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Hommage au Cardinal Tonini (1)

En 2010, en pleines affaires de révélation de la pédophilie du clergé, il répondait aux questions de Marina Corradi, dans l'Avvenire: "La haine anti-chrétienne a toujours été, et je ne suis pas surpris quand je la vois. Bien au contraire, il y a lieu de s'inquiéter quand l'Église est vénérée et saluée" (29/7/2013).

Cf.
Le cardinal Tonini est mort

     

Signe de contradiction
«Scandales? La réponse est dans le témoignage »
(28/3/2010)
Marina CORRADI
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Le New York Times attaque, le Spiegel demande la démission du pape, dans la presse internationale, l'Eglise catholique est dépeinte comme une association louche et mensongère. Mais le cardinal Ersilio Tonini, 95 ans, qui, encore à son âge, lit les journaux chaque matin, n'est pas inquiet.

" Je ne m'étonne pas du tout. La haine contre l'Eglise a toujours été là. J'en ai moi-même le souvenir, alors que j'étais un enfant en Romagne dans les années 20. Je me souviens quand j'ai commencé à servir la messe, dans les champs, un vieux laboureur m'a dit en dialecte: 'Garçon, mais tu ne penses pas à devenir prêtre? Regarde tous les mensonges des prêtres, ils n'ont d'autre but que de conserver leur boutique'. La haine anti-chrétienne a toujours été, et je ne suis pas surpris quand je la vois.
Bien au contraire, il y a lieu de s'inquiéter quand l'Église est vénérée et saluée.

- Donc, le fait que le Spiegel demande la démission du Pape ne vous touche pas.

Pas du tout. Der Spiegel, le New York Times, font leur métier. Ils parlent la langue de la politique et de l'économie, du pouvoir, et n'en comprennent pas d'autre. Le témoignage de l'Eglise d'aujourd'hui est encore la grande autorité qui contredit cette logique, qui prétend être une référence spirituelle pour les hommes, et former les consciences des jeunes. Et un jeune qui est réellement chrétien est moins manipulable par le pouvoir que les autres. Il est naturel que l'Église soit considérée comme un adversaire.

- Mais il est compréhensible qu'il y ait une confusion parmi les fidèles, en entendre accuser le pape d'avoir ignoré les cas de pédophilie chez les prêtres.

Je comprends la confusion face à certains venins, mais il faut dire à nos gens qu'ils n'ont rien à craindre. Aujourd'hui que les années me forcent à une vie un peu plus calme, je relis les lettres de Paul et de saint Augustin. C'est une évidence dans l'histoire de l'Église que les temps de l'adversité sont les plus grands, ceux où nous sommes appelés à relever le défi.

- D'aller au combat, alors?

Oui, mais pas dans le sens de répondre aux coups, pas dans le sens de se sentir persécutés et de nous replier sur nous-mêmes. La riposte des chrétiens est le témoignage. Il faut que chacun de nous, dans son domaine, soit plus qu'avant témoin de Jésus-Christ. Sans peur, et en sachant que les calomnies, l'hostilité doivent nous pousser à être plus fidèles au Christ, à en témoigner avec ceux que nous rencontrons.

- Pourtant, pensons aux conséquences d'une attaque médiatique de ces proportions. Ne suscitera-t-elle pas chez certaines mères au moins le doute que leurs enfants doivent être tenus à l'écart des oratoires? N'est-il pas particulièrement toxique, le soupçon jeté pour éloigner les enfants?

C'est vrai, il est possible que ce risque existe. Mais, après avoir lu les journaux, ces mères penseront au prêtre qui tient leur paroisse. A son visage, qui comptera plus que les titres. Une fois de plus, c'est le témoignage personnel, d'homme à homme, qui l'emportera, ce qui est la bonne méthode par laquelle le christianisme se transmet depuis toujours. Et n'oublions pas, parce que souvent, nous l'oublions, que le destin de l'Eglise, c'est Dieu qui s'en charge. Dieu pense à son Eglise, rappelons-nous de cela.

- Dans l'année sacerdotale que Benoît XVI a voulue à la mémoire du saint Curé d'Ars pour la sanctification des prêtres, la tragédie de l'Eglise d'Irlande vient au jour, le Pape a écrit aux catholiques de ce pays une lettre dramatique, les médias internationaux s'acharnent sur sa personne. Comment interprétez-vous cette coïncidence?

Je l'interprète comme un rappel de Dieu, et même une grâce. Les grâces ne sont pas toujours des dons heureux dont nous pouvons jouir; ce sont aussi des épreuves qui nous mettent au défi, et qui nous font retrouver les raisons de notre foi.

- Que diriez-vous à un prêtre découragé par la lecture des journaux?

Que l'Eglise sait que la grande majorité d'entre eux est faite d'hommes bons et généreux. Que ce n'est pas le moment de se décourager, mais de travailler plus dur, afin d'être un père pour de nombreux enfants.

- Et aux familles?

Aux pères, aux mères, je dirais de ne pas se soucier de la calomnie, mais d'aider leurs enfants à se connaître, et le désir le plus vrai et le plus profondde leur cœur. Ce que nul, en dehors de l'Eglise, n'apprend plus à reconnaître.

- Et au Pape, Eminence, que diriez-vous, presque en frère aîné, en ce moment amer?

Je lui dirais que ces attaques confirment qu'il s'agit d'un moment extraordinaire dans l'histoire de l'Eglise. Mais j'en suis sûr, le Pape le sait.