Le boeuf et l'âne

Les idioties de "la presse de caniveau" et des réseaux sociaux méritent réparation! "La crèche", un poème magnifique de Charles Péguy (2/12/2012)

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Image ci-contre: Maître de la Nativité du Louvre. Partie centrale d'un retable, peint pour l'église Santa Margherita de Prato.

     

La Crèche
Charles Péguy

Les solives du toit faisaient comme un arceau.
Les rayons du soleil baignaient la tête blonde.
Tout était pur alors et le maître du monde
Etait un jeune enfant dans un pauvre berceau.

Sous le regard de l’âne et le regard du boeuf
Cet enfant reposait dans la pure lumière.
Et dans le jour doré de la vieille chaumière
S’éclairait son regard incroyablement neuf.

Le soleil qui passait par les énormes brèches
Eclairait un enfant gardé par du bétail.
Le soleil qui passait par un pauvre portail
Eclairait une crèche entre les autres crèches.

Mais le vent qui soufflait par les énormes brèches
Eût glacé cet enfant qui s’était découvert.
Et le vent qui soufflait par le portail ouvert
Eût glacé dans sa crèche entre les autres crèches

Cet enfant qui dormait en fermant les deux poings
Si ces deux chambellans et ces museaux velus
Et ces gardes du corps et ces deux gros témoins
Pour le garer du froid n’eussent soufflé dessus.

Sous le regard du boeuf et le regard de l’âne
Cet enfant respirait dans son premier sommeil.
Les bêtes calculant dedans leur double crâne
Attendaient le signal de son premier réveil.

Et ces deux gros barbus et ces deux gros bisons
Regardaient s’éclairer la lèvre humide et ronde.
Et ces deux gros poilus et ces deux gros barbons
Regardaient sommeiller le premier roi du monde.

Rubrique à suivre....