"Viva il Papa"
Réflexion sereine du Père Scalese, à propos des débuts du Pape François (18/3/2013)
Après les excès des medias (pour une fois d'un côté inattendu!) et des thuriféraires catholiques d'une part, et les critiques plus ou moins subliminales du côté opposé (il est vrai peu relayées) il est bon d'entendre des arguments raisonnables d'un prêtre barnabite (donc bon connaisseur des ordres religieux, en particulier des jésuites) qui de plus n'était pas un bénédictophile inconditionnel, et qui avoue même quelques déceptions avec le précédent pontificat.
A quelques nuances près, c'est mon propre ressenti.
Le Père Scalese nous invite à séparer la personne de la fonction - c'est le sens de son titre - et à nous retourner vers Celui que la personne représente (Benoit n'a jamais dit ni surtout fait autre chose).
On pensera que cette invitation devrait me conduire à une saine auto-critique... sauf que je n'ai jamais caché que mon site était un hommage à l'homme plus qu'au Pape - au moins dans la phase initiale, le temps ayant ensuite réalisé l'osmose.
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Je n'ai pas (pour l'instant) traduit le dernier paragraphe, car il plonge trop dans l'histoire italienne pour nous parler à nous, français.
Article en italien: http://querculanus.blogspot.fr/2013/03/viva-il-papa.html
17 mars 2013
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Peut-être certains de mes lecteurs pensaient-ils que j'étais déjà retourné en hibernation. En fait, «une hirondelle ne fait pas le printemps», mais dans ce cas mon silence a été causée simplement par le manque de temps matériel. D'autre part, après presque deux ans d'inactivité, il n'est pas facile de revenir à l'écriture régulière.
On m'a demandé de dire quelque chose à propos de l'élection du nouveau pape.
Eh bien, je serais un hypocrite si je disais que j'ai bondi de joie quand le cardinal Tauran a fait l'annonce. Personnellement, j'aurais préféré le cardinal Scola, que je respecte, ou le cardinal Tagle, que je connais. Entendre qu'avait été élu le cardinal Bergoglio a certainement été une surprise. Parfois, les surprises peuvent être accueillies avec joie (et c'est ce qui s'est passé pour la plupart des fidèles).Ce ne fut pas le cas pour moi, non pas parce que j'avais quelque chose contre le cardinal Bergoglio, que je ne connais pas, mais tout simplement parce que j'étais conditionné par ce qui a été dit sur lui, à propos du conclave précédent: il aurait été le candidat du parti anti-Ratzinger, c'est-à-dire celui dirigé par le cardinal Martini. Eh bien, le fait de savoir qu'avait été élu précisément l'«anti-Ratzinger» m'a donné l'impression qu'il y avait là un choix polémique délibéré des cardinaux contre le pape précédent. Il est vrai que cette impression a été immédiatement démentie par le nouvel élu, mais il est également vrai qu'un certain nombre de petits détails, subtilement amplifiés par les médias, a semblé confirmer cette première impression: le refus de certains vêtements, un retour à la liturgie pré-«bénédictine», etc.
Dans ces cas, cependant, il est préférable de ne pas être trop influencé par les premières impressions, par les réactions instinctives, et d'essayer de réfléchir et de regarder les choses avec une certaine rationalité.
Tout d'abord, il est bien de ne pas se laisser conditionner par les médias, qui ne nous présentent que certains aspects, et le font uniquement pour provoquer en nous certaines réactions. Quel sens cela a-t-il, par exemple, d'insister à nous montrer les chaussures noires du pape, sinon de transmettre le message: Benoît XVI portaient des chaussures Prada et il était donc anti-évangélique; François, au contraire, est un pape vraiment pauvre. Je ne sais pas si vous avez remarqué la façon dont on a délibérément mis en avant des phrases attribuées au Pontife nouvellement élu (qu'elles soient vraies ou fausses, je n'en sais rien), qui en ont réjoui un grand nombre, mais en ont blessé d'autres: le pape Bergoglio aurait dit à Mgr Marini, qui l'aidait à s'habiller, à propos de la mozzette: «Mettez-la vous-même! Le temps du carnaval est fini». Le lendemain, à Santa Maria Maggiore, ayant vu le cardinal Law, archiprêtre émérite de l'église, il aurait intimé: «Eloignez-le de la basilique».
