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Mgr Negri monte au créneau

Et bravo!! Le nouvel archevêque de Ferrare, nommé par Benoît XVI juste au moment de s'en aller, refuse de voir l'Eglise confinée dans les sacristies et élève le ton très fermement contre les derniers blasphèmes et outrages violents dont l'Eglise a été la cible - ici, en Italie, mais récemment aussi en Belgique et en France (5/5/2013)

Il n'est manifestement pas de ceux qui se réjouissent parce que "Jorge Mario Bergoglio s'est toujours tenu à l'écart du ton de croisade de ceux qui font de la défense des valeurs non négociables et des questions de morale sexuelle l'horizon exclusif du magistère ecclésial" (cf. Laïcité et laïcisme ).
Et il rappelle à l'ordre ses confrères italiens, qu'il trouve étrangement apathiques.
Article dans La Bussola (http://www.lanuovabq.it).
Ma traduction.

     

Attaques et injures, l'Eglise ne peut se taire

Deux faits survenus ces jours derniers interrogent particulièrement les catholiques: la projection dans les salles de cinéma d'un film clairement blasphématoire comme "Les sorcières de Salem" (ndt: Sorti en Italie sous le titre "Le Streghe di salem", librement inspiré d'Arthur Miller, c'est un nanar!!!), dont la gravité est augmentée par la décision des autorités de l'Etat d'en permettre la vision aux plus de 14 ans; et l'ignoble exhibition, au concert du 1er mai, Place Saint Jean de Latran, à Rome, d'un chanteur qui a imité la consécration de l'Eucharistie en utilisant un préservatif. Deux faits graves, qui pourtant n'ont pas suscité de grandes réactions des sommets de l'Eglise italienne.
Sur ces épisodes, nous avons demandé son avis à Mgr Luigi Negri, archevêque de Ferrare-Comacchio, qui considère comme inquiétant le silence de l'Eglise sur ce qui s'est passé, et qui a chargé une commission de juristes de vérifier s'il existe les condition pour une plainte contre les organisateurs du rassemblement du 1er mai, et contre l'Etat, qui n'a pas veillé à ce qui peut être librement projeté dans les salles italiennes.


Dans une situation comme celle que la société italienne vit, qui est une situation de gravissime attentat à la liberté de conscience et de culture du peuple, l'Eglise ne peut persister dans un silence qui paraît incompréhensible à la plus grande partie des chrétiens, mais aussi à beaucoup d'hommes de bonne volonté.
Nous nous trouvons face à deux épisodes qui sont sans retour: d'abord, la projection dans les salles de cinéma de "Le Streghe di Salem", un film qui est un ensemble de tous les blasphèmes, toutes les ordures et tout l'anticatholicisme concentrés en deux heures. Messes noires, jurons, comme s'il s'agissait de langage normal, faits d'homosexualité forcés et violents, des ecclésiastiques mis en scène pour des phénomènes de violence sexuelle. Tout cela sous les yeux de jeunes de 14-15 ans, tout cela parce que l'Etat n'a pas considéré qu'il devait intervenir au moins pour protéger cette tranche d'utilisateurs potentiels.
A présent, face à une attaque de ce type, je crois que l'Eglise doit dire qu'elle n'est pas d'accord, qu'elle ne peut pas être d'accord, qu’elle ne peut pas accepter cette situation: parce que le problème de la société, ce n'est pas que quelqu'un puisse faire ce qui lui semble juste, ou ce qu'il lui démange de faire, même si cette démangeaison est appelée "art". La société a besoin d'une réglementation de vie, de relations, de fonctions d'autorité, de responsabilité, de sollicitations à la responsabilité. Tout cela est aujourd'hui rendu vain par la mentalité selon laquelle un choix est valable parce qu'il a été fait de façon voulue.

Allons à Rome: à cinquante mètres, ou un peu plus, de la cathédrale qui est la cathédrale de toutes les églises catholiques du monde; dans la ville du Pape, qui est telle, comme le rappelle l'actuel Pontife, en tant qu'évêque de Rome. Eh bien, à cet endroit, on tourne très gravement en dérision l'Eucharistie, en utilisant un préservatif comme s'il s'agissait d'un instrument de salut, et on le présente comme instrument de salut parce qu'il libèrerait de toutes les maladies. Et les gens sont invités à en faire usage, parce c'est la voie de l'émancipation intellectuelle, morale, sexuelle. Par quelqu'un qui s'agite et danse à demi-nu, dans un spectacle vraiment pénible même du point de vue esthétique (ndt: Andrea Tornielli s'est à juste titre énervé, lui aussi: le pauvre imbécile de l'image ci-contre, qui a terminé le spectacle en se déculottant, se voit affublé sur son site du titre qui ne nécessite pas de traduction "coglione"!).
Eh bien à cinquante mètres de la cathédrale de Rome, au moment où des centaines de milliers de personnes se rassemblent chaque semaine pour rencontrer le Pape François, les syndicats (ndt: c'est le concert traditionnel du 1er mai) italiens accomplissent un geste d'attaque terrible, non seulement à la tradition catholique, mais à toute tradition ou position culturelle qui ne coïncide pas avec ce consumérisme bêlant qui, s'il arrivait à ses conséquences extrêmes rendrait vaine l'utilité, et donc l'existence des syndicats.
Pour la première fois depuis que Jean Paul II m'a appelé à être évêque de l'Eglise catholique en Italie, je me sens profondément mal à l'aise.
Qui sommes-nous? Que voulons-nous? Qui sommes-nous, nous, évêques d'Italie, et que voulons-nous?
Eduquer un peuple chrétien qui soit conscient de son identité, et en mesure d'être cette minorité créative dont a parlé Benoît XVI? Ou bien sommes-nous des gens qui se taillent dans ce patchwork de bestialité un espace pour les petits services religieux qui seront réclamés par de moins en moins de personnes. Et ensuite, aux mêmes personnes, nous disons des choses évidentes, comme la nécessité qu'il y ait des gouvernements efficaces, et ainsi de suite. Choses par ailleurs justes, mis ce n'est pas là-dessus que se joue le destin du peuple italien, de son présent et de son futur.

Je ne cache pas mon malaise, mais je ne cache pas non plus ma détermination d'aller jusqu'au bout dans cette lutte. Si les avocats que j'ai consultés me confortent, j'ai fermement l'intention de dénoncer ceux qui se sont rendus responsables de ces deux attaques contre les traditions de notre peuple, qui est malgré tout une tradition qui intéresse une certaine partie, qui n'est plus majoritaire mais encore importante, qui a le droit d'être reconnue, défendue et promue dans ses droits fondamentaux inaliénables.

Deux mille ans de doctrine sociale de l'Eglise, admirablement synthétisées dans les valeurs non négociables de Benoît XVI, exigent cet aller à contre-courant , comme le rappelait le pape aux jeunes; mais il n'y a pas que les jeunes, qui doivent aller à contre-courant, il y a aussi les vieux, et les plus vieux des vieux, qui ont dans l'Eglise et dans la société une autorité qui est, de façon indérogeable, fixée par l'ordination sacrée et par la responsabilité de guider la communauté.