dans l’Espagne péninsulaire, comme ce fut le cas, notamment dans le nord des provinces flamandes de l’Empire espagnol.
Il était né à Almodovar del Campo (actuellement localité de quelques 6000 hts), à la limite de l’Andalousie, dans la région actuelle de Castille-la Manche et la province de Ciudad-Real (autrefois Nouvelle-Castille). L’église possède une relique du saint et l’on peut encore y voir la maison du futur saint et la cave où il allait méditer. Saint Jean d’Avila avait une ascendance juive par son père et asturienne par sa mère. Sa famille qui été aisée, gérait l’exploitation d’une mine d’argent.
3.- Santaella, la « paroisse » du Père Jean d’Avila, est actuellement un bourg de 6000 hts environ, se trouve à une quarantaine de km, au sud de Cordoue (ville libérée du joug musulman en 1236. Grenade, à 150 km de là, ne tombera que 256 ans plus tard). Quand le jeune prêtre Jean d’Avila arrive en Andalousie, il n’y a qu’une trentaine d’années que l’Espagne est complètement reconquise, mais bien évidemment il reste beaucoup à faire pour la ré-évangélisation, sans parler des Morisques qui vont continuer à constituer des « états dans l’état » et que nous avons déjà évoqués.
Je lis sur le site de la ville et l’onglet qui concerne l’église de Santaella que le culte catholique avait été réintroduit en 1241. Le site parle de l’architecture califale religieuse de l’édifice (Quelle touchante pudeur linguistique !) avec ensuite les apports notamment de l’époque d’Isabelle de Castille. Texte complet ici http://www.amigosdesantaella.com/templo.html
En ce qui concerne l’enracinement paroissial de Saint Jean d’Avila rappelé par Mgr Demetrio Fernández , pour l’instant, je ne vois pas d’éléments visibles sur le site de la ville rappelant la présence de ce saint. L’élévation au rang de Docteur de l’Église sera peut-être une bonne occasion.
4.- Montilla, toujours dans le diocèse de Cordoue, est à une vingtaine de km à l’Est de Santaella. Aujourd’hui ville de quelques 25000 hts. Voir de belles photos ici http://juandeavila.net/multimedia/visita-virtual/
5.- Le 12 octobre est également la date dite de la découverte de l’Amérique, de la fête de l’Hispanité dans de nombreux pays hispanophones d’Amérique et la fête nationale en Espagne.