L'épreuve du feu

C'est ce qui attend le pape François, évêque de Rome, alors que va sans doute être élu comme maire de la ville Ignazio Marino, un catholique adulte opposé aux "valeurs non négociables". Article de Sandro Magister. (7/6/2013)

Sera-ce la fin de la "lune de miel médiatique?
Jusqu'à présent, depuis qu'il est Pape, François ne s'est pas exprimé sur la quection du mariage gay ....

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Avec un catholique «adulte» au Capitole, que fera le pape?
Sandro Magister
Settimo Cielo
6/6/2013
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La politique «c'est votre affaire», a dit François aux évêques italiens le 23 mai dernier (1). Mais tout laisse présager qu'il sera lui aussi bientôt acculé sur ce terrain miné.
Lundi 10 Juin, Rome aura un nouveau maire. Et les pronostics mettent en tête Ignazio Marino (2), un de ces catholiques dits adultes «au sens de l'attitude de ceux qui n'écoutent plus l'Eglise et ses pasteurs».
Les guillemets sont de Benoît XVI qui, le 28 Juin 2009, dans une homélie à Saint-Paul-hors-les-Murs, n'y était pas allé de main morte pour tracer le portrait de cette catégorie (3):
«... on l'entend souvent au sens de l'attitude de celui qui n'écoute plus l'Eglise et ses pasteurs, mais qui choisit de manière autonome ce qu'il veut croire ou ne pas croire - donc une foi "bricolée". Et on la présente comme le "courage" de s'exprimer contre le magistère de l'Eglise. Mais en réalité, il n'y a pas besoin de courage pour cela, car l'on peut toujours être sûr de l'ovation du public. Il faut plutôt du courage pour adhérer à la foi de l'Eglise, même si celle-ci contredit le "schéma" du monde contemporain.»

D'après ce que nous avons vu dans la campagne électorale, le candidat-maire Marino marche justement sur cette route et se prépare à multiplier les mesures mal vues par le magistère de l'Eglise, à commencer par les registres pour les couples de même sexe (4).

La contre-preuve, on l'a vue dans la semaine qui a précédé le scrutin pour l'élection du maire de la capitale.

Dimanche 2 Juin sur l'Avvenire a été publié un appel adressé aux deux candidats Marino et Gianni Alemanno (ndt: l'actuel maire, de droite), signé entre autre par les représentants des associations catholiques et nationales (avec les absences de l'Action catholique, ACLI, Sant'Egidio et les Focolari).

Les auteurs de l'appel demandaient aux candidats-maires de prendre position à l'égard de la liberté de choix éducatif des parents et des écoles privées (l'objet d'un récent référendum à Bologne, qui avait l'intention de les priver de financement municipal). Ensuite, sur la vie à naître, en phase terminale, et dans des conditions de précarité, et la question controversée du testament biologique (5). Enfin, sur la protection de la famille, leur demandant s'ils voulaient mettre en place des registres «pour les union civile homosexuelles».
Alemanno a très vite répondu, en accord avec les attentes des signataires de l'appel. Mais Marino non.
Ou plutôt, Marino a justifié sa non-réponse en disant ne pas accepter de «certificat» de catholicité donnés par ses adversaires. Il a revendiqué d'avoir déjà écrit un livre sur ces questions avec le cardinal Carlo Maria Martini (6). Et sur le testament biologique, il a cité pour sa défense le passage du Catéchisme de l'Eglise catholique contre l'acharnement thérapeitique. Concernant le pape François il s'est dit tranquille: «Je ne pense pas qu'il veut entrer dans la politique intérieure d'une ville».

Mais sur cette inaction du pape, les prévisions sont tout sauf sûres. A Buenos Aires, mis au pied du mur, Jorge Mario Bergoglio n'a pas baissé la tête, ni gardé sa bouche fermée, et même, il a fait tout ce qui était possible lorsque le gouvernement argentin a légiféré en désaccord avec l'Eglise sur des questions non négociables.
Et ici, il est vraisemblable qu'il fera la même chose.

Avant de se définir pape, François aime à s'appeler «évêque de Rome». Difficile de se taire - après avoir tant prêché contre les «schémas» du monde - si Marino, une fois élu maire de la ville, donne suite à ses propositions de catholique adulte.

(1) Je suis certain que votre travail a été intense, car vous avez de nombreuses tâches.
Tout d’abord : l’Église en Italie — tous — le dialogue avec les institutions culturelles, sociales, politiques, qui est votre tâche et qui n’est pas facile. Également la tâche de rendre fortes les Conférences régionales, pour qu’elles soient la voix de toutes les régions, si différentes ; et cela est beau. Le travail aussi, je sais qu’il existe une commission pour réduire un peu le nombre des diocèses si lourds. Cela n’est pas facile, mais il existe une commission pour cela.
Allez de l’avant dans la fraternité, la Conférence épiscopale va de l’avant avec ce dialogue, comme je l’ai dit, avec les institutions culturelles, sociales, politiques. C’est quelque chose qui vous appartient. Allez de l’avant! (http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130523_omelia-professio-fidei-cei_fr.html )

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(2) brève notice wikipedia en français: fr.wikipedia.org/wiki/Ignazio_Marino
Voir aussi sur ce site: tinyurl.com/msz7fv7

Lors de l'AG du 8 mai, faisant comme d'habitude le tour de la Place saint Pierre en jeep, François a reconnu l'homme politique et s'est arrêté pour le saluer. Marino lui a baisé l'anneau et lui a remis un livre - probablement celui qu'il aa co-écrit avec le cardinal Martini, Credere et conoscere (source).

