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Le Pape des gays

Le titre est évidemment une provocation, car rien ne permet une telle affirmation… sinon dans l’esprit du « lobby » concerné. Carlota a traduit un article du blog espagnol conservateur - mais pas opposé à François - « Germinans germinabit » (8/8/2013, mise à jour)

>>> Article relié: François ne sera pas "le Pape des non"

     

(Carlota)
Mais que l’on trouve le Pape très habile pour désamorcer les bombes journalistiques, ou bien que son « angélique » bonté l’ait fait tomber dans un piège, il faut admettre qu’au beau milieu du véritable combat de civilisation, pour ne pas dire eschatologique, que nous vivons aujourd’hui, certains mots et événements résonnent douloureusement.

Article original: germinansgerminabit.blogspot.fr...

     

Le Pape des gays

On se rappelle, bien sûr, de l’épisode de Jésus avec la femme adultère. « Quelqu’un t’a-t-il condamné? Alors moi non plus je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus ».
Autant les scribes et les pharisiens que les disciples de Jésus et la femme adultère ont parfaitement compris que Jésus avec cette attitude et avec ces mots n’était pas en train de justifier l’adultère, ni de lui donner un certificat de moralité. Ce qu’il a fait c’est pardonner un péché concret. Personne, absolument personne, n’a compris ni pu comprendre qu’il donnait liberté de manœuvre pour l’adultère.
Par contre, à partir de ce qu’a dit le Pape sur l’homosexualité dans l’avion de retour vers Rome, il est impossible d’en arriver à la même conclusion: plus encore, ce que sont en train de tirer et continueront à tirer tous les médias, qui marchent tellement avec le lobby gay, est exactement le contraire : «homosexuel, bien que le catéchisme condamne non ton inclination mais tes actes, chose que nous ne devons pas rappeler, je ne les condamne pas : va et continue à pécher, je continuerai à ne pas m’en informer».
Parce qu’en fin de compte, dans le discours du Pape, il n’y a que deux choses : la tendance et le lobby.
Évidemment ni le catéchisme ni le Pape ne condamnent la tendance.
Mais le lobby c’est autre chose : « on doit distinguer le fait d’être gay du fait de faire un lobby, parce qu’aucun lobby n’est bon. Si une personne est gay et cherche le Seigneur et a une bonne volonté, qui suis-je pour le critiquer ? Le catéchisme de l’Église catholique explique cela d’une très belle façon. Il dit qu’il ne faut pas marginaliser ces personnes pour cela. Il faut les intégrer dans la société. Le problème n’est pas d’avoir cette tendance. Nous devons être des frères. Le problème est de faire un lobby. De cette tendance, ou du lobby des avares, des politiques, des francs-maçons… Je vous remercie beaucoup de m’avoir posé cette question… Merci à tous ».
Celui qui, à coup sûr, remercie beaucoup plus encore pour cette question c’est le lobby gay, celui du « je n’ai encore rencontré personne au Vatican qui me donne sa carte d’identité qui le dise »...

Le Seigneur pardonne, bien sûr que oui, mais la machinerie administrative et judiciaire de l’Église, de même que celle de l’État, doit compter au moins avec la peine de non habilitation, absolument nécessaire pour que l’Église n’apparaisse pas comme de connivence avec ces péchés, et pire encore, que selon les questions et les personnes, elle fonctionne selon la mécanique des lobbys.

