The show must go on (II)

Nous ne l'oublierons pas: "(...) il faudrait être de mauvaise foi, et surtout bien ingrat, pour ne pas penser intensément et avec une affection toujours plus profonde à Benoit XVI". Une très belle lettre d'une amie, Geneviève (15/3/2013).

J'ai vraiment de la chance, d'avoir des correspondants aussi exceptionnels!

     

Chère Béatrice,

Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas avoir été ému, hier soir, à l'apparition de notre Pape François et ne pas avoir été submergé par une sympathie spontanée en entendant ses paroles prononcées depuis la loggia de St Pierre, y compris - et surtout - la pensée qu'il a eue pour Benoit XVI.
Son sourire, sa simplicité, la ferveur de sa prière, son approche de l'homme, le résumé de sa vie, les qualités que nous avons perçues immédiatement - et que les commentateurs nous ont rappelées toute la journée, avec, çà et là, la petite "pique" qu'ils savent glisser - nous ont conquis, c'est vrai ! Et nous l'accueillons de grand coeur comme il se donne à nous de grand coeur également.
Avec loyauté et respect, avec confiance, et sans doute avec une affection progressive, nous allons regarder, écouter, et suivre notre nouveau Souverain Pontife, prier pour lui et avec lui. Et, via nos Evêques et nos prêtres, répondre sincèrement à ses demandes et tenter de suivre au mieux ses directives.
C'est notre devoir de chrétien de vivre ce changement avec joie et espérance, même si une sourde tristesse pèse lourd au fond de certains coeurs.

Mais il faudrait aussi être de mauvaise foi, et surtout bien ingrat, pour ne pas penser intensément et avec une affection toujours plus profonde à Benoit XVI.
La mode est aux comparaisons et aux supputations. Que ce soit au Vatican, dans les diocèses ou dans les paroisses, dans les Entreprises ou les Etablissements d'Enseignement, partout il est acquis que celui qui arrive fera beaucoup mieux que celui qui s'en va ...
Et celui qui part tombe facilement dans l'oubli, parfois même dans la critique !

Je suis une personne toute simple, n'ayant aucune autorité, aucune notoriété, aucune qualité à parler de façon officielle. Je n'exprime que mes sentiments personnels et intimes, avec, de tout mon coeur, de toute mon âme, de toutes mes forces, le souhait de faire aimer Benoit XVI et le souhait qu'il ne soit pas oublié.
Il est actuellement isolé, diminué, fatigué, mais toujours grand dans sa pensée, dans sa prière et dans son coeur.
N'oublions pas qu'il fut un grand dignitaire de l'Eglise, aux convictions profondes qu'il défendit toujours avec une rigueur implacable et honnête.
Il fut un homme de droiture, d'amour et de prospective.
Il fut un Pape exceptionnel, d'une intelligence lumineuse, d'une prodigieuse culture et d'un grand courage.
Critiqué, trompé, trahi, parfois haï, il fut blessé de toutes parts sans jamais se plaindre, recevant ces blessures pour l'amour de Dieu.
Car la grande ligne de sa vie, de sa vie de Pape en particulier, fut cet amour immense, cet amour de proximité qu'il entretenait avec le Christ qui lui a permis de supporter bien des épreuves et que, de toutes ses forces, il a voulu nous transmettre.
Nous devons beaucoup à Benoit XVI.
Il fut un grand pape, un grand théologien, intransigeant dans sa morale, mais toujours juste et sage.
Mais il fut aussi un Pasteur attentif et bienveillant, un Père qui aimer rassembler ses enfants, leur parler, les convaincre,
et les mener à Dieu dans la joie. Combien de fois n'a-t-il pas parlé de Joie ?
Combien d'écrits, d'homélies, de textes, de messages ont touché notre coeur, notre sensibilité, en nous donnant le désir d'être meilleur?

Oui, Benoit XVI Nous a aimés jusqu'au renoncement. Par respect et par amour, pour le Seigneur, bien sûr, mai aussi pour ses "enfants" que nous sommes, il n'a pas voulu imposer au troupeau qui lui était confié le spectacle des forces qui s'épuisaient, d'une voix qui faiblissait, d'une démarche moins assurée. Il est allé jusqu'au bout de ce qu'il pouvait faire, jusqu'au bout du devoir ... Puis,conscient de ses faiblesses, il s'est retiré dans le silence et la prière. C'est encore un cadeau qu'il nous fait.

Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres encore, en encore pour d'autres, peut-être, qu'il porte douloureusement en lui-même, chacun doit pouvoir trouver dans son coeur un motif particulier d'attachement.
Ne l'oublions pas. Restons proches de lui. Par la pensée, par la prière, par l'affection, par une communion de nos êtres qui passe par Dieu.
Prions pour qu'il soit serein. Pour qu'il ne se laisse pas envahir par la tristesse, pour que son coeur soit rempli de paix.
Prions pour que sa santé ne soit pas mauvaise, pour que les douleurs (c'est terrible, les douleurs) ne soient pas insupportables, pour qu'il goûte à la beauté des choses, pour qu'il soit entouré de prévenancess et de mille petites attentions qui font plaisir.
N'oublions pas que, derrière le plus grand, le plus prestigieux personnage, il y a toujours un homme de chair et d'os, avec un coeur capable de joie, de tristesse, d'amour et de souffrance ....

Pour moi, personnellement, et pour ma famille, Benoit XVI est "Unique" et demeure "présent" dans nos coeurs pour toujours.
Nous prions pour lui, très très souvent !
Prions tous pour lui, en remerciement des richesses qu'il nous laisse et en souhaitant que Jésus et la Vierge Marie veillent sur lui et l'aident dans tous les moments de sa vie.

Geneviève A.