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La lune de miel médiatique de François

... et le "Benoît XVI bashing" (pardon pour le barbarisme anglo-saxon à la mode, mais il dit bien ce qu'il doit dire!). Réflexion personnelle, autour d'un JT du 20 avril 2005 (14/5/2013)

>>> Voir aussi:
¤ benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/pas-detat-de-grace-pour-benoit
¤ Continuité: Protection juridique de l'embryon

     

Parmi les catholiques, beaucoup affirment, contre toute évidence, que les médias traitent TOUS les papes de la même façon, et que, malgré la pax mediatica décrétée le 13 mars 2013, ils finiront tôt ou tard par s'en prendre au pape François, comme ils l'ont fait avec son prédécesseur.
En d'autres termes, ceux qui ont émis l'hypothèse que Benoît XVI avait "bénéficié" d'un traitement spécial sont des paranoïaques, voire des affabulateurs.
Ces mêmes gens attendaient donc avec impatience la fin de la "lune de miel" du Pape François avec les medias, comme une preuve de leur perspicacité, et leur soulagement, hier, était manifeste.

A mon modeste avis, il n'y a - pour le moment - pas eu fin de la lune de miel: car d'une part, François est habile (ce que Benoît XVI n'était peut-être pas toujours!), et d'autre part la médiatisation de ses derniers propos a été très limitée; quant à son salut à la 'Marcia per la Vita', il fallait aller sur les sites spécialisés pour en voir une mention. Il y eu de la part des medias la simple constatation d'une évidence: certains principes sont immuables.
Ce qui pourrait se produire de pire, d'ailleurs, ce serait l'indifférence: "après tout, on peut bien passer quelques lubies à un aimable septuagénaire un peu excentrique mais sympa, du moment qu'il ne sort pas trop de ses prérogatives, en particulier en faisant pression sur la vie politique". (1)
Il n'y a rien eu de tel avec Benoît XVI, et les trois grandes crises parmi les multitudes qui ont émaillé son Pontificat (Préservatif-Williamson-Ratisbonne) marquaient les moments où il s'était élevé publiquement, fermement, et la suite a prouvé que c'était avec un très grand courage, contre la pensée dominante. On lui a fait payer avec l'hyper-médiatisation des affaires de pédophile.

Pour montrer (une fois plus) à quel point le traitement de Benoît XVI avait été spécial dès le début, il suffit de regarder le journal de 20h de France 2 du 20 avril 2005 (lendemain de l'élection de Benoît XVI) présenté par David Pujadas, qu'un lecteur du Forum Catholique a eu la bonne idée de signaler, et de commenter en des termes auxquels je n'ai rien à ajouter:

Un magnifique exemple de manipulation médiatique
(Forum Catholique)
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Je viens de revoir le JT de France 2 du jour (en fait lendemain, ndlr) de l'avènement de Benoit XVI: Hallucinant! J'étais jeune alors, j'avais oublié à quel point c'était grossier!
On a l'impression que c'est Christian Terras qui a préparé le journal: la journaliste qui semble considérer comme "inquiétante" l'élection d'un pape réputé "conservateur", comme si cela allait de soi, un autre reportage insinuant que l'élection de Joseph Ratzinger est le fruit d'un complot conservateur initié par l'Opus Dei, présentée d'ailleurs de manière parfaitement partiale, ...
Bref, un grand moment d'imbécillité médiatique. Je vous le laisse apprécier ici: http://youtu.be/PK2zzZW8Srg

     

Je ne trouve pas de meilleure conclusion à cette réflexion que cet extrait (déjà proposé à de multiples reprises dans ces pages!) du livre entretien avec Peter Seewald "Le sel de la terre" (page 81-82), où le cardinal Ratzinger expose avec une grande clarté sa conception de la mission d'un pasteur :

La mission prophétique de l'Eglise

On parle beaucoup aujourd'hui de la mission prophétique de l'Église. Ce mot est parfois employé à tort. Mais il est vrai, pourtant, que l'Église ne doit jamais pactiser avec l'esprit du temps. Elle doit interpeller les vices et les dangers d'une époque; elle doit s'adresser à la conscience des puissants mais aussi aux intellectuels, à ceux aussi qui, d'un coeur étroit et tranquille, veulent vivre en passant indifférents devant les misères de l'époque. Comme évêque, je me sentais obligé de remplir cette mission. En outre, les déficits étaient trop flagrants : découragement de la foi, régression des vocations, abaissement des valeurs morales précisément parmi les hommes d'Église, tendance croissante à la violente et bien d'autres choses. J'entendais résonner à mes oreilles les paroles de la Bible et des Pères de l'Église, qui condamnent avec la plus grande rigueur les bergers qui sont comme des chiens muets et, pour éviter des conflits, laissent le poison se répandre. La tranquillité n'est pas le premier devoir du citoyen, et un évêque qui ne chercherait rien d'autre qu'à éviter les ennuis et à camoufler le plus possible tous les conflits est pour moi une vision repoussante.
...

Je suis heureux, aujourd'hui encore, de ne pas avoir évité les conflits à Munich, car le « laisser faire » est - je viens de le dire - la pire manière que je puisse imaginer de remplir sa fonction. ...

Note

(1) Si je me suis trompée, il va sans dire que je ferai amende honorable, promis!!