Il est le 1er anglo-catholique dans les Hébrides

A 69 ans, le révérend Bennie recommence: prêtre catholique en Écosse calviniste . Un récit étonnant sur Religion en Libertad, traduit par Carlota (14/9/2012)

Image ci-contre: Le Père Roddy, et Stanley Bennie, encore laïc (Religion en libertad)

Alors que le Saint Père va bientôt partir pour le Liban, pour un voyage que je qualifierais d’héroïque comme certains l’on déjà fait, même si, bien sûr, l’héroïsme est d’abord celui des Chrétiens d’Orient qui au péril de leur vie restent sur la terre de leurs ancêtres et du berceau de la foi chrétienne, voici la traduction d’un texte de Pablo Ginés qui est une autre illustration, à sa manière, de la tâche pastorale du Saint Père et de la façon dont le Seigneur par des chemins étonnants nous montre la bonne direction.

Un texte qui montre aussi que si l’Orient est compliqué, la persécution des chrétiens historiques donc catholiques sur leurs propres terres, à l’extrême Nord-Ouest de notre continent a été une réalité. Malheureusement ici comme ailleurs en Occident en particulier, une autre forme de persécution, celle du relativisme et du laïcisme ciblés, en a remplacé une autre.

Carlota.

Original ici www.religionenlibertad.com – Les mots en gras ont été conservés dans la traduction.

Le Révérend Bennie, ordonné prêtre catholique à 69 ans !
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L’Écosse est l’une des zones les plus déchristianisées d’Europe, mais la majorité des 20 000 habitants de la froide et éloignée Île de Lewis se maintient fermement dans le calvinisme le plus radical (divisés en cinq dénominations presbytériennes différentes), une variante qui paralyse l’île le dimanche et n’accepte ni instruments ni chants au cours du culte.
Ici l’unique paroisse catholique est celle du Saint Rédempteur (« Our Holy Redeemer », avec une centaine de fidèles, chaque dimanche à la messe) et l’unique curé catholique était le jeune Roddy Johnston…jusqu’à hier, quand l’évêque d’Argyll et des Îles, Joseph Toal, a ordonné prêtre Santely Bennie, âgé de 69 ans.
Avec la difficulté propre à son âge, Bennie s’est étendu de nouveau sur le sol. Et ensuite à genoux, il a à nouveau senti les mains d’un évêque sur sa tête. Il l’avait déjà vécu auparavant, il y a 43 ans, mais à l’époque il avait été ordonné pasteur anglican (ou comme l’on dit en Écosse, épiscopalien). Durant 7 ans, de 1974 à 1981, le jeune Bennie, fut un clerc épiscopalien itinérant et il a parcouru l’extrême nord de l’Écosse en fondant des communautés anglicanes. Il s’est fixé dans une paroisse en 1981 et en 1984 on lui a confié les deux paroisses épiscopaliennes de l’Île de Lewis. Il a été le pasteur de la minorité anglicane de Stornoway durant 26 ans. Il était très connu dans l’île du fait d’une radio qui avait fondée et qui était populaire parmi les îliens.
Qui aurait pu dire au Révérend Bennie qu’à 69 ans il serait de nouveau ordonné, catholique, par un évêque écossais mais formé à Valladolid (Au Collège Royal Anglais, fondé à l’époque de Philippe II, ndt donc le veuf de Marie Tudor la catholique et le beau-frère d’Élisabeth I la protestante, succédant à sa sœur décédée), et qu’à son âge il reviendrait à une vie d’itinérant, en parcourant le nord de l’Écosse pour créer et maintenir de petits groupes d’anglo-catholiques à l’intérieur de l’Ordinariat de Notre Dame de Walshingham (ndt le site en anglais ici de l’ordinariat personnel établi parle Saint Père en 2011 http://www.ordinariate.org.uk/).

