N'ayez pas peur

Juste avant l'ouverture du Conclave qui va élire le successeur de Benoît XVI, la réflexion de JL Restàn: "le Pape Ratzinger a soutenu avec une intelligence et une passion singulières la revendication du christianisme comme une réponse à l’attente des hommes et des femmes de cette époque. Quel que soit le nouveau successeur de Pierre, il aura à labourer ce sillon". Traduction de Carlota (12/3/2013)

     

N’ayez pas peur

José Luis Restán
12/03/2013
www.paginasdigital.es
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En ces jours où le Siège de Rome est vacant, un autre très antiqueSiège patriarcal a pris la parole, celui de la Babylone des Chaldéens. Dans la ville martyrisée de Bagad était intronisé le nouveau Patriarche, Sa Béatitude Louis Sako, celui qui en guidant son peuple souffrant, et de plus en plus réduit, a repris ces inoubliables paroles du bienheureux Jean Paul II. « N’ayez pas peur ». Il faut avoir du courage pour dire cela aux gens qui endurent pression, violence et chantage chaque jour à cause de leur foi. Il faut une certitude inébranlable, la certitude que la vie est chez l’Autre, et que cet Autre a le dernier mot.

Peut-être est-ce ce mot qui ces jours-ci doit résonner dans le camp entier de l’Église, mais non comme un slogan de combat ou une proposition morale.
N’ayez pas peur: parce que le Seigneur est à bord et même si selon nos pauvres capacités d’entendement il paraît dormir, Il ne permet jamais que l’on fasse naufrage. Et la vérité est que des motifs ne manquent pas pour proclamer cette certitude. Ils ne manquent pas quand l’on contemple l’arc temporel du siècle dernier et que nous voyons comment à travers les fatigues et douleurs il a conduit son Église. Bien que, il est vrai, il ne l’a pas fait selon les prévisions particulières de chacun, selon nos goûts et nos méthodes. Comme disait Benoît XVI aux participants à la procession aux flambeaux commémorant les 50 ans du Concile Vatican II, « le feu de l’Esprit Saint, le feu du Christ n’est pas un feu dévorant, destructeur; c’est un feu silencieux, c’est une petite flamme de bonté, de bonté et de vérité, qui transforme, donne de la lumière et de la chaleur. Nous avons vu que le Seigneur ne nous oublie pas. Aujourd’hui aussi avec son humble façon, le Seigneur est présent et donne de la chaleur aux cœurs, il donne la vie, il crée des charismes de bonté et de charité qui illuminent le monde et sont pour nous une garantie de la bonté de Dieu. Oui, le Christ vit, il est aussi aujourd’hui avec nous, et nous pouvons être heureux aujourd’hui aussi, parce que sa bonté ne s’éteint pas: elle est forte aussi aujourd’hui ».
En réalité il ne nous manque ni les ressources ni l'organisation, ce qui nous manque, une fois de plus, c’est la foi.

Dans l’ homélie historique de la béatification de Jean-Paul II, Benoît XVI a offert la clef pour interpréter l’histoire de ces cent dernières années : « Cette charge d’espérance qui d’une certaine manière a été donnée au marxisme et à l’idéologie du progrès, il l’a revendiquée légitimement pour le christianisme, retrouvant la physionomie authentique de l’espérance, de vivre dans l’histoire avec un esprit d’ "avent", avec une existence personnelle et communautaire orientée vers le Christ, plénitude de l’homme et accomplissement de son désir de justice et de paix ».
Nous en sommes là. Le Pape Ratzinger a soutenu avec une intelligence et une passion singulières la revendication du christianisme comme une réponse à l’attente des hommes et des femmes de cette époque. Quel que soit le nouveau successeur de Pierre, il aura à labourer dans ce sillon.

Cet après-midi les cardinaux entrent en Conclave. Après une intense semaine d’échanges à champ ouvert dans les Congrégations Générales, la parole a retenti fort dans la salle et c’était la parole de la douleur et de l’espérance d’un peuple chrétien, parce que les cardinaux n’ont pas d’affaires propres, ils ont seulement une grand affaire de comment l’on vit et l’on propose la foi aujourd’hui dans les villes sécularisées, dans les mégapoles d’Extrême Orient, dans la savane africaine ou dans les pays dominés par l’islam.
Penser qu’ils ont plus discutaillé au sujet de la plomberie de la maison c’est faire peu d’honneur à ce Collège marqué par la couleur du sang.
Comme l’a reconnu dans son blogue le cardinal Dolan, beaucoup de noms ont été mentionnés mais celui qui a été prononcé le plus souvent est le nom de Jésus. Et en s’adressant à ses fidèles de New York il leur a demandé quelque chose d’aussi simple que cela : « Pourrez-vous, vous aussi, dire Son nom et lui demander qu’il nous concède sa grâce et sa miséricorde ? Merci ».