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(3) Voici le magnifique passage en entier:

Cette même pensée d'un renouveau nécessaire de notre personne humaine est ultérieurement illustrée par Paul dans deux passages de la Lettre aux Ephésiens, sur lesquels nous voulons encore réfléchir brièvement.
Dans le quatrième chapitre de la Lettre, l'apôtre nous dit qu'avec le Christ nous devons atteindre l'âge adulte, une foi mûre. Nous ne pouvons plus rester "comme des enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par tous les courants d'idées..." (4, 14). Paul désire que les chrétiens aient une foi "responsable", une "foi adulte".
L'expression "foi adulte" est devenue un slogan fréquent ces dernières années. Mais on l'entend souvent au sens de l'attitude de celui qui n'écoute plus l'Eglise et ses pasteurs, mais qui choisit de manière autonome ce qu'il veut croire ou ne pas croire - donc une foi "bricolée". Et on la présente comme le "courage" de s'exprimer contre le magistère de l'Eglise.
Mais en réalité, il n'y a pas besoin de courage pour cela, car l'on peut toujours être sûr de l'ovation du public. Il faut plutôt du courage pour adhérer à la foi de l'Eglise, même si celle-ci contredit le "schéma" du monde contemporain. C'est ce non-conformisme de la foi que Paul appelle une "foi adulte". C'est la foi qu'il veut.
Il qualifie en revanche d'infantile le fait de courir derrière les modes et les courants de l'époque.
Par exemple, il appartient à la foi adulte de s'engager pour l'inviolabilité de la vie humaine dès son premier moment, en s'opposant radicalement au principe de la violence, précisément aussi en défense des créatures humaines les plus faibles. Il appartient à la foi adulte de reconnaître le mariage entre un homme et une femme pour toute la vie comme une disposition du Créateur, à nouveau rétablie par le Christ. La foi adulte ne se laisse pas transporter ici et là par n'importe quel courant. Elle s'oppose aux vents de la mode. Elle sait que ces vents ne sont pas le souffle de l'Esprit Saint; elle sait que l'Esprit de Dieu s'exprime et se manifeste dans la communion avec Jésus Christ.
Toutefois, ici aussi Paul ne s'arrête pas à la négation, mais il nous conduit au grand "oui". Il décrit la foi mûre, vraiment adulte de manière positive par l'expression: "agir selon la vérité dans la charité" (cf. Ep 4, 15). La nouvelle façon de penser, qui nous est donnée par la foi, se tourne tout d'abord vers la vérité. Le pouvoir du mal est le mensonge. Le pouvoir de la foi, le pouvoir de Dieu est la vérité. La vérité sur le monde et sur nous-mêmes devient visible lorsque nous tournons notre regard vers Dieu. Et Dieu apparaît à nous dans le visage de Jésus Christ. En regardant le Christ nous reconnaissons une chose supplémentaire: vérité et charité sont inséparables. En Dieu, les deux sont une chose indissoluble: telle est précisément l'essence de Dieu. C'est pourquoi, pour les chrétiens vérité et charité vont de pair. La charité est la preuve de la vérité. Nous devrons toujours à nouveau être mesurés selon ce critère, qui est que la vérité devient charité et la charité nous rend authentiques.
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20090628_chius-anno-paolino_fr.html

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(4) Voir fr.wikipedia.org/wiki/Union_civile_(Italie)#La_reconnaissance_symbolique_des_unions_civiles

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(5) Testament biologique, ou DAT: La déclaration anticipée de traitement est l'expression de la volonté d'une personne (le testateur), fournie dans un état de lucidité mentale, sur les thérapies qu'il entend ou n'entend pas accepter, dans l'éventualité où il se trouverait dans l'incapacité d'être en mesure d'exprimer son droit à consentir ou non au traitement proposé pour des maladies ou lésions traumatiques cérébrales irréversibles ou invalidantes, maladie qui contraignent à des traitements permanents avec des machines ou des systèmes artificiels qui empêchent une vie normale de relations.
La volonté sur le sort de la personne passe aux parents de premier degré, ou au représentant légal lorsque la personne elle-même n'est plus en mesure de comprendre et de vouloir pour des motifs biologiques (benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/la-mort-du-cardinal-martini.php)

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(6) 'Credere e conoscere' publié par Einaudi

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