L'enfance de Jésus, selon Ratzinger

et lue par Angela Ambrogetti: amour et humilité (18/11/2012)

     

L'enfance de Jésus, selon Ratzinger
17 novembre
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Amour et humilité: c'est le modus operandi de Dieu, que le théologien Joseph Ratzinger explique au lecteur du troisième livre consacré à la figure de Jésus. «L'Enfance de Jésus» est, selon le titre original allemand, un «prologue», une «antichambre» pour entrer ensuite dans l'étude de l'Evangile. En effet, explique Benoît XVI dans les dernières lignes du livre, l'épisode qui clôt les évangiles de l'enfance, Jésus âgé de douze ans, qui enseigne dans le Temple de Jérusalem, ouvre la porte à la figure entière de Jésus, qui est ce que raconte le reste de l'Évangile. L'auteur relit les deux récits de Matthieu et de Luc, suivant l'exégèse patristique, et des études classiques comme celles de Joachim Gnilka et Gerhard Delling, mais il montre, comme dans les deux précédents ouvrages, qu'il suit les études les plus récentes et utilise Rudolf Pesch et Klaus Berger. Mais parmi tous, il épouse en plein les idées de Jean Daniélou et René Laurentin.

Amour: celui de Dieu pour les hommes qui se démontre en accueillant la décision de Marie face à l'Annonciation de l'Ange. Marie, la jeune vierge qui répond avec une question que l'exégèse n'a pas encore expliqué. Et cet annonce tellement différente et cachée, si peu «mythologique», et donc si réelle. Parce qu'elle est humble. Ratzinger nous rappelle constamment que la gloire de Dieu se manifeste seulement dans l'humilité. Et c'est cela, le vrai amour. Celui de Joseph, par exemple, un homme juste, fidèle à la loi d'Israël, mais qui pourtant choisit l'amour lorsqu'il s'agit de décider comment faire face à la grossesse de Marie. Cet amour que Dieu offre d'abord aux bergers qui se dirigent vers la grotte où Jésus est né. Une «eudokia» (http://www.enseignemoi.com/bible/strong-biblique-grec-eudokia-2107.html) qui unit la volonté de Dieu d'aimer d'abord, et celle des hommes d'accepter son amour et de lui rendre. Benoît XVI trouve inefficaces les traductions modernes en allemand et en italien, parce qu'elles ne rendent pas bien l'idée de se conformer au Christ que comporte la foi.
Amour: celui des sages, personnages aux mille aspects historiques, des hommes qui avec leur sagesse purifient le message de la science, presque successeurs d'Abraham, qui comme lui se mettent dn route pour répondre à l'appel de Dieu.
Humilité: celle de Joseph, qui écoute Dieu en rêve, parce qu'il a la capacité de percevoir le divin, de discerner, parce qu'il vit la loi comme l'évangile. Joseph, qui sait se mettre de côté quand les Mages et les bergers adorent le Fils de Dieu, et ensuite reprend la situation en main et emmène la famille en Egypte.

Humilité: celle des bergers, comme celle d'Elisabeth qui court vers Marie. Eux aussi, courent vers Jésus, certes en partie par curiosité, mais aussi pour la joie de savoir que le Sauveur est né. Et le Pape réfléchit: combien de chrétiens aujourd'hui se précipitent pour les choses de Dieu? Pourtant, les choses qui comptent sont celles de Dieu, suggère l'Evangéliste. «Les choses de Dieu méritent la hâte, et même les seules choses dans le monde qui méritent la hâte sont celles de Dieu, qui ont l'urgence vraie dans nos vies», avit dit le pape dans son homélie le 15 Août 2011.

Et puis les signes de la présence et de la gloire de Dieu, les vraies, pas celles construites César Auguste, qui pourtant avec sa pax offre le cadre parfait pour l'accomplissement d'une promesse qui n'est pas seulement pour le peuple de l'Ancienne Alliance. Ce sont des signes de pauvreté qui indiquent que Dieu est présent. La pauvreté de la grotte de Bethléem est un signe vrai. Comme pour dire, quel Dieu inventé par l'homme se manifesterait ainsi? A partir du moment de la naissance, Jésus est hors de la sphère des puissants. Et c'est sa pauvreté qui prouve qu'il est le vrai pouvoir. Une théologie de la pauvreté que Ratzinger illustre dans chaque évènement, de l'Annonciation à la crèche, jusqu'à ce signe de contradiction qui naît déjà dans le Temple. La contradiction de la Croix, la clé d'interprétation que le vieillard Siméon voit dans le nouveau-né Jésus est un signe qui nous défie à d'aimer.

Voilà, aimer est le signe de contradiction, le défi. Dieu est amour, répète le théologien, mais aussi l'amour peut être haï quand il nous pousse à nous transcender. L'humilité, celle que devrait avoir la théologie de tous les temps, qui s'épuise en discours académique, et, comme les experts d'Hérode, ne voit pas ce que les Mages ont lu dans les Écritures: que le Sauveur est né. Ils l'ont lu dans les étoiles, peut-être, ils ont lu la création, langage de Dieu; et aujourd'hui encore, médite le Pape, la création interprétée par les Écritures parle à l'humanité.

Humilité et amour, ceux des parents de Jésus qui ne comprennent pas ce que l'enfant de douze ans leur répond après trois jours d'angoisse et de détresse. Mais la nouveauté et la fidélité radicale contenues dans ce récit en sont le contenu théologique le plus vrai.

Humilité de la bonne exégèse qui doit laisser intacte l'élévation de la parole de Jésus qui nous dépasse, et ne pas réduire ses paroles en nous demandant dans quelle mesure nous pouvons les prendre à la lettre.