Je ne pense pas qu'en faisant cela, on rende un bon service au nouveau pape
En second lieu, nous devons nous libérer de nos préjugés. Nous ne pouvons pas juger les gens quelques minutes après que nous les ayons rencontrés: donnons-leur au moins le temps de se présenter et de se faire connaître. En soi, nous ne devrions jamais juger qui que ce soit, mais si nous brûlons d'envie de le faire, attendons au moins qu'il commence à agir, puis jugeons son travail (jamais ses intentions!). Ceci dans quelque sens que ce soit, bon ou mauvais.
Certaines exaltations a-critiques, il serait préférable de les laisser de côté: Papa Francesco aime un style informel? D'accord, il a parfaitement le droit de l'utiliser (parce qu'il est caractéristique de certains pays), mais que l'on ne parle pas d'un tournant dans l'histoire de l'Eglise, comme s'il suffisait de payer sa note d'hôtel pour sauver l'Église. La simplicité, c'est bien si elle aide certains à se rapprocher de l'Eglise. Mais par pitié, n'identifions pas automatiquement style informel avec humilité. On peut aussi être humble en se soumettant à un cérémoniaire qui vous fait endosser la mozzette de velours bordée d'hermine. Permettez-moi, pour un moment, de me mettre au même niveau de certains «observateurs» pointus: le Pape actuel, sous la simple soutane blanche, a toujours fait usage jusqu'à présent de la chemise avec les poignets et les boutons de manchette, le pape Ratzinger, sous la soutane blanche, le rochet (?) et la mozzette, portaient souvent un simple pull à manches longues.
Un aspect qui a séduit les foules a été le choix du nom. Bien sûr, le Saint-Père peut choisir le nom qu'il veut. On ne peut pas l'accuser d'avoir rompu avec la tradition: les derniers Papes ont tous choisi un nom plus ou moins original: Roncalli a choisi un nom qui n'avait pas été utilisé depuis le XIVe siècle; Montini, depuis le XVIIe siècle; Luciani a même adopté un double nom (ce qui n'était jamais arrivé auparavant dans l'histoire de l'Eglise); donc Bergoglio est parfaitement libre de choisir le nom de François. Il est clair, cependant, que chaque nom est un programme, Bergoglio lui-même l'a expliqué aux journalistes hier: «François», cela signifie la pauvreté, la paix, l'amour de la nature. Un programme totalement partageable, à condition qu'il ne se transforme pas en idéologie: paupérisme, pacifisme, écologisme. J'espère sincèrement que le nouveau pape incarne le vrai saint François, et pas celui de substitution qui est habituellement proposé par les médias (et souvent par les Franciscains). Personnellement, de saint François, je soulignerai surtout la vocation «Va et répare mon Eglise».
Naturellement, de même que je n'aime pas l'enthousiasme facile, j'aime encore moins les éreintements sans appel, par les deux parties. Je n'ai pas du tout aimé (mais je n'ai pas été surpris plus que cela) les tentatives d'impliquer Bergoglio avec la dictature militaire du général Videla, ainsi que l'accusation ridicule de misogynie («les femmes ne sont pas faites pour gouverner!»). D'autre part, les réactions démesurées de certains traditionalistes me laissent de marbre: après avoir pendant des années accusé les frères de foi de désobéissance au Pape, parce qu'ils ne s'adaptaient pas à son style de célébration, tout d'un coup, à peine le pape a-t-il changé, ils commencent à offenser le nouveau pape, s'appuyant uniquement sur des éléments extérieurs intentionnellement mis en évidence par les médias, juste pour souligner la discontinuité de la papauté avec la précédente.
Certes, une certaine discontinuité dans les formes et le style extérieur ne peut être niée; mais cela signifie-t-il une rupture réelle de François Ier avec Benoît XVI et la tradition de l'Eglise? Ne nous leurrons pas, du moins pour le moment, tout se résume à des questions plutôt marginales, telles que la façon de s'habiller ou de célébrer. En ce qui concerne le premier aspect, nous en avons déjà parlé; quant au second, je ne pense pas que le pape François veut détruire la liturgie. Il faut garder à l'esprit que c'est un jésuite; et quiconque connaît même un peu les jésuites sait que ce ne sont pas de grands liturgistes, non par parti-pris, mais par formation, je dirais par constitution. Il semble que pour eux, le mouvement liturgique et le Concile Vatican II n'ont jamais existé; fondamentalement, ils sont restés un peu Tridentins. Du reste, il suffit de prendre les Exercices Spirituels pour s'en rendre compte: il semble que pour saint Ignace, l'examen de conscience était plus important que l'assistance à la messe. Si l'on voulait un pape liturgiste, il aurait fallu élire un bénédictin, certes pas un jésuite. Les jésuites sont beaucoup plus attentifs à la spiritualité qu'à la liturgie: ce sont de véritables «contemplatifs dans l'action», c'est pourquoi nous pouvons attendre de Papa Bergoglio une grande aide pour notre vie spirituelle.
