Liban: Coïncidences troublantes

En juin 2010, le 3ème voyage du Saint-Père au Moyen-Orient, à Malte, où il venait remettre l'Instrumentum Laboris du Synode pour le Moyen-Orient (ce même synode dont il va au Liban pour signer "l'exhortation post-synodale") avait été précédé du terrible avertissement de l'assassinat de Mgr Padovese, dont les circonstances n'ont jamais été élucidées. C'est un article de Giacomo Galeazzi qui nous le rappelle (13/9/2012)

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En septembre 2006, au lendemain du discours de Ratisbonne (le 12 septembre, et pas le 11, comme je l'ai dit hier par erreur, mais la date anniversaire n'en est pas moins aussi pertinente que le rappel du "nine eleven" sur lequel les medias se sont jetés avec une belle unanimité) le regretté Serge de Beketch posait la question:
"Qui manipule les fous d'Allah?" (cf. beatriceweb.eu/Blog06)
A cette époque, j'avais rassemblé pour illustrer ses propos quelques photos sur Internet, dont on peut voir un échantillon ci-dessous.

Elles auraient pu être prises hier! Sauf que cette fois, c'était le Pape qui était clairement la cible, et comme je l'ai dit, les belles âmes ne se pressaient pas pour le défendre.

Autre coïncidence que Giacomo Galeazzi rappelle bien à propos ici, et qui m'avait échappée, c'est que le voyage à Chypres, en juin 2010, considéré comme la troisième visite du saint-Père au Moyen-Orient (après la Terre sainte et la Turquie), avait été précédé du terrible avertissement de l'assassinat sauvage de Mgr Luigi Padovese (cf. benoit-et-moi.fr/2010-II).

Encore plus: le Saint-Père se rendait là-bas afin de remettre l’Instrumentum laboris du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, qui devait se tenir en octobre suivant à Rome. Rappelons que l'objet de son voyage au Liban est justement la signature et la remise de l'exhortation apostolique post-synodale, c'est à-dire le fruit des travaux du même synode.

Enfin, les medias français n'en ont pas parlé (ou cela m'a échappé) mais il y a eu hier des manifestations aussi à Beyrouth.

Bref, ces faits tracent un labyrinthe qui pourrait bien mener au Pape.
Je sais, ça a l'air fou, mais j'assume le risque de passer pour une complotiste invétérée.
Et je ne vois pas au nom de quoi on exclurait a priori cette piste.
J'ai confiance, par ailleurs, que tout se passera bien, au grand dam des malfaisants, car Benoît XVI est protégé par une grâce spéciale à chacun de ses voyages.

 

Article de Giacomo Galeazzi

En voyage contre tous les fondamentalismes
Demain commence le délicat voyage de Benoît XVI dans un contexte Moyen-Oriental et méditerranéen fortement aggravé par les événements tragiques survenus à Benghazi

GIACOMO GALEAZZI
Vatican Insider

Il y a trois ans, à la veille du départ du pape Benoît XVI à Chypre, il y avait eu l'assassinat du président des évêques turcs, Luigi Padovese; cette fois, ce sont les émeutes à Benghazi et les soulèvements contre le film sur Mahomet.

La visite apostolique de Benoît XVI au Liban, qui se tiendra à partir de demain, jusqu'à dimanche, intervient à un moment critique pour l'ensemble du Moyen-Orient. Du Pontife, on attend des paroles qui auront un poids particulier alors que les poussées fondamentalistes cherchent à faire exploser la région et stopper les ouvertures vers la démocratie.

La proximité avec la Syrie, qui a toujours influencé la situation politique au Liban, pésera sur le voyage du Pape.
Quoi qu'il en soit, les différentes composantes sociales et religieuses du Liban - y compris le Herzbollah lié au régime de Bachar al-Assad - ont décidé d'accueillir Benoît XVI en établissant une sorte de trêve pendant trois jours. Pendant ce temps, la recrudescence de la violence en Libye, l'assassinat de l'ambassadeur américain Chris Stevens, les accidents causés par la diffusion d'images offensantes du prophète Mahomet à la date symbolique du 11 Septembre, ont fait monter l'alarme dans les "Sacri Palazzi" sur les risques de la visite de Benoît XVI.