La réponse du Pape à la question de la journaliste sur Mgr Ricca (dont l’histoire a fait le tour du monde comme l’a assuré celle qui interpellait le Pape) a toute l’apparence de la fuite en avant, devant l’erreur - et l’horreur - de sa récente nomination (1).
Le Pape s’y accroche, en expliquant que le scandale de la vie licencieuse de ce monseigneur qui était l’image d’une très haute représentation de l’Église est une chose passée, que le Seigneur a pardonné, et que le dossier de Ricca est immaculé. Le Pape, un de plus qui est informé par la presse ; mais ce qui vaut c’est ce que dit le dossier.
Et pour sauvegarder cette nomination, après avoir admis qu’il s’est trompé et qu’il a été victime de son ingénuité et de son buonisme, il y va et il se met dans le jardin de la « tendance gay » chaste et immaculée, qui n’est pas précisément ce dont le lobby gay fait la promotion: lequel non seulement revendique le droit à satisfaire cette tendance mais exige et obtient qu’elle soit sanctifiée du nom sacré du mariage.
Mais cela, Sa Sainteté le rend évident en se situant en dehors de la réalité: ce pour quoi il se réfugie dans la réalité virtuelle et vertueuse que le catéchisme prône d’une si belle façon. Mgr Ricca est un ecclésiastique normal et courant, avec un passé normal et courant, qui selon la vox populi (mais semble-t-il pas d’une façon publique et probante) est de « tendance » homosexuelle. Seulement de « tendance ». Et si quelque faiblesse a eu lieu dans le passé et que Dieu lui a déjà pardonné, parce qu’il n’a fait de mal à personne avec sa conduite et qu’il n’a commis aucun crime, comment le Pape ne lui pardonnerait pas ?
« Nous n’avons pas le droit de ne pas oublier. L’important est de faire une théologie du péché » (ndt son image a néanmoins terni l’image général des prêtres, parce que le prêtre est certes un homme comme les autres, mais pas un homme ordinaire).
La conclusion est très simple : Qu’en est-il de la nomination de Mgr Ricca comme Prélat de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR) ?
Eh bien, que c’est très bien, que le Pape François le maintient dans sa position et que le fait qu’il soit de « tendance homosexuelle » et que les scandales qu’a offert ce monseigneur pour avoir lâché la bride à sa tendance aient fait le tour du monde, ce sont des choses du passé qui n’ont rien à voir avec sa nomination.
Parce que l’Église ne condamne pas la « tendance » homosexuelle.

Est-il sûr que l’omnipotent lobby gay a compris que le Saint Père en assumant avec tant de bienveillance cette histoire du passé défend uniquement la « tendance » sans son transfert à la conduite ? Il n’y a pas à s’en préoccuper, il y aura des fleuves d’encre qui vont couler pour tous déboucher dans la même mer, celle de l’homosexualité tout court (non comme tendance mais comme forme de vie). Et tous aussi avec la même caractéristique : c’est un Pape réformateur, ami de gays et de leur forme de vie, qui n’en a pas dit plus parce qu’il n’a pas pu tout dévoiler, mais ses intentions transparaissent car il les couvre à peine avec un voile des plus subtils.
Pour le monde gay et le lobby gay, c’est une année salutaire. Ils ont un Pape qui les comprend, les appuie et les défend jusqu’à ce que permet le « politiquement correct » selon le paramètre catholique (les tradis sont là qui surveillent pour que cela ne passe pas, mais même avec eux).

Dans la même interviewe il [le Pape] fait une observation très judicieuse : « Il y a des saints à la curie. Quoique, il y en a aussi de pas tellement saint. Et ce sont eux qui font le plus de bruit (on appelle vulgairement ce bruit, scandale). Vous savez bien qu’un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui grandit. Et ces choses me blessent. Il y en a qui provoquent du scandale. Nous avons ce monseigneur en prison, et il n’a pas été en prison parce qu’il ressemblait précisément à la bienheureuse Imelda … Ce n’était pas un saint » (ndt référence à Mgr Nunzio Scarano, chapelain d’honneur du Pape, ex banquier devenu prêtre en 1987, démis en mai puis arrêté en juin. Il était employé au sein de l’administration du siège apostolique, -APSA, est accusé par la justice italienne d’avoir servi d’intermédiaire pour des tiers blanchissant de l’argent). Ce sont des scandales et ils font mal.
Il [le Pape] met l’un à côté de l’autre deux monsignori, et de la façon dont le Pape défend Ricca, certains diraient que c’est lui qui ressemble à la bienheureuse Imelda… .

Mais il y a quelque chose de plus, qui finalement caractérise le noyau dur de l’interviewe : à la question sur pourquoi il [le Pape] n’a pas parlé de l’avortement et du mariage entre personnes du même sexe, qui sont des thèmes très brûlants dans la société brésilienne, le Pape réplique : « L’Église s’est déjà parfaitement exprimée sur cela, ce n’était pas nécessaire d’y revenir, tout comme sur l’escroquerie, le mensonge ou d’autres choses sur lesquelles l’Église a une doctrine claire. Il n’était pas nécessaire de parler de cela, mais des choses positives qui ouvrent un chemin aux jeunes. En outre ils savent parfaitement qu’elle est la position de l’Église ». Et face à l’insistance du journaliste : « Mais quelle est votre position ? ». Le Pape répond : « Celle de l’Église, je suis fils de l’Église ».

