Les écuries d'Augias de la télévision

Et une chose qui n'a pas été dite à propos du scandale de l'animateur - prédateur d'enfants, Jimmy Savile: souvenez-vous de "Sex crime and the Vatican" (5/11/2012)

>>> Photo sur le site de Damian Thompson.
Ce qui est le plus triste (et terrible!), c'est que des gens aient pu regarder, et peut-être même admirer un tel taré, seulement parce que la télévision le leur a désigné comme modèle. Une télévision qui touche, finalement, infiniment plus de personnes que l'Eglise.
Ce qui rend d'autant plus effrayant son immense pouvoir de nuisance.

J'avais lu mais passé sous silence une information relayée par la presse (quoique assez discrètement) selon laquelle une "star" de la BBC, Jimmy Savile, mort en 2011 à l'âge de 84 ans, qui pendant quarante ans, y avait présenté des émissions dédiées à la jeunesse, se servait de sa position pour se livrer à d'immondes pratiques pédophiles. Son prétendu engagement humanitaire lui avait même valu d'être anobli par la reine Elizabeth II et, paraît-il, décoré par Jean-Paul II (en réalité, il ne reste aucune trace de cette prétendue distinction, décernée par un ordre équestre soi-disant lié au Saint-Siège, et qui avait autant de rapport avec Jean Paul II que le prix de Mirabile dictu attribué à "Ainsi-soient-ils" en a avec Benoît XVI). Il lui est reproché d'avoir abusé de 300 mineurs des deux sexes, et la BBC est soupçonnée d'avoir fermé les yeux.

Le "timing" et les modalités de l'informations me suggère cependant aujourd'hui quelques commentaires.

¤ Le ton général de la presse est certes à la condamnation (quand même!!) mais je n'ai lu nulle part l'adjectif "nauséabond" pourtant généreusement accolé aux méfaits dont les auteurs sont du "mauvais côté" (médiatiquement parlant, s'entend!) de l'humanité.

¤ Un article de Il Foglio daté du 3 novembre, illustré d'une grande photo du pédomane, accompagnée de la légende "Le Raspoutine de Lady Di" portait en sous-titre: «Le cas étrange de la BBC, qui au lieu de se soigner elle-même attaquait le Vatican»
Avec ce rappel urgent, et pudiquement passé sous silence ailleurs:

Sex crime and the Vatican

Bien sûr, il convient de noter que la BBC n'avait jamais remarqué quoi que ce soit, en tant d'années d'horreurs indicibles; étrange, étant donné l'attention convulsive à la pédophilie appliquée aux sièges qui n'étaient pas leurs loges et leurs studios, et aux personnes qui n'étaient pas leurs amuseurs vedettes. Comment oublier le célèbre film de la BBC intitulé «Sex crimes and the Vatican» (ndt: cf http://tinyurl.com/bopkp6u ), 38 minutes et 57 secondes d'accusations contre le Vatican d'avoir couvert des prêtres pédophiles, diffusé en 2006...
Les enquêtes, même tardives, nous diront si, quand et comment Jimmy Savile a vraiment abusé de filles et de garçons, dans certains cas handicapés mentaux, dans les hôpitaux mêmes qu'il finançait avec sa philantropie.

¤ De son côté, Damian Thompson, blogueur catholique et rédacteur du Telegraph, écrivait le 2 octobre (ce qui suggère que la nouvelle a mis beaucoup de temps à traverser la Manche puisqu'elle ne semble avoir émergé chez nous que le 23 octobre. On peut s'interroger sur la raison de ce retard):

Permettez-moi de préciser rapidement un certain nombre de choses qui ont émergé depuis les révélations sur les dégoûtantes activités sexuelles de "Sir" Jimmy Savile.
> Tout d'abord, la BBC, sur une période de plusieurs décennies a fait la sourde oreille aux rumeurs selon lesquelles l'une de ses plus grandes stars molestait des enfants.
> Deuxièmement, la BBC a placé des enfants vulnérables dans l'orbite d'un homme soupçonné d'être un pédophile.
> Troisièmement, la BBC a déprogrammé un reportage de l'émission "Newsnight" révélant qu'elle employait et laissait agir une célébrité pédophile - en utilisant l'argent public pour le faire.

Il s'agit d'un énorme scandale. Jusqu'à présent, seule la surface a été effleurée.

¤ Il y a bien deux poids deux mesures dans l'indignation des medias!
Et nous risquons d'en avoir malheureusement bientôt une nouvelle preuve.

France 2 prépare en effet un téléfilm sur la pédophilie des prêtres.
Voici les détails recueillis sur un site spécialisé:

Un téléfilm sur la pédophilie du clergé

«La nouvelle fiction s'attaque pour la première fois à un sujet particulièrement douloureux, et encore relativement tabou au sein de notre société : la pédophilie des prêtres catholiques.
Le silence des églises s'empare ainsi de ce phénomène traumatisant, que la crainte des enfants victimes tente de dissimuler tant bien que mal au monde des adultes. Du 8 octobre au 9 novembre prochain, c'est en Belgique puis en région parisienne qu'Edwin Baily réalisera ce téléfilm à la fois pudique et poignant, inspiré de faits réels et de plusieurs affaires qui ont ébranlé l'Eglise française au début des années 2000.
Gabriel, 27 ans, (Robinson Stévenin) est un homme à la dérive, portant un terrible secret. A 12 ans, il a été entraîné dans une relation amoureuse et sexuelle avec un prêtre, le Père Vincey, Directeur de son école religieuse, campé par Robin Renucci. Quinze ans plus tard, Gabriel se munit d'une arme et s'installe dans un petit hôtel proche du pensionnat dont le Père Vincey est toujours le Directeur charismatique...
Quel chemin prendra sa vengeance ? La hiérarchie ecclésiastique assumera-t-elle une quelconque responsabilité? Cette fiction entraînera, peu à peu, le téléspectateur au coeur d'un affrontement entre une victime et son bourreau. L'homme que l'enfant est devenu se retrouve bientôt seul face à une institution bien établie, l'Eglise, déterminée à le contraindre au silence".

Craignons le pire!
Quand on pense à l'accueil qui avait été fait par le même milieu, en leur temps, aux ouvrages de Roger Peyrefitte (Les amitiés particulières) et Montherlant (La ville dont le prince est un enfant), qui traitaient pourtant du même sujet!! Ah! les temps ont bien changé.

En attendant, je proposerais bien une autre idée de film au département "Fictions" de France 2, mais je crains d'être mal reçue: les histoires de pédophilie dans le monde de la télévision (c'est une adaptation libre des faits survenus à la BBC, bien sûr!)