Catholiques, méfiez-vous de la "rumeurologie"

Carlota est de retour... avec deux articles de la blogosphère espagnole, qui nous feraient sourire si nous y avions le coeur: rumeurs folles, vaticanologues et papabili. (14/2/2013, mise à jour: le pape idéal des micro-trottoirs, Bd Voltaire)

     

Carlota, 13/2/2013

Le silence est tellement plus important en ce moment…Aussi, sans occulter le fait que j’ai une grande peine à l’âme, en pensant à notre Saint Père Benoît XVI, - j’ai l’impression de me trouver « orpheline », je me dis aussi, que c’est de nouveau l’épreuve de notre condition humaine…et qu’il faut se recueillir et attendre confiant. Mais, comme nous aurions espérer que ce moment arrive le plus tard possible.

Bref je me suis néanmoins remise à lire et à traduire un petit peu la presse hispanophone. J’aurais pu choisir par exemple la très belle intervention de l’archevêque de Madrid ou celle de l’évêque de Grenade, qui étaient de circonstance mais en plus sincères, simplement filiales et aimantes…et n’avaient rien du sujet imposé et exécuté à minima…
Mais j’ai choisi plutôt de traduire des textes qui a leur façon disent cette nécessité du silence et du recueillement… face à cet événement unique et aux bruits du monde. Leurs éventuelles causticités sont aussi une façon de réagir à tous ces mots inutiles. Devant l’ineffable, a-t-on besoin de parler ?

1- D’abord le texte de Luis Fernando Pérez Bustamante, directeur du Portail d’Infocatolica (original ici)

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Conseil à mes frères catholiques : se prémunir de la « rumeurologie »
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Je suppose que c’est inévitable. La démission du Pape ouvre la boite aux tonnerres de la « rumeurologie ». L’immense majorité des médias sont en train de chercher midi à quatorze heures au sujet des raisons données par le Saint Père pour présenter sa renonciation. Certains se refusent directement à ce que le Pape ait dit la vérité. D’autres avancent qu’il n’a pas tout dit. Et d’autres qui plongent encore plus loin dans ces dernières années de ce pontificat cherchant des clefs qui nous aident à comprendre pourquoi une personne âgée de 85 ans nous raconte que sa vigueur physique a diminué à un tel point que, en conscience, elle ne sent pas capable de remplir le ministère auquel Dieu l’a appelée. Moi, j’aimerais savoir combien il y a de personnes dans le monde qui seraient capables de remplir à cet âge une tâche aussi épuisante.

Certains diront qu’il y a eu des papes plus vieux. Certes Léon XIII, sans aller plus loin, est décédé à 93 ans. Mais c’est que jusqu’il y a bien peu de temps, les papes passaient tout leur pontificat à Rome, en sortant à peine du Vatican. Paul VI avait déjà fait des voyages et il n’est pas nécessaire d’expliquer ce qu’a fait le Bienheureux Jean Paul II. Benoît XVI, sans en arriver à autant de voyages que son prédécesseur, a arpenté la moitié du monde, avec la particularité qu’il était relativement plus âgé que le pape polonais quand il l’a fait. En d’autres termes, les exigences « physiques » pour un Pape du XXIème siècle sont relativement plus élevées que pour un pape du XIXème. Est-ce que cela signifie qu’à partir de maintenant tous les papes vont se retirer quand ils vont se voir très âgés et fatigués. Eh bien, seul Dieu le sait. Tous devront faire comme l’a fait Benoît. C'est-à-dire examiner leur conscience devant Dieu et prendre la décision qu’ils croient meilleure pour l’Église.

Nous sommes aussi entrés dans le tourbillon des loteries pour le prochain conclave. Les listes des papabili que donnent certains media est tellement longue qu’il semble que tout le monde peut être pape jusqu’au préfet des balayeurs de la Place Saint Pierre. Donner des listes étoffées a ses « avantages ». Il y a toujours une plus grande probabilité que l'élu soit parmi ceux qui apparaissent dans sa « propre liste ». Et ainsi on peut bomber du torse en signalant un succès. Je vais faire un pari, qui je n’en doute pas, ne peut échouer. Le prochain Pape sortira des 117 cardinaux électeurs qui participeront au conclave. Si quelqu’un me demande de rendre public un pronostic sur celui que je veux et/ou que je crois qui va sortir, ma réponse sera négative. Je ne rentre pas dans ce jeu. Il me suffit et c’est assez pour moi, de savoir que l’élu sera le Vicaire du Christ, le Successeur de Pierre.

N’espérez pas beaucoup d’analyses des journalistes où n’apparaîtra pas l’idée d’une lutte pour le pouvoir à l’intérieur de l’Église. Le monde, dans le sens biblique du terme, ne comprend pas que la papauté est surtout un ministère de service spirituel et ecclésial. Certainement le facteur humain est présent au sein de l’Église. Tout au long de l’histoire nous avons vu des papes qui semblaient plus des rois du monde que d’authentiques évêques. Mais Dieu n’a jamais permis que ces papes touchent une virgule du dépôt de la foi. Si la papauté a survécu jusqu’à nos jours malgré tout, c’est le signe sans équivoque de ce qu’il a été institué par le Christ. Les portes de l’enfer n’ont pas prévalu. Et ne prévaudront pas. Aujourd’hui les papes, bien que le Vatican est toujours un état indépendant, - ce qui lui garantit de ne dépendre d’aucun autre état, sont ce pour lequel a été constitué le ministère pétrinien. Ce sont d’authentiques responsables spirituels qui accomplissent le mandat que Jésus a donné à Pierre : confirmer dans la foi ses frères et être le pasteur du troupeau du Seigneur.

