Les cent mille de la Place Saint-Pierre

Le magnifique hommage de Riccardo Cascioli, dans son éditorial pour la Bussola. Un témoignage vécu à la première personne (18/2/2013)

>> Cf:
Son avant-dernier Angelus

Les cent mille de la Place Saint-Pierre
Riccardo Cascioli
18/02/2013
http://www.lanuovabq.it
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J'étais là aussi avec ma famille hier sur la Place Saint-Pierre pour l'Angélus avec le Pape Benoît XVI, le premier après l'annonce et l'avant-dernier avant la fin de son pontificat. Un voyage de 1200 kilomètres pour prier pendant quelques minutes avec le pape et l'entrevoir, vivant ici-bas, de la «fenêtre de l'Angélus» une dernière fois. Mais la surprise a été de rencontrer tellement d'amis qui avaient obéi à la même impulsion, et encore des milliers et des milliers de personnes qui avaient fait la même chose: qui de plus près, qui de plus loin, tous Place Saint-Pierre. Au moins 100 mille, attirés par une force invisible, sans que personne n'ait donné l'ordre ou suggéré quelque chose: un mouvement spontané du cœur, commencé bien avant que la tête essaie de donner les raisons.

Au fait, pourquoi sommes-nous allés en si grand nombre à Saint-Pierre hier? Au fond, il aurait suffi de suivre avec plus d'attention l'Angélus à la télévision, on aurait vu encore mieux. Et pourtant, nous ne pouvions pas résister à l'envie d'être là. Pourquoi? Que cherchions-nous tous, Place Saint-Pierre? Que voulions-nous dire?

Avant tout, une chose très simple: une immense gratitude pour ce Pape qui a été capable de nous introduire très simplement dans la compagnie du Christ. Une chose qui a toujours frappé, chez Joseph Ratzinger, c'est la familiarité absolue avec Dieu, la capacité de vous rendre présents, palpables, tangibles, presque visibles, les mystères les plus compliqués de la foi chrétienne. Il pouvait parler de la Trinité, et même la décrire, comme si le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient là, en chair et en os, à côté de lui. Benoît XVI nous a rendu plus simple la décision de cheminer, et grandement désirable la sainteté. Comment ne pas lui être reconnaissants? Encore plus maintenant, où avec le plus grand sacrifice, il nous a fait comprendre que c'est le Christ qui dirige l'Église et non les hommes, nous obligeant nous aussi à nous demander en quoi nous croyons.
Quelqu'un a dit, à juste titre, que la fameuse encyclique sur la foi qu'il était en train d'écrire - après la charité, et l'espérance - n'est plus nécessaire, parce qu'il l'a écrite avec sa vie.

Gratitude aussi à l'Église, parce qu'elle continue à générer ces exemples de sainteté , et juste au moment où il semble que le péché de ses hommes soit sur le point de balayer tout. En lisant les journaux ces jours-ci, on peut facilement tomber dans le désespoir et le cynisme, en apprenant des histoires de divisions, d'intrigues, de jeux de pouvoir qui semblent dominer dans la Curie du Vatican. Tout n'est pas vrai, beaucoup de choses sont farine de ceux qui l'écrivent, en haine de l'Eglise, mais Benoît XVI lui-même a plusieurs fois fait allusion à ces plaies qui défigurent le visage de l'Eglise, inutile de le nier.
Pourtant, hier, de la place Saint-Pierre est venue la réponse la plus éloquente à tout ces ragots, à tous ces complots: le peuple chrétien sait reconnaître les saints, il sait reconnaître ceux qu'il vaut la peine de suivre. Le parfum de la sainteté est unique et s'impose à la puanteur des immondices qui l'entoure.
Le parfum de la sainteté est incomparable, il attire, et nous fait demander aussi notre conversion, la «ré-orientation» vers Dieu, comme l'a appelé hier Le Pape. Et voici une deuxième raison d'être là à Saint-Pierre: un pèlerinage pour demander que notre cœur s'ouvre, «pour redécouvrir la foi comme un critère fondamental de notre vie», pour demander du soutien dans le «combat spirituel» que seuls, nous ne pourrions jamais gagner. Les dimensions énormes de la place, et à l'intérieur, de la basilique semblent faites exprès pour nous rappeler notre petitesse, notre taille réelle. Et comprendre que notre grandeur est toute dans l'appartenance au Christ.

Cent mille personnes hier, il y en aura encore plus dimanche prochain , puis à nouveau le mercredi 27, pour la dernière audience générale. Pour témoigner que l'Eglise - ainsi que le monde - a avant tout besoin de saints; besoin de prier pour que les 117 pères appelés à élire un nouveau pape aient des cœurs perméable à la volonté de l'Esprit Saint, qui ne peut se concrétiser sans le "oui" chacun d'eux. De même que la volonté de Dieu ne peut pas se produiredans nos vies sans notre "oui".