Cette haine pour les riches qui ne meurt jamais

Rino Cammilleri ne mâche jamais ses mots. Partant cette fois de l'exil fiscal de Gérard Depardieu (1), il ridiculise la manie de "redistribution" de la gauche, et l'étonnante inversion qui fait que l'ex-paradis des travailleurs est devenu celui des super-riches (9/1/2012).

Selon la formule consacrée, il va de soi que les opinions exprimées ici avec rudesse mais correction, n'engagent que leur auteur!!

     

Cette haine pour les riches qui ne meurt jamais
Rino Cammilleri
09/01/2013
http://www.lanuovabq.it
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Extravagant destin, celui de la Russie: de paradis des prolétaires à paradis des super-riches. Aujourd'hui, les pauvres de ce monde veulent aller en Amérique, mais les très riches, nouveaux persécutés, demandent l'asile à Poutine. Verra-t-on se créer un nouveau monde bipolaire, avec les pauvres à l'Ouest, et les satrapes à l'Est? Y aura-t-il une nouvelle guerre froide, qui se fera à travers les "quarts d'heure de haine" orwelliens?

Tournez-le dans le sens qui vous plaît, nous en revenons une fois de plus, un siècle après, à Orwell, à la Russie, à l'Amérique, aux riches et aux pauvres. On n'en sortira jamais. Les murs s'écroulent, et on a tout simplement une osmose: les pauvres vont de l'est vers l'ouest et les riches prennent leur place.

Vendola (Nichi Vendola, homme politique italien de gauche, président de la région des Pouilles, homosexuel déclaré) promet des ravages chez les gens riches si c'est lui qui est aux commandes, il leur garantit l'enfer comme le général Massimo Meridio, par la suite rétrogradé à un simple gladiateur (rôle tenu par Russell Crowe dans le film homonyme): «A mon signal, que régne l'enfer».
En France, Hollande taxe à 75% des personnes ayant plus d'un million, absolument convaincu, en bon socialiste, que l'argent est mieux dans la poche pour l'État que dans celle des particuliers, parce que, par définition, les particuliers l'utiliseraient mal, alors que l'Etat, qui vaut mieux que Dieu, le distribue aux plus démunis.

L'Etat-Robin des Bois, nous l'avons déjà vu à l'époque de l'URSS, et il ne nous semble pas qu'il ait beaucoupplu, pas même aux bénéficiaires potentiels, à savoir les pauvres. Dans la pratique, cet argent a fini par être pillé par la Caste-nomenklatura après avoir été enlevé aux riches et les pauvres ont fini au Goulag: avant, ils étaient seulement pauvres, après ils sont devenus des esclaves affectés au travail forcé et utilisés gratuitement.

Dans l'idéal, il serait bien que l'État "lève le pied" de tout, s'occupant seulement, comme au bon vieux temps, de défense, de justice et d'ordre public. L'"État-papa", qui rassemble toute la richesse nationale pour la distribuer judicieusement à tous ses enfants à parts égales s'appelle, en vérité, totalitarisme, et la recette, nous l'avons déjà vus.

Au contraire, les endroits du bonheur - tiens donc! - sont ceux dans lesquels les riches sont peu imposés; et même, plus ils sont riches et moins ils paient. Comme les États-Unis et la Suisse.
Même les émirats et les Saoudiens, où les cheiks voyageant en Rolls Royce avec des poignées d'or et des légions de concubines couvertes de pierreries. C'est dans ces pays que les pauvres veulent aller, et vont, tant et si bien que certains de ces pays ont dû électrifier la frontière.

Mais la haine des communistes pour les riches est devenu un réflexe conditionné . Le «psychologue des camps», Viktor Frankl, a l'étudiée et lui a donné un nom: l'envie. Il avait vu de ses propres yeux les détenus détester à mort le voisin de dortoir qui avait eu le «privilège» d'une pomme de terre plus. Certains prêtres recouvrent d'évangile cette haine pour le privilège et l'appelent «l'option pour les derniers». Les communistes, moins hypocrites, le disent clairement: prendre aux riches et donner ... à qui? Aux pauvres? Non, à eux, auto-désignés Bureaucrates-Redistributeurs.
Et ils redistribuent, oui, mais d'abord, beaucoup de choses à ceux de leur faction. Et nous savons en quoi consiste la redistribution communiste, au moins en Italie: concerts de rock pour l'Arci , subventions aux soi-disant centres sociaux, expositions pharaoniques sur le Che Guevara, conférences sur la Résistance ...

Le bon Gérard Depardieu , en France, avec son argent avait réactivé un certains nombre de commerces historiques, réduits à la pauvreté par les méga-supermarchés, faisant ce que l'État-maman n'aurait jamais fait. Maintenant, son argent, il va l'apporter à Poutine, le seul chef digne de ce nom sur le continent, dans un pays où la Gay Pride est interdite parce qu'elle corrompt les jeunes et où les Pussy Riot blasphémantes sont exilées, et font ce qu'elles n'ont jamais fait avant, elles travaillent.

Le malheureux Hollande et notre Vendola national (un est socialiste et l'autre catho-communiste: certains voient la différence, mais pas nous) savent bien que taxer les super-riches avec des taux d'imposition confiscatoires rapporte beaucoup moins au fisc que retirer 50 centimes de la poche de chaque citoyen. Ils savent parfaitement que décourager l'entreprise est, pour le fisc, comme de s'émasculer pour embêter sa femme. Mais ils sont communistes (cathos ou socialistes, c'est pareil) et l'envie sociale est leur instinct pavlovien. S'ils perdaient leur vice, du reste, ils perdraient complètement la seule raison de leur existence. Et la seule façon qu'ils ont, depuis toujours, de recueillir des votes.

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(1) On peut penser ce que l'on veut de l'homme, et même de l'acteur Depardieu (ou au moins de sa filmographie) mais la chasse menée contre lui dans les medias a été indigne.
Le grotesque épisode de sa comparution manquée devant un tribunal pour le crime gravissime d'avoir dérapé avec son scooter alors qu'il avait un verre dans le nez n'a plus rien à voir avec son exil fiscal. La hargne des medias aurait-elle un rapport avec le sujet de son prochain projet cinématographique - il s'apprête apparemment à tourner un film sur l'homme du Carlton et ex-futur président de notre République, dont le financement semble rencontrer quelques problèmes....