Dans la tranquillité de ce que l’Église est dans les mains de Celui qui l’a fondée, passons ces jours confiants dans ce que Dieu saura fournir à son troupeau un bon berger, conforme à son cœur. Ce n’est pas l’Esprit Saint qui choisit directement le Pape. Mais évidemment il peut aider les cardinaux à choisir celui qui convient le mieux. C’est ce qui doit être l’objet de nos prières. Demandons au Seigneur qu’il éclaire les princes de l’Église pour qu’ils optent pour le meilleur candidat, pour être la tête du collège apostolique, pour s’asseoir sur le trône de Saint Pierre. Le reste, chers frères, c’est vanité des vanités.

2.- Le prêtre espagnol José Antonio Fortea, qui vit actuellement à Rome, dans le cadre de sa préparation d’un doctorat en théologie, nous apporte aussi son point de vue: blogdelpadrefortea.blogspot.fr/2013/02/renuncia-papal-rio-revuelto-ganancia-de.html

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À rivière agitée, profit des journalistes
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Dans ce grand système hydrographique qu’est Internet, de tous les côtés sortent des flots de prophéties papales de différente nature. Aussi variée est leur origine que nulle est leur crédibilité. Depuis deux jours ces petits ruisseaux ont augmenté leur débit. Évidemment il existe de véritables prophéties. Mais Internet ne discerne pas.

Dépoussiérons de nouveau le vieux Saint Pseudo-Malachie. On va nous offrir la prophétie d’il y a quatre ans, de Medjugorge dans sa version nigériane (ndt: blague du rédacteur, qui aurait pu mettre toute autre version linguistique !) et fidèlement traduit par une main anonyme. Quelqu’un corrigera ce que Nostradamus a affirmé en toute clarté, que le nouveau Pape traversera une rivière (ndt ce qui n’est pas difficile pour aller de Rome au Vatican proprement dit ?!). Et que dans sa vie il y a une note encore plus remarquable : sous les étoiles.

Mais ce flot si beau d’eaux troubles, est plus clair encore que les analyses des vaticanologues. Car à la renonciation d’un Pape, les vaticanologues surgissent comme les champignons. Leurs analyses sont souvent moins objectives que les brumes nostradamiennes. Mais vous les experts du monde, ne vous découragez pas, car sans atteindre l’habileté de l’expert religieux, la vaste main de Wikipedia arrivera à couvrir vos confusions.

Et maintenant il y en a un qui depuis le salon de sa maison a découvert de beaux complots. Et untel, le sait de bonne source, car il a des sources qu’il ne peut révéler. Un autre untel est devenu celui qui accueille des confidences de cardinaux. Et nous, nous le croyons car il n’y a rien de mieux que d’avoir foi dans les journalistes. Et parce que la bêtise 8034-Z-bis répétée des milliers de fois ne peut pas être fausse. On l’a répétée énormément. Et pas que répétée, on l’a enrichie avec des apports grossiers mais juteux. De sorte que la bêtise 8034-Z-bis est déjà comme un édifice sans fondations, mais aussi soutenu par des douzaines de commentateurs qui ne s’appuient sur rien. Même si tous soutiennent, l’on ne peut pas construire sur l’air ?

Mise à jour

Toujours pour rire sur le thème des "papabili", lire le billet de Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire:
http://www.bvoltaire.fr/gabriellecluzel/le-pape-ideal-des-micro-trottoirs-yannick-noah,11522

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Le pape idéal des micro-trottoirs : Yannick Noah !
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Depuis que le pape a annoncé son départ, les télévisions et les radios s’essaient à un petit exercice tout à fait divertissant : le micro-trottoir « fais ton conclave toi-même ». Puisque la décision, in fine, sera prise à huis clos par un collège élitiste de barbons mitrés, il est bien normal d’ouvrir un espace d’expression pour permettre au quidam moyen, catholique ou pas (plutôt pas d’ailleurs), d’exprimer son avis hautement intéressant sur la question.
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De tout cela, que ressort-il ? Dressons un bref panorama : tout d’abord, le pape devra être jeune, ah, ça, c’est important. Voire sportif : Jean-Paul II l’était un peu, c’était bien. Il devra susciter la sympathie, être chaleureux quoi. Il faudra surtout, surtout qu’il soit moderne. M-o-d-e-r-n-e ! Là, je vous arrête, il y a du boulot : à ce stade, le plus simple serait presque de prendre un grand sac poubelle — allez hop, les dogmes, le catéchisme bimillénaire — et de faire quelques allers et retours à la déchetterie. S’il pouvait notamment, soyons un peu sérieux, la mettre en veilleuse avec cette histoire de virginité de Marie, il gagnerait en crédibilité. De plus, il faudra qu’il soit très, très gentil avec les femmes, et aussi avec les homosexuels (autant vous dire qu’il a spécialement intérêt à être aux petits soins avec les lesbiennes). Il devra faire amende honorable, urbi et orbi, pour le préservatif (prônant une religion d’amour, mais d’amour protégé et hygiéniste, comme un pape responsable).

Un signal fort de modernité serait, du reste, d’aller puiser ailleurs que dans le sempiternel vivier de cardinaux de la vieille Europe. L’idéal serait, tiens, de choisir un black. Une première. Mais allez, avouons-le, on ne bouderait quand même pas son plaisir s’il était Français, un peu comme si Miss France devenait miss Monde ou que l’équipe de France de foot arrivait en finale du mondial. C’est cela, le chauvinisme bien compris.

Bon, si je résume : jeune, sportif, sympa, chaleureux, moderne, black et français…

The winner is… Yannick Noah. Habemus papam.