Le Pape, selon le programme, arrivera demain à Beyrouth à 13h45 (heure locale), où il sera accueilli par les trois présidents (de la République, du Conseil, du Parlement).
Le Président de la République prononcera un discours en arabe, suivi du premier discours du Pape, qui dans l'après-midi, à 18h, à la nonciature de Harissa, signera l'Exhortation apostolique post-synodale, suivie par son second discours.

Il y aura deux temps forts le samedi 15: le matin (à 10h) la visite de courtoisie au Président de la République, et la rencontre privée avec les trois présidents au Palais de Baadba, suivie d'une rencontre avec les dirigeants des communautés musulmanes, les membres du gouvernement et des institutions, le corps diplomatique, les chefs religieux et des représentants du monde de la culture (troisième discours du Saint-Père).
Dans l'après-midi (18h), après le déjeuner avec les Patriarches et les Évêques du Liban, le programme prévoit une rencontre avec les jeunes, au Patriarcat maronite de Bkerké, dont la Place peut contenir 20 000 personnes, avec un autre discours de Benoît XVI.

Dimanche 16, enfin, la messe au Beirut City Center Waterfront - qui peut accueillir des centaines de milliers de personnes - où le Pape prononcera l'homélie et remettra l'Exhortation Apostolique à divers représentants de la population. Dans l'après-midi (17h15), aura lieu la rencontre œcuménique au Patriarcat syro-catholique de Charfet, suivi par le discours d'adieu que le Pape prononcera à l'aéroport de Beyrouth, avant le retour dans la soirée à Ciampino.

Pendant ce temps, la nouvelle cible des masses islamiques, Sam Bacino, mystérieux (ndt: et peut-être mythique???) réalisateur, scénariste et producteur de «L'innocence des musulmans», a voulu ainsi défier l'islam: d'abord en tournant un long métrage dans lequel Mahomet est présenté comme un menteur et un coureur de jupons, puis en publiant sur le web un trailer de 14 minutes du film. Cela a suffi pour enflammer le monde arabe contre le nouvel acte «blasphèmatoire» de l'Occident. Une avalanche qui menace de répercussions la mission du Pape au Moyen-Orient.

Déjà dans les semaines précédentes, la peur d'un élargissement du conflit syrien au Liban avait fait craindre pour le voyage du Pape, mais le directeur de la salle de presse, le père Federico Lombardi, a fait savoir que «le voyage n'a jamais été remis en question», et la visite témoigne de la volonté et de la détermination du Pontife de se rendre dans la région.

C'est dans ce contexte qu'hier, après la publication de la nouvelle de l'assaut de groupes fondamentalistes contre le consulat américain à Benghazi, le Saint-Siège a réagi rapidement en fixant deux points fermes: premièrement, le respect pour les croyances et les symboles religieux de toutes confessions en tant que fondement pour la coexistence pacifique; dans le même temps, la condamnation nette de la violence a été réaffirmée. Le père Lombardi a précisé ces concepts, et sa déclaration - de même que l'appel du Pape, à l'audience générale hier, pour la paix au Moyen-Orient dans le respect des différences réciproques - ont été traduits en arabe, afin qu'ils soient diffusés et compris dans toute la région. Au-delà de l'assaut contre le consulat américain à Benghazi - dans lequel l'ambassadeur américain Chris Stevens a été tué - aujourd'hui, le monde islamique tout entier a protesté contre la pellicule;

Au Caire, après l'attaque d'hier soir, des centaines de personnes sont retournées cet après-midi devant l'ambassade américaine pour défendre «le droit du prophète».
A Beyrouth, une manifestation a été organisé devant l'ambassade américaine, et la même chose s'est produite à Tunis, où des dizaines de salafistes sont descendus dans la rue. Ferme condamnation de Téhéran, tandis qu'en Afghanistan les talibans ont juré «vengeance» et le gouvernement de Kaboul, qualifiant le film d'«inhumain et offensant», a bloqué l'accès à Youtube pendant 90 minutes afin d'empêcher la visualisation.
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