Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Le lettre de Jeannine du 31 mai

Regard sur les derniers évènements: François a fait éclater le carcan du Vatican (2/6/2013)

     

Chère Béatrice,

(...)
Je suis submergée par cette série de messes, de célébrations, passées, actuelles et à venir. Pour la catholique peu représentative que suis c'est pratiquement l'overdose. Je passe de temps à autre un œil pour voir si l'enregistrement que j'ai pris soin de mettre en route tourne, mais le problème est que je n'ai ni le courage ni l'envie de me le repasser. Quand je pense aux repas décalés, bâclés, ratés parce que je suivais notre Benoît il me semble que je parle d'un temps fort éloigné et pourtant il n'y a que trois mois qu'il s'est effacé. En constatant toutes les manifestations organisées pour relancer la foi et la participation des populations croyantes ou non, je bénis le Ciel que notre pape émérite ait eu l'humilité, la sagesse, la clairvoyance d' avoir choisi de se retirer. Moi qui paniquais à chaque retard pour les directs je n'aurais pas vécu en pensant à la quantité d'énergie à développer pour faire face à toutes ces obligations. Au calme, loin de ce monde bruyant qui devait involontairement l'agresser par sa superficialité, son incompréhension, libre de prier, d'écrire, de lire, il doit vivre comme il rêvait de le faire, loin des médias, loin de toutes les contraintes de sa charge qui devenaient de plus en plus pesantes au fil des années.
C'est la chaîne KTO que j'ai enregistrée et j'ai vu, par hasard, tout à fait à la fin de la messe, avant que toutes les huiles quittent le parvis de St-Jean de Latran pour rejoindre la procession, sur une rangée à gauche de l'écran, survolée par la caméra, une personne âgée à mon avis avec une canne blanche, chevelure blanche, tête inclinée, qui m'a fait penser à Mgr Georg Ratzinger. Si c'est lui il était comme d'habitude isolé, ce que je n'aime pas. Dites-moi que j'ai rêvé ? n'a-t-on pas parlé de la présence de Sœur Christine récemment?

C'est vrai, je suis l'actualité mais c'est pour repérer tout ce qui fait allusion au pontificat de Benoît XVI. D'ailleurs ces articles sont enregistrés avec un repère qui me permet de les retrouver facilement.
Il faut reconnaître que les médias (ceux que je fréquente) et François n'oublient pas de relier les actions actuelles aux faits et décisions imputables à Benoît XVI. Je lis tout avec détachement, comme on parcourt un quotidien mais dès que je vois "Benoît XVI" dans le texte alors là mon intérêt s'éveille. L'actualité du pontificat est devenue une chronique dont je suis le déroulement sans y participer. Je ne suis pas très fière de moi.

Parmi le paysage actuel il y a un personnage qui me fait rire : c'est le Père Lombardi, une vieille connaissance certes mais qui, depuis le 13 mars, touché par la grâce de ce pontificat est devenu le Chevalier Bayard sans peur et sans reproche du Saint-Père, réagissant au quart de tour, traquant, anticipant une éventuelle polémique, démentant dès que la moindre réflexion, que je trouve ordinaire, a la possibilité d'être interprétée à l'encontre de François. Je ne le lui reproche pas mais je regrette qu'il ait été si pusillanime du temps de Benoît XVI.

Je me pose beaucoup de questions et ne trouve pas de réponses. François a fait éclater le carcan du Vatican tout en restant dans la droite ligne de son prédécesseur pour l'Eglise. Il est peut-être astucieux d'effectuer des modifications anodines (pour moi) pour faire passer plus aisément et ultérieurement des changements plus importants; c'est une idée très personnelle mais cette tactique est très utilisée et je m'en veux de l'avoir eue.

Le cardinal Bagnasco a une attitude étonnante, déconcertante (cf. Double scandale en Italie), que l'on peut rattacher à ce que je désigne comme une nouvelle Eglise si chère aux vœux de tant de progressistes, c'est très à la mode. Ce prélat à la stature peu imposante me surprend. Je revois encore le visage au sourire extasié levé vers Benoît XVI qui le créait cardinal, il paraissait inondé de grâce. Il m'a toujours paru effacé et brusquement il se distingue de façon trop particulière.Il doit être pénible de célébrer dans de si spéciales conditions mais je ne le verrais pas tenir tête et refuser, pour moi il n'a pas la carrure nécessaire. Parmi les personnes qui recevaient la communion des mains du pape devenu émérite maintenant il y avait beaucoup de tenue, une présentation respectueuse ,fort simple pour certaines mais les accès à ce privilège devaient être distribué avec beaucoup de soin. Mea culpa, je suis bien loin de l'Eglise pauvre pour les pauvres, François ne risque pas d'avoir ce genre de problème, il a tranché.

Je lis toutes les richesses que vous nous communiquez avec joie et intérêt. Que d'heures passées avec Benoît XVI, avec lui je découvrais l'Eglise, avec ses richesses mais ses côtés sombres, les médias qui avaient le don de m'horripiler tant ils étaient presque constamment des témoins à charge, les critiques mais aussi de très belles pages pleines d'admiration, d'affection, de soutien en périodes de crises, des célébrations grandioses. Maintenant c'est le "ronron'", il y a une constante : dans tout commentaire il y a le nombre de fidèles sauf pour hier car il était impossible de donner un chiffre mais Radio Vatican a parlé de multitude. Les audiences sont l'occasion d'échanges très civils, affectueux, entre un pape au sourire épanoui et une foule conquise par ce pape qui se veut l'évêque de Rome seulement, très débonnaire mais qui utilise des tournures de phrase que je qualifierais de "pur Benoît XVI".
L'état de grâce continue sans ombre au tableau, c'est très bien, mais je ne peux m'empêcher de me demander où sont passés tous les problèmes de si grande importance qui disqualifiaient le prédécesseur et sa gouvernance. Avant février 2013, lors des grandes crises, je rejoignais ceux qui parlaient de complot pour se débarrasser du gêneur, je n'ai pas changé d'avis et comment le pourrais-je en constatant avec quelle rapidité la mer démontée s'est apaisée ; un vrai miracle!

Jeannine