Présence du diable aujourd'hui (I)

Carlota a traduit deux articles en espagnol sur le thème. Premier vole:; l'expansion du satanisme (7/9/2012)

>>> Sur ce sujet, voir aussi: Satan aujourd'hui
(http://benoit-et-moi.fr/2012-I)

I.- L’expansion du satanisme
Mar Velasco - (original du texte ici http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=24163 )

Manuel Guerra, le plus grand expert de l’Église espagnole sur ce sujet, assure que plus de 6000 personnes adorent Lucifer en Espagne et a répertorié jusqu’à 54 groupes diaboliques. La zone la plus active est le Levant (ndt: capitale régionale Valence), et les grandes villes comme Barcelone ou Madrid. Mais, sans doute, le pays qui souffre le plus violemment du satanisme continue à être l’Italie.

Selon une enquête, un adolescent italien sur dix court le risque de tomber dans les mains d’une secte satanique. Beaucoup des jeunes interrogés ont déclaré que si Satan leur donnait du pouvoir et de l’argent ils n’auraient aucun problème à s’allier avec lui.

C’est ce qu’explique dans «Famiglia Cristiana» le professeur Tonino Cantelmi, psychiatre et président de l’Association [italienne] des Psychologues et Psychiatres Catholiques: « ils se sentent attirés et fascinés par la rébellion et l’anarchie, par la pratique du sexe, la consommation démesurée d’alcool et l’attrait de la drogue. Il y a quelque chose de très important, et c’est que le satanisme n’est pas l’absence de valeurs, - si c’était le cas ce serait beaucoup plus facile de le combattre, mais une contre-valeur, l’affirmation et le triomphe de la valeur morale du mal, et malheureusement quelque chose de profondément attirant dans les temps qui courent », explique-t-il (*).

Quant à la composante religieuse, d’après le professeur Cantelmi (voir plus bas), le facteur principal est celui de la rébellion contre la religion catholique, dans la plupart des cas reçue des propres parents. Et parfois ce n’est même pas cela. « Aujourd’hui la foi catholique se vit souvent comme une façade. L’expansion des groupes sataniques est plus une conséquence du manque de valeurs fortes : les parents ont renoncé à leur rôle de parents et de formateurs » soutient-il.

Quand on parle de satanisme, il vient tout de suite à l’esprit la terrible chaîne d’homicides, de messes noires et de rituels sataniques. Le plus connu en Italie est le cas des « Bêtes de Satan », de la zone de Varese, une secte satanique qui tua en 1998 deux de ses membres, Chiara Marino qu’ils considéraient comme « l’incarnation de la Vierge Marie » et son ami Fabio, pour l’avoir défendue. Ils avaient 16 ans.

Michele Tollis est le père de Fabio, victime de son propre réseau: « Mon fils au début jouait dans les bars. Au début il ne faisait que de la musique « métal », mais le problème est arrivé quand il a commencé à fréquenter le « pub Midnight ». Il a commencé à composer des paroles de type satanique, il s’habillait de noir et portait des symboles étranges, mais moi, je ne m’en inquiètais pas. J’ai pensé que c’était le symptôme typique de l’adolescent rebelle. En plus il était bon étudiant, rien de problématique », assure-t-il. Une nuit après une discussion, les responsables de la secte les ont amenés dans un bois et les ont assassinés brutalement. « J’ai été trop naïf. J’aurais du être plus attentif au milieu que fréquentait mon fils ». «Quand il n’y avait déjà plus de remède, je suis passé un jour par le Midnight et j’ai vu qu’ils avaient un autel avec une statue de Satan marchant sur un homme. J’aurais du regarder avant, et ne pas me limiter à aller le chercher là-bas certains jours. Ce n’est que dans la foi que j’ai trouvé la force suffisante pour continuer à aller de l’avant après tout cela. Et la figure du Padre Pío m’a aidé spécialement, à qui j’ai recommandé mon fils et ma famille qui grâce à Dieu reste unie », reconnaît-il.

Le Père José Antonio Sayés (a), professeur de Théologie du Nord de l’Espagne (Burgos), auteur de l’ouvrage « Le démon, réalité ou mythe » (ndt édition EDICEP – 2008, voir ici - non traduit en français) assure que le démon existe même si beaucoup de prêtres ne croient pas en lui : « Il y a un courant de sécularisation dans la théologie qui est né dans les années soixante et qui vraiment pense que tout cela est du à un langage mythique qu’aujourd’hui nous ne pouvons accepter dans un monde sécularisé. Dans un monde qui n’a pas besoin de Dieu, parler du démon serait parler de quelque chose que l’homme moderne ne peut accepter. Et le prêtre a un complexe, il a peur de parler de lui, et c’est aussi le fait d’une énorme ignorance. Moi par exemple, durant mes années de formation, je n’ai jamais reçu de cours de théologie sur le démon. Ni au séminaire ni à l’Université Grégorienne, celle que j’ai connue à mon époque. Et j’ai écrit un livre sur le démon, parce que moi-même je voulais tirer au clair la question ».