C’est vraiment préoccupant que le Pape compare l’avortement et le dynamitage de la famille moyennant l’introduction de formules faites à dessein pour démolir le modèle chrétien de la famille, avec l’escroquerie ou le mensonge. Comme s’il s’agissait de catégories également comparables. Et qu’il insiste sur le fait que ce n’était pas nécessaire d’en parler parce que l’important (l’authentique sceau de son pontificat) c’est de parler de choses positives. Et comme les jeunes (ndt le pape a employé le mot « chicos », qui est plus affectueusement familier que le mot espagnol pour jeunes… en français, on dirait les gamins) savent déjà qu’elle est la position de l’Église… Leur a-t-il parlé de quelque chose par rapport à quoi ils ne connaîtraient pas la position de l’Église ?
Et dans le contexte de cette même interviewe, plus d’un aura compris que parmi les choses positives qu’il [le Pape] a traitées, il faut mettre l’éloge voilé de l’homosexualité, sujet qu’il n’a pas fui mais pour lequel il a remercié de la question qui lui en avait été faite. Aurait-il remercié avec une égale effusion une question qui l’aurait obligé à parler ouvertement de l’avortement ?

Nous irons de l’avant et nous verrons. Et nous prierons pour le Pape, comme il le demande, lui-même, avec insistance. Parce qu’il sait qu’il ne les trouvera pas toutes (ndt donc les bonnes questions qui méritent des remerciement…) surtout quand il parle sans papiers.

Virtelius Temerarius

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(*) Virtelius Temerarius est l’un des rédacteurs d’un blog espagnol « Germinans germinabit » de catholiques engagés de Catalogne, des catholiques certes conservateurs parce que refusant une certaine Catalogne et la politisation de l’Église (prélats, clercs et laïcs) qui a pris une telle proportion dans cette région d’Espagne la plus sécularisée du pays. Ces catholiques appartiennent à des paroisses particulièrement vivantes (d’où le nom du blog) qui pensent qu’un un vivre ensemble peut passer par une église plus traditionnelle où notamment l’usage de forme extraordinaire du rite latin permettrait de soigner les blessures provoquées le « terrorisme » idéologico-linguistique des politiciens. Ce blog n’est néanmoins pas dans l’opposition systématique au Pape François, même si l’on peut supposer que les interrogations sont nombreuses en ce début de pontificat.

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Note :
(1) Comme annoncé, et au nom de la transparence, l’IOR a mis son nouveau site en ligne.
Sur son blog en italien Settimo Cielo , Sandro Magister a noté, non sans ironie, que Mgr Ricca figure bien dans l’organigramme à la rubrique «Prélat » … avec une omission : il n’y a pas de CV.

     

Mise à jour (9/8)

Je reproduis une très intéressante contribution proposée par un lecteur, Bertrand L, que je remercie.

Homo ou gay? L'erreur du Pape

Je vous renvoie à l'excellent blog d'un homosexuel, opposé au mariage homo et qui nie farouchement être gay : homopasgay (http://homopasgay.blogspot.fr )
Pour lui, en effet, le terme gay se réfère à une communauté et à un militantisme qu'il n'approuve pas bien qu'homosexuel actif :

Être attiré par des gens de mon sexe, je n'ai pas l'impression de l'avoir choisi (pas plus que d'être blond, grand, myope ou gaucher) ; ça s'est imposé à moi, à l'adolescence. Être stigmatisé, injurié, méprisé ou rejeté à cause de cette attirance, ça me paraît donc foncièrement injuste. — Mais ai-je pour autant l'obligation de penser, dire et proclamer que l'homosexualité est normale, souhaitable et pleinement épanouissante ? C'est ce qu'affirme l'idéologie « gay ». Or on peut très bien être homo sans adhérer à l'idéologie gay. On peut être homo sans en être particulièrement fier. On peut être attiré par des gens de son sexe tout en regrettant de l'être (comme on regrette d'être myope). On peut être homo sans vouloir imposer l'homosexualité comme une norme. On peut être homo sans vouloir détruire la famille. C'est le cas du rédacteur de ce blog : homo pas gay. A tous, il vous souhaite la bienvenue !

Ainsi, le Pape, lorsqu'il déclare qu'il ne saurait condamner un gay, se trompe lourdement de vocabulaire puisqu'il reprend en l'utilisant toute l'idéologie californienne des groupes LGBT et des théoriciens du Gender!
Il aurait simplement dû utiliser un vocabulaire plus simple (lui qui recherche sans cesse la simplicité) et dire qu'il ne condamne pas une personne ayant des tendances homosexuelles mais qui est sur un chemin de conversion au Seigneur. C'est sans doute ainsi que Benoît XVI se serait exprimé et on aurait dit qu'il condamnait les homosexuels et que son discours était irrecevable aujourd'hui et incompréhensible pour le bon peuple!
Mais à force de vouloir faire populaire, on commet des erreurs!

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