Je suis convaincu que Papa Francesco réservera à tous de belles surprises (certes pas celles prévues par les médias). Quand Jean-Paul II et Benoît XVI ont été élus, j'ai ressenti une grande joie et j'avais de grandes attentes, qui pourtant dans certains cas, ont plus tard été déçus (...). Cette fois, comme je l'ai dit, à l'Habemus Papam je n'ai pas éprouvé le même enthousiasme, alors j'espère que les satisfactions viendront plus tard. Mais, en fin de compte, même si elles n'arrivaient pas, cela ne changerait rien: un Pape n'est pas élu pour répondre à nos attentes, mais pour nous confirmer dans la foi et servir l'Eglise. En ce moment, il ne nous est demandé ni d'encenser le pape ni de le critiquer, il nous est simplement demandé de nous soumettre à lui («Subesse Romano Pontifici … omnino esse de necessitate salutis», Bonifacio VIII, bolla Unam sanctam), de prier pour lui et de «demeurer dans une paix parfaite ...[ gardant à l'esprit] que seul Jésus-Christ gouverne son Eglise» (Rosmini, Maximes de perfection chrétienne).
Un éventuel manque de feeling avec le nouveau pape pourrait tous comptes faits avoir des avantages, parce qu'il nous contraindrait à ne pas nous arrêter à sa personne, mais à aller plus loin, à Celui qu'il représente; il nous obligerait à établir une distinction entre la personne et l'office qu'il recouvre.
Il peut être utile de se rappeler à cet égard ce que l'on raconte de Don Bosco; il semblerait que cela se réfère à nos jours:
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A Torino giungevano le notizie di Roma ed anche qui continuavano ad ogni occasione le grida frenetiche, ostinate di “Viva Pio IX!”. Mons. Fransoni [Arcivescovo di Torino] però aveva compreso tra i primi che sotto quelle esagerate espressioni di entusiasmo si celava l’artificio delle sette, e sollecitato dal Papa a muovere i fedeli in aiuto degli Irlandesi che lottavano contro la fame, il 7 giugno 1847 scriveva in una sua lettera pastorale: «Quella essere un mezzo assai acconcio di mostrare ossequio al Pontefice, e perciò averglisi a dar plauso. Non come quei tali che applaudono a Pio IX, non per quello che è, ma per quello che vorrebbero Egli fosse. Doversi ancora riflettere, che non il battere fragoroso di palma a palma, né l’incomposto acclamar tumultuoso, sono gli applausi che possono a Lui tornar graditi, bensí l’ascoltarne docilmente gli avvisi, e il pronto eseguirne, non che i comandi, gli inviti». Don Bosco non la pensava diversamente dal suo Arcivescovo. Naturalmente anche all’Oratorio era un gridare a tutta gola di viva e di osanna al gran Pontefice; tanto piú che Don Bosco parlava sempre del Papa colla massima stima; ripeteva frequentemente essere necessario di stare uniti al Papa perché egli era quell’anello che unisce i fedeli a Dio, e preconizzava fatali cadute e castighi a quelli che presumevano osteggiare o censurare anche menomamente la Santa Sede; e tanto era l’amore che sapeva infondere verso di questa ne’ suoi giovani, che sentivansi disposti ad esserle sempre obbedienti e fedeli e a difenderla anche a costo della vita. I giovani adunque ripetevano: “Evviva Pio IX!”; ma con meraviglia intesero Don Bosco che cercava di cambiar loro le parole in bocca: «Non gridate “Viva Pio IX!”, ma “Viva il Papa!”». «Ma perché, gli domandarono, Ella vuole che gridiamo “Viva il Papa!”? Pio IX non è appunto il Papa?». «Avete ragione, replicava Don Bosco: ma voi non vedete piú in là del senso naturale; vi è certa gente che vuol separare il Sovrano di Roma dal Pontefice, l’uomo dalla sua divina dignità. Si loda la persona, ma non veggo che si voglia prestar riverenza alla dignità di cui è rivestita. Dunque, se vogliamo metterci al sicuro, gridiamo “Viva il Papa!”». E tutti i giovani ripetevano: “Viva il Papa!” (Memorie biografiche, vol. III, cap. 21).