“Trop pur, trop innocent, trop saint!”
Marie-Anne a traduit le récit bouleversant par Paul Badde, dans Die Welt, de la dernière audience, mercredi 27 février (2/3/2013).
Original ici: http://www.welt.de/politik/ausland/article113980933/Zu-rein-zu-unschuldig-zu-heilig.html
“Trop pur, trop innocent, trop saint!”
Une dernière fois Benoît XVI s’est adressé aux croyants lors de l’audience générale du Vatican.
Une immense foule l’a acclamé et il y en avait beaucoup qui ne pouvait pas contenir son émotion.
“Je ne me suis jamais senti seul au gouvernail“, a dit le pape Benoît XVI lors de sa dernière audience, à la Place St Pierre noire de monde.
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Ce mercredi, tôt le matin, la foule commençait à affluer pour participer à la 348e et dernière audience. Plus de cinq millions de personnes ont rencontré le pape durant les huit années écoulées, soit place St Pierre, soit à l’aula Paul VI.
Aujourd’hui l’affluence est encore plus remarquable puisqu’il s’agit des adieux. Celle affluence se reproduira au moment de sa mort, mais pour l’instant, cette éventualité est heureusement encore loin ! La Piazza est pleine de vie ! Tout le monde veut le voir, malgré les barrières. Des drapeaux de tous les continents flottent dans l’air. L’Église universelle vient dire au revoir à son pape. Il n’est pas mort, loin de là ! Au ciel, on aperçoit un hélicoptère, et des mouettes qui volent vers la façade de la basilique St Pierre.
C’est une joyeuse fête de la foi. Nous sommes en février, mais c’est déjà le printemps. Nous pensons naturellement à ce que disait le Cardinal Ratzinger le 8 Avril 2005 lors des obsèques de son prédécesseur : « Jean-Paul II nous regarde du balcon de la maison du Père et nous bénit ! »
“Oui, l’Église est vivante !”
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11 jours plus tard, le 19 Avril 2005 Joseph Ratzinger est devenu lui-même Pape et 5 jours après son élection, lors de sa messe d’intronisation, il s’écria : “Oui, l’Église est vivante ! Voilà la magnifique expérience que nous vivons ces jours-ci. L’Église vit. Elle est jeune. Elle porte en elle l’avenir du monde et montre à chacun la voie de l’avenir.”
Et maintenant qu’il est arrivé au bout, il dit spontanément et avec émotion, devant la foule qui est venu le saluer pour la dernière fois : “Regardez, combien l’Église est vivante !”
Rome est envahie de partout, comme c‘était le cas pour la canonisation de Padre Pio. Tout au long de la spacieuse Via della Conciliazone jusqu’au Tibre, des caméras s’alignent pour agrandir avec leur télé-objectif le visage serein du petit pape devenu âgé.
Ce sont surtout les italiens qui s’inclinent encore une fois devant l’homme qu’il, appellent le "Pape angélique" ou le “Pape d’amour“. En disant cela deux hommes déjà âgés (un pêcheur de Ladispoli et un chef de Carabinieri) ne peuvent s’empêcher de pleurer en voyant le papamobile arriver avec l’homme en blanc désormais voûté qui, se tenant d’une main, ne cesse de bénir la foule.
C’est une immense clameur de joie !
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Il est "troppo puro, troppo innocente, troppo santo!" : trop pur, trop innocent, trop saint), disait celui qui essuyait ses larmes, tandis que la foule bigarrée, hommes et femmes, vieillards et enfants, prêtres en laïcs, croyants de tous les continents interrompent le discours du pape avec des acclamations joyeuses. Et une jeune Italienne à avouer : "Grâce à ce pape, j’ai appris à aimer les allemands !”.
Durant presque une demi heure le pape s’avançait doucement vers le parvis de la basilique d’où il saluait la foule en latin, avec une voix cassée d’émotion. “En esprit il embrassait l’Église tout entière”, disait-il. Il a choisi de commenter la lettre de St Paul aux Colossiens, lui le successeur de Pierre, ce pêcheur venu de Galilée.
Il sait que la barque n’est pas la sienne mais elle appartient au Seigneur. « La barque de l’Église est à Jésus qui la mène toujours à bon port !
Une immense action de grâce à Dieu !
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Son discours est colossal, il constitue un sommet de ces commentaires d’Écriture qu’il faisait durant dernière des décennies. Aujourd’hui il termine avec toute une série de remerciement à Dieu, à ses collaborateurs, aux cardinaux, aux diplomates accrédités, qui représentent le monde entier, et finalement à toute l’Église dont “la force réside dans la parole de vérité qui est présente dans les évangiles”.
Il remercie tous ceux qui ont accueilli avec respect sa grave décision et il leur explique qu’en acceptant il y a huit ans le ministère petrinien il a totalement renoncé à sa vie privée. Il ne reprend donc pas cette promesse, mais il continuera à servir l’Église par la prière.
Il salue les pèlerins une dernière fois dans plusieurs langues, dont l’arabe, et le polonais (il a appris cette langue déjà avancé en âge pour honorer le peuple de son prédécesseur). Il remercie l’orchestre de cuivre pour l’hymne de la Bavière. “Il est beau d’être chrétien !”
Puis, il se lève et entonne en latin le “Notre Père”. Un petit homme en blanc, avec des mains jointes et une voix tremblante. Cette image restera dans toutes les mémoires.