Cependant, selon le père Sayés, il est curieux de constater que précisément aujourd’hui le monde moderne est plus enclin que jamais à parler du démon : « Et c’est parce qu’il a touché le fond et qu’il commence à avoir peur. Quand l’homme s’éloigne de Dieu, la peur pénètre en lui. Il voit qu’on ne peut pas dominer le mal et il commence vraiment à s’intéresser au sujet. Il y a de nombreuses sectes sataniques en Italie, par exemple à Turin, où l’archevêque a dû nommer quatre nouveau exorcistes parce qu’il y a quelques 40 000 personnes insérées dans des sectes sataniques », explique-t-il.

Le Père Sayés insiste sur le fait qu’il n’y a pas à avoir peur du démon, si on vit en paix : «Une personne qui est chrétienne, qui prie quotidiennement, qui se présente pour recevoir les sacrements, l’eucharistie et la pénitence, n’a rien à craindre. En croyant dans le Christ, la peur n’est pas possible. Il est venu détruire les œuvres du diable et il a conscience de ce que sa mort, avec l’obéissance au Père, qui l’a porté jusqu’à la Croix, vainc le «Prince de ce monde ». Nous comptons sur la grâce du Christ qui naît de son mystère pascal pour vaincre le péché, pour vaincre le démon, pour vaincre la mort », explique-t-il.

« Le démon, on peut le vaincre, mais il faut tenir les yeux ouverts » continue-t-il. « Beaudelaire disait que la plus grande astuce du démon c’est de faire croire qu’il n’existe pas parce qu’ainsi il travaille mieux. Il ne fait pas beaucoup de possessions diaboliques, parce que dans ce monde incroyant comme le nôtre, cela amènerait les gens à croire en lui».

« S’il y a une possession diabolique, par exemple d’un jeune dans une université et si tout le monde le voit, nait une question pour les étudiants. Le démon est plus malin : il préfère convaincre les prêtres que la prière n’est pas si importante, provoquer la division à l’intérieur de la foi. Et il est en train de le faire assez bien », conclut-t-il.

Mais tout n’est pas perdu.
Comme dit le professeur Cantelmi (cf. http://www.toninocantelmi.com), on peut sortir des sectes sataniques : « Tout personne qui veut se libérer de ce piège, doit savoir que, en plus de recevoir un soutien spirituel, il doit avoir confiance dans le soutien psychologique, social et légal, à tout un réseau de protection (ndt: je ne sais pas si ce genre de réseau est aussi bien organisé dans tous les pays européens comme c’est le cas en Italie). Et il n’est pas seul. Il y aura toujours des gens qui vont l’aider » (b).

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Notes de traduction
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(a) Le Père José Antonio Sayés (né en 1944 en Navarre) est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages. Il est connu du grand public pour avoir durement critiqué le livre de José Antonio Pagola «Jésus, approximation historique ». José Antonio Pagola est un prêtre (né en 1937), figure importante de ce qui fut l’église devenue très radicalement progressiste et « nationaliste » au Pays Basque espagnol. Pagola fut même recteur du séminaire de Saint Sébastien. L’église catholique au Pays Basque espagnol basque peu à peu une certaine normalité du fait du vieillissement (et non remplacement) de certain des clercs qui avaient trop mélangé ce qui revenait à Dieu et à César, et la nomination de jeunes évêques de la trempe de Mgr Munilla qui d’ailleurs en arrivant à envoyer ses jeunes séminaristes commencer leur formation en Navarre.

(b) Pour les hispanophones, écouter ici la très intéressante intervention du Père Sayés invité par Juan Manuel Prada à son émission "Lágrimas en la lluvia" (2011). Il explique très bien que l’homme a toujours sa liberté par la grâce de Dieu et que le pouvoir du démon est limité, même s’il veut faire croire qu’il est le plus fort. Certes il peut faire violence à l’homme jusque dans sa forme la plus extrême qui est la possession, mais même dans ce cas les prêtres exorcistes sont là (participait également à cette émission sur le thème du démon, le père Fortea dont nous avons déjà parlé). La croyance en deux dualités qui s’affrontent à égalité et dont le champ de bataille et la terre, est évidemment une hérésie, tout comme mettre le diable au centre de ce monde. Mais il existe et pour bien combattre son ennemi, il faut le connaître !