La cause de son changement est la même que celle des 80 autres ex-clercs anglicans de Grande-Bretagne, qui depuis 20 moins sont passé au catholicisme et aujourd’hui servent dans l’ordinariat : le chaos doctrinal du protestantisme et la dérive libéral de l’anglicanisme, deux choses qui empêchent l’union des chrétiens que Jésus demandait.
Bennie a laissé sa paroisse anglicane en 2010, il est devenu un fidèle de plus de son jeune voisin, le Père Roddy, et il a été reçu pleinement comme catholique en mars. Puis ensuite diacre. Et maintenant prêtre.
« Le Révérend Bennie apporte ses talents propres à l’Église Catholique, mais pour le moment c’est le seul à Stornoway (ndt ville la plus importante des Hébrides, localisée sur l’Île de Lewis, la plus septentrionale de cet archipel du Nord Ouest de l’Écosse, mais aussi la plus grande et la moins isolée au niveau facilité d’accès), à s’unir à l’Ordinariat », explique le Père Roddy à Religión en Libertad, non pas comme l’expression d’une plainte mais comme une admiration envers le vieil homme. « C’est un phénomène nouveau, nous nous déplaçons en territoire inconnu, mais c’est peu probable qu’il arrive à avoir un groupe propre », ajoute-t-il.
L’ordinariat, des ex-anglicans qui sont devenus catholiques en maintenant des aspects de leur patrimoine culturel et liturgique (qui est sans doute beaucoup plus proche de la messe dite extraordinaire du rite romain, que celle dite ordinaire introduite depuis un peu plus de quarante ans), est petit en Écosse, où la population était de tradition presbytérienne et non anglicane. « Il y a quelques groupes de l’Ordinariat, surtout à Édimbourg et à Inverness (voir le site de l’Ordinariat en Écosse ici http://www.scotlandordinariate.com ). J’espère que nous catholiques (ndt comprendre historiquement catholiques) nous les recevrons à bras et cœur ouverts », expliquent le curé de la paroisse.

En effet les catholiques furent persécutés durant 250 ans
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Les Îles Hébrides furent particulières dans le panorama car elles ne sont pas presbytériennes. Celles du nord, Lewis et Harris, sont calvinistes, même fondamentalistes. Celles du sud, au contraire, appartenaient à des clans qui ont maintenu le catholicisme, sans clergé, durant plus de 250 ans de persécution.

Seulement tous les 15 ou 20 ans quelque curé irlandais réussissait à arriver dans les îles de Barra ou d’Uist pour confesser et marier toute une génération de catholiques négligés. Puis, beaucoup furent déportés par les occupants anglais au Canada, main d’œuvre à demi-esclave…mais là-bas ils diffusèrent leur foi.

Lewis, c’est un autre monde, explique le Père Roddy. « Cette île est très protestante dans son histoire et sa culture. La paroisse (ndt donc catholique) est née il n’y a que 50 ans (ndt 1961), et le catholicisme était vu avec haine et une profonde méfiance. Mais aujourd’hui il y a une acceptation générale de notre présence parmi les ministres [du culte] protestants. Nous avons augmenté jusqu’à avoir 100 personnes à la messe le dimanche, surtout des gens qui ont déménagé ici, bien qu’il y a aussi quelques convertis arrivés en provenance d’autres traditions

Le catholicisme a été interdit en Écosse jusqu’en 1793 et aucun évêque n’a été autorisé jusqu’en 1878. « Les catholiques d’ici connaissent bien l’animosité qui existait et qui jusqu’à un certain point existe encore (ndt l’anticatholicisme religieux s’est-il aussi transformé en laïcisme ciblé aux Hébrides comme en Grande Bretagne en général, et pour ne citer que cette partie du monde occidental !), mais cela les rend plus décidés à aimer, comprendre et pratiquer leur foi. C’est une partie importante de l’Évangile que de résister à la tentation d’oublier, et nous devons aussi aimer nos frères et sœurs dans le Christ qui adorent Notre Seigneur bien que d’une façon différente, affirme le Père Roddy.

Pendant ce temps, après son ordination dans la cathédrale de Saint Colomban (moine irlandais qui évangélisa aussi une partie de la Neustrie à l’époque des Mérovingiens) d’Oban (siège de l’un des huit évéchés catholiques d’Écosse, celui le plus à l’Ouest qui comprend également les îles écossaises de l’Ouest), il reste encore du temps au vieux mais courageux Père Stanley Bennie avant qu’il ne retourne dans les îles : il doit terminer ses études d’adaptation au catholicisme, au Allen Hall de Londres (ndt séminaire du diocèse catholique de Westminster). Ensuite, de Stornoway (ndt Hébrides) ou Inverness (ndt capitale des Hautes Terres d’Écosse, côté Est), il parcourra de nouveau les chemins du nord de l’Écosse, quelque chose qu’il dit apprécier. De nouveau à fonder des églises (ndt comprendre communautés de l’Église catholique!) dans l’Europe la plus froide pour la foi.