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L'Eglise doit "sortir d'elle-même" (suite)

J'ai reçu deux réactions-témoignages à l'article publié hier (7/4/2013)

>>> Cf. L'Eglise doit "sortir d'elle-même"

     

De Christophe J.

L'article concernant l'Eglise censée sortir d'elle-même exprime une ambiguïté que je ressens depuis de nombreuses années (au moins depuis 1997, année à partir de laquelle je fus amené à participer à diverses instances ayant trait à la vie de l'Eglise, à l'échelle d'une paroisse, d'un diocèse), ambiguïté parce que l'expression est à la fois employée par des gens que je qualifie de "progressistes", pour dire les choses très vite, et par certaines personnes ayant autorité dans l'Eglise, ou par des personnes proches de ces dernières, que je ne qualifierais pas de progressistes même pour faire vite. En l'occurence le père Cantalamessa ne me semble pas particulièrement progressiste, il représente tout de même une certaine continuité entre les deux précédents pontifes romains et l'actuel pape dont il fut et demeure le prédicateur officiel.

Le reproche qu'on peut faire au Père Cantalamessa, et à bien des personnes ayant autorité, c'est de ne pas lever l'ambiguïté, et j'ai constaté, pour avoir observé et/ou parlé avec certaines de ces personnes, qu'elles pensent que ce n'est pas opportun parce que ça sémerait encore plus de zizanie et que, en outre, la bonne interprétation de l'idée suivant laquelle l'Eglise doit sortir d'elle-même fera son chemin toute seule, notamment parce que la mauvaise interprétation a de moins en moins d'adeptes et recrute surtout ses partisans chez de beaux parleurs qui aiment les réunions et pas l'action "quotidienne" qu'on doit différencier des "temps forts" que ceux que j'appelle progressistes affectionnent.

Je parle de reproche à faire aux personnes ayant autorité parce que je pense qu'elles ne se rendent pas assez compte de l'agacement, voire de l'exaspération, que ressentent beaucoup de catholiques obligés à supporter des discours creux et qui se croient légitimés par l'attitude des autorités évoquées ci-dessus. Ces discours s'accompagnent aussi de manoeuvres qui retardent les initiatives les plus recommandables quand elles ne les font pas échouer. Je pense en particulier aux fidèles de tel secteur paroissial, comptant plus de cent bénévoles, tous exaspérés par les interventions de trois "mamies bigoudis", suivant l'expression de Denis Crouan (Pro Litugia), ces trois dames agaçant tout le monde dans tous les domaines et pas seulement la liturgie chère au fondateur de Pro Liturgia. Je pense aussi à tel prêtre à qui l'on confie pour la deuxième fois (en raisons de ses "succès" passés) un secteur paroissial ruiné humainement et matériellement par des prêtres et laïcs progressites convaincus qu'ils faisaient "sortir l'Eglise d'elle-même" et qui, avec des principes exaspérants et un budget impressionnant dépensé en plus de vingt ans, ont finalement réussi à faire sortir tout le monde des églises du secteur qui sont vides désormais. Je pense spécialement aux très nombreuses gens qui n'ont jamais fréquenté aucune réunion ecclésiastique et qui sont déboussolées par l'ambiguïté, entrevoyant souvent que des solutions se trouvent du côté que j'estime être les bonnes options mais qui sont embrouillées par les discours progessistes accaparant l'idée suivant laquelle l'Eglise doit sortir d'elle-même au point de faire croire que tout changement ne peut aller que dans la direction qu'ils préconisent, toute autre direction étant assimilée à une lubie lefebvristo-passéiste...

Je pense que c'est justement ce que déplorent le pape François et le père Cantalamessa quand ils parlent de mondanités néfastes et de bureaucratie envahissante: les progressistes se complaisent en réunions exprimant l'auto-satisfaction de leurs multiples ouvertures et la supériorité de leurs vues sur celles des gens "qui n'ont rien compris", suivant une expression qu'ils affectionnent, les progressistes adorent également concevoir et inaugurer des structures qui tournent pour elles-mêmes et d'autant plus que les églises se vident simultanément.
J'estime que l'on peut donc déduire ce que pensent le pape et le père Cantalamessa quand ils disent que l'Eglise doit sortir d'elle-même: il ne s'agit ni des principes exaspérants, ni des de la ruine des paroisses mais, en particulier, de retrouver le sens du sacerdoce et les aspects concrets de son action, à commencer par ouvrir l'église et y rester pour accueillir et confesser qui se présentera... C'est ce que refusent les "mamies bigoudis" du secteur pastoral précité dans lequel les cent autres bénévoles s'arrachent les cheveux, c'est ce qui fit les "succès" du prêtre dont l'apostolat a été évoqué ci-dessus et qui se retrouve dans un secteur ruiné par des" mamies bigoudis" et leurs consorts. Bien sûr, il ne s'agit pas exclusivement d'ouvrir l'église et de s'asseoir dans le confessionnal, les bénévoles laïcs n'y ont d'ailleurs pas du tout la même place que les prêtres, mais cette remarque indique une interprétation correcte de l'expression suivant laquelle l'Eglise doit sortir d'elle-même: en se tournant vers le Seigneur grâce aux sacrements et en redéfinissant, à partir de là, toutes ses manières d'agir, y compris dans le domaine de l'oecuménisme. J'ai cru comprendre que cette interprétation correspondait à ce que fait et recommande le père Zanotti-Sorkine, à Marseille et, même si je ne parle pas très bien l'italien, j'ai cru comprendre que c'est ce que font les franciscains de La Verna, dont on dit qu'ils sont chers au pape François et dont le site internet est, à mon sens, significatif.

Reste un regret: pourquoi n'est-ce pas dit plus explicitement? Peut-être le pontificat du pape François contribuera-t-il à la clarification.

     

De Monique T.

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'article de L.M. Lamotte.
Il faudrait en effet comprendre ce que veut dire cette formule.
La prédication du Père Cantalamessa me paraît terriblement démagogique et, en ce moment, la démagogie remporte un franc succès. Dire qu'il faut dépasser les divisions entre chrétiens ne peut qu'enthousiasmer le peuple mais comment fait-on cela? Faut-il que les catholiques abandonnent leurs dogmes, leurs sacrements et alignent leurs positions éthiques sur celles des protestants? Faut-il jeter aux orties toute la liturgie ? Faut-il cesser de s'occuper des problèmes internes à l'Eglise comme les schismes, la rébellion des progressistes, le durcissement des intégristes, la pédophilie, la crise des vocations en Europe, la transmission déficiente de la foi vers les jeunes etc...?
Que l'Eglise doive être missionnaire (comment cela se fait-il concrètement au delà du slogan?), tout le monde en convient mais elle ne peut pas cesser pour autant de traiter ses défaillances internes, qui d'ailleurs sont un repoussoir pour ceux de l'extérieur!
Les grandes envolées du capucin ne nous permettent pas d'entrevoir comment ces belles choses se réalisent sur le terrain et comment on reconstruit après avoir tout cassé (il parle bien de casser, il me semble).
Le Pape François a peut-être une idée très claire de la mise en pratique de ce renouvellement de l'Eglise mais il ne faudra pas qu'il déçoive après avoir suscité tant d'espoirs révolutionnaires.
Je me demande si on ne se paie pas de mots et de formules creuses dans l'euphorie d'une élection.