Ma messe avec Benoît XVI

Le témoignage de Taylor Marshall, un blogueur américain, pasteur épiscopalien, revenu dans la communion avec Rome, après après avoir assisté à la messe de la Chandeleur du saint-Père en 2006. Repris sur Religion en Libertad, traduction de Carlota (2/3/2013)

Photo ci-contre prise par Taylor Marshall sur son blog.

Article en espagnol ici: www.religionenlibertad.com , d'après l'original en anglais: www.taylormarshall.com/

     

Ma messe avec Benoît XVI
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Taylor Marshall est un blogueur nord-américain très suivi à travers son blog « Canterbury Tales » (1) .

Son dernier billet mis en ligne, écrit à la suite de la renonciation de Benoît XVI au pontificat, évoque l’étroit lien entre sa conversion au catholicisme et la première messe du Pape Ratzinger à laquelle il a assisté. Étant donné la circonstance, en écho à son témoignage, la photo qui illustre son articule, qu'il a pris lui-même, coïncide pratiquement à cet instant du saut définitif qu’il a pressenti. Presqu’un instantané de l’action de grâce sur une âme.

Sur la tombe de Saint Pierre
En 2006, quand c’est arrivé, Taylor était pasteur épiscopalien (2) et visitait Rome avec sa femme, Joy. « Intellectuellement nous étions déjà sur le point de reconnaître que l’Église catholique était la vraie Église, mais nous avions besoin d’une impulsion émotionnelle pour mener à bien cette décision », confie Taylor Marshall.
Et cette impulsion est née dans la nécropole du Vatican sous la Basilique Saint Pierre.
Devant les os de Saint Pierre, Marshall a prié « avec une totale confiance pour entrer rapidement en communion entière avec Saint Pierre et avec son successeur sur la terre, Benoît XVI ». Ensuite, ils ont parlé avec un prêtre belge qui faisait le guide (dont - dit-il - je ne me rappelle pas le nom et à qui j’envoie à travers ce blog mes salutations et remerciements s’il le lit), et quand ils lui ont dit qu’ils n’étaient pas catholiques la tête du curé s’est éclairée : « Je suis en train d’écrire une homélie sur des questions œcuméniques ». Et il leur a lancé une proposition: Aimeriez-vous assister cette nuit à une messe avec le Pape ? ».

« La réponse était évidente », raconte Taylor.
Ils ont ainsi traversé la place Saint Pierre avec le Père belge jusqu’à un escalier flanqué de deux gardes suisses. Il leur a demandé d’attendre là, il a parlé en italien avec les deux soldats, et il a disparu. Quelques minutes plus tard, il est réapparu avec deux entrées de couleur orange dans la main, et il leur a dit qu’ils reviennent avec, une heure avant la messe.

Soutane et grossesse
Il devait être un fonctionnaire du Vatican d’une certaine influence car il leur avait obtenu une place dans une file à côté de centaine de frères, sœurs et religieux. « Nous n’étions de toute évidence pas à notre place », se rappelle-t-il. « Un pasteur épiscopalien marié, en soutane (3), et avec sa femme enceinte à côté ! Mon Dieu, j’espère que nous n’avons pas scandalisé toutes ces religieuses! ».

C’était la fête de la Purification de Marie, la Chandeleur, et « La Sainte Messe fut glorieuse. Elle a commencé dans l’obscurité complète. Le Pape Benoît est entré par derrière avec une bougie. Avec cette bougie il a allumé tous les chandelles des frères, sœurs et religieux. Durant toute la messe nous étions près de la statue de bronze de Saint Pierre. J’ai pu voir clairement le Saint Père. Et alors j’ai su que Sa Sainteté était le vrai successeur du Pêcheur. En me rappelant que le matin même j’avais été juste à côté de cet autel près des restes de Saint Pierre, la connexion entre le ministère de Saint Pierre, le premier Pape et celui de Benoît XVI, s’est faite évidente devant mes yeux ».

La tristesse de ne pas être en communion avec Pierre
Quand est arrivé le moment de la communion, Taylor a su qu’«il ne pouvait aller la recevoir » : « Bien que la basilique fût alors illuminée de lumière et de joie, mon âme restait dans l’obscurité. Je n’étais pas catholique. Je n’étais pas en communion avec le Saint Père. J’étais dans le schisme. Ce fut un sentiment déprimant. J’étais en dehors de la communion avec le Vicaire du Christ, et j’ai su qu’à ce moment, ma relation avec le Christ n’allait pas bien. J’ai su aussi ce que je devais faire. Je devais renoncer à mon sacerdoce épiscopalien et me faire catholique ».

Il l’est depuis lors et il l’évoque aujord'hui, en apportant la photo de ce moment, prise avec appareil dans la basilique Saint Pierre. « Cette messe a été l’un des moments les plus importants de ma vie. Quand je pense à Benoît XVI, je me rappelle toujours cette messe du 2 février 2006, une messe qui a changé ma vie pour toujours. Vive le Pape ! »

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Notes de traduction
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(1) Les Contes de Cantorbéry est une série d'histoires écrites par Geoffrey Chaucer au XIVe siècle et l’une des premières œuvres de la littérature anglaise. Le cadre est celui d’un groupe de pèlerins faisant route de Southwark à Cantorbéry pour visiter le sanctuaire de Thomas Becket dans la cathédrale de Cantorbéry. Il y a ainsi un chevalier, un meunier, un régisseur, un cuisinier, un juriste, une bourgeoise de Bath, un religieux et une prieure, un huissier et un universitaire d’Oxford.
Thomas Becket, Saint Thomas de Cantorbéry, né en Angleterre de parents normands (marchands), il fut archevêque de Cantorbéry et fut assassiné devant l’autel de sa cathédrale le 29 décembre 1170 par quatre chevaliers anglo-normands qui auraient entendu dire du roi d’Angleterre Henri II (arrière petit-fils de Guillaume le Conquérant), « n'y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ? ». Le roi fera pénitence publique à la cathédrale d’Avranches deux ans plus tard et reviendra sur les décisions qu’il l’opposait à Thomas Becket qui sera canonisé en 1173..

(2) équivalent anglican aux Etats-Unis

(3) cette soutane était-elle déjà un message. Taylor pouvait parfaitement venir en civil, même s’il n’appartenait pas forcément à une des églises les plus progressistes du monde chrétien non catholique.