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Critiques des traditionalistes au Pape François

Sur un blog italien - que je viens de découvrir - la meilleure des analyses sur les perplexités que soulèvent dans le milieu traditionaliste les débuts du Pontificat (9/4/2013)

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Critiques des traditionalistes au pape François
http://www.ilvaticanista.it
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Le Pape François plaît à presque tout le monde, religieux et laïcs, croyants et non-croyants, chanteurs et footballeurs, mais il y a une catégorie de personnes qui (de plus en plus ouvertement) manifestent une certaine perplexité sur le début de son pontificat.

Il s'agit de ceux qu'on appelle les catholiques traditionalistes, ceux qui sont attachés aux liturgies anciennes, au latin, et à tout cet appareil de symboles que l'Église catholique a développé au cours de ses 20 siècles d'histoire.

Ce sont des gens de tous âges et de toutes nationalités, ils sont extrêmement bien formés, souvent de fervents catholiques, ils étudient avec passion les symboles et l'histoire de l'Eglise, en essayant de ramener ces symboles à leurs significations, et considèrent que les traditions (y compris liturgiques ou de cérémonial) liées à la papauté ont encore une valeur, et ne sont certes pas toutes à jeter .

Le pontificat de Benoît XVI a donné en quelque sorte une reconnaissance explicite à leurs préoccupations, puisque que le Pape émérite a dédié à la liturgie (et à sa valeur) une part importante de son magistère; il les a fait sortir de la semi-clandestinité avec le Motu Proprio Summorum Pontificum (du 7 juillet 2007), par lequel il est établi que la liturgie selon le missel de 1962 (en gros, la messe d'avant Vatican II) peut être célébrée par tout prêtre de rite latin dans n'importe quel diocèse de rite latin, sans la nécessité d'une autorisation explicite par l'évêque local, autorisation auparavant requise, tel que déterminé par la circulaire Quattuor abhinc annos de la Congrégation pour le Culte Divin, et confirmée par Jean-Paul II dans le Motu Proprio Ecclesia Dei de 1988.

Toujours sous Benoît XVI régnant, les rites et les cérémonies de la Curie romaine avaient repris un peu de leur lustre d'antan, avec des décisions toujours longuement pondérées et anticipées dans l'Osservatore Romano qui par le biais de notes de l'Office des Célébrations Liturgiques du suprême Pontife, expliquaient, par exemple, pourquoi en huit ans, le pape a changé deux fois de férule ou a recommencé à utiliser le fanon, ou pourquoi on a recommencé à exécuter la Marche des Trompettes d'argent à l'entrée du pape dans la basilique vaticane, lors des célébrations solennelles (cf. www.vatican.va).

Eh bien, aujourd'hui, les traditionalistes sont quelque peu désorientés par les décisions liturgiques et cérémonieelles du pape François, qui préfèrent la simplicité, l'italien au latin, nec rubricat nec cantat (propos du Père Lombardi) etc; et ces derniers jours certaines de ces préoccupations ont été portées à l'attention de la presse.

Disons tout de suite que le débat sur le rôle et la valeur de la liturgie est l'un des plus vifs (avec celui ecclésiologique sur le primat pétrinien) au sein de l'Église catholique au cours des dernières années; il suffit de penser que Benoît XVI lui-même, précisément sur la liturgie, a souvent reçu au cours de ces années ( y compris à l'intérieur de l'église) de sévères critiques; en somme, il est naturel que l'on discute de l'argument, mais il nous semble pouvoir dire que cette discussion est souvent instrumentalisée.

Oui: dès l'instant suivant l'élection du pape François a commencé, de la part d'une certaine presse, une campagne sournoise et dangereuse, visant à faire immédiatement oublier le pontificat de Benoît XVI (nous avons déjà mentionné les Mancuso, Kung et Boff, qui après avoir âprement critiqué Benoît, et tous les jours, ont en revanche embrassé François avant même qu'il ne dise un mot).

Le lendemain de l'élection de François a commencé à circuler une anecdote (totalement infondée) selon laquelle Bergoglio , dans la salle des larmes aurait dit à Mgr Guido Marini, qui lui tendait la mozzette: «Mettez-la vous-même, le carnaval est terminé»; ce canular, repris dans tous les journaux, et ajouté à la simplicité du pape François a même enflammé quelques âmes, amenant un blog traditionnaliste (jusque là toujours respectueux envers l'Église et la papauté) à publier un article au titre discutable «La mauvaise éducation sur la Chaire de Pierre» (cf. blog.messainlatino.it) .

Une nouvelle vague de perplexité est montée quand, au cours de la prise de possession du Latran, le pape François s'est présenté avec la férule de Scorselli (celle presque toujours utilisée par Jean-Paul II) que Benoît XVI avait abandonné après deux ans de pontificat pour reprendre celle de Pie IX (et ensuite, une réalisée sur le modèle de celle-ci, que lui avait offert le Cercle Saint-Pierre) (cf. fidesetforma.blogspot.fr).

Certains sont perplexes parce que, après huit années de travail et de catéchèse sur la récupération de certains symboles plutôt tombés en désuétude, il semble que quelques semaines aient suffi pour tout oublier , mais surtout beaucoup sont préoccupés par la lecture de ces choix faite par une certaine presse.

On est malheureusement tombé dans une sorte de cercle vicieux, où un certain type de presse met en relief de façon excessive (et dans certains cas en l'instrumentalisant) ce que François fait de différent de Benoît , et par conséquent les traditionalistes s'inquiètent de la signification de ces choix et de l'exploitation possible; la presse referme le cercle en faisant écho aux inquiètudes et en les relatant comme des polémiques, décrivant les traditionalistes comme des ennemis de François et creusant ainsi l'écart entre les deux pontificats.

En substance, nous espérons que tout le monde se modére; que ceux qui tentent de faire passer Benoît pour un incident de parcours arrêtent; et que le Bureau des Célébrations Liturgiques du Souverain Pontife se dépêche d'expliquer les raisons des choix liturgiques du Pape François; pas pour nous conforter dans l'idée que le rejet du fanon n'est pas le désir de Bergoglio de détruire la papauté, mais pour éviter une exploitation malveillante, au détriment du pape émérite, qui n'a jamais connu (bien qu'il les ait mérités) la faveur et le crédit de la presse, que François connaît ces dernières semaines.